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— Alors, comment s’est déroulée ta petite balade, Edouardo ? — Ah. Ne m’en parle même pas. Ce n’était pas la joie. — Ah bon ? Mais Je pensais que le grand Edouardo SMITH voulait à tout prix faire une balade. Et par-dessus tout, au marché, ce qui n’a jamais été ton truc. Tu aurais dû laisser les cuisinières faire leur travail comme d’habitude. — Mark, s’il te plaît, tu ne vas quand même pas recommencer. Son meilleur ami lui lança un regard accusateur puis continua : — Alors, raconte. — Pff ! Rien de spécial. Je dirai que tout allait bien jusqu’au moment où j’ai croisé cette petite insolente. — Wow. Eh ben dis donc. Tu as rencontré une fille ? demanda-t-il d’un air enchanté. — Quoi ? Mark, mais qu’est-ce que tu racontes là ? Celle-là est vraiment loin d’être intéressante. Irrespectueuse et audacieuse qu’elle est, je me demande bien si un homme pourrait la supporter. — Hum ! Finalement, ce n’était pas si mal ta promenade au marché, lança-t-il d’un ton moqueur. Edouardo lui jeta un regard meurtrier. — Personne ne m’a jamais parlé ainsi, crois-moi. Je suis habitué à ce que toutes les femmes me tombent aux pieds à première vue. Mais elle, c’est comme si elle ne me connaissait même pas, affirma-t-il, l’air perplexe. — Quoi ? Tu rigoles. Qui ne connaît pas Edouardo SMITH dans ce pays ? Avec ta célébrité… — Je ne suis pas censé être connu de tout le monde après tout. Bon bref, j’ai énormément à faire aujourd’hui. D’ailleurs, de quoi voulais-tu me parler ? — Ah oui ! s’exclama Mark en prenant siège dans le fauteuil juste en face du bureau de son ami. — Les rumeurs s’amplifient, Edouardo. — Quelles rumeurs ? — Comment ça quelles rumeurs ? Le public commence vraiment par se poser des questions sur ta vie. Comment se fait-il qu’un homme de ton âge et doté d’une telle fortune, ne se soit pas encore marié jusqu’à présent ? D’autres racontent même qu’il y aurait peut-être un lien entre ta richesse et ton célibat. — Eh ben ! qu’ils racontent ce qu’ils veulent. — Quoi ? C’est vraiment du sérieux là, rouspéta Mark. Tu risques même de perdre des contrats pour ça. — Parce que je suis célibataire ? — Eh ben, oui. Avec tout ce qui se raconte sur ta vie, je crains que oui. Tu as besoin d’une femme Edouardo. Tu es jeune et travailleur, n’importe quelle femme tomberait pour toi. — Eh ben, c’est justement là, le problème. Elles tombent toutes pour moi parce que je suis riche et célèbre. Edouardo par ici, Edouardo par-là, le meilleur ingénieur du pays. Moi, ce que je veux, c’est une femme qui m’aimera véritablement. — Anna t’aimait. — Quoi ? Ne me parles pas de cette pétasse, lança-t-il avec amertume. — Tu sais bien pourquoi elle t’a quitté. — Parce qu’elle a rencontré quelqu’un de plus riche que moi. — Parce que tu es trop violent et colérique. — Moi ? Foutaise, objecta-t-il en ouvrant un document disposé sur le bureau. — Eh, Edouardo. Elle n’est pas la première à dire cela. Quand tu tombes amoureux, tu deviens insupportable et trop violent. « Toutes les femmes ne peuvent supporter sa sauvagerie au lit », c’est ce qu’elle m’a dit. Elle a finalement eu l’impression d’être devenue ta prisonnière que ce soit au lit ou dans ses actes, et elle en a eu marre. Edouardo ne dit plus rien, la vérité était irréfutable. Son problème avec les femmes ne se limitait pas uniquement à son égoïsme. Il était également un dominant, baigné de jalousie, dans tous les sens du terme. Même celles intéressées n’arrivaient pas à rester longtemps. Il est tout simplement un homme de nature chaud. — Tu sais quoi, Mark ? Je n’ai aucune idée de quoi dire ou faire. Tout ce que je sais, c’est que j’ai du boulot alors on en discutera après. — Ouais c’est ça, tu me chasses, affirma Mark en se levant. Mais tu sais quoi ? — Quoi ? — Tu es mon meilleur ami, mon frère, et cela depuis notre tendre enfance. Je te connais parfaitement et je veux juste que tu sois heureux. C’est tout. Penses-y s’il te plaît. Pour ta carrière, il te faut une présence féminine à tes côtés et, le plus vite possible. Bonne journée, dit-il en se dirigeant vers la sortie. Edouardo ne savait plus où mettre la tête. Si cela ne tenait qu’à lui, il pourrait bien passer toute sa vie dans la solitude. Non pas parce qu’il ne veut pas se marier mais parce qu’il doute qu’une femme puisse vraiment l’aimer un jour. L’aimer, lui et non sa fortune. À cela s’ajoute son caractère chaud et agressif. Quelle femme supporterait ses crises de nerf ? Il n’y en a peut-être pas. Maintenant que sa carrière exigeait une présence féminine, que pourrait-il donc faire ? Aucune femme ne l’intéresse actuellement. D’ailleurs, depuis sa rupture avec Anna, il s’était résolu à ne plus se hasarder sur ce terrain. Mais là, il lui faudrait vraiment y réfléchir comme l’a dit Mark. La journée s’éteignit vite, et Laurena rentra chez elle aux environs de vingt heures. Mais à sa grande et mauvaise surprise, son père venait d’être urgemment transféré à l’hôpital. Il avait à nouveau eu une crise. Son état empirait de jour en jour et ses filles en souffraient. Il était la seule famille qui leur restait. Laurena passa la nuit à l’hôpital au chevet de son père. Heureusement qu’elle avait Victor, son amoureux, qui s’efforçait de l’aider et demeurait à ses côtés en toutes circonstances. — Je vais à la chapelle pour prier, lança laurena en se levant. — D’accord ma chérie. Je reste ici jusqu’à ton retour, répondit Victor qui était assis à côté d’elle dans la salle d’attente. — Ok. Merci. Laurena se dirigea vers la petite chapelle du centre médical. Elle y entra et prit siège. Les larmes commencèrent à ruisseler sur ses joues pendant qu’elle glisse une main dans la poche de son habit pour en sortir une photo. C’était celle de sa mère, la seule qu’elle avait en sa possession d’ailleurs. ‹‹ Maman, tu me manques tellement. J’ai tant besoin de toi. Dis-moi quelque chose. Montre-moi un signe. N’importe quoi qui pourrait m’aider à sauver papa. Je sais que ce n’est pas encore le moment pour lui de s’en aller. Je ne supporterais pas de le perdre à pareil moment. Il y a tellement de choses dans ma tête, comme les études de Paula. Comment pourrais-je assurer ses frais d’université ? Notre situation va de mal en pis. Je ne sais plus quoi faire. Je suis désespérée. Oh mon Dieu, aide-moi s’il te plaît. » Laurena passa presque la moitié de la nuit à pleurer les larmes de son corps dans cette chapelle, jusqu’à ce que le sommeil décide enfin de s’emparer d’elle.******— Je veux tout savoir sur cette famille, absolument tout Nicolas et le plus tôt possible, ordonna Edouardo. — Vous pouvez compter sur moi M. SMITH. — Bien. Merci d’avoir vite répondu à mon appel.— Je vous en prie. Cela fait des années que je travaille pour vous, c’est bien normal. — Bien. Alors on se dit à bientôt. Une fois les informations en ta possession, préviens-moi ok ? — Bien évidemment, confirma Nicolas. Au revoir. — Oui. Au revoir. Nicolas sortit du bureau d’Edouardo, le laissant seul en compagnie de Mark Dupont, son meilleur ami. Nicolas, homme à la barbe remarquable, était un détective privé. Edouardo le sollicitait toujours en cas de besoin, comme ce fut le cas maintenant, où il était décidé à connaître toute l’histoire de la famille GARBA. — Edouardo, je n’arrive toujours pas à te comprendre. Depuis quand es-tu devenu si compatissant ? — Que veux-tu dire par-là ? Que je ne l’étais pas ? — Non, ce n’est pas ça. Mais là, il s’agit
******— La famille GARBA ? Sursautant, Laurena se leva de son siège et se précipita vers le médecin, avec derrière elle, Victor, son amoureux. — Oui docteur, je suis la fille aînée. Est-ce que mon père va bien ? — Suivez-moi mademoiselle. Le cœur de Laurena fit un bond, comme si elle allait recevoir une mauvaise nouvelle, et c’est tout ce qu’elle craignait. Le médecin les fit entrer dans son bureau, un espace lumineux et propre, avec un bureau en bois, des étagères remplies de livres médicaux, et des diplômes encadrés, accrochés aux murs. Au centre de la pièce se trouve une table d’examen, entourée de divers instruments médicaux bien organisés. — Que se passe-t-il docteur ? questionna Laurena en prenant place sur une chaise. Dites-moi qu’il va s’en sortir. Le médecin émit un long soupir puis entama. — La maladie de votre père s’accélère, mais il est encore à un stade où l’on peut l’opérer pour lui donner une chance de vivre plus longtemps. Cependant, il faud
*****— Alors, comment s’est déroulée ta petite balade, Edouardo ? — Ah. Ne m’en parle même pas. Ce n’était pas la joie. — Ah bon ? Mais Je pensais que le grand Edouardo SMITH voulait à tout prix faire une balade. Et par-dessus tout, au marché, ce qui n’a jamais été ton truc. Tu aurais dû laisser les cuisinières faire leur travail comme d’habitude. — Mark, s’il te plaît, tu ne vas quand même pas recommencer. Son meilleur ami lui lança un regard accusateur puis continua : — Alors, raconte. — Pff ! Rien de spécial. Je dirai que tout allait bien jusqu’au moment où j’ai croisé cette petite insolente. — Wow. Eh ben dis donc. Tu as rencontré une fille ? demanda-t-il d’un air enchanté. — Quoi ? Mark, mais qu’est-ce que tu racontes là ? Celle-là est vraiment loin d’être intéressante. Irrespectueuse et audacieuse qu’elle est, je me demande bien si un homme pourrait la supporter. — Hum ! Finalement, ce n’était pas si mal ta promenade au marché, lança-t-il
Le regard sombre et menaçant qui se fixait sur elle n’avait rien d’amical. Elle comprit alors, le cœur battant que cet homme n’était pas seul, il était flanqué d’un garde du corps, et l’intention qui émanait de ce dernier la glaçait d’effroi. — Ah ! Je comprends maintenant, d’où vient cet égoïsme de votre part. Vous, les riches, vous vous croyez tout permis avec votre fortune, lança-t-elle, l’air courroucé. Elle se retourna aussitôt pour reprendre sa route mais il lui saisit brusquement le poignet, l’empêchant de continuer. — Saviez-vous, à qui vous vous adressez ? demanda-t-il. — Suis-je censée vous connaître ? Par hasard, seriez-vous Dieu ? Lâchez ma main, immédiatement. L’homme, stupéfait par l’attitude de Laurena, ôta sa main. On aurait cru qu’auparavant, personne ne lui avait jamais adressé la parole de cette manière, c’est comme s’il était habitué à être adorer. Sans rien ajouter, Laurena reprit son chemin et s’en alla.
La nuit porte conseil, dit-on. Est-ce une suspicion ou une réalité ? Arrive-t-on à trouver des solutions à nos problèmes dans les ténèbres de la nuit ? Et si réellement la nuit porte conseil, sont-ils bons ou mauvais ? Dans l’obscurité de cette nuit-là, Laurena était allongée sur son lit, l’esprit perdu dans ses pensées, tandis que des larmes silencieuses glissaient le long de ses joues. ‹‹Seigneur, que me réserves-tu donc ? Je ne sais quoi faire. Je suis confuse et ma mère me manque tellement. Maman, où es-tu ? Aide-moi de là-haut›› Il était environ une heure du matin et Laurena n’arrivait toujours pas à dormir. Elle pensait à tous les problèmes qui la hantaient, la maladie de son père, les études de sa sœur. Depuis la mort de sa mère, à l’âge de neuf ans, elle était devenue la gérante de la maison et une seconde mère pour sa petite sœur. Son père, n’ayant pas supporté la perte de sa femme avait sombré dans le désespoir et la tristesse. Un jour, sous l’emprise de l’alcool