apitre 6 : Un trouble dans la meute de Kael
Pendant que Darius et ses hommes s’approchaient dangereusement, un événement inattendu secoua la meute de Kael.
La nuit était tombée, enveloppant le village dans une obscurité paisible, seulement troublée par le bruissement des arbres et le craquement du bois sous les pas furtifs des patrouilleurs. Kael venait tout juste de quitter la chambre de Lyra, ses pensées encore hantées par l’image de son regard effrayé et de la vulnérabilité qu’il avait perçue en elle. Mais il n’eut pas le temps de s’y attarder.
Un hurlement strident déchira soudainement la nuit, suivi d’un grondement sourd et de bruits de lutte.
Kael se figea avant de bondir hors de la maison familiale. Devant lui, plusieurs membres de la meute s’étaient déjà regroupés sur la place centrale. Un combat avait éclaté entre deux loups, et pas n’importe lesquels : Adriel, un des guerriers les plus respectés de la meute, affrontait Rehan, un loup connu pour son tempérament provocateur et son désir constant de remettre en question l’autorité du clan.
Les deux adversaires tournaient l’un autour de l’autre, leurs yeux dorés brillant sous la lune. Leurs muscles tendus trahissaient leur rage contenue.
— Qu’est-ce qui se passe ici ? gronda Kael en s’avançant.
Un des spectateurs se tourna vers lui, essoufflé.
— Rehan a défié Adriel. Il prétend qu’on ne devrait pas suivre aveuglément ton père… qu’il nous mène à notre perte.
Kael sentit son cœur se serrer. La tension entre les membres de la meute était un sujet sensible. Son père, en tant qu’Alpha, dirigeait d’une main de fer. Mais tous ne supportaient pas son autorité absolue. Rehan faisait partie de ceux qui, dans l’ombre, cherchaient à semer la discorde.
— Ce n’est pas en semant le chaos qu’on protégera la meute, siffla Adriel, essuyant du revers de la main le sang qui perlait sur son arcade éclatée. Si tu veux changer les choses, bats-toi avec honneur.
Rehan ricana, dévoilant ses crocs.
— L’honneur ? L’honneur nous affaiblit. Nous sommes des loups, Adriel. La loi du plus fort règne, et moi, je dis qu’il est temps d’en finir avec ces traditions absurdes.
Il attaqua.
D’un mouvement fluide, il bondit sur Adriel, mais ce dernier esquiva avec agilité avant de lui asséner un violent coup de poing dans les côtes. Rehan gronda mais ne recula pas. Le combat reprit de plus belle, et Kael comprit qu’il ne pouvait pas laisser cette situation dégénérer.
Il n’avait pas encore trouvé de solution pour intégrer Lyra à la meute, et voilà qu’un conflit interne risquait déjà d’affaiblir leur unité.
Il devait agir… avant que son père ne s’en mêle et ne prenne une décision irrévocable.
Mais comment imposer sa voix dans une meute où son propre père était l’unique loi ?
Kael prit une profonde inspiration, tentant de calmer le tumulte qui régnait dans la place centrale de la meute. Son autorité naturelle et son regard perçant suffirent à apaiser les tensions. Rehan, blessé mais toujours provocateur, lança un dernier regard noir à Adriel avant de reculer.
Le silence s’installa à peine quelques secondes avant qu’un bruit de pas lourds ne résonne à l’entrée du territoire. Kael tourna la tête et aperçut un groupe d’hommes s’avancer d’un pas assuré. Ils étaient vêtus de noir, l’air menaçant, et à leur tête se tenait un homme au regard de prédateur. Il n’eut aucun doute : ils venaient avec une intention précise.
Kael s’avança vers eux, le torse bombé, prêt à défendre sa meute.
— Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ? demanda-t-il d’un ton tranchant.
L’homme en tête du groupe le toisa avec un rictus agacé.
— Je veux parler à l’Alpha.
Kael ne broncha pas.
— Je suis son fils. Tu peux t’adresser à moi.
Mais Darius ne voulait pas perdre son temps.
— Je veux voir le chef de cette meute, insista-t-il, ses yeux brillants d’une colère contenue.
Avant que Kael ne puisse répliquer, une voix grave et imposante s’éleva derrière lui.
— Je suis l’Alpha. Qui es-tu et que cherches-tu dans ma meute ?
Le silence se fit plus pesant. Les guerriers de la meute s’étaient approchés, prêts à réagir au moindre signe de menace.
Darius croisa les bras avant de déclarer d’une voix forte :
— Je suis venu chercher une femme. Lyra. Elle a fui ma meute et, selon nos informations, un homme d’ici l’aurait recueillie.
Kael sentit son cœur manquer un battement. Son corps se raidit instantanément, et une chaleur brûlante se propagea en lui. Un homme de sa meute… l’aurait prise… et hébergée ?
Sa gorge s’assécha. Il comprit aussitôt que Darius parlait de lui.
Le regard perçant de son père se posa sur lui quelques instants, mais l’Alpha ne laissa rien transparaître. Il reporta son attention sur Darius et répondit calmement :
— Aucune étrangère n’a franchi notre territoire. Si une femme avait été recueillie ici, nous l’aurions su.
Darius plissa les yeux, observant attentivement l’Alpha, puis la meute autour de lui.
— Je suis certain qu’elle est ici.
Kael, encore sous le choc, comprit qu’il devait intervenir avant que la situation ne dégénère.
— Tu perds ton temps, déclara-t-il d’un ton glacial. Elle n’est pas ici. Et je te conseille de repartir avant qu’on te mette à la porte.
Darius le fixa avec intensité. Un sourire narquois effleura ses lèvres.
— D’accord, nous partons… mais je reviendrai.
Il fit un pas en arrière, un regard de défi braqué sur Kael.
— Je sais qu’elle est ici. Et je viendrai la chercher.
Son regard brillait de certitude, de colère et d’un soupçon de jalousie.
Kael le suivit du regard alors qu’il tournait les talons, emmenant ses hommes avec lui.
Son cœur battait à tout rompre. Darius était donc l’homme auquel Lyra était promise…
Un mélange d’émotions contradictoires le submergea : frustration, colère, jalousie… mais surtout une peur grandissante.
Que ferait-il si son père découvrait la vérité ?
Chapitre final : La Lune des AnciensLe ciel était clair. La lune, ronde et majestueuse, baignait la vallée d’une lumière argentée. Ce soir-là, les deux anciennes meutes — désormais unies — s’étaient rassemblées autour du Grand Feu sacré.Aeron, debout au centre du cercle, portait une cape de fourrure blanche. À ses côtés, Lyssandra, habillée d’une robe d’argent aux reflets lunaires, brillait comme une déesse ancestrale. Tous les regards étaient tournés vers eux.Le vieux chaman de la meute s’avança, tenant dans ses mains la pierre de l’Union — symbole de loyauté éternelle. Il récita les paroles anciennes, puis les tendit à Aeron et Lyssandra.— « En cette nuit, nous ne scellons pas seulement l’union de deux cœurs… mais celle de deux peuples. »Aeron posa sa main sur celle de Lyssandra, leurs regards unis.— « Je t’ai choisie dans les ténèbres et je t’élève dans la lumière, » murmura-t-il.— « Et je serai à tes côtés jusqu’au dernier souffle de la Lune, » répondit-elle.Les loups hurl
Le corps de Varros fut brûlé selon les anciens rites des Alphas. Sa meute, déstabilisée, se retrouva sans guide. Certains guerriers avaient fui pendant l’affrontement, d’autres restaient, perdus, silencieux. Mais Aeron, malgré la rage et la douleur encore palpitante dans ses veines, n’était pas un tyran.Le lendemain de la bataille, alors que l’aube teintait la vallée d’un éclat doré, Aeron monta à cheval avec Lyssandra à ses côtés et quelques membres de confiance. Direction : le territoire de l’Est.Les terres étaient vastes, marquées par la discipline stricte qu’imposait Varros. Mais maintenant, elles étaient calmes, presque mélancoliques. Des loups s’approchèrent, méfiants, armés… puis baissèrent les armes en reconnaissant le nouveau vainqueur.Un silence s’installa jusqu’à ce qu’Aeron prenne la parole, sa voix ferme mais respectueuse :— « Varros est tombé… mais je ne suis pas venu pour humilier ou détruire. Je suis venu pour reconstruire. Ceux qui veulent vivre sous l’ordre de la
Le soir même, dans la hutte d’AeronLa lune baignait la pièce d’une lumière pâle. Lyssandra s’assit près du feu, le regard perdu dans les flammes. Aeron, adossé contre le mur, la fixait en silence. Il sentait que quelque chose pesait sur son cœur depuis la visite des loups de l’Est.— « Lyssandra… dis-moi la vérité. Qui est Varros pour toi ? Et pourquoi te réclame-t-il comme s’il t’avait toujours possédée ? »Elle resta un instant silencieuse, puis, dans un souffle :— « Mon nom complet est Lyssandra Varell. »Aeron fronça les sourcils.— « Varell ? Ce nom... »— « C’est celui de l’ancienne lignée royale de la Meute de l’Est. Mon père était l’Alpha légitime avant que Varros ne le renverse et prenne sa place. J’étais toute petite quand c’est arrivé. Ma mère a fui avec moi, nous nous sommes cachées des années. »Aeron sentit son souffle se suspendre. Une héritière. Une descendante directe du sang alpha.— « Alors… tu es la véritable héritière de l’Est ? »Lyssandra hocha doucement la tê
— « Alpha ! » cria une voix à l’extérieur. « Une urgence… dans la forêt du Nord. »Aeron se leva d’un bond, enfilant rapidement son pantalon. Lyssandra, les cheveux épars et la peau encore chaude de leur nuit, s’assit sur le bord du lit, inquiète.— « Tu veux que je vienne ? » demanda-t-elle.Il se tourna vers elle et hocha la tête.— « Oui. J’ai besoin de toi à mes côtés. »Quelques instants plus tard, ils chevauchaient à vive allure avec deux autres membres de la meute. En chemin, l’un d’eux expliqua qu’un ancien temple caché dans la forêt du Nord avait été ouvert. Des rumeurs parlaient d’une brèche magique qui aurait perturbé l’équilibre des énergies locales.— « Et tu penses que c’est lié à nous ? » demanda Lyssandra.Aeron acquiesça.— « Cette terre est ancestrale. Si quelque chose l’a réveillée, c’est notre devoir de comprendre… et de protéger les nôtres. »Arrivés sur place, ils découvrirent une clairière baignée d’une lumière étrange, presque irréelle. Au centre, le sol s’étai
Nuit de Lune Pleine.La meute était réunie dans la grande clairière sacrée, un lieu entouré de pierres anciennes gravées de symboles mystiques. Le ciel, dégagé et profond, dévoilait une lune éclatante, témoin silencieux de la cérémonie à venir. Des torches étaient plantées tout autour, diffusant une lumière chaude et dansante sur les visages concentrés.Aeron se tenait debout, vêtu d’une tunique simple, les cheveux lâchés, le regard droit. À ses côtés, le vieil Aedren, doyen de la meute, récitait les mots anciens en langue des Anciens Loups, des paroles qui ouvraient les rites d’union.Lyssandra s’avança lentement. Elle portait une robe blanche cousue par les soins de plusieurs femmes de la meute, légère, fluide, presque surnaturelle dans la lumière lunaire. Ses cheveux tressés de fleurs sauvages, ses yeux brillants d’émotion, elle semblait tout droit sortie d’un rêve.Aeron la regarda avec un mélange de tendresse, de respect et d’amour profond. Elle s’arrêta face à lui, sans un mot.
Le matin s'était bien installé, et après quelques éclats de rire et une dernière étreinte sur les draps du lit, Aeron et Lyssandra se décidèrent enfin à quitter l'hôtel. Ils s’habillèrent lentement, dans une tranquillité presque irréelle, comme si le monde extérieur n’avait pas encore commencé à tourner. Lyssandra se glissa dans une robe simple mais élégante, ses cheveux tombant en vagues autour de ses épaules, tandis qu’Aeron ajustait son pantalon avec un sourire détendu.Ils sortirent de la chambre, leur main se frôlant à chaque geste. L’ascenseur descendit, sonne un léger « ding » lorsque la porte s’ouvrit, et ils se retrouvèrent face à l’entrée de l’hôtel. La ville était encore calme, l’odeur du matin fraichement lavée par la pluie de la veille flottait dans l’air.— « Tu sais, je pourrais rester ici encore un peu, » dit Lyssandra en regardant les rues vides.— « Mais ta meute t’attend, » répondit Aeron, un sourire en coin. « On ne peut pas trop les laisser sans leur Alpha. »Ils