Accueil / Romance / La Marque de l'Alpha / Chapitre 130 - La phrase qui incline les nuques

Share

Chapitre 130 - La phrase qui incline les nuques

Auteur: Primso Fam
last update Dernière mise à jour: 2025-09-04 06:55:49

Un silence a vidé le cercle, net, sans écho. Les regards sont restés accrochés à moi comme à une corde tendue, et mes cicatrices semblaient encore écrire dans l’air. La pluie s’est tue d’elle-même. Le feu a resserré sa lumière. Alors une voix a fendu le calme, grave et râpeuse, sortie d’une gorge usée par trop d’hivers : « La douleur fait les vrais leaders. Et elle a saigné plus que nous tous. »

Eldran venait de parler. Manteau râpé, fourrure passée au sel, il portait ses années comme on place des pierres, sans ostentation. On racontait qu’il avait affronté mon père au bord d’un gué, jadis, pour une querelle de bêtes et de route. Un rival ancien, pas un ennemi. Son œil valide brillait d’un éclat d’eau froide ; l’autre, barré d’une cicatrice, ne voyait que la mémoire.

Personne n’a bougé. Orvand a serré les lèvres. Hadrik a desserré la mâchoire d’un souffle. Myra a incliné le menton. Faren a posé sa paume sur la hampe de sa lance, comme pour dire : nous entendons.

- Tu as vu le chaos qu
Continuez à lire ce livre gratuitement
Scanner le code pour télécharger l'application
Chapitre verrouillé

Latest chapter

  • La Marque de l'Alpha   Chapitre 134 - Le prix d’une trêve

    Rivan est revenu sous la pluie, un fil de boue sur la joue, la bouche bleue de froid. Il a passé la palissade comme on franchit une frontière intérieure, à bout mais entier. Les veilleurs ont sonné, le camp s’est resserré autour de lui. Il a mis un genou à terre devant la pierre centrale, et sa voix, râpeuse, a porté sans crier.- Ils acceptent.Le silence a pris tout. Myra lui a jeté une toile sur les épaules. Faren s’est avancé d’un pas. Eldran a levé le menton. Orvand a plissé son œil pâle. J’ai attendu, cape serrée, les mains ouvertes.- Sept jours sans feu contre les toits, a poursuivi Rivan, et passage aux blessés. Échange de prisonniers au troisième. Mais... une condition.Les mots ont pesé plus lourd que la pluie.- Un combat rituel. Toi, Luna, contre leur champion. Au troisième soir, sous la lune safranée. Premier sang ou immobilisation. Pas de morsures. Deux cercles, deux hérauts. Ils ont dit : refuse, et la trêve est cendre.Je l’ai regardé. Son regard ne fuyait pas, malgré

  • La Marque de l'Alpha   Chapitre 133 - Le bord tenu à deux

    Je le retrouve avant l’aube. Sa trace hésite, reprend, hésite encore, puis s’aligne comme si un poids quittait son épaule pour se poser sur la pierre. La toile de l’abri s’est refermée derrière moi sans un bruit. Le camp respire bas. Les veilleurs me voient passer et ne m’arrêtent pas. La rivière parle plus loin, roulement sourd qui polit la nuit. J’avance pieds nus, pour préserver le peu de silence qui nous reste.Il est là, face au courant, assis sur la langue de roche. Le dos offre une pente calme. Ses mains reposent sur ses genoux, ouvertes, vides. Je m’approche jusqu’à sentir la chaleur qui traverse sa tunique. Je ne l’appelle pas. Je ne demande rien. Je pose ma tête contre son dos avec un soin d’artisane, exactement à l’endroit où la colonne cesse d’être os et devient souffle.Son corps se redresse d’un millimètre, comme si la pierre s’était agrandie juste assez pour nous porter deux. Je ferme les yeux. Son odeur mêle l’herbe des pansements, la peau lavée trop vite, et cette not

  • La Marque de l'Alpha   Chapitre 132 - La question que la nuit réclame

    Je la laisse dormir. Sa main garde la chaleur de ma place, comme si mes os y avaient laissé un souvenir. La marque bat, discrète, contre ma peau. J’écarte la toile, la nuit me prend aux chevilles, une fraîcheur de glaise et d’eau remuée. Deux veilleurs m’aperçoivent, inclinent la tête. Je n’explique rien. Le camp respire bas, comme un corps fatigué qui ne veut pas réveiller sa douleur.La rivière appelle sans nommer. J’emprunte le sentier qui s’affaisse entre les saules, j’évite les pierres qui roulent, je retiens mon souffle pour écouter celui du courant. Les jarres, au loin, renvoient un croissant blafard. Un chien lève une oreille puis renonce. Dans ma cuisse, la flèche d’hier n’est plus qu’un fil de fièvre, bêtement fidèle. Je descends jusqu’à la langue de roche, et l’eau s’offre avec son odeur de métal, de feuilles, de pluie ancienne.Je m’accroupis. Mes doigts s’ouvrent, se referment. Je n’ai pas de phrase prête, juste ce poids qui s’est tassé sous le sternum, tait ses griffes l

  • La Marque de l'Alpha   Chapitre 131 - Sept nuits pour tenir la lumière

    Je n’ai pas attendu qu’on m’invite. L’air sentait l’argile et la graisse d’armes. Kaël reposait, la fièvre en retrait, et sa pensée m’avait frôlée : Fais ce que tu dois. J’ai franchi le seuil du cercle, la cape au bras.Les bancs étaient pleins. Eldran près de la pierre d’angle, Faren droit comme une lance, Hadrik aux côtés des rétifs, Orvand voûté au bord du feu. Des voix basses traînaient encore, lourdes d’impatience.- Je propose une trêve, ai-je dit. Sept jours.Le silence a pris corps. Puis des souffles rudes, des regards durcis.- Sept jours pour éteindre nos toits, déplacer les familles, compter les vivres, doubler les fossés. Sept jours sans feu sur la fourrure, sans torches contre les maisons. Nous envoyons un messager avec ces deux conditions. Qu’ils les rompent, nous rompons l’accord aussitôt.- Tu leur offres du champ, gronda quelqu’un.- Je gagne du temps, ai-je répondu. Ce temps nous manque plus que des discours. Nous avons une pâte contre leur braise, des jarres à rempl

  • La Marque de l'Alpha   Chapitre 130 - La phrase qui incline les nuques

    Un silence a vidé le cercle, net, sans écho. Les regards sont restés accrochés à moi comme à une corde tendue, et mes cicatrices semblaient encore écrire dans l’air. La pluie s’est tue d’elle-même. Le feu a resserré sa lumière. Alors une voix a fendu le calme, grave et râpeuse, sortie d’une gorge usée par trop d’hivers : « La douleur fait les vrais leaders. Et elle a saigné plus que nous tous. »Eldran venait de parler. Manteau râpé, fourrure passée au sel, il portait ses années comme on place des pierres, sans ostentation. On racontait qu’il avait affronté mon père au bord d’un gué, jadis, pour une querelle de bêtes et de route. Un rival ancien, pas un ennemi. Son œil valide brillait d’un éclat d’eau froide ; l’autre, barré d’une cicatrice, ne voyait que la mémoire.Personne n’a bougé. Orvand a serré les lèvres. Hadrik a desserré la mâchoire d’un souffle. Myra a incliné le menton. Faren a posé sa paume sur la hampe de sa lance, comme pour dire : nous entendons.- Tu as vu le chaos qu

  • La Marque de l'Alpha   Chapitre 129 - Les cicatrices à découvert

    Je me lève avant que les murmures ne ferment la porte des esprits. La conque n’a pas sonné, personne ne m’a appelée. J’ôte la cape, je la laisse tomber sur la pierre humide, et l’air du cercle mord la peau comme une eau trop froide. Les braises gardent une lumière basse. Des regards s’accrochent, d’autres se dérobent. Orvand ne cligne pas, têtu comme une souche. Hadrik observe avec cette attention calme qui s’apprend dans les saisons du labeur. Faren plante la pointe de sa lance dans la terre, promesse d’ordre, et se tait. Myra, sous l’auvent, tient les lèvres fines; ses doigts sentent la sève et la cendre.Je tourne les épaules et je remonte la tunique. Les cicatrices de mon dos apparaissent, cordes pâles, reliefs d’une histoire gravée sans poète. Elles ne réclament ni drame ni pitié. Elles attestent. Je montre aussi la marque à mon cou, là où la morsure a imprimé son sceau. Elle bat avec une régularité chaude, signe d’un pacte choisi. Plus bas, sur la hanche et le flanc, les brûlure

Plus de chapitres
Découvrez et lisez de bons romans gratuitement
Accédez gratuitement à un grand nombre de bons romans sur GoodNovel. Téléchargez les livres que vous aimez et lisez où et quand vous voulez.
Lisez des livres gratuitement sur l'APP
Scanner le code pour lire sur l'application
DMCA.com Protection Status