~ VÉRONIQUE ~
Tout le monde se mettra donc à la tâche et j'imagine que chacun va juste gérer son département. En y réfléchissant justement, je pense qu'on sera trop nombreux. Mais je n'ose pas demander comment se fera le travail, car de toute façon il n'y aura pas assez de matériel pour 70 personnes.
Pourtant, la superviseure prend à ma grande satisfaction le soin de préciser que les tâches restantes étant encore nombreuses, on se divisera en deux groupes : le premier pour le ménage ainsi que le second pour les courses. Cette dernière équipe est sous-groupée par ceux qui se chargeront des achats pour la restauration et d'autres pour la décoration. Là dessus, elle nous présente une feuille sur laquelle est dessiné un tableau et nous demande de faire correspondre nos noms par rapport au groupe que nous voulons intégrer.
Un stylo pour vingt-deux individus, la cause d'un tumulte. Étant donné que la majorité ne souhaite pas faire le ménage, ils sautent sur l'occasion pour vaquer à d'autres occupations. Et c'est totalement compréhensible.
Je finis parmi les derniers qui n'ont eu pas de choix à faire puisque les trois autres cases ont été bien remplies. J'imagine que s'il n'y avait pas cette limite par, personne n'aurait été dans le groupe des agents de nettoyage.
J'inscris mon nom et cela ne me déplaît pas autant que ça de rester dans mon domaine. Il y aura peu de personnes autour de moi, je n'aurais pas à penser à quoi que ce soit et nul sera le besoin de beaucoup parler. Rien que pour cela, je suis reconnaissante. Et même si j'avais été la première à émarger mon nom, j'aurais certainement choisi de passer la serpillière.
Tout est finalisé, quelques instructions plus tard, nous retournons au rez-de -chaussée et peu à peu, d'autres employés nous rejoignent. Sur le visage de certains se dessine de la frustration et de la colère, tandis que d'autres semblent plutôt satisfaits. Les chefs de chaque département rassemblement les fiches et c'est au DRH de constituer les groupes et sous-groupes en appelant les membres de chacun d'entre eux.
Je ne retiens pas le nom de tout le monde mais je sais que mon groupe est constitué de vingt-personnes. J'ai remarqué qu'aucun chef n'en fait partie, même pas Madame Yvette qui est allée à la restauration. Ces orgueilleux là ! — Sauf elle — . Ça ne tue pas de toucher au balai et à la serpillière !
Bref, il y a quand même une grande diversité dans les groupes et ça fait plaisir de voir que chefs et subordonnés se réunissent pour faire des activités ensemble sans distinction de titre ou de position.
...
Il est 12 heures lorsque nous nous mettons au travail. Je me demande cependant ce qu'on va exactement nettoyer puisque qu'hier, mes collègues et moi avions travaillé jusqu'à la nuit ; l'immeuble est tout propre. Je vois que certains semblent avoir aussi le déclic.
Alors qu'on se demande par quoi commencer, apparaît au loin Dominique qui se rapproche de nous. Mon cœur palpite et me sens de nouveau frissonner.
« Bon voilà, maintenant que nous sommes seuls, on peut ensemble partager des idées ? »
Je n'ai pas l'impression de le saisir. L'un d'entre nous lui dit que nous sommes censés faire le ménage.
« Oui mais vous voyez bien qu'il n'y a rien à nettoyer. Vous n'allez intervenir que lorsque les autres groupes auront achevé leur tâche. Pour l'instant, j'aimerais bien vous raconter ce que j'ai en tête et vous me direz si cela vous convient ou pas. Ça vous va ? »
Je dirais que tout le monde est ravi de pouvoir discuter avec le PDG en personne. J'apprécie son humilité puisque dans mon groupe nous ne sommes pas non plus les personnes occupant des postes prestigieux.
Il nous propose d'aller à l'arrière-cours pour discuter dans le jardin. Et lorsque nous y arrivons, nous prenons place sur des chaises préalablement rangées en formant un grand cercle. C'est une belle attention des sa part.
Là, il nous explique ses projets, attentes et craintes. De mon côté, je n'écoute que la moitié de ce qu'il dit. Même si je refuse de l'admettre, je suis très contente de le revoir, moi qui avait oublié son visage et même sa voix. Je ne peux détourner de lui mon regard, il m'a tellement manqué.
L'entretien se poursuit alors que dans ma tête, je m'imagine beaucoup de scénarios comme quoi la réunion se terminerait, que les autres disparaîtront je-ne-sais-où, qu'on se retrouvera tous les deux, qu'il va me taquiner, que je vais rougir parce qu'il sera trop mignon et qu'on va...
« Hé ! » me bouscule légèrement la personne assise à ma gauche. « À ton tour. »
« De quoi ? »
« De me dire si je suis mignon. »
Quoi ? Nan ! Ça c'est dans ma tête.
Dans la vraie vie, Dominique me demande de proposer une animation pour demain soir. Qu'est-ce que j'en sais ?
« Des jeux ? »
Là, il plonge son regard dans le mien tandis que les autres me demandent de développer mon idée.
« Chaise... musicale ? »
Moi qui croyais que je n'aurais pas à parler durant toute la journée ! Je suis déçue.
« Ça fait trop enfant, je trouve. » commente une salariée. « Pourquoi pas un atelier pour fabriquer des petits cadeaux à offrir aux orphelins ? »
J'avoue que son idée est meilleure que la mienne. La preuve est que plusieurs sont d'accord avec elle. Et même Dominique semble apprécier.
« Pourquoi ne pas juste acheter des petits jouets ? » propose quelqu'un d'autre.
Il croit que c'est son papa qui va payer ou bien ?
Des murmures se soulèvent.
« On est largement sorti du contexte du jeu ! » dit Dominique dans un petit sourire.
Ainsi le débat se poursuit et au bout du compte, le PDG choisi d'explorer toutes les idées qu'on lui a données.
« Bien, je pense qu'il faudrait que je contacte l'équipe qui est chargée des courses pour qu'ils ajoutent de nouveaux éléments. »
Sur-ce, l'entretien se termine et il se lève pour passer son appel. De notre côté, nous ne savons quoi faire ni où aller. Deux minutes après, Dominique revient en nous proposant de manger quelque chose.
« On pourrait acheter des pizzas, des viennoiseries et boissons pour nous et les autres. Qu'est-ce que vous en dites ? »
Cet homme, c'est une crème. J'aimerais l'épouser. Sincèrement.
Bien sûre que les autres sont d'accord. De mon côté, je reste de marbre jusqu'à ce que le mec m'invite à le suivre.
« Avec Véronique, on va acheter tout ce qu'il faut. Et vous, vous pouvez aller voir dans le réfectoire, je pense qu'il y a tout ce qu'il faut pour le picnic. » dit-il.
Depuis quand il m'appelle "Véronique", lui ?
« Vous êtes sûr de ne pas avoir besoin d'une troisième paire de mains ? » tente une salariée.
Non, il n'en a pas besoin !
« Ça ira. On se dit donc à plus ? » répond-il à mon plus grand plaisir.
Bien que gênée pour tous ces regards posés sur moi, j'aime bien ce qui se passe. Il me prend par l'épaule pour me diriger vers le parking où on prend sa voiture, une BMW. C'est d'ailleurs la première fois que je monte dans une voiture de luxe.
J'ai le cœur qui bat très vite. Il démarre l'automobile et c'est à ce moment-là qu'il daigne m'adresser la parole.
« Comment tu vas ? »
« Je vais bien, merci. Et vous ? »
« Tu peux me tutoyer, c'est pas un crime. Sinon, je vais bien. »
J'aimerais tant lui demander où il était passé pendant tout ce temps. Mais qui suis-je pour qu'il me rende des comptes.
« Mais vous êtes le PDG... » dis-je.
« Ça ne me rend pas plus humain que quiconque. »
« C'est vrai. »
« Au fait, j'ai vu que tu me regardais tout à l'heure. »
« Comment vous l'avez su ? »
« Okay, un point partout. »
Je sens que c'est le début d'une très belle relation, même si j'ignore encore le type.
« Tout ce que je veux savoir c'est ce qu'il attend de moi. Je ne veux pas être une maîtresse ; ça n'a jamais été mon intention. Je l'ai aimé pour lui et non ses biens. »« Si c'est l'homme que Dieu a fait pour toi, qu'il pleuve ou qu'il neige, vous finirez ensemble. »~ VÉRONIQUE ~Cela fait plusieurs heures que je me remémore cette conversation, notamment ces deux passages. Il est présentement treize heures et je suis dans le bus en partance pour le travail. La tête penchée contre la vitre, j'observe d'un œil rêveur le paysage. J'espère ne pas me retrouver dans la même situation qu'hier. Bref, je me sens excitée à l'idée de revoir Dominique. Excitée dans le sens où je ne peux pas m'empêcher d'imaginer la scène, j'ignore comment aborder le sujet et ... Que sais-je encore ?! J'espère que notre rencontre ne va pas me faire perdre mes repères. J'ai tellement de questions à lui poser !Plus j'y repense plus je me dis qu'il y a possiblement des raisons qui l'ont mené à être infidèle enver
~ À Brazzaville ~À quatorze heures, Véronique termine sa journée de travail avant de se mettre en route pour rentrer chez elle. Arrivée sur les lieux, Blévie semble y être absente vu les coups infructueux donnés à la porte. Alors, la jeune femme a le réflexe de chercher la clé sous leur pot de fleur.Une fois dans le studio, elle a le souvenir de son idée de le changer en lui apportant de nouveaux meubles et accessoires. La jeune femme dépose sur le sol carrelé son petit sac avant de troquer ses vêtements contre d'autres plus amples. Puis ses pensées se portent sur Dominique, elle se sent mal mais s'attache à l'espoir qu'il ait prévu, avant de se mettre avec elle, de se séparer de sa femme. Elle passe délicatement une main sur son cou avant de la glisser vers sa poitrine en se souvenant de ses baisers pendant une seconde. « Il faut que j'arrête ! » maugrée-t-elle en allant ranger le petit bazar autour d'elle.Plus tôt dans la journée, Véronique pensait certes le quitter facilement
« Demain, appelle-le !... Fais tout ce que tu pourras pour discuter avec lui ! Il a le devoir de te dire la vérité. »« J'ai essayé de le joindre au cours de la journée... Et il ne m'a pas répondu. »« Bah oui, justement ; tu vas l'appeler demain. Et s'il ne décroche pas, ça va barder pour lui. C'est moi qui te l'dis ! »~Quelques minutes de silence plus tard~« Est-ce que tu iras à l'ESSET ? »« Je n'ai pas vraiment le choix. »Et c'est la dernière chose que Véronique dit avant de sombrer progressivement dans un profond sommeil, recroquevillée sur elle-même et la tête posée sur les cuisses de sa cousine.*****~ Le lendemain, 5 heures ~~ Au POOL ~Dominique sort de l'hôtel vêtu d'un jogging et d'un débardeur pour aller courir. La nuit, ayant particulièrement été difficile et plus faite de réflexion que de sommeil, il espère se vider l'esprit pendant l'espace d'un temps. Dans sa course, il arrive au trentenaire de croiser des agriculteurs, des éleveurs ainsi que des commerçants : à
~ DOMINIQUE ~« Je te demande pardon. »« Aimer n'est pas un péché. Si tes sentiments envers cette fille sont sincères, alors je ne vois pas pourquoi me mettre en travers de ton chemin. »Je me mords instinctivement la lèvre inférieure. Je me suis mis dans le pétrin. Sa phrase est chargée d'une telle amertume que je regrette encore plus de lui avoir fait ces confessions. Elle se lève sans plus de cérémonie et s'en va. Je n'ai même pas le courage de la rattraper parce que... à quoi bon ? Je ne ferai que remuer le couteau dans la plaie. Pourquoi chercher à la retenir lorsque j'éprouve des sentiments pour une autre. Je suis certain de mon affection profonde pour Valérie et j'ai longtemps cru qu'elle serait la seule femme que je pourrais à jamais garder dans mon cœur. Puis Véronique est arrivée, comme un défi que la nature me présentait. Et je n'ai pas résisté.*****~ BLÉVIE ~J'ouvre la porte sur une Véronique aux yeux rougis, légèrement bouffis et larmoyants. Je ne me souviens plus
Iris, l'infirmière n'avait pas réellement l'intention de prévenir le DRH. Comme son chantage ne sembla pas susciter une quelconque réaction de Véronique, elle quitta le vestiaire et traîna ses pas dans une direction piochée au hasard dans l'optique de créer un temps de latence entre son départ et son retour. Elle aperçut un groupe de techniciens de surface et alla s'entretenir avec eux, ayant reconnu deux qu'elle avait vu à son entrée dans la pièce où Véronique demeure allongée.« Qu'est-ce qui s'est passé avec cette jeune fille ? »« Maman Yvette l'a sermonné et elle a piqué une crise. » répondit l'une.« Vous savez pourquoi ? » « Ce n'était qu'un blâme ! » dit une autre. « Apparemment cette fille vend son corps pour de l'argent. Maman Yvette a juste essayé de la remettre sur le droit chemin. »« C'est grave !... » murmura Iris en voyant arriver Vianney, le DRH accompagné de Christophe, le cousin du PDG de l'entreprise.« Bonjour, messieurs. » dirent en chœur les subalternes.Et les
« Eh mâ Yvette, obomi mwana batu(ou) ! »Traduction : "Maman Yvette, tu as tué l'enfant d'autrui !"Ironiquement, la personne qui a émis ce commentaire l'a dit d'un air assez détaché. Comme n'importe quel autre phrase. Ils étaient nombreux à entourer le corps de la jeune femme encore inconsciente. Il y en avait de plusieurs genres : les méprisants, les insultants, les juges et les commères." Allez, transportez-là dans les vestiaires ! » ordonne madame Yvette tandis qu'elle lance un appel à l'infirmière de l'entreprise....On allonge Véronique sur un banc assez large lorsque madame Yvette se rapproche de la jeune femme pour déboutonner le haut de sa chemise. Les hommes n'ont certes pas accès à cette pièce ; cependant dans le cas précis, il a fallut que l'un d'eux la porte. Et celui-ci est en train d'être témoin d'un spectacle qui suscite tout-de-suite des chuchotements : le cou ainsi que la poitrine de Véronique sont couverts de suçons laissant croire à une réelle relation intime ent