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Chapitre 3

Author: dainamimboui
last update Huling Na-update: 2025-04-02 22:35:45

Éloïse, qui était restée silencieuse jusque-là, s’agenouilla à ses côtés et prit doucement sa main. « Je comprends… » murmura-t-elle. Puis, son regard s’assombrit alors qu’elle jetait un coup d’œil vers la porte. « Et pourtant, ce soir, Ryse a laissé ses phéromones se diffuser. »

Elle tourna de nouveau son visage vers Nigel. « Tu vois ce que ça veut dire, n’est-ce pas ? »

Nigel ne répondit pas tout de suite. Son esprit était encore embrumé, mais une chose était certaine : il ne pouvait pas rester près de Ryse.

Pas après ce qu’il venait de ressentir.

Et surtout pas si elle représentait une menace pour son équilibre fragile.

Le silence s’était installé dans le salon, lourd et pesant.

Lorsque madame Harris revint, elle était accompagnée de Nigel et d’Éloïse. Son visage, d’ordinaire si chaleureux, était fermé, marqué par l’inquiétude. Nigel, lui, semblait encore troublé. Son teint était légèrement pâle, et ses mâchoires étaient crispées comme s’il se battait intérieurement pour garder contenance.

Ryse n’attendit pas de croiser leurs regards.

Son cœur tambourinait violemment dans sa poitrine, ses pensées s’entrechoquaient sans ordre précis. Elle savait que quelque chose n’allait pas, que Nigel l’accusait probablement d’un acte qu’elle n’avait pas commis. Le malaise qui s’était installé depuis son retour, ce rejet viscéral… Elle n’avait pas les réponses, mais elle sentait le danger s’abattre sur elle comme un orage prêt à éclater.

Alors, sans attendre que quelqu’un ne l’interpelle, elle s’éclipsa.

Elle gravit rapidement les escaliers, le souffle court, et se réfugia dans sa chambre exiguë sous les combles. Une fois la porte refermée derrière elle, ses jambes la trahirent et elle s’adossa lourdement contre le bois, sa main tremblante pressée contre sa poitrine.

Elle ne comprenait pas.

Pourquoi Nigel avait-il réagi ainsi ? Pourquoi cet air horrifié ? Pourquoi cette fuite précipitée, comme si sa seule présence lui était insupportable ?

Et surtout… pourquoi avait-elle ce sentiment écrasant de culpabilité, alors qu’elle n’avait rien fait ?

Elle inspira profondément, tentant de calmer les battements erratiques de son cœur.

Mais une seule pensée l’obsédait :

Nigel la méprisait.

Et ce soir venait de le confirmer.

Ryse n’avait pas dormi de la nuit.

Allongée sur son lit, les yeux fixés sur le plafond, elle n’avait cessé de ressasser la scène encore et encore. Chaque détail, chaque expression sur le visage de Nigel, chaque mot prononcé par Éloïse tournaient en boucle dans son esprit, comme un cauchemar dont elle ne pouvait se réveiller.

Pourquoi ?

Pourquoi avait-il réagi avec tant de rejet, tant de dégoût ?

Elle savait qu’il avait changé après son départ, qu’il était devenu un homme différent, un alpha accompli, mais jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse la regarder avec autant d’hostilité.

Elle était coupable de quoi, au juste ?

D’être une oméga ? D’avoir existé dans le même espace que lui ?

Le matin pointait à peine lorsque l’on frappa doucement à sa porte. Ryse sursauta légèrement, arrachée à ses pensées. Elle hésita un instant, son instinct lui dictant de ne pas répondre, de rester cachée dans son petit refuge. Mais la voix qui s’éleva derrière le battant la fit changer d’avis.

« Ryse, c’est moi. »

Madame Harris.

Elle s’empressa de se lever et d’ouvrir la porte. La matriarche se tenait là, vêtue d’une robe élégante mais sobre, ses cheveux impeccablement coiffés malgré l’heure matinale. Son regard était doux, mais empreint d’une gravité qui fit se crisper l’estomac de Ryse.

« Puis-je entrer ? » demanda-t-elle d’un ton bienveillant.

Ryse acquiesça silencieusement et s’effaça pour la laisser passer. Madame Harris s’installa sur le bord du lit, observant un instant la petite chambre aux murs pâles. C’était une pièce modeste, loin du luxe du reste de la maison, mais elle était toujours impeccable, à l’image de Ryse.

Un soupir traversa les lèvres de la femme avant qu’elle ne tourne de nouveau son attention vers elle.

« Je suis venue te parler de ce qui s’est passé hier soir. »

Ryse baissa les yeux, mal à l’aise. Elle s’attendait à des reproches, à une mise en garde, peut-être même à une décision drastique concernant sa place dans cette maison.

Mais au lieu de cela, madame Harris posa une main douce sur la sienne.

« Ce n’était pas ta faute, mon enfant. »

Ryse releva brusquement la tête, les yeux écarquillés.

« Mais… »

« Chut. Laisse-moi parler. »

Madame Harris eut un sourire triste avant de reprendre, sa voix empreinte d’une tendresse presque maternelle.

« Tu n’as jamais été une oméga agressive. Je le sais. Tu as toujours su te contenir, même lorsque tu étais plus jeune. Mais hier soir… tes phéromones se sont échappées, n’est-ce pas ? »

Ryse hocha la tête, troublée.

« Je… Je ne comprends pas comment c’est arrivé. »

La matriarche soupira légèrement.

« C’est naturel, tu sais ? Un oméga ne peut pas toujours tout contrôler, surtout lorsqu’il est en présence d’un alpha qu’il connaît depuis longtemps. »

Ryse détourna les yeux, mal à l’aise.

« Sauf que Nigel ne m’a pas reconnue… » murmura-t-elle.

Un silence s’installa.

Puis, madame Harris reprit doucement :

« Quand vous étiez petits… Il aimait ton odeur. »

Ryse releva la tête, interdite.

« Quoi ? »

Un léger sourire nostalgique étira les lèvres de madame Harris.

« Tu ne t’en souviens peut-être pas, mais Nigel passait son temps avec toi. Il te considérait presque comme une petite sœur. Quand ton corps a commencé à dégager des phéromones pour la première fois, il était curieux, intrigué. Il trouvait ton odeur réconfortante. »

Ryse resta figée, incapable de dire quoi que ce soit.

« J’ai pensé que ce serait pareil aujourd’hui », reprit madame Harris dans un murmure. « Que, même après toutes ces années, son instinct le guiderait vers toi, comme avant. »

Mais ce n’était pas arrivé.

Au lieu d’être attiré par elle, Nigel l’avait repoussée.

Ryse sentit un poids s’installer sur sa poitrine.

« Mais ce n’est plus le même Nigel », admit enfin madame Harris, son regard se voilant de tristesse.

Elle serra légèrement la main de Ryse, comme pour s’excuser.

« Quelque chose en lui a changé. Quelque chose que je ne comprends pas encore. Mais ce que je sais, c’est qu’il ne fallait pas que tes phéromones s’échappent ainsi. »

Ryse sentit son estomac se nouer.

« Je ne voulais pas… Je n’ai pas cherché à… »

« Je le sais, ma chérie », l’interrompit doucement madame Harris. « Mais Nigel et Éloïse ne le voient pas ainsi. Ils pensent que tu l’as fait exprès. »

Le cœur de Ryse rata un battement.

Alors c’était donc ça.

Ils l’accusaient vraiment.

Elle baissa la tête, une vague de désespoir la submergeant.

« Que… que vais-je faire ? » murmura-t-elle.

Madame Harris la regarda longuement avant de se lever, lissant les plis de sa robe.

« Pour l’instant, évite simplement Nigel. Laisse-lui du temps. »

Puis, elle se dirigea vers la porte, mais avant de sortir, elle s’arrêta et se retourna une dernière fois.

« Ne doute pas de toi, Ryse. Tu n’as rien fait de mal. »

Et sur ces mots, elle s’en alla, laissant Ryse seule avec son tourment.

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