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Chapitre 3. Aurore

Penulis: Zuzu
last update Terakhir Diperbarui: 2025-06-12 20:43:46

Il faisait déjà nuit, et j’étais épuisée. Deux jours. Ça faisait deux jours que je n’avais pas mis les pieds à l’hôpital pour voir ma grand-mère. Elle n’a que moi. Juste moi.

Elle ne m’en voudrait pas, je le savais… Mais ça ne m’empêchait pas de me sentir coupable.

Alors, j’ai pris un petit bouquet de fleurs fraîches, pour me faire pardonner. Pour l’embrasser, lui dire que je suis là, même si j’avais été un peu absente.

Je fermai soigneusement la boutique, tournai la clé, et traversai la route.

Comme souvent à cette heure-là, les taxis se faisaient rares. La rue devenait calme, presque inquiétante. Les gens rentraient chez eux. Les lumières des boutiques s’éteignaient une à une. Moi, j’étais là, debout, à l’arrêt, les bras croisés sur mon bouquet, guettant le moindre phare.

Et puis…

Un bruit sourd. Un fracas. Un cri étouffé.

J’ai levé les yeux, instinctivement.

Et là, sous mes yeux, l’horreur.

Une moto. Une voiture. Une collision brutale. Si violente, si soudaine que j’ai mis quelques secondes à comprendre ce qui venait de se passer. La voiture ne s’est même pas arrêtée. Elle a filé à toute allure, laissant derrière elle un sillage de peur, de métal, et… de silence.

Mon cœur s’est figé. Mon corps a bougé avant ma tête.

J’ai couru. Sans réfléchir. Le bouquet a glissé de mes mains. Je me suis penchée sur lui le motard étendu sur l’asphalte, le casque fissuré, le souffle court.

— Monsieur ? Monsieur, vous m’entendez ?

Ma voix tremblait. Mon corps tout entier aussi.

Je n’avais jamais vu autant de sang. Pourtant… il respirait encore.

— S’il vous plaît, répondez-moi !

Mes mains étaient crispées, mais je ne voulais pas qu’il pense qu’il était seul.

Pas comme ma grand-mère, pas comme moi parfois.

Je ne savais pas quoi faire. Mon cœur battait si fort qu’il couvrait presque mes pensées. Mes doigts tremblaient, mais j’ai réussi à sortir mon téléphone et à appeler les urgences.

Ils ont répondu. Une voix froide, presque mécanique :

— « L’ambulance arrivera dans vingt minutes, mademoiselle. Essayez de maintenir la victime en vie. »

Vingt minutes ? Il pouvait mourir à tout moment !

Il n'était même plus vraiment conscient. Juste allongé là, respirant faiblement.

J’ai raccroché. Vingt minutes, c’était une éternité.

Alors j’ai pris une décision.

Je me suis levée et je suis allée au milieu de la route. Peu importe la voiture, peu importe le regard, quelqu’un m’aidera. Il faut qu’on l’emmène à l’hôpital.

Les voitures passaient, rapides, indifférentes.

Certaines me klaxonnaient. D’autres me contournaient. Mais moi, je ne bougeais pas. J’agitais les bras, je criais, désespérée.

— Aidez-moi ! S’il vous plaît, quelqu’un !

Et puis, une voiture s’est arrêtée. Juste devant moi.

Une femme en est descendue. Élégante. Calme.

— Mademoiselle, vous allez bien ? 

— Non, s’il vous plaît... Il y a eu un accident juste là ! Cet homme est blessé, très grièvement. J’ai besoin de l’emmener à l’hôpital. 

Elle m’observa, surprise.

— Vous le connaissez ? 

— Non… Je ne sais même pas son nom. Mais il va mourir si on n’agit pas. 

Elle hésita. Une seconde. Peut-être deux. Puis elle s’approcha sans un mot.

Elle était gentille. Généreuse. Humaine.

Elle ne m’a pas dit que je perdais son temps, elle n’a pas demandé si c’était risqué.

À deux, on a tenté de le soulever. Il était lourd. Trop lourd pour nous. Mais on s’est accrochées. On n’avait pas la force, mais on avait la volonté.

On l’a installé dans la banquette arrière, comme on a pu. J’ai pris place à l’avant, et la dame a démarré la voiture en trombe.

— Quel hôpital ? 

— Celui du centre-ville. C’est le plus proche. Allez-y, vite, s’il vous plaît. Il perd beaucoup de sang… 

— Tu as prévenu la police ? 

Je tournai la tête vers elle, prise de court.

— Non… Non, je n’ai pas eu le temps. Je voulais juste le sauver d’abord. Je signalerai l’accident après. 

Elle hocha la tête en silence. Et continua de rouler.

La dame roulait vite. Très vite. Le moteur ronflait, les lumières des autres voitures défilaient comme des étoiles effacées.

En moins de dix minutes, nous étions arrivées à l’hôpital.

À peine la voiture garée, j’ai sauté dehors et j’ai couru droit vers la réception. Le cœur battant, la gorge nouée, j’ai crié :

— Urgence ! S’il vous plaît, venez vite ! Il y a eu un accident ! 

Deux infirmières sont sorties précipitamment avec un brancard, presque en courant.

— Où est l'accidenté ? 

— Dans la voiture, suivez-moi ! 

Nous avons couru jusqu’au véhicule. Les infirmières étaient rapides et professionnelles. En quelques gestes sûrs, elles ont soulevé le blessé ce même homme que, nous deux, on n’arrivait même pas à faire bouger sans haleter et l’ont installé sur le brancard.

Pendant que les infirmières l’emmenaient à l’intérieur, la dame, celle qui m’avait aidée, me regardait. Elle semblait curieuse, peut-être un peu troublée.

— Tu m’as dit que tu ne le connaissais pas. Alors pourquoi tu t’occupes autant de lui ? me demanda-t-elle doucement.

Je l’ai regardée, un peu surprise.

— Je ne sais pas… Peut-être parce que je ne supporte pas de voir une vie s’éteindre devant moi, sans rien faire. Peut-être parce que j’aurais aimé qu’on m’aide, moi aussi, si j’étais à sa place. 

Elle m’a souri. Un sourire doux. Compréhensif.

Je suis retournée à l’intérieur pour tout expliquer au médecin : l’accident, l’homme à moto, le chauffeur en fuite, l’appel aux urgences. Tout ce que j’avais vu.

Puis je suis revenue vers la dame.

— Merci infiniment, madame. Vous m’avez sauvée. Enfin… vous lui avez peut-être sauvé la vie. 

— Que Dieu te bénisse, ma fille. Merci à toi aussi. Ce que tu as fait, tout le monde n’aurait pas eu le courage. 

Elle est montée dans sa voiture. Un dernier regard, un léger signe de main, et elle a démarré, disparaissant dans la nuit.

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