Le soir était tombé depuis longtemps, et les flammes du feu de cheminée crépitaient doucement, projetant sur les murs des ombres dansantes. Nous étions assis côte à côte sur le tapis, une tasse de thé chaud entre les mains. Jason parlait de tout et de rien : des souvenirs de son enfance, des nuits passées à courir dans les bois avec ses cousins. Je riais parfois, je l’écoutais surtout, reconnaissante de cette légèreté après tant de journées lourdes.Puis, sans vraiment réfléchir, j’ai laissé ma question franchir mes lèvres.— Jason… tu crois qu’on quittera le pays quand ?Son regard s’assombrit un peu, comme si je venais de briser la bulle paisible dans laquelle nous étions plongés.— Bientôt, dit-il après un silence. Ça ne devrait pas tarder.Je mordillai ma lèvre, mon esprit embrouillé. L’idée d’un nouveau départ m’avait d’abord semblé être une promesse de renaissance. Mais plus les jours passaient, plus je me sentais coupable de ce qu’il abandonnait derrière lui.— Et si… ce n’étai
Je n’avais jamais attendu un colis avec autant d’impatience. Le livreur avait à peine eu le temps de sonner que je bondissais déjà vers la porte, le cœur battant comme une enfant un matin de Noël. Le carton était plus lourd que ce que j’imaginais. Jason, amusé, m’avait rejoint pour m’aider à le déposer sur la table du salon.— Alors, tu comptes l’ouvrir ou tu veux que je devine ce qu’il y a dedans ? avait-il plaisanté, les bras croisés, son éternel sourire taquin accroché au visage.J’avais pris un couteau et découpé soigneusement le scotch. Mes doigts tremblaient un peu d’excitation. Le carton s’ouvrit et, sous les protections en mousse, apparut l’ordinateur portable que nous avions commandé la veille. Un modèle fin, élégant, noir, qui me semblait appartenir à un autre monde que le mien. Je caressai le clavier du bout des doigts, encore incrédule.Mais ce n’était pas tout. En soulevant le reste des emballages, je découvris un petit objet rectangulaire soigneusement emballé. Intriguée
Après avoir rangé la cuisine, Jason alluma un feu dans la cheminée. Les flammes commencèrent à danser, projetant une lueur dorée sur les murs du chalet. Nous nous installâmes côte à côte, chacun avec une tasse de tisane fumante. Le silence était doux, presque nécessaire, après l’intensité de ces derniers jours. Je fixais les flammes, hypnotisée par leur mouvement, et j’avais presque l’impression que les craquements du bois racontaient une histoire rien que pour moi.Jason rompit le silence d’une voix grave mais douce.— Lila… qu’est-ce que tu veux faire, maintenant ? Je veux dire… de ta vie. Tu as l’occasion de tout recommencer. Qu’est-ce qui t’appelle ?Je serrai ma tasse entre mes mains, hésitant. Parler de mes rêves me donnait toujours l’impression d’être une enfant naïve. Mais il méritait la vérité.— J’aimerais… écrire.Il tourna brusquement la tête vers moi, surpris.— Écrire ? Tu veux devenir journaliste ?Je secouai la tête.— Non… auteure. Indépendante. Raconter des histoires
Quand je refermai la porte du chalet derrière moi, j’avais encore le goût amer de ma confrontation avec Dante. Mes mains tremblaient, mon cœur battait trop vite, mais j’essayais de reprendre contenance. Jason se tenait là, dans le salon, adossé au canapé. Son regard accrocha le mien et je su immédiatement qu’il avait deviné.— Tu es allée le voir, lâcha-t-il d’une voix tendue.Je clignai des yeux, surprise par la dureté de son ton.— Comment tu sais… ?Il s’avança, le visage crispé, presque fermé.— Je le sais, c’est tout. Tu étais avec lui, pas vrai ?Je sentis la colère encore brûlante en moi s’agiter de nouveau, mais cette fois c’était dirigé contre lui.— Oui. J’ai vu Dante. Et alors ?Jason serra les poings, son souffle s’accéléra.— Lila, tu te rends compte de ce que ça veut dire ? Ce type t’a détruite ! Il revient, il joue les martyrs, et toi… toi tu cours encore lui parler ?!Ses mots claquèrent comme des gifles. J’eus l’impression d’avoir devant moi un Jason que je ne connais
Le lendemain matin, je m’étais réveillée avec une étrange lourdeur dans la poitrine. La nuit avait été courte, agitée par des rêves flous, comme si quelqu’un s’était tenu près de moi, veillant sur mon sommeil. J’avais mis ça sur le compte de mon imagination trop fertile, mais un malaise persistant refusait de me quitter.En descendant les escaliers du chalet, je trouvai Jason déjà assis dans le salon, une tasse de café fumante entre les mains. Il me sourit, mais son regard avait cette gravité inhabituelle, comme s’il portait un fardeau qu’il se préparait à déposer devant moi.— Bonjour, dit-il doucement. Bien dormi ?J’hochai la tête.— Oui… à peu près. Et toi ?Il haussa les épaules et m’invita à m’asseoir.— Je dois te raconter quelque chose, Lila.Son ton solennel me mit aussitôt en alerte. J’eus l’impression que mon estomac se serrait avant même d’entendre la suite.— Cette nuit, reprit-il, Dante m’a contacté. Il a exigé qu’on se voie… et je n’ai pas vraiment eu le choix.Mon souf
Le message de Dante arriva en pleine nuit. Jason était déjà allongé dans son lit, les yeux fixés au plafond, incapable de trouver le sommeil. L’écran de son téléphone s’illumina soudain :« Trois heures du matin. Restaurant de tes grands-parents. Pas de refus. »Jason eut un rictus amer. Trois heures du matin ? Cet homme ne connaissait décidément aucune limite. Son premier réflexe fut d’écrire « Non », mais il savait déjà que Dante ne le laisserait pas tranquille. Et puis… une part de lui voulait en finir avec cette ombre qui planait encore au-dessus de Lila. Alors, après un long silence, il répondit :« OK. »Le village dormait profondément quand Jason sortit de chez lui. Le froid mordait l’air, le silence n’était troublé que par le craquement de ses pas sur le gravier. Le restaurant de ses grands-parents n’était pas censé être ouvert à une telle heure. Mais une lumière discrète filtrait par les volets. Jason entra sans frapper.À l’intérieur, l’odeur familière du bois brûlé se mêlai