CHAPITRE 5 : L'Alpha a la recherche de sa luna
Dans la grande demeure du chef de meute, une tension pesante s’était installée. L’air était chargé d’une colère sourde alors que Darius, l’homme à qui Lyra avait été promise, faisait irruption dans la salle principale. Ses yeux d’un gris acier brillaient d’une rage contenue, ses poings serrés le long de son corps puissant.
— Où est-elle ?! tonna-t-il, sa voix grondant comme un orage menaçant.
Assis dans son grand fauteuil de chêne sculpté, Haldric, le père de Lyra, releva lentement les yeux vers son visiteur, impassible malgré l’orage qui grondait devant lui.
— Disparue.
Un silence pesant suivit cette déclaration. Darius, stupéfait, plissa les yeux avant de frapper violemment du poing sur la table en bois massif.
— Ce n’est pas possible ! siffla-t-il entre ses dents. Tu devais la surveiller ! Elle était censée être mienne dès hier soir !**
Haldric serra la mâchoire, son regard perçant ne trahissant aucune émotion.
— Elle s’est volatilisée juste avant l’aube. Nous la cherchons encore.
Un ricanement sarcastique échappa à Darius.
— Et tu veux me faire croire qu’un Alpha comme toi ne sait pas où sa propre fille s’est enfuie ?!
Dans un coin de la pièce, une voix féminine s’éleva.
— Même si on savait où elle est, on ne te le dirait pas.
Tous les regards se tournèrent vers Sienna, la jeune sœur de Lyra, qui se tenait droite, le regard brûlant de défi.
— Ce mariage était une erreur. Lyra ne t’aime pas. Pourquoi la forcer ?
Haldric bondit de son siège, ses traits se durcissant sous l’effet de la colère.
— Tais-toi, Sienna ! gronda-t-il.
Mais la jeune femme ne détourna pas les yeux, les poings serrés, tremblante de rage.
Darius, lui, ne prêta aucune attention à l’échange, ses pensées déjà tournées vers la traque. Il inspira profondément avant de fixer Haldric d’un regard glacial.
— Tu as intérêt à la retrouver.
Puis, pivotant sur ses talons, il se dirigea vers la sortie.
— De mon côté, je vais envoyer mes hommes fouiller chaque village aux alentours. Je la retrouverai… et crois-moi, elle regrettera d’avoir fui.
Et sur ces mots, il disparut dans la nuit, prêt à tout pour récupérer ce qu’il considérait déjà comme sien.
Darius et ses hommes quittèrent la demeure du chef de meute dans un silence lourd. La colère bouillonnait en lui, un feu ardent qu’il ne contenait que par une force de volonté brutale. Sa mâchoire était serrée, ses pas lourds martelaient le sol alors qu’ils s’enfonçaient dans la nuit.
— Éparpillez-vous, interrogez tout le monde. Je veux savoir si quelqu’un a vu Lyra.
Ses hommes acquiescèrent d’un signe de tête, se dispersant en groupes dans les rues du village et le long des sentiers forestiers. À chaque intersection, à chaque rassemblement d’habitants, ils s’arrêtaient pour montrer une image de Lyra, une esquisse rapide qu’ils avaient faite d’elle.
— Avez-vous vu cette fille ? demandait l’un d’eux d’une voix froide.
Mais les réponses étaient toujours les mêmes : des hochements de tête négatifs, des visages perplexes, certains jetant un regard inquiet en voyant l’aura menaçante du groupe.
Leur progression les mena à un coin reculé du village, près d’une vieille bâtisse délabrée où quelques hommes traînaient, accoudés contre le mur, des bouteilles d’alcool à la main. Ils semblaient insouciants, mais Darius savait qu’un certain type d’hommes traînaient toujours aux mauvais endroits et voyaient plus de choses qu’ils ne devraient.
Il s’avança d’un pas assuré, suivi de ses hommes.
— Vous, là. Il brandit la photo sous leurs yeux. Est-ce que l’un d’entre vous a vu cette fille ?
Les hommes jetèrent un coup d’œil rapide au dessin. L’un d’eux, grand et dégingandé, haussa les épaules.
— Jamais vue.
Un autre, plus trapu, secoua la tête en grommelant.
— Non, désolé.
Mais alors que Darius allait détourner son attention, il remarqua un léger détail.
Un homme, assis un peu en retrait, avait eu une réaction imperceptible. Son regard s’était figé un instant de trop sur l’image. Ses doigts s’étaient crispés autour de sa bouteille, et son souffle était devenu plus court.
Darius plissa les yeux, son instinct s’aiguisant comme une lame.
Il s’approcha lentement de l’homme, le dominant de toute sa hauteur.
— Toi.
L’homme leva la tête, feignant l’indifférence.
— Moi quoi ?
Darius esquissa un sourire froid.
— Tu as eu une drôle de réaction en voyant son visage. Je te le redemande… Il baissa la voix, la rendant plus menaçante. Tu l’as vue, n’est-ce pas ?
L’homme détourna les yeux.
— Je ne sais pas de quoi tu parles.
Darius ne sourit plus. En une fraction de seconde, il l’agrippa par le col et le souleva légèrement du sol, son aura bestiale se manifestant à peine sous la surface.
*— Ne me mens pas.
L’homme déglutit difficilement, mais garda le silence.
Ce silence confirma ce que Darius soupçonnait. Cet homme savait quelque chose.
Autour d’eux, ses hommes s’étaient tendus, prêts à agir au moindre ordre. Les compagnons du suspect jetèrent des regards nerveux, hésitant à intervenir.
L’homme finit par souffler d’une voix rauque :
— Lâche-moi. Tu ne me feras pas parler.
Darius serra un peu plus son emprise, son regard brûlant de menace.
— Tu veux vraiment tester ma patience ?
Le silence s’épaissit encore, la tension devenant palpable. L’homme savait-il où était Lyra ? L’avait-il vue récemment ? Ou cachait-il un secret encore plus sombre ?
Darius était prêt à employer tous les moyens nécessaires pour obtenir des réponses.
L’homme trembla légèrement sous l’emprise de Darius. Ses yeux, fuyants au début, finirent par s’accrocher à ceux de son interrogateur, dévorés par une peur sourde.
— D’accord, d’accord… je vais parler, lâche-moi ! bredouilla-t-il.
Darius resserra légèrement sa prise avant de relâcher brutalement l’homme, qui s’effondra sur le sol, haletant. Il se frotta la gorge en grimaçant, mais il savait qu’il n’avait pas d’autre choix.
— Je… je l’ai vue, d’accord ? lâcha-t-il, en relevant timidement la tête. Dans les bois, il y a quelques jours. Elle était seule, elle semblait perdue… et puis…
Il hésita, lançant un regard inquiet à ses compagnons, qui ne bougeaient pas, attendant la suite.
— Et puis quoi ? gronda Darius, l’impatience perçant dans sa voix.
L’homme ravala sa salive, son regard s’assombrissant.
— Elle n’était plus seule longtemps. Il inspira profondément avant de lâcher : Un loup du village voisin l’a trouvée. Elle l’a suivi.
Le silence qui suivit sa déclaration était glacial.
Darius sentit son sang bouillir. Son regard flamboya de rage.
— Tu veux dire qu’elle est entre leurs mains ?
L’homme hocha la tête d’un mouvement saccadé.
— Je ne sais pas ce qu’ils lui ont fait. Mais si elle est avec eux… Il s’interrompit, jetant un regard prudent à Darius. Tout le monde sait que cette meute est la plus redoutée de la cité.
Darius serra les poings, les mâchoires crispées sous la colère montante. Il savait que la meute dont parlait cet homme n’était pas du genre à faire preuve de clémence. Pire encore, si l’un d’eux avait pris Lyra sous son aile, cela signifiait une seule chose : elle était considérée comme leur protégée.
Et il savait ce que cela impliquait.
Son regard noir transperça l’homme toujours à terre.
— J’espère, pour toi, que tu ne me racontes pas des conneries.
L’homme secoua la tête frénétiquement.
— Je t’assure que c’est la vérité. J’ai vu de mes propres yeux.
Darius recula légèrement, lançant un regard significatif à ses hommes.
— On y va.
Sans perdre une seconde, il pivota et se remit en marche, ses hommes le suivant immédiatement. Ils savaient ce que cela signifiait. Trouver Lyra dans une meute ennemie n’allait pas être une tâche facile. Mais elle lui appartenait. Elle lui était promise.
Et Darius n’était pas du genre à abandonner ce qui lui revenait de droit.
Il était prêt à tout pour la récupérer.
Chapitre final : La Lune des AnciensLe ciel était clair. La lune, ronde et majestueuse, baignait la vallée d’une lumière argentée. Ce soir-là, les deux anciennes meutes — désormais unies — s’étaient rassemblées autour du Grand Feu sacré.Aeron, debout au centre du cercle, portait une cape de fourrure blanche. À ses côtés, Lyssandra, habillée d’une robe d’argent aux reflets lunaires, brillait comme une déesse ancestrale. Tous les regards étaient tournés vers eux.Le vieux chaman de la meute s’avança, tenant dans ses mains la pierre de l’Union — symbole de loyauté éternelle. Il récita les paroles anciennes, puis les tendit à Aeron et Lyssandra.— « En cette nuit, nous ne scellons pas seulement l’union de deux cœurs… mais celle de deux peuples. »Aeron posa sa main sur celle de Lyssandra, leurs regards unis.— « Je t’ai choisie dans les ténèbres et je t’élève dans la lumière, » murmura-t-il.— « Et je serai à tes côtés jusqu’au dernier souffle de la Lune, » répondit-elle.Les loups hurl
Le corps de Varros fut brûlé selon les anciens rites des Alphas. Sa meute, déstabilisée, se retrouva sans guide. Certains guerriers avaient fui pendant l’affrontement, d’autres restaient, perdus, silencieux. Mais Aeron, malgré la rage et la douleur encore palpitante dans ses veines, n’était pas un tyran.Le lendemain de la bataille, alors que l’aube teintait la vallée d’un éclat doré, Aeron monta à cheval avec Lyssandra à ses côtés et quelques membres de confiance. Direction : le territoire de l’Est.Les terres étaient vastes, marquées par la discipline stricte qu’imposait Varros. Mais maintenant, elles étaient calmes, presque mélancoliques. Des loups s’approchèrent, méfiants, armés… puis baissèrent les armes en reconnaissant le nouveau vainqueur.Un silence s’installa jusqu’à ce qu’Aeron prenne la parole, sa voix ferme mais respectueuse :— « Varros est tombé… mais je ne suis pas venu pour humilier ou détruire. Je suis venu pour reconstruire. Ceux qui veulent vivre sous l’ordre de la
Le soir même, dans la hutte d’AeronLa lune baignait la pièce d’une lumière pâle. Lyssandra s’assit près du feu, le regard perdu dans les flammes. Aeron, adossé contre le mur, la fixait en silence. Il sentait que quelque chose pesait sur son cœur depuis la visite des loups de l’Est.— « Lyssandra… dis-moi la vérité. Qui est Varros pour toi ? Et pourquoi te réclame-t-il comme s’il t’avait toujours possédée ? »Elle resta un instant silencieuse, puis, dans un souffle :— « Mon nom complet est Lyssandra Varell. »Aeron fronça les sourcils.— « Varell ? Ce nom... »— « C’est celui de l’ancienne lignée royale de la Meute de l’Est. Mon père était l’Alpha légitime avant que Varros ne le renverse et prenne sa place. J’étais toute petite quand c’est arrivé. Ma mère a fui avec moi, nous nous sommes cachées des années. »Aeron sentit son souffle se suspendre. Une héritière. Une descendante directe du sang alpha.— « Alors… tu es la véritable héritière de l’Est ? »Lyssandra hocha doucement la tê
— « Alpha ! » cria une voix à l’extérieur. « Une urgence… dans la forêt du Nord. »Aeron se leva d’un bond, enfilant rapidement son pantalon. Lyssandra, les cheveux épars et la peau encore chaude de leur nuit, s’assit sur le bord du lit, inquiète.— « Tu veux que je vienne ? » demanda-t-elle.Il se tourna vers elle et hocha la tête.— « Oui. J’ai besoin de toi à mes côtés. »Quelques instants plus tard, ils chevauchaient à vive allure avec deux autres membres de la meute. En chemin, l’un d’eux expliqua qu’un ancien temple caché dans la forêt du Nord avait été ouvert. Des rumeurs parlaient d’une brèche magique qui aurait perturbé l’équilibre des énergies locales.— « Et tu penses que c’est lié à nous ? » demanda Lyssandra.Aeron acquiesça.— « Cette terre est ancestrale. Si quelque chose l’a réveillée, c’est notre devoir de comprendre… et de protéger les nôtres. »Arrivés sur place, ils découvrirent une clairière baignée d’une lumière étrange, presque irréelle. Au centre, le sol s’étai
Nuit de Lune Pleine.La meute était réunie dans la grande clairière sacrée, un lieu entouré de pierres anciennes gravées de symboles mystiques. Le ciel, dégagé et profond, dévoilait une lune éclatante, témoin silencieux de la cérémonie à venir. Des torches étaient plantées tout autour, diffusant une lumière chaude et dansante sur les visages concentrés.Aeron se tenait debout, vêtu d’une tunique simple, les cheveux lâchés, le regard droit. À ses côtés, le vieil Aedren, doyen de la meute, récitait les mots anciens en langue des Anciens Loups, des paroles qui ouvraient les rites d’union.Lyssandra s’avança lentement. Elle portait une robe blanche cousue par les soins de plusieurs femmes de la meute, légère, fluide, presque surnaturelle dans la lumière lunaire. Ses cheveux tressés de fleurs sauvages, ses yeux brillants d’émotion, elle semblait tout droit sortie d’un rêve.Aeron la regarda avec un mélange de tendresse, de respect et d’amour profond. Elle s’arrêta face à lui, sans un mot.
Le matin s'était bien installé, et après quelques éclats de rire et une dernière étreinte sur les draps du lit, Aeron et Lyssandra se décidèrent enfin à quitter l'hôtel. Ils s’habillèrent lentement, dans une tranquillité presque irréelle, comme si le monde extérieur n’avait pas encore commencé à tourner. Lyssandra se glissa dans une robe simple mais élégante, ses cheveux tombant en vagues autour de ses épaules, tandis qu’Aeron ajustait son pantalon avec un sourire détendu.Ils sortirent de la chambre, leur main se frôlant à chaque geste. L’ascenseur descendit, sonne un léger « ding » lorsque la porte s’ouvrit, et ils se retrouvèrent face à l’entrée de l’hôtel. La ville était encore calme, l’odeur du matin fraichement lavée par la pluie de la veille flottait dans l’air.— « Tu sais, je pourrais rester ici encore un peu, » dit Lyssandra en regardant les rues vides.— « Mais ta meute t’attend, » répondit Aeron, un sourire en coin. « On ne peut pas trop les laisser sans leur Alpha. »Ils