Chapitre 5 : Sang et Lune

La meute s’était réunie dans une grande clairière au cœur des bois, loin des regards humains. La lune était haute, pleine, son éclat presque surnaturel. Elle baignait la forêt d’une lumière spectrale, une lumière de jugement. Élina pouvait sentir l’énergie de la meute vibrer autour d’elle, palpable et électrique. Ce soir, tout allait changer.

L’Alpha, silencieux et imposant, se tenait devant elle, entouré des autres membres. Les murmures cessaient dès qu’il s’approchait. Il tendit la main vers elle, comme une invitation.

Elle n’hésita pas. Elle s’avança vers lui, sa silhouette découpée dans la lueur argentée de la lune. Elle sentait une pression, une lourdeur dans l’air, comme si tout l’univers attendait la décision qui allait être prise ce soir.

L’Alpha la regarda intensément. Ses yeux brillaient d’un éclat étrange, presque incandescent. « Ce soir, tu fais partie de notre lignée, Élina. Mais ce n’est pas une simple transformation. »

Les membres de la meute se resserrèrent autour d’eux, observant chaque mouvement, chaque geste. Maëlys, à l’écart, scrutait la scène, les bras croisés, son visage impassible. Le silence était lourd de tension.

« Tu as affronté la Forêt Morte. Mais le plus grand défi reste devant toi. Ce n’est pas la forêt qui te fait peur. Ce sont tes propres ténèbres. » L’Alpha marqua une pause, scrutant ses yeux. « C’est à toi de les affronter. »

Élina sentit un frisson parcourir son dos. Elle ne comprenait pas. « Comment ? »

L’Alpha fit un geste, et un des membres de la meute, un grand homme aux cheveux blancs, s’avança, portant un talisman gravé d’un symbole étrange. Il lui tendit l’objet, mais au lieu de le poser dans sa main, il l’effleura à peine, avant de revenir en arrière.

« La première étape de ta transformation consiste à accepter la bête en toi. Nous ne t’ordonnons pas de la combattre. Nous te demandons de l’accepter. De l’embrasser. » L’Alpha baissa les yeux sur l’objet. « C’est ton choix, Élina. Le sang des anciens est en toi. Si tu ne l’acceptes pas, tu ne seras jamais complète. »

Elle leva les yeux vers le talisman, un cercle de métal gravé d’une lune en son centre. Un sentiment étrange la submergea, comme un appel lointain, une voix dans son esprit. Un soupir s’échappa de ses lèvres. Ses pensées étaient brouillées, mais au fond d’elle, elle savait que ce moment était crucial.

« Si tu veux être des nôtres, il faut que tu deviennes l’un des nôtres dans tout ce que tu es. » L’Alpha fit un signe de tête et le chaman s’éloigna lentement. Un autre membre de la meute s’avança, une femme aux cheveux d’ébène, les yeux aussi sombres que la nuit. Elle posa une main sur l’épaule d’Élina.

« N’aie pas peur, » murmura-t-elle. « Nous avons tous traversé cela. La transformation est difficile. Mais elle est nécessaire. »

Élina inspira profondément. La peur, le doute… tout cela s’effaça dans un instant de clarté. Elle tendit la main, saisissant le talisman. Il était lourd, comme s’il portait une partie de son âme. Lorsqu’elle le toucha, une chaleur intense se répandit en elle. Ses sens se réveillèrent brutalement. L’odeur de la terre, des feuilles, du sang. Chaque respiration était plus profonde, plus intense. Ses sens étaient amplifiés, comme si elle voyait et entendait tout avec une acuité nouvelle.

Un cri déchira l’air. Un hurlement sauvage. Pas humain. Un cri bestial. Un cri de louve. Élina baissa les yeux vers ses mains, les serrant convulsivement. Ses ongles se transformaient, se allongeaient et se durcissaient en griffes acérées. Son corps se tordait sous l’effet de la transformation, ses muscles se tendant, sa peau se recouvrant d’un éclat brillant, d’une lueur argentée. Le sang battait dans ses veines, pulsant avec la force de la bête qui voulait en elle.

Elle se tordit de douleur, mais elle ne cria pas. Pas un seul son. Elle était seule avec son corps, seule face à elle-même. Son corps, sa bête.

Les membres de la meute l’observaient sans un mot, certains murmurant entre eux, tandis qu’autres se tenaient immobiles, comme attendant. Maëlys n’avait pas bougé. Son regard était indéchiffrable.

Puis, avec un dernier sursaut de douleur, la transformation s’arrêta. Élina se tenait là, haletante, son corps plus grand, plus puissant. Sa peau brillait d’une lueur lunaire. Ses yeux, d’un vert éclatant, brillaient dans la nuit. Elle était une louve. Mais pas seulement. Elle était l’une des leurs.

Elle regarda l’Alpha. Ses lèvres se formèrent en un sourire carnassier. « Je suis prête. »

Il inclina légèrement la tête, un respect silencieux dans ses yeux. « Tu as fait le bon choix. »

À ce moment, un cri perça l’air. Cette fois, il ne venait pas de la forêt, mais des bois au loin. Un hurlement terrifiant, effrayant. Celui d’un prédateur plus grand, plus puissant. L’Alpha se redressa, son regard devenu dur.

— « C’est le signal. Ils sont là. » dit-il gravement.

Maëlys s’avança à son tour, un regard grave sur le visage. « Les chasseurs sont arrivés. »

Élina sentit une rage brûlante monter en elle, une haine primitive. Elle n’était plus simplement un membre de la meute. Elle était une guerrière. Une louve prête à défendre sa nouvelle famille, son nouveau monde.

L’Alpha leva la main, et la meute se mit en mouvement. Tous étaient prêts.

Le combat, la guerre, était sur le point de commencer. Le sang allait couler cette nuit. Et la lune serait témoin de tout cela.

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