Plus tôt dans la journée, après l'entretien avec les nouveaux techniciens de surface, Liliane rend son rapport auprès de son supérieur. Ils s'apprêtent à enregistrer définitivement des informations concernant les nouvelles recrues et c'est à ce moment qu'ils détectent une incohérence.
Le fait est qu'en République du Congo, l'usage du mail ne l'a pas encore emporté sur les demandes manuscrites. Ainsi, la majorité des postulants ont préalablement déposé auprès de Liliane leur demande écrite à la main. Et parmi ces derniers, il y a une certaine OBISSI Véronique qui avait aussi soumis au service des RH des documents comme son certificat médical étant donné son âge assez avancé ainsi que deux photos d'identité. « J'ai reçu aujourd'hui une certaine Véronique... Et elle ne ressemblait pas à cette dame. » remarqua Liliane en triant les documents. « Tu as donné le poste à une parfaite inconnue ? » « Elle était avec les autres dans la salle d'attente. Et elle comme vous aviez déjà enregistré leurs dossiers, je me suis contentée de faire l'appel et de finaliser... Je suis confuse. » « Quoi qu'il en soit, ce qui est fait est fait. Demain, je saurai ce que je ferai de son cas. » « Bien, monsieur. » *** ** *21 heures* Alors que Blévie prend sa douche, Véronique sort acheter du papier administratif afin de rédiger une lettre de démission à l'attention de ses employeurs. En effet, bien que sa cousine lui ait expliquée ce que c'est que d'être technicien de surface, elle a choisi de saisir sa chance. « Cet endroit dégage quelque chose de spécial et j'aurais fait n'importe quoi pour y rester de façon permanente, de toute manière. » avait-elle confié à sa cousine. Au bout d'une heure, elle termine son manuscrit et le présente à Blévie qui a l'air sceptique car, plus elle en sait, plus ses doutes s'agrandissent. « Tu as une idée sur la façon dont ton nom s'est retrouvé sur la liste de la dame ? À tous les coups, il s'agissait d'une autre Véronique. » La jeune paysanne ne sait quoi avancer et se laisse submerger par des appréhensions. Sa nuit sera faite de raisonnements. ... Le jour se lève et les filles s'apprêtent pour leur travail respectif. Pour information, Blévie est la fille unique du défunt oncle paternel de Véronique. Les deux cousines ont grandi ensemble comme des sœurs et après le baccalauréat, elles ont été contraintes de se séparer. Blévie est arrivée en ville à l'âge de 20 ans grâce à une bourse d'étude dans une université publique où elle devait faire sa dernière année en Transport et Logistique. Malheureusement après quelques mois d'études seulement, elle a dû abandonner et chercher un emploi. Et Véronique qui avait aussi bénéficié de cette bourse l'année suivante était motivée à l'idée d'obtenir son diplôme dans la capitale. Helas, elle s'est retrouvée dans la même situation que sa cousine. Néanmoins, les deux forment une bonne équipe. Ambitieuses et déterminées, elles ont fait face à beaucoup de situations difficiles et persévèrent pour faire la fierté de leur famille. Leur objectif commun est de sortir de la dépendance vis-à-vis de leurs parents — car ces derniers les soutiennent financièrement lorsque le besoin se fait ressentir —. Les filles se séparent donc à l'arrêt de bus étant donné que leur itinéraire est différent. Véronique se rend à l'ESSET légèrement angoissée. Le hall est vide et peu éclairé. Elle ne sait trop quoi faire et avance en traînant les pas vers l'escalier lorsqu'une personne l'interpelle. « Tu fais partie des nouvelles recrues ? » La jeune femme se retourne et répond par la positive. Ensuite, la dame lui demande de la suivre. En gros, il s'agit de la superviseure du service des techniciens de surface. Véronique est conduite dans une pièce où elle trouve ses nouveaux collègues dont ceux qui avaient passés avec elle l'entretien. La superviseure leur donne des instructions, leur présente les vestiaires respectifs des hommes et des femmes, le placard contenant les matériels de travail ainsi que toutes les informations supplémentaires en rapport avec leurs tâches, le règlement intérieur, etc. C'est un nouveau monde que Véronique découvre et ça tombe bien, puisque qu'elle apprécie la nouveauté. Elle est tellement excitée à l'idée de commencer à faire le ménage — eh oui, à faire le ménage — qu'elle oublie ses peurs antérieures. La journée se passe bien jusqu'au moment où la superviseure se rapproche de la nouvelle recrue pour lui annoncer qu'elle est demandée dans le bureau du DRH. Aventureuse, la vingtenaire prend l'ascenseur. Au septième niveau, l'appareil s'arrête pour accueillir un nouveau passager. Et par coïncidence, les deux se rendent exactement au même endroit. Véronique se précipite vers la porte pour frapper alors que le monsieur l'ouvre directement. « Les gens qui ont l'argent ne respectent vraiment rien. » « Je t'ai entendu, tu sais ? Allez, entre ! » Véronique ne se fait pas prier bien que gênée. L'homme de l'ascenseur ferme la porte après elle et va s'installer sur un canapé. ~ VÉRONIQUE ~ Je me poste en face du bureau et le DRH pose sur moi son regard sans accorder la moindre attention à celui qui a pris place sans permission. Bien, sachant qu'une convocation n'est jamais bon signe — d'après mon expérience —, autant être polie pour calmer les tensions. « Bonjour monsieur. » Il répond à ma salutation avant de m'inviter à prendre place. « C'est donc vous l'intruse. » reprend-il en posant ses mains entrecroisées sur la table. « Je ne comprends pas. » Oui, le mieux c'est de jouer la carte de l'ignorance. Je suis énormément gênée surtout parce qu'il y a une personne en trop dans cette pièce. C'est lui l'intrus ! « Hier madame, vous vous êtes faufilée parmi ceux qui ont postulé pour le travail de technicien de surface... » Ils auraient dit "hommes et femmes de ménage" et ceci ne se serait jamais passé. Mais eux, ils emploient des français compliqués et on est poussé à rêver grand. À aucun moment je pensais quitter mon métier de domestique. Pourtant lorsque l'occasion de travailler dans ce beau bâtiment s'est présentée, je l'ai juste saisi. Même si j'ai découvert bien après que ce serait juste pour nettoyer le sol. En plus, ce n'était pas de ma faute puisque c'est l'assistante qui m'avait appelée par mon prénom et demandé de suivre les autres. Le monsieur raconte entre-temps un long bla bla alors que mes pensées convergent vers ma lettre de démission. Heureusement que je ne l'ai pas déposée ce matin. Si je ne suis pas retenue à l'ESSET, je retournerai auprès de la famille MONKA. Il faut d'ailleurs que j'invente un mensonge pour excuser mon absence. Je n'imagine pas le nombre d'appels en absence dans mon téléphone. « ... Quelles ont été vos intentions à ce moment-là ? » termina-t-il. « Monsieur, je n'avais aucune intention. » Je suis moi-même gênée par ma réponse. C'est à ce moment que j'entends un rire étouffé venant de l'autre homme. Tiens, je l'avais oublié. Avec ses cheveux on dirait un loup-garou ! « Qu'est-ce que vous cherchiez exactement ? » Ainsi, je lui explique comment tout s'est passé. Le monsieur a une expression sérieuse et je suis tout de même heureuse qu'il daigne m'écouter sans m'interrompre. S'il m'arrive un jour l'opportunité de diriger, je serai aussi attentive que lui. « Donc si j'ai bien compris, tu t'appelles Véronique et tu as cru que c'était de toi que Liliane parlait ? » intervient l'homme de l'ascenseur qui vient se placer près du bureau. Son rictus me met hors de moi. Malgré cela, je prends la peine de répondre. Et comme si ce n'est pas tout, il me demande mon nom complet. « SAMBA Chouchou Véronique. » Et il éclate de rire, ce couillon.~ VÉRONIQUE ~Lorsqu'elle m'a demandé si j'ai un copain, ça allait encore. Mais après avoir mentionné Dominique, j'ai frissonné. Son ton était si accusateur et moralisateur ! Comme si je trompais mon "copain" avec lui. Dans ma tête, je me demandais s'il fallait que je lui dise qu'il s'agissait de la même personne ou s'il fallait juste garder silence.Finalement, j'optais pour le deuxième choix. J'étais surtout très étonnée de son approche. Ça sentait le jugement et je me demandais d'ailleurs comment cette nouvelle était parvenue à ses oreilles.Je remontais nerveusement mon col comme si les suçons qu'il m'avait faits criaient au scandale. « Qu'est-ce que tu crois faire avec lui ? Tu as un salaire de 70.000 à ton âge ! Pour un travail pour lequel tu n'as même pas postulé. Et au lieu de le prendre au sérieux, tu vas ouvrir tes jambes auprès du chef. Qu'est-ce qui t'a influencé ? Son argent ? Son entreprise ? Ses voitures ? Tu n'as pas honte d'être une maîtresse ? À ton jeune âge ? »Co
~ 19 heures ~~ DOMINIQUE ~Je rentre chez moi. Aussitôt que je fais irruption dans la pièce à vivre, mes enfants me sautent dessus. Ils sont tout mignon, ils ont un si grand cœur et tellement d'amour à donner. Voici un geste anodin qui balaie mes préoccupations et... et m'enveloppe d'une sorte de couche de chaleur et de paix. Ce que je ressens est plutôt indescriptible... En les étreignant, je peux sentir rouler une larme que j'essuie immédiatement à l'aide de mon avant-bras.En levant ma tête sur l'îlot central, j'aperçois Valérie assise et mangeant tranquillement. Je lui dis "bonsoir" et sa réponse semble résulter de la présence des enfants. Juste après, elle les rappelle à table pour terminer leur assiette respective.« Papa, tu viens manger avec nous ? »« Bien sûr, Samie. Je me change après je reviens. »Sur-ce, ils vont prendre place sur les tabourets et je monte dans ma chambre. Mon premier réflexe est d'aller me jeter dans le lit, couvrant mon visage de mes mains et soupiran
Le soleil se lève sur la ville de Brazzaville, Véronique se prépare pour se rendre au travail tandis que sa cousine, au chômage reste au lit. N'ayant pas le temps de prendre son petit-déjeuner, la technicienne de surface se rend à l'arrêt de bus. Elle a hâte de rencontrer Dominique qui n'a pas répondu à ses messages de la veille. Le connaissant, elle pense qu'il avait soit un problème soit beaucoup de travail à faire. Sans être énervée, il lui presse de le voir ; elle souhaite juste le voir pour se rassurer que tout va bien.La jeune femme arrive à l'ESSET, prend l'entrée des employés, se dirige vers le vestiaire pour mettre sa tenue de travail. Ce matin, son équipe et elle ont du pain sur la planche étant donné la fête qu'il y a eu la veille. Contrairement au gala d'il y a quelques mois, ce n'est pas tout le personnel qui se mettra à la tâche. Comme Dominique lui avait prévenu qu'il passerait la fête de Noël avec sa famille et que la journée porte ouverte serait dirigée par tous les
Dominique ayant aperçu son fils debout sur le balcon intérieur saisit rapidement la tête de Valérie pour l'embrasser pendant quelques secondes avant que cette dernière le repousse. « Non mais ?!... » s'indigne-t-elle.« Le p'tit nous regarde. » répond le concerné dans un signe de tête tout en essuyant de ses mains les larmes de Valérie.Celle-ci se redresse puis se lève en jetant un coup d'œil vers le balcon. Et, en effet, le bonhomme est posté là, en train de les observer dans un air assez fatigué.« Ça va, mon trésor ? » lui demande-t-elle en se dirigeant vers les escaliers en arborant un air normal.« Je n'arrivais pas à dormir. »« Je suis désolée... j'ai été bruyante, c'est ça ? »« Disons que je me suis demandé ce qui se passait. C'est pourquoi je suis venu voir. Mais j'aurais pas dû. Pardon de vous avoir dérangé. » monologue le gamin qui se retourne vers le couloir.« Ne t'inquiète pas, mon garçon. »Valérie arrive à son niveau et l'accompagne dans sa chambre où sa jumelle est
« ... Tu m'as trompé, Dominique ! » lâche Valérie dans une voix cassée significative de son chagrin face à la réalité bien différente de ses attentes.Dominique de son côté reste stoïque, l'air d'enfin comprendre les conséquences de son infidélité. Il ne regrette par contre pas d'avoir connu Véronique encore moins la relation qu'ils entretiennent.« Tu as raison. » avoue-t-il à peine lorsque Valérie quitte le lit conjugal pour aller se réfugier dans la salle de bain.En effet, celle-ci ne s'attendait pas à ce qu'il le lui dise d'une façon aussi directe. Elle l'avait vu mais pas vraiment cru à son infidélité. La vérité l'a frappé de plein fouet et tout ce qu'elle peut faire, c'est pleurer toutes les larmes de son corps. Elle s'assoit sur le sol, le dos contre la baignoire et pose sa tête sur ses genoux remontés qu'elle entoure de ses bras. Son monde s'écroule, ses espoirs s'écrasent et ses rêves sont brisés. Voilà une amère ironie du sort !Dominique de son côté est tiraillé entre l'id
~ Flashback : quatre années auparavant ~ Six mois sont passés depuis l'hinumation de Lizie IPANGA, l'épouse de Dominique et mère de leur jumeaux âgés seulement d'un an. À cette époque, Dominique qui était en pleine ascension dans sa carrière perdit ses repères. Entre sa vie de père de famille et sa vie professionnelle, l'équilibre n'existait plus. De plus, le décès précoce de son épouse était source de dépression et de retrait social. Devenu rêveur et ayant perdu goût à la vie, il négligea malgré lui son travail pour s'occuper tant bien que mal de ses enfants. Avec des nuits agitées, des rêves brisés et le sentiment de solitude, son état mental était au plus bas. Et ce fut à ce moment que Valérie entra dans sa vie. C'était une bonne amie à Lizie et son visage était familier auprès des enfants. Valérie fut présente pour aider cette famille et surtout cet homme ébranlé. Ainsi, un semestre passa et les choses semblèrent s'améliorer. ... Un samedi après-midi, alors qu'ils étaient t