Chapitre 5 : Coeur emballé

Marco et Caroline ont décidé de passer la journée à faire les boutiques, acheter de nouveaux vêtements, se rendre au supermarché, et ensuite, ils envisagent un petit restaurant juste pour eux deux. C'est une manière pour eux de se rapprocher et de profiter de leur temps ensemble.

—Mais avant ça, tu me dois quelque chose d’autre. Tu te souviens de ce que tu m’as dit hier soir ?

—De quoi tu parles, bébé ?

—Tu m’as promis qu’on aurait notre petit moment à nous deux. Alors ?

Oups, il a complètement oublié. C'était aussi un point qu'il devait gérer. Mais il a une petite idée en tête pour se rattraper.

—Oui, mais j'ai une idée encore meilleure. Pourquoi ne pas faire toutes les courses, se balader un peu, et ensuite on rentre pour nous enfermer tranquillement ? On éteint nos téléphones et on ne sera dérangés par personne ! Ça te dit ?

—Oh, le gros malin ! Tu as raison. On finit tout ce qu’on a à faire et ensuite on s’enferme jusqu’au matin.

—Comme tu veux, ma belle.

Il veut gagner en temps pour se remettre, conscient qu'il ne pourra pas se montrer sous son meilleur jour s'il ne récupère pas. Sans parler de la douleur persistante dans son dos, résultat de son escapade de la veille. Comment gérer tout cela sans que Caroline ne s'en rende compte ? En repensant à Cynthia, un sourire intérieur apparaît ; cette fille est irrésistible. Marco décide de la considérer comme sa distraction, son petit secret. Trop de femmes à jongler en même temps, surtout avec les préparatifs du mariage, serait source de complications.

La date du mariage est finalement fixée pour le mois d'août prochain, et Caroline est ravie. La cérémonie se déroulera dans la belle ville balnéaire de Kribi, où la famille de Marco a construit une magnifique résidence au bord de la mer, donnant une vue imprenable sur la côte.

Marco, lui aussi, est heureux. Il a réussi à maintenir sa liaison avec Cynthia pendant deux mois, profitant de leur complicité en solo. Même si Caroline ne cesse de le soupçonner, elle n'a jamais réussi à avoir de preuves concrètes. Au bout du compte, elle semble s'être calmée, évitant d'aborder le sujet.

— Mieux je me concentre sur mes objectifs, c’est le plus important, a-t-elle dit à sa belle-mère un jour.

— Voilà qui est bien réfléchi, ma fille. Un jour, tu verras, tu en sortiras gagnante, a-t-elle rétorqué avec un sourire encourageant.

Un soir, Marco commet une erreur en rentrant plus tard que prévu, vers 4h du matin, dans la nuit de vendredi à samedi. Il sait qu'il va devoir trouver une bonne excuse, mais il est surpris par la réaction de Caroline. Au lieu de s'énerver, elle reste calme, et accaparée par une conversation téléphonique. Dès qu'elle l'entend entrer dans le salon, elle raccroche rapidement. Marco, intrigué par cette réaction, se demande ce qui se passe.

— Coucou, dit-elle d'un ton un peu hésitant.

—Salut. C’était qui au téléphone ?

—C’était ma copine qui vit en France, Henriette. Tu… tu la connais, non ?

La routine quotidienne s’étant installée, Caroline semble de plus en plus indifférente aux escapades de Marco. Elle a atteint un point où elle se fiche de ses bêtises, aussi évidentes soient-elles. Un jour, alors qu’ils se promenaient au supermarché main dans la main, elle ressentit soudain la main de Marco se raidir. Un léger trouble se lisait sur son visage. Qu'est-ce qui pouvait bien le perturber ? se demanda-t-elle, perplexe.

—C’est quoi ? Tu vas bien ? Tu as l’air un peu perdu.

Marco détourna le regard, tentant de dissimuler son malaise.

—Oui, oui, tout va bien, répondit-il avec un sourire un peu forcé. Juste un peu fatigué, tu sais, le travail et tout ça.

Marco était tellement absorbé par la fille à la peau claire et aux cheveux blond doré qu'il en oublia presque Caroline à ses côtés. Son regard était rivé sur le couple, et une expression troublée se lisait sur son visage.

Caroline, attentive, remarqua le changement de comportement de Marco. Elle tourna légèrement la tête pour voir la source de son intérêt. Le couple avait l'air amoureux, échangeant des rires et des sourires complices. Une vague de jalousie et d'inquiétude s'empara d'elle.

—Tu es sûr que ça va ? demanda-t-elle.

Marco se ressaisit, réalisant qu'il avait été pris en flagrant délit. Il esquissa un sourire et répondit :

—Oui, c'est juste… je pensais à quelque chose. Rien de grave.

Mais Caroline savait qu'il y avait plus que ça. Les yeux de Marco ne mentaient pas.

— Tu la connais ? Pourquoi tu la regardes comme ça ? Hé ?

— Euh, oui… enfin, non ! Je…. J’ai cru voir une collègue de bureau, c’est tout.

— C’est pour ça que tu agis aussi bizarrement ?

— Bizarrement ? Comment ça ?

— En plus, elle est avec son copain. Tu te rends compte à quel point tu es ridicule ?

Il s’agissait en effet de Cynthia, qui était là, main dans la main avec un autre homme alors qu’ils avaient passé la nuit précédente à s’adonner à des moments intenses ensemble, le fait de la voir avec ce type réveillait en lui une pointe de jalousie. Cynthia, de son côté, l’avait aussi remarqué, mais avait feint de ne pas le connaître.

Caroline, pour sa part, balaya ce détail d’un revers de la main. Elle est trop occupée à penser à son futur cabinet dentaire, qui ouvrirait bientôt d’ici la fin de l’année, et à la préparation de leur mariage. Elle a appris à ne plus prêter attention à certaines choses, et elle sent qu’elle gagne en assurance.

Marco, quant à lui, se sent de plus en plus mal à l'aise dans cette situation. Caroline semble indifférente à ses escapades nocturnes, et elle passe le plus clair de son temps scotchée au téléphone, recevant des appels presque toutes les minutes. C’est devenu presque une routine. De son côté, Cynthia ne lui a donné aucune explication satisfaisante concernant la présence de cet autre homme à ses côtés, ce qui le rend encore plus nerveux.

— Mais… chacun a sa vie, non ? Toi, tu as la tienne et moi, j’ai la mienne. On s’était mis d’accord là-dessus, n’est-ce pas ? répond Cynthia sans montrer la moindre émotion ; alors qu’ils se sont retrouvés comme à l’accoutumée dans un lieu discret.

— D’accord, tu as raison. Mais puis-je savoir qui c’est ? C’est ton nouveau petit ami ?

— C’est juste un ami, et il m’apprécie beaucoup.

— Très bien… Je comprends, rétorque-t-il, un peu déçu.

Marco n’a rien dit de plus, sachant que leur relation n’est finalement qu’une passade. Sans l'annoncer clairement, il a commencé à se retirer peu à peu, et leur relation a commencé à se dégrader avec le temps.

Il essaie de se concentrer sur les préparatifs de son mariage, qui approche à grands pas. Les réunions s'enchaînent sans relâche ; Caroline et lui doivent choisir le décor, le thème, les demoiselles d’honneur, rencontrer le maire, le prêtre et d’autres personnes. Parfois, ces rencontres se déroulent dans la famille de Caroline. Marco se sent perdu et accablé, bien qu’il fasse de son mieux. Mais il craque de temps en temps ; c'est trop de choses à gérer et cela commence vraiment à le stresser. Il ressent une pression constante, sans vraiment comprendre d'où elle provient. Peut-être est-ce dû au comportement de Caroline, qui semble de plus en plus indifférente. Chaque jour, il se demande avec qui elle passe autant de temps au téléphone.

Marco n'est pas du genre à fouiller dans les affaires de Caroline ; il lui accorde sa confiance. Malgré cela, il ne peut s'empêcher de s'inquiéter, surtout qu'il a remarqué qu'elle rentre tard au moins un vendredi sur deux. Il ne dit rien, mais se demande si elle a eu vent de son aventure avec Cynthia et si elle cherche à se venger en retour. Il sait que son histoire avec Cynthia a été la plus complexe et la plus longue de toutes celles qu'il a eues. Décidant d'en parler, il a confié ses inquiétudes à sa mère un soir…

— Non ! Caroline ? Non ! répondit sa mère, l'air choqué. Je crois que tu fais une fixation. Caroline n’est pas ce genre de personne. Elle est tellement occupée par les préparatifs du mariage, regarde à quel point elle est impliquée dans tout. Tu te fais des idées.

— Peut-être… mais…

— Mais quoi ?

— J’ai l’impression qu’elle voit quelqu’un d’autre, mais je n’ai pas de preuves concrètes.

— Comment ça ?

— Je ne sais pas… C'est juste une intuition. Ça me gêne un peu.

— Tu lui en as parlé ?

— Jamais ! Ce n’est pas dans mes habitudes. Je préfère attendre d'avoir des preuves avant d’en discuter, tu sais ?

— C'est probablement la pression des préparatifs qui te fait penser ça.

— Si tu le dis. Peut-être que je me fais des idées, et j'espère vraiment me tromper.

Caroline est vraiment la belle-fille idéale, celle dont tous les parents rêvent pour leur fils. Certes, elle appartient aussi à une famille aisée, mais elle a ce petit plus qui touche vraiment les cœurs. Elle s'entoure de délicatesse et de respect, rendant régulièrement visite à ses futurs beaux-parents et leur apportant de petits cadeaux qui illuminent leur journée. Peu importe l'événement, que ce soit une réunion familiale ou une simple fête, Caroline est toujours là, prête à donner un coup de main et à s'impliquer.

Les parents de Marco l’adorent, et même lorsque Marco fait des siennes, ils trouvent toujours le moyen de calmer les tensions et de recoller les morceaux. Grâce à cela, Caroline gagne en confiance, consciente de sa place dans la vie de Marco. Elle sait qu'elle est celle qui a conquis le cœur de Christiane et d'Henri Parfait. Pour elle, le mariage n’est pas seulement un acte symbolique ; c’est la validation de son rôle dans la famille et de son amour pour Marco.

— Puisque le mariage a lieu à Kribi, pourquoi ne pas y aller ce week-end ? propose Henri Parfait. Ça nous permettra de nous familiariser avec l’endroit et de voir comment la cérémonie sera organisée. On fera d’une pierre deux coups, car j'ai un rendez-vous là-bas avec les autorités locales.

— Chouette ! Nous sommes partants ! jubile Caroline. N'est-ce pas, Marco ? Qu'est-ce que t’en dis ? J'ai hâte ! C’est une super idée. On va passer du bon temps.

Marco a décliné l’offre de les accompagner, prétextant qu'il avait d’autres obligations et qu'il avait besoin de repos. Malgré sa promesse de rester calme, d’éviter les femmes et de garder la tête froide, l'attrait pour Cynthia est trop fort. Chaque fois qu'il la croise, il ressent la même pulsion irrésistible.

Dans un moment de faiblesse, il a décidé de la relancer en solo. Il lui a envoyé un message, hésitant au début, mais finalement incapable de résister à l'envie de renouer le contact.

« Tu me manques ! »

Elle n’a pas répondu de toute la semaine précédente, ayant choisi d’ignorer son message. Marco commençait à désespérer, se demandant si son attirance était à sens unique. Mais une semaine plus tard, un mercredi, son téléphone vibre. C'est un message de Cynthia. Son cœur s'accélère à la vue de son nom, rempli d'espoir.

« Toi aussi tu me manques ! »

En fin de compte, au lieu d'accompagner Caroline et son père à Kribi, Marco a choisi de renouer avec Cynthia. Pendant qu'ils se livrent à leurs passions dans leur chambre d'hôtel préférée, Caroline, de son côté, admire le somptueux palais des Mbele à Kribi. Elle vient de faire le tour des lieux et se pavane sur le balcon de sa chambre, offrant une vue imprenable sur la mer. Le vent doux lui fouette le visage, tandis que ses cheveux s'éparpillent et que sa robe s'élève légèrement sous l'effet de cette brise.

Le dimanche après-midi, tout le monde est de retour. Caroline flotte sur un nuage, tout comme Marco, et chacun, au fond de lui, connaît la raison de cette joie. Marco a passé deux jours en compagnie de Cynthia, tandis que Caroline a profité d'un week-end de rêve dans un somptueux palace. Personne ne prend la peine de demander à l'autre les détails de ce qui les rend si heureux ; peu importe, l'essentiel est qu'ils se soient retrouvés. Ils échangent de tendres baisers et s'enlacent, savourant l'instant présent.

— Alors, tu t'es bien amusée ? demande Marco, un sourire aux lèvres.

— C'était super, oui ! Et toi, tu as bien décompressé ?

— Oui, c'était cool ! Je me suis bien reposé.

C'est tout, personne n'est entré dans les détails, mais une petite inquiétude le ronge : Caroline ne lui a envoyé aucun message pendant son séjour à Kribi, ce qui l'intrigue.

Plus tard, dans leur chambre, alors qu'elle dort profondément, Marco peine à trouver le sommeil. À 23 heures, le téléphone de Caroline vibre, brisant le silence de la nuit. Ne pouvant contenir sa curiosité, il se lève en douce et s'empare du téléphone. Il se dirige vers le salon, son cœur battant plus vite à mesure qu'il s'éloigne.

Adossé contre le mur, il ouvre le message et se fige, abasourdi par ce qu'il vient de lire. Caroline a reçu un message, et pas des moindres…

— Dites-moi que je rêve ! s'exclame-t-il, tout penaud. Ça… ne peut pas… ça ne peut pas être lui !

L’expéditeur n’est rien d’autre que… Son père, Henri Parfait.

Le cœur de Marco s'emballe alors qu'il lit le message. La confusion et la colère se s’emparent de lui.