Rentrée chez moi, j’ai attendu Daniel pour lui raconter comment ça s’était passée… mais il n’est pas rentré avant très tard. J’étais déjà couché, inquiète mais trop fatigué pour lui poser des questions.
Le lendemain, au petit matin mon téléphone vibra, un mail: « Félicitations Mademoiselle Ford, vous êtes retenue. Merci de préparer votre valise: votre premier déplacement professionnelle est prévu pour demain. Vous accompagnerez le PDG pour une semaine ou plus. Si cette nouvelle vous enchante, veuillez me répondre par mail et je vous recontacterai pour plus de détails » Mon cœur fit un bond, je l’avais eu. C’était officiel. J’étais sur un nuage. Sans perdre une seconde j’ai répondu à Monsieur Tim pour lui notifier mon accord. Quand Daniel se réveilla, il me trouva en train de faire ma valise pris de panique, il accourut vers moi: - Valencia, ne fait pas ça, je peux tout t’expliquer… je sais que ce n’est pas facile pour toi Je me retournais, stupéfaite et amusée le regardant avec un léger sourire. - Pourquoi tu fais cette tête? Il se reprit rapidement et tenta de se rattraper - Pourquoi tu fais ta valise ? - J’ai eu le poste. Je dois voyager ce week-end pour une semaine, peut-être plus. - ouf! Soupira-t-il, soulagé. J’ai cru que tu me quittais… - Pourquoi je ferai ça ? Et puis, qu’est ce que tu voulais m’expliquer? Il tourna les yeux, visiblement mal à l’aise -Je croyais que tu allais me quitter parce que je rentre tard ces derniers temps… Alors je voulais t’expliquer. - T’expliquer pour m’avoir fait paniquer, tu veux dire? Lançais-je en haussant les sourcils Il m’aida à faire ma valise, puis nous sommes partis dîner dans notre restaurant préféré. Au restaurant, alors que nous terminions notre plat, un serveur s’approcha et s’adressa à Daniel: - Monsieur, hier votre invitée a oublié cette écharpe. Il tendit l’écharpe à Daniel qui la prit aussitôt, un peu trop vite à mon goût. Je lui lançais un regard interrogateur. Un silence s’installa, jusqu’à ce qu’il dise enfin: - C’est à ma collègue. Hier elle cherchait un bon restaurant pour dîner… et ramener quelque chose à son fiancé. J’ai pensé à celui-ci. - Ah. Je vois. Répondis-je doucement Nous sommes rentrés, un peu ivres. Nous avons fait l’amour avant de nous endormir. Le matin suivant, je recevais un nouveau mail de Monsieur Martin. Une voiture viendrait me chercher à 16h. Je me rendis au supermarché pour quelques courses, je fis un dîner rapide puis pris le temps de m’apprêter. À l’heure dite, la sonnette retendit. À la porte, un homme en costume m’annonça poliment que j’étais attendue. Je demandais quelques minutes, laissais un message à Daniel, pris ma valise… et je descendis. Devant la voiture, Monsieur martin m’attendait déjà. Il m’ouvrit la portière, je m’installais et il monta à son tour. Durant le trajet, il me fit un petit briefing sur l’emploi du temps à venir. En me tendant mon billet d’avion il ajouta: - Le PDG est déjà à l’aéroport. Vous le rencontrerez directement à bord. La voiture se gara devant l’aéroport. Je descendis, la valise à la main, un peu nerveuse, et la voiture repartit aussitôt. L’embarquement avait commencer un agent en uniforme élégant s’approcha : - Madame nous allons vous accompagner à bord J’hochais la tête, troublée. C’était la première fois que je voyageais en première classe et tout me semblait irréel. Je traversais le terminal, dépassant la longue file des passagers en classe économique. En quelques minutes, je me trouvais déjà à bord. L’intérieur de la cabine de première classe était un autre monde: fauteuils spacieux, éclairages tamisés, calme absolu. Je suivis l’hôtesse, le cœur battant. Elle s’arrêta enfin devant une rangée. - Nous y sommes, Madame. Votre voisin est déjà installé. Je fouillais machinalement dans mon sac, à la recherche de mon baume à lèvres, quand j’ai levé les yeux… Et je me figeai. L’homme à côté déjà installé, manipulait sa tablette, écouteurs vissés aux oreilles. Ce profil… cette mâchoire. Ce charisme froid et distant. Ce parfum subtil et puissant. Mon cœur rata un battement. Je restai immobile une seconde de trop. Il tourna la tête, visiblement agacé. Nos regards se croisèrent. C’était lui, le mâle dominant. L’homme de la salle de sport. Mon nouveau patron.Point de vue de ValenciaL’avion fendait la nuit comme une flèche silencieuse. Le ronronnement régulier des moteurs aurait dû m’apaiser, mais mon esprit ne cessait de tourner.Daniel… Bryan…Deux visages, deux présences radicalement opposées, se disputaient mon cœur.Je repensais au baiser. À la chaleur soudaine, inattendue, au frisson qui avait traversé chaque fibre de mon corps. J’avais cru y perdre pied. Et pourtant, aussitôt, l’image de Daniel revenait, violente, coupable. Daniel, mon fiancé. Celui qui m’avait toujours soutenue. Celui que je m’apprêtais à retrouver pour lui confesser la vérité.Discrètement, j’ouvris mon téléphone en mode avion et fis défiler nos anciennes photos. Des sourires, des voyages, des moments simples. Était-ce encore réel, ou avais-je construit une illusion autour de lui ?À l’atterrissage, mon cœur battait à tout rompre. Je sortis de l’avion dans un état second, valise en main, jetant un regard furtif aux voyageurs pressés autour de moi. Dès que je fran
Point de vue de Bryan Je restai immobile quelques secondes devant la réceptionniste, les mots qu’elle venait de prononcer résonnant encore dans ma tête.« Elle est partie. Elle m’a demandé de vous remettre ceci. »Ce « ceci », c’était une enveloppe blanche, à mon nom, contenant sa lettre de démission.Simple. Froide. Définitive.Je l’ai prise entre mes doigts, mais je n’ai pas eu le courage de l’ouvrir tout de suite. Je savais ce qu’elle contenait. Ce que je ne savais pas, c’était comment affronter le vide brutal qu’elle venait de laisser derrière elle.Je n’étais pas censé… ressentir ça.Je ne devrais pas être affecté par le départ d’une employée. Je suis habitué à ce que les gens entrent et sortent de ma vie professionnelle. Mais Valencia… Valencia n’était pas « les gens ».Elle avait bouleversé mon équilibre sans même le vouloir. Et voilà que, d’un seul geste, elle avait disparu.Je remontai lentement dans ma suite, la lettre toujours en main.Une fois seul, je l’ai ouverte.Ses m
Le matin perça à travers les rideaux, une lumière timide qui se glissa jusque dans ma chambre. J’ouvris les yeux avec peine, le corps encore alourdi d’une nuit agitée. La première pensée qui m’assaillit fut un souvenir brûlant : ses lèvres contre les miennes.Un frisson remonta le long de ma nuque. Je posai mes doigts sur ma bouche, comme pour vérifier que ce qui s’était passé la veille avait vraiment eu lieu. Mon cœur se mit à battre plus vite rien qu’à l’évocation de ce contact. Mais avec cette chaleur venait aussitôt une vague glaciale de culpabilité.Daniel.Son nom surgit dans mon esprit comme une gifle.Il ne méritait pas ça. Lui, si attentif, si confiant.Comment avais-je pu franchir cette limite ? Comment avais-je pu me laisser emporter par un élan que je savais interdit ?Je me levai brusquement, le cœur au bord des lèvres, comme si l’air de la chambre devenait trop étouffant. Chaque pas résonnait comme une condamnation. Je devais partir. Mettre fin à cette spirale avant qu’e
La lumière du jour filtrait à travers les rideaux de la suite, douce et presque irréelle. J’étais assise, recroquevillée sur le canapé, encore vêtue de ma robe de la veille. Un plaid avait été délicatement posé sur mes épaules.Je clignai plusieurs fois des yeux, le cœur battant encore un peu vite en me souvenant de l’appel nocturne. Puis mon regard se posa sur lui.Bryan était là, debout près de la baie vitrée, chemise froissée, téléphone à la main. Il parlait d’une voix grave, basse, avec cette précision glaciale qui imposait le respect. Ses traits tirés me firent comprendre qu’il n’avait probablement pas fermé l’œil de la nuit. Il avait veillé. Pour moi.Je me redressai lentement, cherchant mes mots, mais il termina sa conversation, raccrocha et me lança un simple regard. Pas de sourire, pas d’explication. Juste cet éclat sombre dans ses yeux.Je n’osai rien dire. Mais une certitude m’envahit : je devais trouver un moyen de le remercier.Dans l’après-midi, alors que nous avions une
Le lendemain La journée avait été dense. Réunions successives, présentations interminables, échanges de cartes et de sourires figés. Bryan, comme toujours, avait gardé son aplomb, dirigeant chaque entretien avec une précision chirurgicale. J’avais pris des notes, relayé les documents, coordonné les imprévus.Quand enfin la fin d’après-midi arriva, il proposa d’un ton neutre :- Prenez deux heures pour vous reposer. Nous dînerons ce soir, juste vous et moi, rien de protocolaire.Un dîner « hors cadre », presque normal. À la table feutrée d’un restaurant discret, loin des regards, nous avions parlé travail, bien sûr, mais aussi voyages, livres, et même quelques confidences sur nos parcours respectifs. Bryan ne se départit pas de son sérieux, mais je sentais ses barrières s’assouplir. Pour un instant, tout semblait… simple.Mais la simplicité n’était pas faite pour durer.De retour dans ma suite, je déposai mes talons près du lit, prête à savourer quelques instants de silence. C’est alo
La voiture glissait dans la nuit, silencieuse. La ville défilait derrière les vitres teintées, illuminée par les phares et les enseignes encore ouvertes. Pourtant, dans l’habitacle, le calme était presque irréel.Bryan était assis à ma droite, le visage tourné vers l’extérieur. Son profil se découpait dans la lumière des réverbères, froid et impassible, comme si la soirée n’avait laissé aucune trace en lui.Moi, en revanche, je n’arrivais pas à me détacher des images. Les sourires forcés, la main de cet associé sur la mienne, le regard glacé de Bryan. Et ce bref instant, quand il était intervenu, professionnel en apparence, mais avec une intensité qui dépassait le cadre d’une simple correction mondaine.Je jouais nerveusement avec la fine pochette posée sur mes genoux. J’aurais voulu briser le silence, dire quelque chose mais ma gorge était sèche.Finalement, ce fut lui qui parla le premier, d’une voix basse, maîtrisée :- Vous vous êtes bien débrouillée, ce soir.Je me tournai vers l