Elle pensait contrôler les ténèbres. Elle n'a fait que les inviter à s'asseoir au bord de son lit. Moira mène une vie ordinaire en surface : enseignante le jour, sorcière imprudente la nuit. Sa magie lui offre pouvoir et protection, mais ouvre aussi des portes qu'elle aurait dû laisser closes. Quand l'ombre qu'elle a appelée prend forme et voix, elle se retrouve prise au piège d'un jeu dangereux - où désir, obsession et possession se confondent. Il n'est pas question de pacte. C'est bien pire : la magie coule entre eux comme un poison lent, et ce démon sans nom la veut toute entière, âme, corps, et peut-être plus encore. Moira découvre que le vide qu'elle porte en elle est un appétit, un gouffre dans lequel l'ombre s'enracine. Et plus il s'y love, plus elle le laisse faire. Dans un monde où les morts s'accumulent et où les enfers n'attendent qu'un signe, jusqu'où ira-t-elle pour sentir son cœur battre encore ? Et combien de temps avant qu'elle ne cède tout à cet être fait de noirceur - pour l'éternité ?
Lihat lebih banyakDans une obscurité lourde et épaisse, des pas résonnent sur un sol dur, pareils à ceux que l’on entend dans une vieille cathédrale. Chacun d’eux résonne, puis s’éteint, étouffé, comme s’il refusait d’aller plus loin.
Moira avance, la peur nouée au creux du ventre, incapable pourtant d’accélérer. Au fond d’elle, tout hurle de fuir, de courir sans jamais se retourner. Mais ses jambes se dérobent sous son propre poids ; chaque pas lui arrache un effort colossal.Peu à peu, ses yeux s’habituent aux ténèbres. La pièce est faite d’obsidienne, lisse, froide, sans vie. Dans ce silence de tombe, seuls son cœur affolé et le bruit sourd de ses pas troublent la mort ambiante.
Elle continue, encore et encore, engloutie par les ombres qui semblent la dévorer lentement.
Prenant son courage à deux mains, Moira lutte pour avancer. Elle ne sait ni comment elle est arrivée là, ni pourquoi, mais un instinct primal lui hurle de ne surtout pas rester.Un frisson glacé court alors le long de sa colonne, la transperce. Elle se sent épiée, proie offerte à un prédateur tapi dans l’obscurité, patient, affamé.De nouveau, elle tente de courir. Ses jambes, pourtant, se changent en mousse molle, lourdes et tremblantes, tandis que des chaînes invisibles semblent la retenir, l’ancrer à cet endroit maudit. Elle veut crier, mais sa voix se brise dès qu’elle entrouvre les lèvres. Son appel au secours se perd, étouffé, comme si elle se noyait dans la noirceur même.
Alors un rire retentit.
Un rire prédateur, presque animal, qui résonne tout autour d’elle. Moira tourne sur elle-même, affolée, sans rien discerner. Seule cette voix railleuse la cerne, la transperce, la fait trembler jusqu’aux os.— Tu ne peux fuir… petite sorcière.
Une voix sombre, profonde, s’élève des ténèbres, pareille à un souffle venu d’un tombeau tout juste ouvert.
— Je sais ce que tu es. Tu ne peux échapper à ton destin.
Le souffle de Moira se fait court, douloureux. Ses poumons s’emplissent de cette ombre qui l’étouffe, elle suffoque, incapable de crier.
Puis, brusquement, un rayon de lune fend l’obscurité.
Moira sursaute, les yeux grands ouverts. Elle est dans sa chambre. Ses draps sont moites, son souffle haché. Elle s’assied sur le lit, tâchant de reprendre ses esprits.
Un mouvement trouble les ombres du coin. Elle allume la lumière, nerveuse — mais il n’y a rien. Juste la tapisserie fanée et une veste pendue derrière la porte.— Ce n’est qu’un mauvais rêve…
Sa voix est rauque, cassée, douloureuse. Sa gorge la brûle, comme si elle s’était réellement noyée.
— Un rêve… très réaliste.
Elle jette un regard à sa gauche : la place est vide. Le jeune homme qui partageait ses draps s’est éclipsé. Un soulagement, au fond. Elle n’aurait pas supporté qu’il la voie ainsi.
Il est déjà six heures. Inutile de chercher à se rendormir. Moira se lève, enfile ses affaires de sport, lace ses baskets. Puis elle sort courir dans la fraîcheur de l’aube, tâchant de semer dans la brume ce cauchemar qui continue de la hanter.
Moira est endormie, affalée sur son bureau, la tête nichée dans le creux de ses bras. Mais elle n’est pas seule. Elle ne se sent pas seule.Toujours prisonnière des bras de Morphée, un frisson s’enroule soudain le long de sa colonne, glissant sous son pull comme une caresse indésirable.Ses yeux papillonnent, lourds de sommeil, et elle se redresse lentement, essuyant d’un geste paresseux la commissure de ses lèvres.Autour d’elle, tout est trop sombre. Seul l’écran de son ordinateur diffuse une pâle lueur maladive qui découpe son visage dans la pénombre. Elle passe la main dans ses cheveux pour chasser ce malaise grandissant. Une étrange certitude s’insinue sous sa peau : quelqu’un la regarde, tapi quelque part, blotti dans l’ombre… à attendre.Elle se lève brusquement et allume la lumière. La pièce se réchauffe, le silence se peuple de choses rassurantes, et il n’y a rien. Personne. À cette heure-ci, il est trop tard — ou trop tôt — pour appeler qui que ce soit, et elle n’a pas la mo
Il fait froid. Un froid humide, qui colle aux os et donne envie de tout sauf de sortir. Le ciel est d’un gris lourd, presque métallique. Mais le marché de Noël, lui, éclate partout autour de Moira. Des guirlandes accrochées entre les toits, des guirlandes dans les arbres, des guirlandes partout. Ça clignote, ça scintille, ça claque contre sa rétine. Et puis il y a les odeurs : le vin chaud, la cannelle, la charcuterie, le sucre brûlé des crêpes et des churros, tout ça qui flotte dans l’air et s’enroule autour d’elle.Adam est déjà là, planté près d’un stand de bougies. Ses cheveux sont encore plus en bataille que d’habitude, il a mis un bonnet qui n’enferme rien, des mèches blondes s’en échappent en vrac. Et ses yeux… ses yeux bleus pétillent comme deux morceaux de ciel qui n’ont rien à faire là.Il la voit, s’approche tout de suite. Il ne dit rien, l’attrape par la taille et l’embrasse sur la joue. Un baiser beaucoup trop lent, trop près du coin de ses lèvres pour être innocent. Ça d
Moira se lève tôt, avant même que la lumière ne vienne vraiment. La chambre est encore dans la pénombre, le silence lourd, parfait pour se concentrer. Elle s’assoit à son bureau, rallume l’ordi. Les mots ne viennent pas tout de suite, elle doute un peu. Puis doucement, ça avance. Une phrase, deux, un paragraphe. Elle relit, corrige, puis écrit encore. Ce n’est pas parfait, loin de là, mais ça avance. Elle sent une petite satisfaction, comme une lueur qui s’allume au fond d’elle. Mais les doutes reviennes, et plus puissants encore. Le blocage revient, plus fort, plus sournois. Elle relit ce qu’elle a écrit, cherche un sens, une inspiration, mais rien. Alors elle pense aux conseils d’Émilie, quitte son appartement, met son manteau, et se dirige vers Le 4ème chemin, cette boutique ésotérique dont elle a entendu parler. Dès qu’elle entre, une clochette tinte doucement. L’atmosphère est dense, chaude, chargée d’odeurs d’encens, de bois, de plantes séchées. Les murs sont couverts d’étagè
Devant son ordinateur, Moira pianote sur son bureau. Rien ne lui vient. Ses recherches sont infructueuses, et qui dit recherches infructueuses dit une thèse qui n’avance pas. Alors elle grogne, écrit puis efface, cherche, feuillette ses ouvrages, mais rien, rien ne vient. Elle regarde par la fenêtre, le ciel est gris, et son inspiration semble s’être envolée avec le soleil qui ne veut pas se montrer aujourd’hui. Elle se lève, fait les cent pas dans la pièce, puis finit par s’allonger sur son lit. Elle fixe le plafond blanc, le silence autour d’elle devient pesant, presque lourd à porter. Elle a entendu dire que l’inspiration pouvait venir avec l’ennui, alors elle s’ennuie. Tellement qu’elle attrape son téléphone pour scroller, regarde une vidéo, puis une autre, encore une autre. Deux heures plus tard, elle relève la tête, fatiguée, la gorge nouée par la frustration. Elle écrase l’oreiller contre son visage et hurle dedans, comme pour faire sortir ce poids qu’elle sent dans sa poitrine
Moira se lève la première. Dans la maison encore plongée dans le silence, elle se sent presque coupable du moindre craquement du plancher sous ses pieds. Elle descend dans la cuisine sur la pointe des pieds, jette un œil par la grande baie vitrée qui ouvre sur la mer. Le ciel est gris perle, l’eau reflète ce ton sourd et doux. Elle respire profondément, déjà un peu plus légère.Son téléphone vibre sur la table, elle sursaute.Elle l’attrape, voit qu’elle a reçu un message pendant la nuit. Son estomac se contracte : une photo. Adam. Il a pris ses jambes en photo, à demi submergées dans l’eau d’un bain mousseux, pieds croisés, peau dorée. En légende, il a écrit :« On s’appelle ? 😏 »Un petit rire lui échappe, malgré elle. Elle roule des yeux, secoue la tête, mais son cœur bat plus vite. Elle ne veut pas penser à lui. Pas ici, pas aujourd’hui. Pourtant cette image la trouble plus que prévu — son esprit y revient, encore et encore, comme un papillon attiré par la lumière.Alors elle enf
Ils passent à table.Il y a du rôti.Il y a toujours du rôti. Avec des pommes de terre, des haricots verts, un petit jus maison mijoté dans la cocotte noire aux poignées un peu branlantes. Les assiettes s'entrechoquent doucement, les enfants crient, la nappe est déjà tâchée de sauce.Moira observe l'ensemble en silence, assise entre son frère aîné et la plus jeune de ses nièces, qui parle sans s’arrêter. Elle ne sait pas si elle adore ce plat, ou si elle le déteste. Ce qu’elle sait, c’est qu’il lui rappelle l’enfance. Les après-midis trop longs, les doigts tachés de vert à équeuter les haricots en rang sur le carrelage de la cuisine. Sa mère mettait la radio, ça sentait la vapeur, l’huile d’olive, l’ennui. Elle se sentait à l’étroit dans son propre corps, à l’étroit dans le monde. Rien n’a vraiment changé.— Et toi Moira, tu fais quoi en ce moment ? demande Antoine, le mari de Jeanne, entre deux bouchées.Il a cette voix grave et douce, marquée par les années de chantier. C’est un hom
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