Home / Fantaisie / LES FRONTIERES MAUDITES / Chapitre 2 : Le Secret du Prince

Share

Chapitre 2 : Le Secret du Prince

Author: Nicemz
last update Last Updated: 2025-06-16 17:00:38

Quand un nom dévient une malédiction, il fait oser récrire l'histoire.

Le nom Kaelen continuait de vibrer dans l'esprit d'Elara comme une note suspendue, dissonante, impossible à accorder au reste de la mélodie du monde. Il y avait dans ce nom quelque a choisi d'antique, de dangereux. Une résonnance que même le vent avait cessé de porter, de peur d'éveiller des souvenirs trop lourdes.

Elle ne bougeait plus.

La brume qui envelopppait la clairière s'étaït épaissie, figée dans une immobilité presque surnaturelle. Son carnet battait contre sa hanche, suspendu à sa ceinture comme un cœur artificiel. Le silence autour d'elle n'était plus celui de la nature. C'était celui des ruines, des temples effondrés, des vérités qu'on n'ose pas prononcer.

Kaelen, lui, restait debout. Immobile. Droit comme un vestige. Une silhouette rongée par le temps, par le remords, par quelque a choisi de plus profond encore. Il l'observait, non pas comme un homme regard une femme, mais comme un survivant scrute une faille dans le monde, espérant y trouver un passage.

« Pourquoi êtes-vous ici ? » demanda Elara d'une voix qui, à sa propre surprise, ne tremblait pas.

Kaelen baissa les yeux un instant, et dans ce bref silence, elle crut entendre quelque a choisi d'autre  un souvenir de la forêt peut-être, ou le bleuissement d'un souvenir doux.

« Parce que je n'ai plus d'endroit ou aller... » repondit-il, chaque mot pesant comme une pierre. « Et parce que... il se pourrait que tu suis la seule à pouvoir m'aider. »

Elara haussa un sourcil, sceptique.

« Je suis une cartographe, pas une guérisseuse. Encore moins une magicienne. »

Un sourire étira les lèvres du prince déchu. Ce n'est pas un sourire joyeux, mais un de deux qu'on offre lorsqu'on reconnaît un esprit lucide chez l'autre.

« Tu es bien plus que ce que tu crois. Mais tu l'ignores encore. »

Il s'éloigna de quelques pas, observateur les arbres torsadés qui les entouraient. Leurs branches semblaient s'incliner, comme des têtes d'anciens dieux endormis. La forêt n'était pas seul un décor : elle écoutait. Elle se souvenir.

« Tu connais mon nom, n'est-ce pas ? » demanda-til sans la regard.

Élara hésita. Puis hocha lentement la tête.

« Kaelen. Le prince Banni. Le théâtre aux yeux d'azur. C'est une histoire qu'on race aux enfants, les sols d'hiver. Sur dit que vous avez trahi les volumes pour un amour interdit... ou pour une magie interdite, version selon la. Vous êtes une légende. »

Il se tourne vers elle, et son regard transperça les mots.

« Je suis un homme. Rien de plus. Et rien de plus. »

Un silence. Chargé. Lourds de mots qu'ils n'osaient pas prononcer. Puis, sa voix revint, plus douce, plus profonde.

« Mon père était un roi dont le trône tenait par un équilibre fragile entre deux puissances rivales : la chaise des hommes... et la magie des anciens. Quand les failles ont commis à apparaitre dans le tissu du monde, j'ai voulu intervenant. Préserveur cet équilibre. J'ai osé dire ce que d'autres refusaient de voir. Et pour cela... j'ai été traité en ennemi. »

Il s'interrompit, comme si chaque mot éveillait une douce précise.

« J'ai été jugé. Ma couronne arachée. Mon nom maudit. Et exilé ici, dans les Frontières Brisées. Condamné à errer dans ces lieux déformés... à porter un fardeau que personne ne voulait comprendre. »

Elara écoutait, immobile. Elle avait cessé de respirer, ou presque. Chaque mot qu'il prononçait frappait une corde en elle une corde qu'elle ignorait avoir.

« Et maintenant, vous pensez que moi, une simple humaine, je petits préparer ce que les dieux ont brisé ? » souffla-t-elle.

Kaelen secoua doucement la tête.

« Pas toi seule. Mais tu possèdes quelque chose d’essentiel. Tu lis les terres. Tu entends ce que les autres oublient. Ta carte… elle pourrait devenir la clef. »

Elara recula légèrement. Son esprit rationnel vacillait.

« Je trace des lignes, Kaelen. Je décris ce que je vois. Je ne change pas le monde. »

« Mais c’est précisément cela qui te rend précieuse. Tu ne cherches pas à imposer, à contrôler. Tu observes. Tu traduis. Et les Terres Perdues… elles ont besoin d’une traductrice. »

Il fit quelques pas, s’abaissa et posa sa main sur le sol. Un frisson parcourut l’herbe autour de ses doigts.

« Je cherche une relique. Un artefact oublié, forgé bien avant que la fracture ne ronge notre monde. Elle peut… purifier. Fermer une cicatrice. Mais son emplacement a été effacé. Même les étoiles ne s’en souviennent plus. Pourtant, le sol… le sol s’en souvient. »

Elara sentit sa gorge se nouer.

« Et tu veux que je l’écoute, cette mémoire ? »

« Oui. Et que tu la transformes en carte. En chemin. »

Elle croisa les bras, hésitante.

« Supposons que je t’aide. Supposons que nous la trouvions. Ensuite ? Que se passe-t-il ? »

Kaelen la regarda, et quelque chose d’infiniment fragile passa dans ses yeux.

« Alors je pourrai… redevenir Kaelen. Pas le prince. Pas le traître. Juste… moi. Et je pourrai libérer ceux qui sont prisonniers de ces frontières. Ceux que la malédiction n’a pas encore dévorés. »

Il s’approcha. Lentement. Et tendit la main.

« Mais je ne eux pas le faire seul. »

Elara fixa cette main tendue comme si c'était une pose boiteuse sur sa gorge. Elle savait ce que cela signifie. Prendre cette main, c'était abandonnant sa neutralité. Ce n'est plus une cartographe qui trace la limite d'un monde. C'était une actrice. Une héritière d'un conflit ancien. Une clé vivante.

Un long frisson la parcourut.

« Je ne sais pas ce que je suis en train de faire... »

« Aucun de nous ne le sait. Mais chaque destin commence par une décision. »

Elle ferma les yeux un instant. Puis elle prit sa main.

Aussitôt, un soufflé étrange balaya la clairière. Les feuilles se figèrent. La brume ondula. Les murmures s'interrompirent. Comme si le monde venait de retenir son souffle.

Quand elle rouvrit les yeux, tout était silencieux.

« Alors dis-moi, » dit-elle. « Par où commencer-t-on ? »

Kaelen la regarda. Son regard n'était plus celui d'un prince déchu. C'était celui d'un homme qui avait enfin trouvé une compagnie de route.

« Par le Val de Cendres'. C'est là que se trouva la première pierre d'orientation. Mais l'entrée... est gardée. »

Elara haussa un sourcil.

« Gardée? Par quoi? »

« Par une créature. Un ancien. Elle veille. Elle ne laisse passer que ceux qui présage la marque du sang ancien... ou ceux qui osent parler en leur nom. »

Elle déglutit. Tout fils être criait qu'elle n'était pas prête. Mais sa main était toujours dans la sienne.

Elle regarda une dernière fois son carnet.

Peut-être que ce qu'elle critique ne serait plus jamais seulement des cartes. Peut-être... que ce serait une chronique de rédemption'.

Nicemz

Kaelen's Team

| Like
Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • LES FRONTIERES MAUDITES   Épilogue – La Dernière Ligne

    Le monde avait changé.Pas dans le fracas. Ni dans les cris. Mais comme la mer qui se retire lentement de la rive : un pas, puis un autre, laissant derrière elle des coquillages oubliés, des empreintes dans le sable, des trésors que nul n’avait cherchés.La Fracture avait laissé ses cicatrices. On ne pouvait pas marcher une heure dans ce nouveau monde sans tomber sur des traces de son passage : une faille qui scintillait comme un miroir brisé, une rivière qui se divisait en trois cours distincts avant de se rejoindre, une colline qui respirait par ses crevasses. Mais ces blessures, au fil du temps, étaient devenues paysages. Et les paysages, eux, étaient devenus des lieux de vie.Les anciennes cartes reposaient désormais dans les Archives Vivantes, non plus pour dicter… mais pour inspirer. On venait les consulter comme on vient écouter un conte ancien : non pour répéter, mais pour se souvenir que le chemin avait été ouvert par d’autres. De nouvelles cartes, mouvantes, souples, pre

  • LES FRONTIERES MAUDITES   Chapitre 42 – L’Enfant des Brumes

    La pluie tombait doucement sur les ruelles de Virellia.Ce n’était pas une pluie lourde, orageuse ou destructrice, mais une pluie tiède, presque caressante, qui glissait sur les tuiles et murmurait aux pierres. Chaque goutte, en frappant le sol pavé, semblait réveiller une mémoire ancienne, comme si la ville tout entière respirait par son réseau de caniveaux, de marches et de fissures. L’air avait cette odeur de terre gorgée d’eau, de bois mouillé et de métal patiné.Elara aimait ces instants. Des moments de pause, entre deux séismes du destin. Depuis la Fracture, les jours s’étaient succédé avec une intensité qui les avait laissés haletants, comme si chaque lever de soleil devait apporter un nouvel effondrement, un nouvel éclat d’inconnu. Mais ce soir-là, quelque chose se taisait. Le monde s’était apaisé un temps. Les lignes étaient stables, la carte silencieuse dans sa sacoche. Même les brumes, si souvent imprévisibles, semblaient couler avec douceur.Et pourtant… une impressio

  • LES FRONTIERES MAUDITES   Chapitre 41 – Le Serment et la Ligne

    Les cendres de la fracture flottaient encore dans les vents.Elles ne tombaient pas comme celles d’un feu éteint, mais comme une pluie lente de poussières lumineuses.Elles s’accrochaient aux vêtements, se déposaient sur les cheveux, s’infiltraient dans les plis de peau.Et lorsqu’on les effleurait, elles ne salissaient pas : elles scintillaient brièvement, comme si elles retenaient en elles un reste de lumière du cœur du monde.Mais ce n’étaient pas des cendres de mort.Plutôt des braises, tièdes encore, des éclats de promesses suspendues.Chaque grain semblait murmurer une possibilité, un chemin, un mot ancien que seuls les rêveurs savaient entendre.Le monde n’était plus le même. Les cartes anciennes, qu’on avait jadis conservées dans les voûtes profondes, ne valaient plus que pour mémoire, comme des reliques d’un langage que l’on n’emploierait plus jamais.Désormais, tout devait être redessiné. Chaque rivière cherchait un nouveau lit. Les frontières invisibles se déplaçaient au gr

  • LES FRONTIERES MAUDITES   Chapitre 40 – La Cinquième Fracture

    La première secousse fut douce. Presque imperceptible. Comme un souffle que l’on sent à peine mais qui traverse tout le corps. Un simple frémissement dans le sol, une respiration trop lente pour être humaine. Pourtant, tous le sentirent, viscéralement, comme une vibration qui ébranlait l’âme avant le corps.Elara leva brusquement les yeux de la carte vivante. Les contours mouvants, les lignes impossibles, les filaments argentés qui s’entrelaçaient au rythme de sa respiration semblaient danser sous ses doigts. Elle savait que quelque chose de profond venait de se réveiller.— Ça a commencé, murmura-t-elle, la voix tremblante mais ferme.Le ciel s’assombrit sans nuages. Le bleu s’effilochait en larges traînées d’encre mouvante. L’air vibrait, chargé d’une énergie que personne ne pouvait contenir. Une aura irisée monta des racines de la terre elle-même, comme si la forêt tout entière respirait d’une même tension, prête à se déchirer. Les arbres penchèrent légèrement, leurs branches invers

  • LES FRONTIERES MAUDITES   Chapitre 39 – Ceux qui tissent encore

    La lumière du matin perçait à travers les branches inversées de la forêt comme à travers les vitraux d’un temple oublié. Chaque feuille pendait à l’envers, laissant pendre ses nervures vers le ciel, et les bourgeons luminescents pulsaient doucement au rythme de l’aube, respirant avec le monde. L’air avait cette odeur d’écorce humide et de pierre chauffée par un feu invisible. Ici, rien ne ressemblait à la veille. Chaque aube semblait réécrire les contours des arbres, la couleur des mousses, la place des sentiers. Le monde n’était plus un décor figé : il était une partition en perpétuelle composition, une mélodie improvisée dont chaque note venait juste de naître.Elara, agenouillée sur le sol, traçait lentement un cercle avec la pointe de sa dague. Le sable et les fragments de pierre s’écartaient sous sa main assurée. Mais cette fois, ce cercle n’était pas un retranchement. Ce n’était pas un refuge contre l’inconnu. C’était… une invitation. Une ouverture à ce qui viendrait.Elle marqua

  • LES FRONTIERES MAUDITES   Chapitre 38 – Ce que la lumière révèle

    Ils descendirent du ciel comme des cendres portées par le vent.Mais ce n’étaient plus les mêmes êtres qui avaient quitté la terre.Le fragment avait laissé en eux une empreinte. Invisible, mais vibrante. Une tension nouvelle, insaisissable, qui faisait frissonner l’air autour d’eux comme une corde d’instrument sur le point de rompre. Les oiseaux s’étaient tus. Même le vent semblait hésiter à les toucher, comme si le monde les percevait… les reconnaissait… ou les redoutait.Elara serrait la carte vivante contre sa poitrine. Elle ne révélait encore aucun tracé visible, mais chaque fibre du parchemin pulsait au rythme de ses propres pensées, comme si la frontière entre la matière et l’esprit s’effaçait peu à peu. Elle pouvait sentir le souffle de l’objet, un battement doux et régulier, presque comme celui d’un cœur endormi.Le sol qu’ils retrouvèrent n’était pas tout à fait le même que celui qu’ils avaient quitté.Les arbres autour du point d’atterrissage semblaient avoir changé d’angle,

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status