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Une cage en soie

Penulis: Maryne029
last update Terakhir Diperbarui: 2025-05-12 03:53:15

Le bruit du moteur de la berline se tut dans l’allée gravillonnée. La grille de la propriété se referma lentement derrière eux, comme les mâchoires d’un piège silencieux. Ambre resta droite sur la banquette arrière, les mains posées sur ses genoux. Adrien, à ses côtés, pianotait sur son téléphone, indifférent. Il ne lui avait pas adressé un mot depuis leur départ du gala. Ce silence, loin d’être paisible, était une autre forme d’humiliation. Il ne daignait même plus la blesser avec des mots.

Le majordome vint leur ouvrir la portière. Adrien descendit le premier, sans un regard pour Ambre. Elle le suivit, le pas plus lent, le cœur serré. La grande maison qui s’étendait devant elle ressemblait plus à un musée qu’à une demeure. Un bâtiment froid, sans âme, où chaque meuble semblait choisi pour impressionner, pas pour réconforter. Une cage dorée, sans chaleur.

Ils franchirent le hall d’entrée en silence. La lumière tamisée projetait de longues ombres sur le marbre blanc. Sur les murs, des œuvres d’art hors de prix, impersonnelles, choisies par la mère d’Adrien. Tout ici portait sa marque : l’élégance glaciale, l’ordre étouffant, la perfection sans cœur.

Ambre tourna à droite, vers l’escalier qui menait à l’aile ouest. Adrien prit la direction opposée.

Ils faisaient chambre à part depuis le début de leurs fiançailles. Une décision d’Adrien, jamais discutée. Elle avait vite compris qu’il n’avait aucun désir pour elle. En vérité, elle doutait qu’il en ait pour qui que ce soit. Adrien ne cherchait ni tendresse ni plaisir, seulement pouvoir, contrôle et statut. Ambre n’était qu’un pion bien vêtu, utile pour parfaire son image publique.

Sa chambre était au bout du couloir, à l’étage. Elle ouvrit la porte en silence, comme à chaque fois, et entra dans cet espace qui n’avait jamais été vraiment à elle.

La pièce était grande, bien sûr, avec de hauts plafonds, des rideaux épais et un lit à baldaquin impeccable. Mais elle était aussi froide, vide de toute âme. Aucun tableau personnel, aucun livre, aucun objet qui aurait pu trahir une once de vie intérieure. Les murs étaient gris pâle, les draps blancs, les meubles noirs. Tout était harmonieux, mais sans émotion.

Elle referma la porte derrière elle, et pour la première fois depuis la soirée, laissa tomber le masque. Son dos glissa contre le bois jusqu’à ce qu’elle s’assoie au sol, genoux repliés contre sa poitrine.

Elle resta là longtemps, à écouter le silence de la maison. Ce silence qui, chez elle, n’avait rien de paisible. Il résonnait d’un vide écrasant. Elle aurait voulu pleurer, mais les larmes ne venaient plus. Depuis longtemps, son corps avait appris à se taire comme elle.

Il y eut un léger bruit de pas. Elle sursauta. Quelqu’un toquait à sa porte.

— Entre, dit-elle d’une voix faible.

C’était Adrien. Il ouvrit la porte sans attendre la permission, comme toujours. Il ne pénétra pas vraiment dans la pièce, resta sur le seuil, les mains dans les poches de son pantalon de costume.

— J’espère que tu n’es pas encore vexée pour ce soir. C’était pour rire, Ambre. Les gens aiment ça. Une femme qui sait rester à sa place. Ça détend l’atmosphère.

Elle ne répondit pas. Son regard restait fixé au sol. Il s’approcha d’un pas, sans entrer complètement.

— Tu devrais te montrer un peu plus reconnaissante. Tu n’aurais jamais eu cette vie sans moi. Ni cette robe, ni cette maison, ni ce nom.

Toujours pas de réponse.

Il soupira.

— Tu pourrais faire un effort. Tu n’es même pas jolie quand tu fais cette tête.

Il s’attarda un instant de plus, puis fit demi-tour.

— Demain, on déjeune avec mes parents. Mets quelque chose de convenable. Pas de ces robes de provinciale, s’il te plaît.

Et il referma la porte derrière lui.

Ambre resta là, sans bouger, jusqu’à ce que le silence revienne. Plus lourd qu’avant. Elle se leva lentement et s’approcha du miroir au-dessus de la coiffeuse. Elle s’y regarda longuement, comme si elle tentait de reconnaître son propre visage.

Qui étais-tu devenue, Ambre Delval ?

Une silhouette, une image figée dans un rôle imposé. Une femme sans voix, sans chaleur, sans espoir. Chaque jour, elle s’éteignait un peu plus, réduite à l’état de spectatrice de sa propre vie. Elle aurait pu fuir. Elle y avait pensé. Mais fuir vers quoi ? Vers qui ? Sa famille l’avait déjà vendue pour un nom et une alliance. Elle ne valait rien, sauf en tant qu’objet de transaction.

Et pourtant… ce regard.

Celui de l’homme au costume noir.

Anthony.

Elle ne savait même pas son nom à ce moment-là, mais elle avait senti quelque chose dans la façon dont il l’avait regardée. Ce n’était pas de la pitié. Pas de la curiosité. Plutôt… une sorte de compréhension. Un miroir silencieux, posé là, au cœur du vacarme.

Pour la première fois depuis longtemps, un sentiment étrange se glissa en elle.

De la colère.

Pas de la peur, pas de la tristesse. Une braise lente, discrète, mais réelle. Elle en avait assez d’être cette marionnette. Assez de courber l’échine. Quelque chose en elle s’était réveillé. Un battement de cœur plus fort. Un souffle de révolte.

Peut-être que ce regard était un signe.

Elle alla s’allonger dans son lit. Elle ne dormit pas tout de suite. Ses pensées tournaient en boucle. Adrien, ses humiliations. Ce monde qui ne lui appartenait pas. Et ce regard, encore.

Le silence l’accompagna jusqu’à l’aube.

Mais cette fois, il n’était plus aussi vide

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