CHAPITRE
9La pluie a fait ce qu'elle pouvait et est retournée dans les nuages il y a environ une heure. Mais, elle laisse le temps humide comme à chacun de ses passages les soirs en envoyant les humains dans les logis. Les bêtes qui en ont aussi. Dehors, où quelques rares personnes sont encore, les feuilles des arbres et quelques autres éléments de la nature ruissellent toujours de pluie et d'humidité. Les lampes distillent la beauté de la fraîche nuit dans leurs éclairages éblouissants sur les poteaux.Akpénè va coucher Sitsopé. En nuisette, elle revient au living pour aller à la cuisine chercher un verre d'eau. A sa sortie, elle va éteindre son portatif puis, reprendre le chemin de la chambre aux côtés de la petite. Son mari est dans le salon, le cœur amer au cœur de la mésintelligence qui ne veut pas se briser. La table s'esCHAPITRE10Akpénè arrive toute éplorée à l’hôpital. Descendue très agitée de sa moto, les pieds mis à l’intérieur, qu’elle voit Akossiwa et leur tante en larmes à l’attente. Sa belle-sœur à leurs côtés, pareille. De toute lamentation, les trois femmes l’accueillent, le ciel semblant écraser leur tête. C’est donc réel, la mauvaise nouvelle de l’appel de sa sœur : leur maman, a poussé le dernier soupir. La peine s’intensifie, les cœurs plus pressés, les yeux sont plus larmoyants. Et, difficile est-il, voire impossible d’exprimer les douleurs à gorge déployée pour pleurer leur désormais chère regrettée, car dans un centre de santé, elles sont. Les yeux sur elles sont consolateurs et compatissants. La maman est toujours dans so
CHAPITRE11Au fil des jours qui s'enchaînent, et que l'on s'éloigne de ceux funestes, le visage d'Akpénè s'éclaircit, laissant tomber et à leurs rythmes les rides des afflictions. La reprise de la marche de la vie se refait, lestement certes, mais sûrement. Petit à petit, le sourire se fait distinguer de nouveau même si le cœur porte encore le deuil se décelant dans tout ce qui s'efforce à être affiché de gai à l'extérieur. Déjà trois mois s'écoulent [...]Mais aussi, à sa seule charge, Akpénè a désormais sa sœur, même si grande fille déjà elle est, et leur petit frère Miwôdzi. Alors même que, sa rétribution en fin de mois s'amincit pour ses prêts faits dans l'hospitalisation de sa maman. La petite boutique qui occupait la maman et servait à son ac
CHAPITRE12Amézado fait dans la conception et pilotage de projets, démarche immobilière. Son cabinet donne sur la voie de Ségbé à Adidogome, non loin du 7ème arrondissement. Il a à son actif trois employés : deux assistants et une secrétaire. Le cadre fait de deux pièces, lui pourvoit son bureau personnel. Les assistants et la secrétaire occupent ensemble la première pièce plutôt spacieuse, mais chacun avec son bureau.Ce n'est pas un cadre imposant mais qui respire quotidiennement pour lui permettre un train de vie au-delà de la moyenne et mettre carrément sa petite famille à l'abri du besoin ; créer sa propre petite bourgeoisie. Il n'a vraiment pas à se plaindre de rien si ce n'est la convoitise et l'insatisfaction du genre humain. Et ces derniers temps, il connaît encore d'entrées considérables.Ehli
CHAPITRE13La magnifique bagnole va au parking du personnel administratif de l'hôtel. Ehli n'y prête pas attention. À cet instant, la jeune fille à son service lui dit :-Un instant, s'il vous plaît, monsieur !Elle le quitte instantanément, à son « okay » d'acquiescement, pour suivre la bagnole. Et, il s'occupe encore à balayer plutôt de regard contemplatif, le cadre autour de lui.La voiture est déjà serrée, le moteur arrêté. Ceinture de sécurité détachée, la jeune fille ne l'atteint même pas avant que la portière du chauffeur ne s'ouvre. Descend du volant, une jeune femme. Ehli la reconnaît du coup à son regard qui tombe brusquement sur elle pour prêter plus son attention. Fafali. Il n'en croit pas. Soit, serait-il en train de rêver. Il en reste baba : la Fafali qu'elle a prise ce soi
CHAPITRE14Petit à petit, l'heure avance. Dans la vaste étendue crépusculaire, le soleil a perdu toutes ses traces. Les lampes de la ville ont déjà eu à étouffer carrément les dernières lueurs du jour devenues de plus en plus faibles à chaque seconde épuisée. L'air se rafraîchit encore plus et est sensuel sur les peaux. Mais l'ambiance prend une teinte veule au bord de la belle piscine pour les deux amis.« Elle était ma vie, Fafali ! Elle était tout pour moi. Elle était toutes les promesses ! » Cette parole résonne fort en boucle dans la tête de Fafali. Un instant, elle semble perdre la parole, éprise de sentiments admiratifs et compassionnels. Embrassant l'ami, elle se dit en son fond : "quel bel homme, amoureux, et quel bel amour, de rêves ! Elle devrait être si heureuse, si aimée, ta femme. Elle avait tellement de la chance à laquelle la triste fortune a trouvé bon de l'arracher prématurément, condamnant un tel homme fort sympathique et agréable que tu es à la soli
CHAPITRE15Juste le déjeuner fini, ils se lèvent pour s'en aller. Ils descendent et arrivent au dehors. Ehli accompagne Fafali à sa voiture et lui ouvre la portière.-Mais dis-moi, ça m'a même échappé. Où est ton chauffeur pour que tu conduises encore toi-même ce midi ? demande-t-il.Il garde sa main sur la portière ouverte, lui empêchant la montée.-Il est là, mon chéri. Il ne me conduit pas tout le temps. Il est des fois assigné à d'autres courses.-Ah, d'accord !-Attends, je ne pense pas que tu aimerais me voir venir à toi conduite ou accompagnée !-Et pourquoi pas ?-Non, tu n'es pas sérieux !-Bien sûr que je le suis. Pourquoi tu ne devrais pas ?Fafali le regarde hébètement, il la fixe avec hésitation. Le soleil dans le ciel ne leur vient
CHAPITRE16Akouto fait de la lessive cet après-midi et va - un seau en plastique à moitié plein de linges à exposer pour le séchage. Leur portail s’ouvre. Elle laisse l'échapper d'un réflexe le seau, poussant un perçant cri de joie et court toute euphorique. Elle va à Ehli, Amézado et Selom qui franchissent le seuil de la maison. Sa trajectoire clairement portée sur Ehli, celui-ci lui ouvre les bras. Elle y achève vigoureusement sa course en se jetant à son cou telle une gamine. Elle a 20 révolus. Un bel instant d'exaltation dans les bras du "beau-frère" elle fait avant de le laisser pour prendre son neveu et le soulever avec la même ferveur, la même hyperesthésie.Sa maman dans la chambre, ayant entendu son cri, sort. Surprise, sentiments de grande joie, émerveillement. Belle-mère et gendre, mémé et petit-fil
CHAPITRE17Ehli rentre de sa journée. La voiture mise au garage, il va, comme d'habitude chaque soir, tout gai pour rejoindre sa petite famille à l'intérieur. Mais très vite, il se désenchante. Au premier pas dans le salon, il tombe sur sa femme Enyovi, assise à la table à manger dans un silence absolu. Elle est d’un visage rechigné, ne témoignant aucune étincelle de contentement, une main au menton, l’autre sur sa cuisse. Comme toujours, il n'aime jamais la voir dans un pareil état, son humeur joviale change aussi.-Mon amour ! l'appelle-t-il.Indolemment, il l'approche pour s'enquérir de ce qui semble ne pas aller. Il arrive à elle et se rabaisse pour d'abord lui plaquer son bisou affectueux. Enyovi refuse en éloignant sa tête.-Qu'est-ce qui ne va pas, mon amour ? Quel est le souci, s'il te plaît ? Et où est notre enfant ? lu