Chapitre 1

Quand Henri Tarrington a ramené Chloé Finley à la maison, il m'a simplement dit une phrase :

« Chloé vient juste de rentrer, elle n'a nulle part où aller. Je lui ai proposé de rester ici quelques jours. »

Je suis restée figée un instant. Même si ce n'était censé être que temporaire, c'était la première fois qu'Henri ramenait son ami chez nous - et c'était une femme.

Au moment où j'allais parler, j'ai soudain entendu dans ma tête la voix confuse de son loup.

« Henri, pourquoi mens-tu à Liane ? Tu as clairement l'intention que Chloé vive ici pour de bon. Et tout à l'heure dehors, ces loups ont appelé Chloé ta Luna. Pourquoi ne l'as-tu pas nié ? »

Je ne savais pas ce qu'Henri lui a répondu, mais son loup a soudain poussé un cri aigu.

« Et la cérémonie d'union dans trois jours ? Tu ne comptais pas demander Liane en lien ? Pourquoi est-ce Chloé maintenant ? »

C'était comme si la foudre m'avait frappée. Mon corps s'est raidi, mon esprit est devenu vide.

Même si je n'étais qu'une Oméga sans louve, j'avais un secret - je pouvais entendre la voix du loup d'Henri, et je n'en avais jamais parlé à personne. Grâce à ce don, je m'étais toujours bien entendue avec Henri, d'ordinaire si silencieux et réservé.

Son loup était vif et bavarde. À travers ses conversations avec Henri, j'avais appris ce qu'il aimait, ce qu'il désirait, et ce qu'il ressentait vraiment. C'est par lui que j'avais découvert qu'Henri m'aimait. Il avait même secrètement préparé une grande cérémonie d'union.

J'avais entendu chaque détail de la demande, la date, et la surprise. Pourtant, j'avais fait semblant de ne rien savoir, gardant ma joie au fond de moi, attendant patiemment ce jour.

Et maintenant, son loup disait que la cérémonie dans trois jours n'était plus destinée à moi ?

Je me suis reprise, forçant ma voix à ne pas trembler, et j'ai demandé doucement :

« Si ce n'est que pour quelques jours, veux-tu que je prépare une chambre d'amis pour elle ? »

Henri est resté silencieux pendant deux longues secondes avant de répondre :

« Chloé est enceinte. Elle ne peut pas rester dans une pièce médiocre. Ta chambre a la meilleure lumière et la meilleure aération du domaine. Tu devrais déménager et la laisser s'y installer pour l'instant. »

Chloé serrait son ventre, les yeux rouges, regardant derrière lui d'un air pitoyable, comme si elle venait de pleurer.

« Liane, mon compagnon vient de mourir. Henri m'a seulement accueillie par pitié. S'il te plaît, ne te méprends pas. »

Je n'ai rien dit, parce que le loup d'Henri hurlait de rage :

« Depuis quand Chloé a-t-elle un compagnon ? Elle a toujours été seule, non ? Henri, qu'as-tu fait pendant que j'étais scellé pendant un mois ? Cet enfant qu'elle porte n'est pas le tien, n'est-ce pas ? »

Mes jambes ont faibli et je me suis agrippée à une chaise pour ne pas tomber. Presque instinctivement, ma main est allée vers mon propre ventre.

Ce matin, quand je m'étais sentie mal et que j'étais allée à l'hôpital, le médecin m'avait souri en m'annonçant que j'étais enceinte de jumeaux - un garçon et une fille.

J'avais prévu de garder le secret jusqu'à la cérémonie d'union, quand Henri m'aurait officiellement reconnue comme sa compagne. Mais maintenant, cela n'avait plus aucun sens.

J'ai baissé la tête alors que mes larmes embuaient ma vue.

« Ce n'est pas grave. Je vais préparer mes affaires. À partir d'aujourd'hui, tu peux rester dans ma chambre. »

Chloé m'a suivie dans la chambre. Elle touchait un objet, regardait un autre, le visage plein d'envie.

« Ces décorations sont magnifiques. Je les adore. »

J'ai forcé un petit sourire. Chacun de ces objets avait été un cadeau d'Henri. Je les avais tous chéris, sans jamais laisser personne les toucher.

J'étais sur le point de les ranger quand la voix d'Henri s'est fait entendre derrière moi :

« Liane, ne t'embête pas à les emporter. Laisse-les ici pour que Chloé en profite un peu. »

Ma main s'est figée en plein geste, et dans mes oreilles a résonné le rire moqueur de son loup.

« Si vite ? Tu offres déjà à ta nouvelle compagne les cadeaux destinés à ton ancien amour ? Tu n'as pas peur que Liane se fâche ? »

J'ai fermé les yeux, laissant couler mes larmes silencieusement.

« Très bien. Si Chloé les aime, qu'elle les garde. Ils sont à elle maintenant. »

S'il voulait les lui donner, je n'en voulais plus.