LOGINElla"Est-ce que ta mère est au courant pour le bébé ?"La voix de Rose me sortit de mes pensées. Nous étions assises dans la salle d’attente de la clinique de la meute, patientant jusqu’à ce que le Dr Réan me reçoive."Je n’ai pas encore eu l’occasion de lui en parler…""Tu crois que ça va aller ? Pour ta mère, je veux dire…""Elle est dévastée… mais elle tient bon, pour le moment," je lui répondis, sans réelle conviction. Comment pouvais-je être sûre qu'elle ne plongerait pas dans une nouvelle dépression à nouveau ? Rose sembla comprendre le fil de mes pensées, et se contenta de hocher la tête doucement."Tu penses en parler à Luna Line bientôt ?""Oui, je crois. Après tout, elle est la grand-mère de mon bébé… Savoir qu’une part de Sébastien continuerait de vivre en moi apaiserait peut-être un peu sa douleur.""Et Lauryne va bientôt mettre au monde l’enfant de Lucas, aussi ! Les enfants de ses deux aînés pourront grandir ensemble," ajouta Rose avec un doux sourire.Je n’y avais même
Rose-AnnaMinuit était passé, et pourtant mes paupières refusaient toujours de se fermer. À cette heure-là, sur le front, nous serions encore de garde jusqu’à l’aube, tandis que nos camarades tenteraient de voler quelques heures de repos avant de prendre la relève… Ou bien serait-ce notre tour de nous étendre, pour grappiller un peu de sommeil avant d’être rappelées au service quelques heures plus tard.Notre retour à la maison fut bref mais d’une chaleur presque douloureuse. Je n’avais jamais vu ma mère aussi bouleversée… En larmes, le souffle haché, elle resta accrochée à mon père et à moi durant toute la soirée, comme si relâcher sa prise risquait de nous faire disparaître à nouveau. La peur de nous avoir perdus se lisait sans détour dans ses yeux, éclatante, brute, impossible à masquer.Quant à mes petites sœurs, elles aussi en larmes, demeuraient pourtant fidèles à elles-mêmes : un tourbillon de joie et d’euphorie, une lumière vive au milieu de la tempête. Leur bonheur de nous ret
Louistoc toc tocLes trois coups secs contre la porte me fit relever le menton. J'étais plongé dans les dossiers du quotidien, avant de m'assoupir sur la chaise du bureau d'Alpha, une chaise dont le fardeau était bien trop lourd à porter pour quelqu'un comme moi.Le rôle de Beta m’était destiné, inscrit dans ma chair depuis l’enfance, préparé par chaque regard de mon père qui, un jour, me céderait sa place. Toute ma vie n’avait été qu’un long apprentissage, un chemin tracé vers cet honneur de seconder l’Alpha de la meute de la Lune d'Argent. J’étais prêt pour cela : prêt à reprendre un jour le flambeau, prêt à épauler Lucas lorsqu’il succéderait à son père, prêt à soutenir Sébastien—le second de la fratrie, mais tout autant Alpha que son frère.Nous aurions formé une équipe redoutable, unie, solide comme la pierre, veillant sur notre meute avec la force et la noblesse des anciens.Mais maintenant… maintenant cette voie s’était effondrée. Lucas et Sébastien n’étaient plus là, et mon r
Louis" NON ! " La voix de Maël résonna dans le couloir avant qu’il ne surgisse de la pièce en courant, les yeux rouges et embués de larmes."Hey, qu’est-ce qui se passe ? " tentai-je de l’interpeller, mais il ne s’arrêta pas, poursuivant sa course comme s’il ne m’avait pas vu. Je continuai mon chemin jusqu’au bureau d'Alpha Tony, occupé par notre Luna depuis son départ pour le front, et je vis dans ses yeux la même douleur et la même tristesse que celles qui traversaient Maël."Luna, qu’est-ce que— ?" Je m’interrompis en apercevant la lettre scellée qu’elle tenait dans sa main. Le sceau royal… Des nouvelles du front. Mon cœur s’accéléra, et je redoutai ce que j’allais apprendre.Luna Line releva son regard vers moi, digne malgré les larmes qui menaçaient de déborder. "C’est une lettre de la Reine..." dit-elle avec effort, cherchant ses mots. "D’après ce qu’elle a reçu du Riom, Tony aurait été fait prisonnier par nos ennemis et…" Sa voix trembla, elle prit une longue inspiration. "…et
KendrasQuelques jours s’écoulèrent après que la Reine Ombeline eut accepté notre proposition, scellant ainsi l’alliance entre nos royaumes. Entre-temps, Cyrus avait pris la route avec une poignée d’hommes pour rejoindre Nolas et lui transmettre les progrès accomplis de notre côté.Il fallut un temps précieux pour préparer ses troupes, organiser les vivres, répartir les rôles et établir un plan d’action précis, nous permettant d’avancer en territoire ennemi sans déclencher prématurément les hostilités, avant de retrouver mon frère et notre armée. Grâce à notre prudence, nous avions réussi à éviter les Zangarites présents sur Sienne, glissant dans l’ombre et dissimulant nos déplacements avec une précision presque parfaite. Nous n’étions alors que la moitié de nos effectifs, longeant les frontières pour nous fondre dans le paysage.Mais cette fois, il n’était plus question de contourner. Nous traverserions le territoire ennemi de front, une avancée droite et assumée, pour prendre Atara
Nolas"Parle, ordure !" Le misérable zangarite dont j'avais fait prisonnier plusieurs jours auparavant n'était plus en état de formuler aucune parole. Son visage boursouflé par les coups et sa bouche plein de sang n'arrangeait rien. Il crachait du sang lorsqu'il ouvrait la bouche pour emettre un son.Peut-être avais-je été un peu trop loin, mais je ne pouvais plus revenir en arrière. Sébastien et Roman étaient prisonniers de ce monstre, et j’ignorais encore comment ils avaient été capturés. Il ne m’avait été d’aucune utilité depuis notre arrivée près du Palais: aucune information sur l’endroit où Deylanor pouvait se trouver, ni sur le nombre d’ennemis présents au Palais. La seule information intéressante était la confirmation de la présence d'un sorcier aux côtés d'Ataras. Sans attendre davantage, je fis jaillir mes griffes et l’achevai d’un geste net, lui transperçant la jugulaire.J'avais tout tenté ces derniers jours, enflammer les murailles du Palais, m'envoler pour tenter de le







