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Chapitre 2

Author: dainamimboui
last update Huling Na-update: 2025-04-02 22:34:36

Sa voix était calme, posée, sans trace d’émotion apparente. Après tout, elle n’était qu’une domestique ici, rien de plus. Mais dans ses souvenirs, il avait été bien plus que cela. Peut-être qu’au fond, une petite part d’elle espérait voir un éclat de reconnaissance, une lueur dans ses yeux qui lui prouverait que ces années partagées n’avaient pas été totalement effacées.

Mais il n’en fut rien.

Nigel baissa les yeux vers sa main tendue, la scrutant comme s’il s’agissait d’un objet étranger. Un silence pesant s’installa.

Puis, il détourna simplement le regard.

Il ne la salua pas. Il ne prit pas sa main. Il ne lui adressa même pas un mot.

L’air autour d’eux sembla se figer. Madame Harris observa la scène sans dire un mot, les lèvres légèrement pincées, tandis qu’Éloïse jetait un regard curieux à Ryse, comme si elle tentait de comprendre qui elle était pour oser s’adresser à Nigel ainsi.

Un nœud se forma dans l’estomac de Ryse. Elle sentit ses doigts se crisper légèrement avant de se refermer sur eux-mêmes.

Mais avant qu’elle ne puisse reculer ou dire quoi que ce soit, Nigel porta brusquement une main à sa gorge.

Son expression changea instantanément. Son visage se décomposa sous l’effet d’une douleur soudaine, et un frisson violent parcourut son corps tout entier. Il fit un pas en arrière, puis un autre, son souffle saccadé résonnant dans la pièce.

Un haut-le-cœur le prit, comme si une odeur insupportable venait de l’assaillir. Ses traits se tordirent en une grimace de pure répulsion, et l’instant d’après, il pivota brusquement sur ses talons et s’élança vers la porte d’entrée.

« Nigel ! » s’écria Éloïse, sa voix emplie d’inquiétude.

« Mon fils, qu’est-ce qu’il y a ?! » s’exclama madame Harris en se précipitant à sa suite.

Ryse resta figée sur place, son cœur battant violemment contre sa poitrine.

Elle venait d’être témoin de quelque chose qu’elle ne comprenait pas.

Nigel venait-il… de la rejeter avec une telle force que son propre corps en avait réagi ?

Non… ce n’était pas possible.

Et pourtant, l’image était là, gravée sous ses paupières.

Cet air horrifié, ce haut-le-cœur, cette fuite précipitée comme si sa présence lui était insupportable.

Ryse sentit une étrange chaleur lui monter au visage. Pas de la honte. Pas de la colère. Juste… une profonde incompréhension.

Les éclats de voix de madame Harris et d’Éloïse s’estompaient déjà dehors alors qu’elles poursuivaient Nigel à l’extérieur, leurs pas précipités résonnant contre le sol pavé.

Ryse, elle, resta en retrait.

Le froid qui s’insinuait en elle n’avait rien à voir avec la température ambiante.

Quelque chose venait de se briser.

Et elle ignorait encore à quel point cela allait bouleverser sa vie.

L’air du soir était plus frais dehors, mais cela ne semblait pas suffire à calmer la nausée violente qui s’emparait de Nigel.

Il s’était à peine éloigné de la maison qu’il s’était effondré contre un des piliers du perron, le souffle court, sa main crispée sur sa gorge comme s’il tentait de chasser un poison invisible. Une violente quinte de toux le secoua avant que son estomac ne se retourne complètement. Dans un spasme incontrôlable, il se pencha en avant et vomit.

Derrière lui, des bruits de pas précipités résonnèrent sur le sol pavé.

« Nigel ! » s’écria Éloïse en courant à ses côtés.

Madame Harris arriva juste après elle, son visage marqué par l’inquiétude. « Mon fils, qu’est-ce qui se passe ?! »

Mais Nigel ne pouvait pas répondre. Son corps le trahissait, le rejetant avec une intensité qu’il ne comprenait pas. Il serra les dents, essayant de reprendre le contrôle, mais l’odeur… cette odeur insupportable semblait encore flotter dans l’air, s’accrochant à lui comme une malédiction.

Éloïse posa une main sur son dos, le caressant doucement pour l’apaiser. Mais lorsqu’elle parla, sa voix était tremblante de frustration.

« Il ne supporte pas l’odeur des phéromones… » Elle marqua une pause avant de tourner un regard furieux vers madame Harris. « Cette fille l’a fait exprès ! Elle a laissé ses phéromones se libérer volontairement pour le provoquer ! »

Madame Harris se figea. « Qu’est-ce que tu racontes, Éloïse ? »

Éloïse serra les dents, son regard brûlant d’une jalousie à peine dissimulée. « Ryse. Elle sait très bien ce qu’elle est. Et elle sait ce qu’elle fait. Elle a attendu qu’il soit là pour diffuser son odeur et le rendre malade. Elle veut le manipuler ! »

Nigel, toujours à genoux, redressa légèrement la tête en entendant ces mots. Ses yeux, voilés par la douleur et le trouble, se teintèrent d’une lueur froide.

Manipulation.

Est-ce que c’était possible ?

Non… Impossible. Ryse n’était qu’une domestique, une oméga sans importance. Mais alors pourquoi… pourquoi son corps réagissait-il ainsi ?

Il tenta de se redresser, une main posée sur son front, le souffle encore court. Éloïse en profita pour resserrer son emprise sur lui, sa présence douce mais oppressante.

« Je t’avais prévenu, Nigel… Les omégas peuvent être dangereuses si elles savent comment utiliser leurs phéromones. C’est leur seule arme. »

Madame Harris posa une main sur l’épaule de son fils, une lueur d’inquiétude dans ses yeux. « Mon chéri… Est-ce vrai ? Ressens-tu son odeur aussi violemment ? »

Nigel serra la mâchoire, essayant de faire le tri dans ses pensées. Il était un alpha. Ce genre de réaction n’était pas normale.

Et pourtant… quelque chose en lui hurlait que Ryse était un problème.

Un problème qu’il devait éliminer avant qu’elle ne détruise tout ce qu’il avait construit.

Nigel peinait encore à retrouver son souffle. Son cœur battait furieusement dans sa poitrine, et la nausée persistante ne semblait pas vouloir s’apaiser.

Madame Harris posa une main ferme sur son bras. « Nigel… parle-moi. Que se passe-t-il ? »

Il resta silencieux un instant, le regard perdu dans le vide. Puis, il serra les poings, sa mâchoire se crispant sous l’effort de contenir ce qu’il refoulait depuis des années.

« Je ne peux pas… » Sa voix était rauque, brisée. « Je ne peux plus supporter l’odeur des phéromones oméga. »

Madame Harris et Éloïse échangèrent un regard surpris.

« Quoi ? » souffla Éloïse, incrédule.

Nigel ferma les yeux un instant, cherchant la force d’expliquer l’indicible. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix n’était plus qu’un murmure grave.

« Aux États-Unis… Il s’est passé quelque chose. Quelque chose qui a tout changé. »

Madame Harris resserra son emprise sur son bras, son regard maternel transperçant ses défenses. « Dis-moi, mon fils. »

Un ricanement amer s’échappa des lèvres de Nigel. Il ne voulait pas se replonger là-dedans. Il avait fait tout ce qu’il pouvait pour enterrer ce souvenir, pour ne plus y penser. Mais maintenant que son corps le trahissait, qu’il rejetait violemment la simple présence d’une oméga, il ne pouvait plus nier la vérité.

« J’ai été piégé par une oméga. »

Le silence s’abattit sur le perron.

Éloïse se tendit instantanément, tandis que madame Harris ouvrait légèrement la bouche, choquée.

Nigel continua, son ton plus dur. « C’était une collègue… Je la considérais comme une amie. Mais elle… Elle a utilisé ses phéromones pour me manipuler. Pour me soumettre. » Son regard se durcit. « J’ai failli perdre tout ce que j’avais construit à cause d’elle. »

Ses doigts se crispèrent sur son pantalon, une rage contenue vibrant dans son corps.

« Depuis ce jour… » Il inspira profondément, tentant de repousser le souvenir écœurant. « Mon corps rejette l’odeur des phéromones oméga. Mon instinct d’alpha les perçoit comme une menace. Je ne peux plus les supporter. »

Il releva enfin la tête, croisant le regard inquiet de sa mère.

« C’est pour ça que je me suis éloigné des omégas. Que j’ai choisi Éloïse. Elle est une bêta. Stable. Sûre. »

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