Le lendemain matin, dès que Daniel a ouvert les yeux, j’étais déjà habillée, cheveux en queue-de-cheval prête à l’accueillir avec un sourire. Il avait l’air épuisé, le regard encore flou et la voix pâteuse.
- pourquoi as tu crié tout à l’heure…? Marmonna-t-il les yeux mi-clos - j’ai quelque chose à te dire… Hier, j’ai postulé à une offre pour devenir assistante personnelle, et ce matin… j’ai reçu un mail: j’ai un entretien. C’est pour ça que j’ai poussé un cri ce matin Il m’a regardé un instant puis un sourire sincère à traversé son visage endormi. - Oh super… je suis sûr que tu vas l’avoir ce poste. - je l’espère, j’ai tout de même un bon pressentiment. Il m’a attiré doucement contre lui et a déposé un baiser sur mon front. - tu vas déchirer ma puce. Ce genre de moment tendre et encourageant me rappelait pour que l’aimais autant. Nous étions ensemble depuis longtemps, il a toujours été là pour et moi pour lui. Le jour de l’entretien, j’étais surexcitée. J’avais dû mal à tenir en place. Daniel et moi avions fait l’amour toute la nuit précédente, une manière pour lui de m’encourager peut-être, ou juste le rappeler qu’il était là, toujours. Fatiguée mais heureuse, je m’étais préparée avec soin. J’avais opté pour un ensemble tailleur bleu, une couleur que Daniel disait me mettre en valeur. J’avais relevé es cheveux en un chignon élégant, maquillage discret mais soigné. En arrivant devant l’immeuble où se situait l’entreprise, j’ai inspiré profondément. Il y’avait quelque chose dans l’air, une intuition. L’accueil était moderne, sobre et lumineux. Tout respirait le professionnalisme. Je me suis rapprochée d’une réceptionniste, une grande blonde aux allures de mannequin, tirée à quatre épingles. Elle m’a accueilli avec un sourire éclatant, trop éclatant pour être sincère. -Bonjour, comment puis-je vous aider? Demanda-t-elle - bonjour, je suis là pour un entretien… le poste d’assistante personnelle Son sourire s’est effacé. Son regard s’est montré plus tranchant. Elle m’a scanné de la tête aux pieds avec une expression indéchiffrable. -Nom? Demanda-t-elle -Valencia Ford Elle s’est éloignée d’un pas rapide, puis, croyant que je ne l’entendais pas, elle a murmuré : « j’espère qu’elle ne sera pas retenue celle-là » Mon cœur s’est serré. Pourquoi cette hostilité soudaine. Je ne l’avais jamais vue. J’ai pris sur moi, gardé la tête haute et attendue son départ. Quelque minutes plus tard, elle revint. - vous êtes attendus dans le bureau X, sucez le couloir et prenez l’ascenseur à gauche, 7e étage. - merci, répondis-je silencieusement ignorant son regard rempli de dédain. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait de ce qui m’attendait en haut. Je marchais lentement en me demandant pourquoi cette femme a montré une telle attitude à mon encontre… Je pris l’ascenseur jusqu’au septième étage, les mains étaient moites et j’avais le cœur qui battait la chamade. Je répétai lentement les phrases que j’avais préparées, les points forts de mon CV, les réponses classiques… mais tout semblait s’envoler au fur et à mesure que je m’approchais du bureau. Arrivée devant une grande porte vitrée, je frappai doucement. - entrez, lança une voix grave de l’intérieur J’ouvris la porte avec précaution. À l’intérieur, un homme d’une trentaine d’années se leva derrière un bureau massif. Il portait une chemise bleue impeccable et avait un air à la fois calme et mystérieux. Il se dirigeait vers moi pour le serrer la main. - Bonjour mademoiselle Ford, je suis Monsieur Matin Tim, le directeur administratif. Je vais m’occuper de cet entretien. Veuillez prendre place je vous en prie. -merci répondis-je poliment Il s’assit à son tour, feuilleta mon dossier et commença à me poser des questions d’usage. Compétences, expériences passées, capacité à gérer le stress, confidentialité,, disponibilité pour les déplacements… J’essayais de rester concentrée et répondre le mieux que je pouvais mais je sentais souvent sont regard se poser sur moi comme s’il évaluait quelque chef de plus que mon profil professionnel. Puis après je trentaine de minutes d’échanges, il referma le dossier - Très bien, vous avez un profil intéressant et votre aisance relationnelle est un atout pour ce poste. Le choix reviendra à notre président directeur général mais je peux déjà vous dire que vous avez de bonne chances. Je retins un soupir de soulagement. -je vous accompagne dans son bureau pour le rencontrer Nous sommes sortis et nous nous sommes dirigés vers le bureau d’à côté, Monsieur Tim a poussé la porte et il était vide. Il s’est retourné vers moi et a dis: - oh il n’est pas encore arrivé, pour ne pas vous retenir longtemps, je vous propose de rentrer chez vous, je lui parlerai de vous et je vous ferai un mail si vous êtes retenue. Je quittais les bureaux de l’entreprise avec un cœur battant. Monsieur Martin avait mené l’entretien de façon professionnelle et courtoise mais sans rien dévoiler sur celui que j’étais censé assister. Je ne savais pas encore si j’étais retenue mais j’avais fait de mon mieux.Point de vue de ValenciaL’avion fendait la nuit comme une flèche silencieuse. Le ronronnement régulier des moteurs aurait dû m’apaiser, mais mon esprit ne cessait de tourner.Daniel… Bryan…Deux visages, deux présences radicalement opposées, se disputaient mon cœur.Je repensais au baiser. À la chaleur soudaine, inattendue, au frisson qui avait traversé chaque fibre de mon corps. J’avais cru y perdre pied. Et pourtant, aussitôt, l’image de Daniel revenait, violente, coupable. Daniel, mon fiancé. Celui qui m’avait toujours soutenue. Celui que je m’apprêtais à retrouver pour lui confesser la vérité.Discrètement, j’ouvris mon téléphone en mode avion et fis défiler nos anciennes photos. Des sourires, des voyages, des moments simples. Était-ce encore réel, ou avais-je construit une illusion autour de lui ?À l’atterrissage, mon cœur battait à tout rompre. Je sortis de l’avion dans un état second, valise en main, jetant un regard furtif aux voyageurs pressés autour de moi. Dès que je fran
Point de vue de Bryan Je restai immobile quelques secondes devant la réceptionniste, les mots qu’elle venait de prononcer résonnant encore dans ma tête.« Elle est partie. Elle m’a demandé de vous remettre ceci. »Ce « ceci », c’était une enveloppe blanche, à mon nom, contenant sa lettre de démission.Simple. Froide. Définitive.Je l’ai prise entre mes doigts, mais je n’ai pas eu le courage de l’ouvrir tout de suite. Je savais ce qu’elle contenait. Ce que je ne savais pas, c’était comment affronter le vide brutal qu’elle venait de laisser derrière elle.Je n’étais pas censé… ressentir ça.Je ne devrais pas être affecté par le départ d’une employée. Je suis habitué à ce que les gens entrent et sortent de ma vie professionnelle. Mais Valencia… Valencia n’était pas « les gens ».Elle avait bouleversé mon équilibre sans même le vouloir. Et voilà que, d’un seul geste, elle avait disparu.Je remontai lentement dans ma suite, la lettre toujours en main.Une fois seul, je l’ai ouverte.Ses m
Le matin perça à travers les rideaux, une lumière timide qui se glissa jusque dans ma chambre. J’ouvris les yeux avec peine, le corps encore alourdi d’une nuit agitée. La première pensée qui m’assaillit fut un souvenir brûlant : ses lèvres contre les miennes.Un frisson remonta le long de ma nuque. Je posai mes doigts sur ma bouche, comme pour vérifier que ce qui s’était passé la veille avait vraiment eu lieu. Mon cœur se mit à battre plus vite rien qu’à l’évocation de ce contact. Mais avec cette chaleur venait aussitôt une vague glaciale de culpabilité.Daniel.Son nom surgit dans mon esprit comme une gifle.Il ne méritait pas ça. Lui, si attentif, si confiant.Comment avais-je pu franchir cette limite ? Comment avais-je pu me laisser emporter par un élan que je savais interdit ?Je me levai brusquement, le cœur au bord des lèvres, comme si l’air de la chambre devenait trop étouffant. Chaque pas résonnait comme une condamnation. Je devais partir. Mettre fin à cette spirale avant qu’e
La lumière du jour filtrait à travers les rideaux de la suite, douce et presque irréelle. J’étais assise, recroquevillée sur le canapé, encore vêtue de ma robe de la veille. Un plaid avait été délicatement posé sur mes épaules.Je clignai plusieurs fois des yeux, le cœur battant encore un peu vite en me souvenant de l’appel nocturne. Puis mon regard se posa sur lui.Bryan était là, debout près de la baie vitrée, chemise froissée, téléphone à la main. Il parlait d’une voix grave, basse, avec cette précision glaciale qui imposait le respect. Ses traits tirés me firent comprendre qu’il n’avait probablement pas fermé l’œil de la nuit. Il avait veillé. Pour moi.Je me redressai lentement, cherchant mes mots, mais il termina sa conversation, raccrocha et me lança un simple regard. Pas de sourire, pas d’explication. Juste cet éclat sombre dans ses yeux.Je n’osai rien dire. Mais une certitude m’envahit : je devais trouver un moyen de le remercier.Dans l’après-midi, alors que nous avions une
Le lendemain La journée avait été dense. Réunions successives, présentations interminables, échanges de cartes et de sourires figés. Bryan, comme toujours, avait gardé son aplomb, dirigeant chaque entretien avec une précision chirurgicale. J’avais pris des notes, relayé les documents, coordonné les imprévus.Quand enfin la fin d’après-midi arriva, il proposa d’un ton neutre :- Prenez deux heures pour vous reposer. Nous dînerons ce soir, juste vous et moi, rien de protocolaire.Un dîner « hors cadre », presque normal. À la table feutrée d’un restaurant discret, loin des regards, nous avions parlé travail, bien sûr, mais aussi voyages, livres, et même quelques confidences sur nos parcours respectifs. Bryan ne se départit pas de son sérieux, mais je sentais ses barrières s’assouplir. Pour un instant, tout semblait… simple.Mais la simplicité n’était pas faite pour durer.De retour dans ma suite, je déposai mes talons près du lit, prête à savourer quelques instants de silence. C’est alo
La voiture glissait dans la nuit, silencieuse. La ville défilait derrière les vitres teintées, illuminée par les phares et les enseignes encore ouvertes. Pourtant, dans l’habitacle, le calme était presque irréel.Bryan était assis à ma droite, le visage tourné vers l’extérieur. Son profil se découpait dans la lumière des réverbères, froid et impassible, comme si la soirée n’avait laissé aucune trace en lui.Moi, en revanche, je n’arrivais pas à me détacher des images. Les sourires forcés, la main de cet associé sur la mienne, le regard glacé de Bryan. Et ce bref instant, quand il était intervenu, professionnel en apparence, mais avec une intensité qui dépassait le cadre d’une simple correction mondaine.Je jouais nerveusement avec la fine pochette posée sur mes genoux. J’aurais voulu briser le silence, dire quelque chose mais ma gorge était sèche.Finalement, ce fut lui qui parla le premier, d’une voix basse, maîtrisée :- Vous vous êtes bien débrouillée, ce soir.Je me tournai vers l