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Chapitre 26 : Le Corps Comme Une Carte

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-05-19 17:45:04

Luciano

Je la regarde. Elle est là, face à moi, tout près, vulnérable. Je sais que je suis son désir et sa peur, ses contradictions vivantes, et cette vérité me fait frissonner d’anticipation. Mon regard balaye chaque centimètre de sa peau nue, chaque courbe, chaque frémissement. Elle est un mystère que je veux résoudre, un puzzle que je vais assembler pièce par pièce.

Elle respire rapidement, chaque mouvement de sa poitrine révélant une part d’elle qu’elle ne peut plus cacher. Ses yeux cherchent les miens, mais il y a de la peur dans son regard. Et pourtant, elle ne fuit pas. Elle reste là, avec moi, dans ce lieu où tout s’échange, où tout se dénoue.

Je m’avance lentement, chaque pas mesuré, chaque geste pensé pour la faire frémir, pour l’imprégner de mon désir. J’ai l’impression que chaque fibre de son être attend le moment où je vais la toucher, la marquer, l’emmener au-delà des limites qu’elle a connues. Mais je veux qu’elle sache, qu’elle comprenne que ce moment est à elle autant
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    LucianoJe n’ai plus froid.Je n’ai plus peur.Je suis une lame.Et cette nuit, j’ai saigné.Le cadavre que Sasha a abattu repose encore sur le sol, une flaque de sang s’étendant lentement sous lui, comme une ombre qui refuse de mourir. Je passe devant sans détourner le regard. Je veux qu’elle sache. Ce qu’elle a fait. Ce qu’elle est devenue.Et que je l’aime encore plus pour ça.C’était lui ou moi. Elle a choisi.Et ce choix a le goût du sang, de la loyauté, de l’instinct.Je suis fier.Et en colère.Contre moi.Contre Marco.Contre ce monde qui nous pousse à tuer pour rester vivants.Dans la cuisine, je remplis un verre d’eau. Pas pour moi. Pour elle.— Bois, murmuré-je. Tu trembles.Elle le prend. L’avale d’un trait. Puis repose le verre si fort qu’il éclate sur le comptoir. Elle sursaute. Un petit cri rauque, étranglé. Comme si la réalité la frappait enfin.— Pardon, souffle-t-elle.Elle regarde ses mains. Celles qui ont tiré. Celles qui ont arraché une vie.Je m’approche. Je pren

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    LucianoJe sens la nuit reculer.L’aube n’est pas encore levée, mais elle est là. En suspens. Tapie. Comme si le ciel lui-même retenait son souffle.Tout est calme. Trop calme. Ce genre de silence qui précède les orages. Ou les exécutions.Sasha dort encore. Son souffle effleure ma clavicule. Une caresse, une ancre. Mais mon cœur, lui, bat à un rythme différent. Un rythme de tambour. De guerre.Ce n’est plus du désir. C’est une tension contenue. De la rage gelée sous la peau. De l’instinct brut.Je tends la main vers mon téléphone, posé sur la table basse. Aucun message. Aucun appel. Mais je sais.Je le sens dans mes os. Dans mes tripes. Quelque chose approche. Quelque chose d’irréversible.Je me lève sans bruit. Nu. Nue. On l’est tous les deux, dans tous les sens du terme.Mais moi, je n’ai pas le droit d’oublier ce que je suis. Ce que je porte sur les épaules. Ce que je dois défendre.Dans la pièce à côté, je m’accroupis devant le coffre. Le métal grince légèrement. L’arme est là. F

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    SashaJe pensais qu’il avait tout donné.Qu’il m’avait déjà tout montré.Mais Luciano…Luciano, quand il aime, quand il cède, il ouvre des portes qu’on ne referme jamais.Son regard m’attrape à la gorge, comme une liane qui serre lentement, inexorablement.Ses mains ne sont pas encore sur moi, et pourtant je sens déjà leur poids, leur faim.Son souffle… mon Dieu, son souffle…Il se faufile entre mes côtes, glisse dans mes failles, rallume ce que j’avais cru éteint depuis des années.Il me soulève sans prévenir. Sans douceur.M’allonge sur le canapé défait, les coussins en désordre, témoins muets de notre passion naissante.Il me dévore du regard, comme s’il voulait imprimer mon visage dans sa mémoire, s’assurer que je suis bien réelle, là, malgré la noirceur qu’il traîne comme une armure.— Dis-le, murmure-t-il contre mes lèvres, sa voix rauque à peine audible.— Dis-moi que tu as envie. Que tu veux plus que ce qu’on peut supporter.Je le regarde dans les yeux, cette fois, sans menson

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    SashaJe pose ma main sur son dos.Sur cette cicatrice longue comme une vie.Et je sens, sous mes doigts, ce qu’il ne dit pas.Ce qu’il retient.Ce qu’il ravale.Ce qu’il hurle en silence depuis trop longtemps.Il a retenu le monstre.Pas pour lui. Pour moi.Je devrais trembler, fuir, me détourner de cette violence contenue.Mais non.Je m’ancre. Je reste. Je le touche un peu plus fort.Parce qu’au fond, je sais.Ce n’est pas sa fureur qui me fait peur.C’est ce qu’il serait sans elle.Luciano se redresse lentement, les épaules droites, le dos tendu, mais il ne se retourne pas.Je vois les muscles rouler sous sa peau.Le combat invisible qu’il mène contre lui-même.Je sais qu’il est au bord. D’un cri. D’un feu. D’un effondrement.Entre la rage et la honte.Entre l’envie de brûler le monde et celle de rester dans la lumière.Ma lumière.— Tu penses que j’ai faibli ? murmure-t-il, la voix rauque, presque brisée.— Non. Je pense que t’as choisi.Il ne parle pas.Mais je sens que ça cogne

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    LucianoMinuit passé. L’air est plus dense, plus sale. L’adresse clignote encore sur l’écran du téléphone. Une rue industrielle en périphérie, entre deux hangars désaffectés. L’endroit parfait pour une embuscade. Ou pour un pacte avec le diable.Sasha enfile sa veste sans un mot. Sa main passe sur sa cuisse. Le cran d’arrêt est bien là. Elle a noué ses cheveux. Une mèche rebelle lui barre le front, et je la fixe un instant, comme si j’allais la perdre.— Tu es sûre ? je murmure.Elle me regarde. Un regard de feu, un serment.— Tu m’as déjà vue reculer, Luciano ?Non. Jamais. Et ce soir encore, elle ira jusqu’au bout.Je vérifie mon arme. Le métal est froid, familier. Mon manteau couvre mes épaules, et mon silence couvre mes intentions.On descend. Deux ombres dans une ville trop calme. Le moteur ronronne sous nos mains. Les phares éventrent l’obscurité. Le chemin est court, trop court.On arrive.Un lampadaire grésille. Trois voitures. Une porte entrouverte.Je sors le premier. J’avan

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    SashaIls sont là.Trois hommes. Devant la voiture noire. Costumes noirs. Visages fermés. Regard vide.Vitres teintées. Moteur qui tourne. Le silence est lourd, presque sacré.Luciano me serre la main. Une fois. Fort. Puis il la lâche.— On y va, il murmure.Je marche à ses côtés. La tête haute. La peur bien planquée dans mes bottes.Et je sais, en posant le pied sur le bitume, que rien ne sera plus jamais comme avant.Mais je sais aussi une chose.Je ne le laisserai plus jamais affronter ses démons seul.LucianoIls nous attendaient.Trois hommes, silhouette droite, mains croisées devant eux comme des ombres sorties d’un autre temps. Le genre d’hommes qui n’ont pas besoin d’armes pour faire peur. Leur calme est une menace en soi.Je reconnais le plus grand. Malenkov. Une légende, dans notre monde. Un survivant des vieilles guerres de l’Est, quand les corps étaient jetés dans des rivières gelées et les serments gravés à la lame. Je l’ai vu une seule fois, à vingt ans. J’étais à genoux

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