Chapitre 6 : L’Assaut

L’Alpha ne donna aucun ordre. Il n’en avait pas besoin. La meute savait ce qu’elle devait faire. Ils étaient des chasseurs. Ils étaient des loups. Et ils étaient prêts à tout pour protéger leur territoire, leur lignée.

Élina, encore sous l’effet de la transformation, ressentait chaque vibration de la terre sous ses pieds. Le sol vibrait, les arbres frémissaient. Tout était tendu, suspendu. Les bruits de la forêt s’étaient tus, comme si même la nature elle-même attendait le choc imminent.

Les membres de la meute se rassemblèrent autour de l’Alpha. Maëlys, avec ses cheveux d’argent flottant derrière elle, observait le ciel nocturne. Ses yeux, durs comme l’acier, brillaient dans la lumière de la lune.

— « Ils approchent, » murmura-t-elle.

L’Alpha ne répondit pas, mais son regard perça l’horizon. Là, à la lisière de la forêt, une silhouette se dessina, suivie de plusieurs autres. De l’autre côté des arbres, des formes se fondaient dans l’obscurité, des figures humaines et des bêtes muettes, marchant en silence. Les chasseurs étaient arrivés.

Élina sentit une bouffée de colère lui monter dans la gorge. Elle se tourna vers l’Alpha, ses dents serrées.

— « Nous devons les arrêter avant qu’ils ne pénètrent plus loin dans la forêt. »

L’Alpha la regarda avec un air intrigué, mais il n’avait pas besoin de la réponse. Ils savaient tous ce qu’il fallait faire.

— « Nous les éliminerons. Ce n’est pas seulement pour nous, mais pour tous ceux qui pourraient devenir comme toi. » Il se tourna vers la meute. « Nous protégeons notre lignée ce soir. »

Sans un mot de plus, la meute se déplaça comme une unité parfaite. Élina se sentit se fondre dans le groupe, sa forme désormais lisse, fluide, comme une ombre entre les arbres. Ses instincts de louve étaient plus aiguisés que jamais, et chaque mouvement qu’elle faisait semblait parfaitement calculé.

Les chasseurs approchaient. La tension était palpable.

Tout à coup, un cri perça la nuit, perçant la brume des bois. Un des chasseurs s’avança, une silhouette massive, les yeux d’un rouge incandescent. Il portait un long manteau sombre, sa silhouette menaçante se découpant sur l’horizon. Il n’était pas humain, pas tout à fait. Sa forme était partiellement voilée par une aura d’ombre. Un Loup-Chasseur.

L’Alpha se figea, son regard se durcissant.

— « Lui… C’est Roderick. Le chef des chasseurs. »

Élina ressentit une vague d’hostilité irrésistible. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Roderick. Il était celui qui avait brisé le traité, celui qui avait mis en péril la paix fragile entre les humains et les loups. Celui qui avait mis son propre père à mort.

Elle serra les poings. Le goût du sang, le besoin de vengeance, lui brûlait la gorge. Il fallait le tuer. Pour sa meute. Pour elle-même.

Mais l’Alpha, implacable, leva la main pour la stopper.

— « Pas encore. Il est dangereux. Plus que tu ne peux l’imaginer. »

Maëlys s’avança à ses côtés, son regard perçant. « Il est le plus puissant des chasseurs. Il porte l’héritage d’une lignée maudite. Nous devons être prudents. »

Roderick sourit, un sourire carnassier qui déformait ses traits. Il leva la main, et à son signal, une vingtaine de chasseurs se mirent en mouvement, se déployant avec la rapidité d’une meute de loups affamés. Ils étaient nombreux. Trop nombreux pour que la meute des loups puisse les affronter directement sans perdre de terrain. Ils devraient les prendre par surprise.

L’Alpha donna alors l’ordre.

— « Scindez-vous. Frayez-vous un chemin à travers eux. C’est une question de survie maintenant. »

Élina se sentait vivante comme jamais. La peur, l’incertitude avaient disparu. Il ne restait plus qu’une chose : la bataille.

Elle se lança à l’avant, courant à travers les bois à une vitesse incroyable, ses griffes griffant le sol, sa bouche ouverte, les crocs exposés, prêts à déchirer la chair. Elle repéra un chasseur au loin, isolé du groupe. Un homme aux yeux d’acier, sa silhouette élancée et menaçante. Elle bondit, un rugissement perçant fendant l’air.

L’homme se retourna juste à temps pour voir Élina sauter sur lui. Mais avant qu’il ne puisse réagir, elle l’avait déjà déséquilibré. Elle roula avec lui dans les feuilles, ses griffes tranchant sa peau, et avec une rapidité brutale, elle mordit à la gorge, s’enfonçant profondément, la chair cédant sous la pression. Le sang jaillit en abondance, éclaboussant son visage.

Mais elle n’eut pas le temps de savourer sa victoire. Un autre chasseur, plus grand, plus musclé, fondit sur elle, brandissant une lourde épée. Élina roula sur le côté juste à temps pour éviter l’impact. Elle se remit sur pied en un éclair, prête à riposter, mais la douleur dans son flanc gauche lui fit tourner la tête.

L’Alpha était là, son corps déjà en mouvement pour attaquer un autre groupe de chasseurs. Il ne laissait aucune place à l’hésitation. Il frappait vite, sans pitié. Comme une machine.

Maëlys, de son côté, affrontait un autre Loup-Chasseur, mais celui-ci était plus rusé, plus stratégique. Elle évitait ses coups avec agilité, mais Élina savait que si elle ne venait pas en aide à sa nouvelle alliée, elle ne tiendrait pas longtemps.

Elle se fraya un chemin à travers le chaos, se battant contre les ennemis un par un, mais elle sentait l’épuisement la gagner, le poids de la bataille sur ses épaules. Mais elle ne s’arrêterait pas. Pas tant qu’ils n’auraient pas éliminé chaque dernier chasseur.

Enfin, elle aperçut Roderick au centre de l’affrontement. Il se tenait là, à l’abri des autres, observant la mêlée avec une froide détermination. Il était encore loin, mais elle savait que ce serait lui qui déciderait du cours de la bataille.

Élina, muée par une rage nouvelle, se précipita dans sa direction.

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Le sol tremblait sous leurs pas. La guerre était loin d’être terminée, mais Élina savait une chose : elle était prête. Ce n’était plus une question de survie, c’était une question de conquête.

Elle allait tuer Roderick.

Elle allait venger la meute.

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