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Chapitre 2. Ewan

Penulis: Zuzu
last update Terakhir Diperbarui: 2025-06-12 20:13:16

Je fermai lentement mon ordinateur portable, après avoir relu pour la troisième fois le même contrat. Aucun détail ne m’échappe. Pas le droit à l’erreur. Jamais.

Je me levai, lissai mon pantalon de costume, attrapai ma montre posée sur le bureau et la fixai à mon poignet d’un geste précis. Mon téléphone glissa dans ma poche intérieure, puis je passai la main sur ma veste pour en ajuster la coupe. Parfait. Toujours parfait.

Je m’appelle Ewan Rasson. J’ai vingt-neuf ans. Je suis le fils unique, l’héritier du prestigieux empire Rasson. Sur le papier, c’est impressionnant. Dans la réalité… c’est un carcan.

On imagine que naître avec une cuillère en argent dans la bouche, c’est vivre dans un conte de fées. Mais non. C’est plutôt vivre dans une pièce verrouillée, surveillé en permanence.

Être héritier, ça veut dire suivre chaque dossier à la loupe. Être irréprochable. Toujours impeccable. Toujours prêt. Comme un robot bien huilé, dressé à la perfection.

Pendant que mon père médite dans les montagnes et que ma mère organise des expositions d’art ésotérique, moi, je tiens la barre.

Moi, je suis le "pilier", comme ils aiment dire.

Mais je n’ai jamais demandé cette vie. Moi, je veux respirer. Construire quelque chose de mes propres mains. Prendre des décisions qui ne soient pas dictées par le nom que je porte.

Aujourd’hui, ils m’ont convié à dîner dans leur résidence principale. Encore un repas froid dans une salle trop grande, rempli de discussions superficielles et de jugements déguisés.

Je soupire. Rien qu’à l’idée, j’ai l’estomac qui se noue.

Et pourtant… je suis attendu.

Je regarde l’heure.

Je pourrais ignorer ce rendez-vous. Je pourrais prendre une autre direction. M’éloigner. Juste un moment. Juste une soirée…

Je veux m’évader. Respirer un air différent.

Et sans prévenir personne, je me dirige vers l’ascenseur. Une idée germe en moi.

Inattendue. Incontrôlable.

Et si, ce soir, je laissais tout derrière, juste pour quelques heures ?

Et si je m’autorisais à être… personne d’autre qu’Ewan ?

Je suis un homme respectueux. Je n’ai jamais cherché à écraser les autres. Pourtant, à chaque pas que je fais dans cette entreprise, les employés s’arrêtent net et me saluent comme si j’étais une divinité. Certains avec admiration, d’autres avec une forme d’envie mal dissimulée.

Mais moi… je passe sans un mot.

Leurs regards ne m’atteignent pas. S’ils savaient… S’ils savaient seulement ce que j’ai enduré pour en arriver là, ils ne m’envieraient pas. Ils prieraient pour que ça ne leur arrive jamais.

Je traverse le hall principal. Tout le monde me regarde. Je le sens dans leur silence.

"Voilà Ewan Rasson, le jeune PDG. L’héritier parfait."

Parfait, mon œil.

J’atteins enfin le parking. Deux hommes en costume m’attendent, bien droits, bien dressés. Mes gardes du corps. Fidèles comme des chiens de garde.

Je m’arrête net.

— Ne me suivez pas aujourd’hui.

L’un d’eux fronce les sourcils.

— Mais Monsieur, votre père nous a expressément demandé de vous escorter jusqu’à la maison…

Je croise les bras, bien campé sur mes appuis.

— Est-ce que vous pensez que je ne suis pas capable de rentrer chez moi tout seul ? Vous pouvez disposer.

— Monsieur…

— J’ai dit : vous pouvez disposer.

Je n’attends pas leur réponse. Je reprends ma marche.

Mais ce n’est pas fini. J’arrive devant ma voiture, et mon chauffeur, zélé comme toujours, m’ouvre la portière.

— Monsieur, je vous emmène. Votre père a…

— Je peux conduire moi-même.

— Je suis désolé, mais j’ai reçu l’ordre de vous ramener personnellement.

Je me retiens de lever les yeux au ciel.

— Tes ordres ne m’intéressent pas. Ferme cette portière. Je ne monte pas.

— Monsieur, c’est que…

— Garde la voiture, si ça t’amuse.

Sans lui jeter un regard de plus, je fais demi-tour et me dirige vers l’arrière du parking. Là où personne n’ose aller.

Ma moto m’attend, tranquille, silencieuse, fidèle. Elle, au moins, elle ne me juge pas.

Et vous allez sûrement vous demander pourquoi je me comporte comme ça. Pourquoi cet héritier privilégié semble mépriser le monde qui l’entoure.

La vérité, c’est que je suis fatigué.

Fatigué d’être "l’exemple". Fatigué d’être celui qui doit tout endosser.

Moi et mes parents, on ne forme pas une vraie famille. Ils n’ont jamais eu de temps pour moi. Depuis que je suis gamin, j’ai grandi entre deux ordres, entre deux exigences. Ils ne m’ont jamais demandé comment j’allais. Jamais serré dans leurs bras.

Tout ce que j’ai entendu, c’est :

"Tu dois être parfait."

"Tu es le futur de cette famille."

"Tu dois donner l’exemple."

Mais un enfant n’a pas besoin de directives. Il a besoin d’amour. D’écoute. De tendresse.

Je savais que tout ça allait me valoir une leçon de morale.

"Tu as perdu la tête, Ewan."

"Tu n'es plus celui qu'on croyait."

Et alors ? Qu’ils le pensent. Qu’ils disent ce qu’ils veulent.

Moi, j’avais juste besoin de respirer.

Je monte sur ma moto, enfile mon casque, et quitte l'entreprise par la sortie arrière, discrète, comme un fugitif. Dès que je me retrouve dans la rue, le vent me fouette le visage et une seule pensée m’envahit :

Enfin. Aujourd’hui, je suis libre.

Je n’ai jamais fait ça avant. C’est la toute première fois que j’agis contre leurs règles, contre leurs attentes. Et putain… ça fait du bien.

J’ai 29 ans. Et depuis que je suis en âge de comprendre les mots "honneur", "héritier", "famille", je n’ai jamais désobéi à mon père. Jamais dit non à ma mère. Toujours droit. Toujours parfait.

Mais aujourd’hui, c’est terminé.

Je sais exactement pourquoi ils m’ont invité. Ce n’est pas un simple dîner de famille. C’est pour me présenter, encore une fois, Christelle.

Cette fille, je la déteste. Son nom me donne des boutons.

Je ne sais pas ce qu’ils lui trouvent. Peut-être parce qu’elle est issue d’une bonne famille. Parce qu’elle sait parler chinois. Parce qu’elle sait s’asseoir bien droite à table.

Mais moi ? Moi je ne veux pas d’une femme choisie pour moi. Je ne veux pas d’un joli trophée à mon bras pour faire plaisir à mes parents et impressionner les actionnaires.

Ils ont déjà dicté toute ma vie. Mon avenir. Mes fréquentations. Mes études.

Mais mon cœur ? Non. Jamais.

Je suis un adulte. Je suis vacciné. J’ai grandi.

Je suis PDG d’un groupe international, je négocie des contrats à plusieurs millions d’euros, je prends des décisions qui font trembler des marchés entiers… et eux, ils croient encore pouvoir décider avec qui je vais passer mes nuits ?

Ça, jamais.

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