Point de vue de LilaJe m’étais baissée, le chiffon humide en main, pour ramasser les éclats de verre brisé sur le sol. L’eau s’était infiltrée jusque sous la table.Un bruit résonna depuis l’étage : un chuintement familier puis l’eau de la douche.Je me redressai lentement, la main encore humide, le chiffon trempé. Mes yeux se posèrent machinalement vers l’escalier. Il ne redescendait pas.Le cœur serré, je me surpris à me demander ce qu’ils faisaient. Ce qu’elle faisait. Ce qu’il… faisait.Mon imagination, traitresse, se mit en marche. La peau nue d’Elena glissant contre la sienne. Les lèvres de Dante sur une autre bouche.Il n’y avait pas de cris à l’étage. Pas de voix. Juste cette eau qui coulait, encore et encore. Mais c’était suffisant pour comprendre ce qui se passait.Je terminai de rassembler les morceaux de verre dans un torchon, le cœur déchiré et les pensées en vrac pendant qu’eux, ils prenaient leur douche ensemble.Je refermai le robinet, les mains ruisselantes d’eau sav
La table était dressée avec une précision chirurgicale : nappe blanche repassée à la perfection, couverts en argent alignés avec discipline, assiettes en porcelaine. L’odeur délicate des plats haut de gamme livrés à la hâte par la secrétaire de Dante flottait dans l’air.Je m’étais assise en silence, à la place qu’Elena m’avait désignée. A ma droite, Dante, les traits fermés. En face, Elena.— Dante, passe-moi le sel, veux-tu ? demanda-t-elle d’un ton sucré.Dante, sans un mot, lui tendit le petit pot d’argent. Mais elle saisit sa main au passage, la caressa comme par inadvertance, effleura ses doigts avec lenteur. Son regard s’accrocha au sien, et elle murmura presque sensuellement :— Merci, Dante.Je me raidis.Elena pousse une petite grimace en reposant sa fourchette avec un soupir.— Hmm… Ce plat… je ne sais pas, c’est un peu trop épicé, non ? souffla-t-elle en plissant le nez. Peut-être que c’est moi… Mon palais est si sensible ces derniers temps.Elle se tourna vers Dante avec
Lila a eu le culot de me demander un salaire. Je n’en reviens toujours pas. Peut-être qu’elle plaisantait ? Peut-être que c’était une provocation à sa façon… une petite pique comme elle savait en faire avant. Mais non. Elle était sérieuse.Le souvenir d’Elena m’est revenu comme un coup de poing dans le ventre.« Elle te manipule, Dante. Tu penses qu’elle t’aime, mais elle calcule. Elle veut ton nom, ta richesse, ton statut. Rien d’autre. »J’ai tourné la tête vers Elena, assise avec cette posture délicate, cette fragilité qui appelait à la protection. Son regard croisait le mien avec une tendresse retenue. Elle n’a rien dit. Elle n’en avait pas besoin. Elle attendait que je tire moi-même mes conclusions.Alors, je me suis redressé, la mâchoire contractée.— Tu avais raison, Elena, ai-je murmuré, sans quitter Lila des yeux. Finalement, tu la connaissais mieux que moi.Lila a cligné des paupières. Une fraction de seconde, j’ai vu la douleur traverser son regard. Elle n’a pas parlé. Et
Dante ouvrit la porte de la maison, et je le suivis à l’intérieur.— Qu’est-ce que… ?Je levai les yeux à mon tour.Là, dans le salon, sur le canapé crème avec un air faussement détendu, Elena.— Elena ? fit Dante, surpris.Elle est visiblement prise de court elle aussi. Une fraction de seconde, elle perdit son masque. Ses yeux passèrent de Dante… à moi.Puis elle se leva si brusquement que sa canne glissa de sa main. Elle chancela.— Elena ! s’écria Dante, en courant vers elle.Je ne pus que le regarder, impuissante.Elle tomba directement dans ses bras.— Doucement… ça va aller, murmura-t-il en la tenant contre lui.Il était tout contre elle, sa main dans son dos, son autre main frôlant ses cheveux. Je les fixais, figée.— Je vais bien… je crois…, gémit-elle d’une petite voix plaintive.Dante, inquiet, la porta dans ses bras et la reposa avec précaution sur le canapé, comme si elle était faite de porcelaine.— Tu es sûre ? Tu n’as pas mal quelque part ? demanda-t-il.Elena lui adres
Je suis blottie contre Dante. Au moindre mouvement, son bras se resserra autour de ma taille.— Mmmh… reste encore un peu, murmura-t-il, sa voix rauque et ensommeillée me faisant frissonner. Je veux te garder contre moi… juste encore quelques minutes.Je souris malgré moi, nichant un peu plus ma tête dans le creux de son épaule. Que c’est agréable.Mais bien sûr… il fallut que mon téléphone sonne. Je grognai doucement, tâtonnai à l’aveugle pour l’attraper sur la table de chevet. L’écran affichait Mina, ma manager. Zut. Je décrochais rapidement.— Allô ? — Lila ? Tu vas mieux ? Tu n’es pas venue aujourd’hui. Tu as un souci ? — Oh… oui… pardon, Mina. J’ai eu un mal de tête horrible ce matin… Je vais mieux, je serai là dans l’après-midi.Je n’eus pas le temps d’ajouter quoi que ce soit : Dante me retire le téléphone des mains.— Allô ? dit-il d’un ton calme mais ferme. Ici Dante Withemore. Lila ne viendra pas cet après-midi. Ni demain. Ni jamais, en fait. — Euh… noté Boss, bredouil
Ses yeux brûlaient. Il me regardait comme s’il allait me dévorer. Mon dos collé contre la porte à peine refermée, je pouvais sentir la tension dans chaque millimètre de mon corps.— Où étais-tu ? grogna-t-il.Je levai lentement les yeux vers lui.— Je ne te dois plus rien, Dante. Pas une explication, pas un compte à rendre.Il s’approcha d’un pas. Puis d’un autre. Et soudain, il me saisit le poignet, m’attira à lui. Son torse heurta le mien. Mon cœur battait à tout rompre.— Change de ton, Lila, gronda-t-il à mon oreille. Ou je pourrais t’apprendre à qui tu appartiens encore.Je tentai de me dérober, mais il me bloqua contre lui.— Lâche-moi, soufflai-je.— Pourquoi ? Tu trembles. De peur ou de désir ?Je ne répondis pas. Il le savait.Il glissa sa main sur ma cuisse, et ma peau s’enflamma. Je savais que je devrais fuir. Le repousser. Mais j'étais épuisée de lutter contre ce feu. Chaque geste de lui faisait voler en éclats ce qu’il me restait de barrière.— Tu sens encore son odeur… J