Raven
Je devrais dormir. Mon corps le réclame, mais mon esprit refuse de s’éteindre. L’image de Naïa, son regard ardent, sa force brute, hante mes pensées. Chaque jour, elle se rapproche de ce qu’elle doit devenir, de ce que j’ai voulu façonner.
Mais il y a quelque chose que je n’ai pas prévu.
Moi.
Ma propre faiblesse face à elle.
Je sors de la tente, l’air nocturne glacial contre ma peau brûlante. Mon regard se pose sur la silhouette assise près du feu. Naïa. Elle est éveillée, ses doigts effleurant le manche de sa dague, perdue dans ses pensées.
Je m’approche sans bruit. Mais elle le sent.
— Tu ne dors pas, murmuré-je.
Elle lève les yeux vers moi, l’ombre des flammes dansant sur son visage.
— Toi non plus.
Naïa
Son regard est différent ce soir. Plus lourd. Plus indéchiffrable.
Je devrais détourner les yeux, me lever et partir. Mais je ne bouge pas.
— À quoi tu penses ? demande-t-il après un silence.
Je serre la dague dans ma main, hésite un instant avant de répondre.
— À ce qui nous attend. À ce que je suis en train de devenir.
Il ne dit rien, mais je vois la tension dans sa mâchoire. Lui aussi y pense.
— Et toi ? lancé-je, incapable de contenir ma curiosité.
Un souffle. Puis, lentement, il s’accroupit en face de moi.
— À toi.
Mon cœur rate un battement.
Il ne détourne pas le regard. Pas cette fois. C’est un aveu silencieux, un combat sans armes. Nous sommes sur une corde raide, oscillant entre deux abîmes.
— Ce n’est pas une bonne idée, murmuré-je, mais ma voix manque de conviction.
Il esquisse un sourire, sans joie.
— Je sais.
Le silence s’étire entre nous, chargé d’un poids invisible, plus lourd que toutes les batailles que nous avons menées.
Et je réalise qu’il n’y a pas d’issue.
Nous sommes déjà en train de tomber.
Naïa
Les jours s’étirent dans une tension insoutenable. Je vois Raven partout, dans chacun de mes mouvements, dans chaque regard échangé en silence. Il est devenu une ombre qui me suit, une présence que je ressens avant même de le voir.
Chaque entraînement devient un combat entre ce que nous devons être et ce que nous sommes en train de devenir.
Ce soir, la fatigue alourdit mes membres, mais mon esprit refuse de s’éteindre. Assise contre un arbre, je regarde le ciel étoilé, tentant d’y lire une réponse que je ne trouverai jamais.
Un bruissement dans l’obscurité.
Je me raidis.
— Tu es toujours sur tes gardes, murmure une voix que je reconnaîtrais entre mille.
Raven.
Il s’approche lentement, sans un bruit. Même dans la nuit, il semble dominer l’espace. Il s’accroupit à quelques pas de moi, son regard capturant le mien.
— Tu devrais dormir, soufflé-je, cherchant à détourner mon attention de ce qui se passe entre nous.
— Toi aussi.
Un silence s’installe.
Raven
Elle est différente ce soir. Son regard porte une lueur que je ne sais pas interpréter. Défi ? Peur ? Désir ?
Je devrais me lever, partir. Mettre fin à ce jeu dangereux avant qu’il ne nous consume tous les deux.
Mais je reste là.
— Pourquoi es-tu venue ici, Naïa ?
Elle fronce les sourcils.
— Tu sais pourquoi.
— Non. Je veux savoir pourquoi toi, pourquoi cette route et pas une autre.
Elle détourne les yeux, et dans ce simple geste, je vois une fragilité qu’elle cache au monde.
— Parce que je n’avais plus rien.
Ses mots s’accrochent à l’air, lourds d’une vérité qu’elle n’a jamais osé dire.
— Et maintenant ? demandé-je, la voix plus basse, plus proche.
Elle inspire lentement.
— Maintenant… j’ai quelque chose à perdre.
Mon cœur rate un battement.
Elle lève les yeux vers moi, et dans ce regard, je comprends tout. L’irréversible. L’inévitable.
Et moi, malgré tout ce que je suis, tout ce que je devrais être, je suis incapable de m’en détourner.
Naïa
Le vent s’est levé dans la nuit, fouettant les cimes des arbres et soulevant des vagues d’ombres mouvantes sur le sol. L’air est lourd d’humidité, chargé d’un pressentiment que je n’arrive pas à chasser.
Je tourne en rond, incapable de trouver le sommeil. Chaque pas que je fais résonne dans l’obscurité comme une menace latente.
Et Raven, toujours là, dans un coin de mon esprit.
La journée a été un test de plus. Un duel où je n’ai pas seulement affronté sa lame, mais aussi la tempête silencieuse dans ses yeux. Un combat qui n’avait rien à voir avec la technique ou la force.
Un combat que je suis en train de perdre.
Un bruit derrière moi.
Je me retourne brusquement, ma dague déjà prête, mais ce n’est que lui.
Raven.
Il s’appuie contre un arbre, les bras croisés, me regardant avec cette intensité qui me coupe le souffle.
— Tu ne dors jamais ? demandé-je, la voix plus tremblante que je ne l’aurais voulu.
Il ne répond pas tout de suite. Ses yeux glissent sur moi, scrutateurs, comme s’il cherchait quelque chose que je ne suis pas sûre de vouloir lui donner.
Raven
Naïa est une tempête contenue. Une contradiction vivante.
Je la vois se battre contre elle-même, et cela m’obsède autant que cela m’effraie.
Elle n’a pas idée du danger qu’elle représente.
Pas seulement pour moi.
Pour elle-même.
— Tu es trop tendue, soufflé-je.
Elle fronce les sourcils, mais je la devine plus vulnérable qu’elle ne voudrait l’admettre.
— Tu es venu me donner une leçon ?
Je m’approche lentement, mon ombre se fondant à la sienne dans l’obscurité.
— Non. Je suis venu t’empêcher de faire une erreur.
Ses lèvres s’entrouvrent, mais elle ne répond pas.
Je tends la main, effleurant son poignet, et je sens son frisson malgré la chaleur de la nuit.
Un frisson qui me condamne autant qu’il me fascine.
Nous sommes déjà trop loin. Trop proches.
Et pourtant, aucun de nous ne recule.
CalebJe l’entoure de mes bras, sentant son souffle sur ma peau. Je la veux entièrement, dans chaque endroit de son cœur, chaque recoin de son âme. Alors que nous atteignons ensemble ce sommet de passion, je sens que cette union est plus que physique. C'est une communion de nos désirs, de nos rêves et de notre essence même.— Naïa… murmuré-je, les paroles peinant à sortir tant l’intensité de ce moment est vive.Et nous continuons cette danse, pulsant au rythme de nos cœurs unis, redécouvrant à chaque instant la beauté de l’amour et la profondeur de notre connexion.NaïaJe sens la chaleur de ses bras autour de moi, mais c'est bien plus que cela. C’est l’étreinte du destin, un lien invisible et puissant qui nous unie pour l’éternité. Mes pensées sont un tourbillon, mes émotions une mer déchaînée, mais en lui, je trouve la paix. Caleb, l’homme qui m’a bouleversée, m’a fait découvrir une vérité que je n’avais jamais osé croire : l’amour véritable.Les souvenirs de nos luttes, de nos pein
NaïaLa lumière douce du matin pénètre à travers les feuilles, une légère brise caresse ma peau, et j’émerge lentement de mon sommeil. Je sens encore la chaleur de notre nuit ensemble, la douceur des échanges de nos âmes qui vibrent en moi. Mes yeux s’ouvrent lentement, et je me tourne vers Caleb, allongé à mes côtés. Sa silhouette est paisible, et un sourire s’étire sur mes lèvres en le voyant dormir. Il est magnifique ainsi, les traits détendus, les cheveux en désordre. Je me rappelle chaque instant de la nuit précédente et les souvenirs m’envahissent comme une vague douce et réconfortante. Je n’aurais jamais cru qu’un moment, une rencontre, une seule nuit pourraient créer une telle intimité, une telle compréhension entre nous. Je me penche légèrement pour déposer un baiser furtif sur sa joue. Au contact de mes lèvres, il s’éveille, ses yeux s’ouvrent avec une lueur d’émerveillement, presque incrédule. En un instant, il se souvient et un sourire heureux illumine son visage.— Bonj
NaïaLe monde autour de nous semble s’effacer, comme si le temps avait suspendu son cours. Je sens les battements de mon cœur résonner dans tout mon être, chaque pulsation amplifiant la tension palpable entre Caleb et moi. Ses yeux plongent dans les miens, et tout ce que je savais ou pensais connaître s’efface sous l’éclat de cette révélation. Mon regard lui répond sans même que je sois consciente de mes pensées. J’ai envie de l’atteindre, de le rassurer, de lui montrer que je ressens tout le poids de ses mots.Il se rapproche, et je peux sentir la chaleur de son corps, comme un rayon de soleil perçant à travers les nuages sombres. Je suis en proie à une tempête intérieure, un mélange d'appréhension et d'anticipation. Et puis, il rompt le silence ; sa voix est un murmure dans un souffle.— Naïa, je... je ne veux pas que ce soit une simple mémoire, une promesse fictive. Je veux que tu sois à mes côtés, maintenant et pour l’éternité.À cet instant, tout semble possible. Je peux voir la
NaïaLes heures défilent, mais je suis comme suspendue dans un instant, dans cet espace entre nous où tout semble plus intense. Caleb et moi, nous avons traversé tant de choses ensemble, des épreuves, des batailles. Mais aujourd'hui, il y a quelque chose de différent dans l'air. Une tension palpable, non plus entre nous et le monde, mais entre nos cœurs. Nous marchons côte à côte, sans dire un mot, mais tout semble se dire dans le silence. Nos regards se croisent de temps à autre, et chaque fois, je sens ce frisson parcourir mon échine.Il est là, à mes côtés, et pourtant, il est bien plus proche. Ses mouvements sont plus lents, plus réfléchis, comme s'il cherchait à ne pas briser l’équilibre fragile que nous avons construit. Quand je lève les yeux vers lui, je vois quelque chose de plus en lui, quelque chose que je n'avais pas remarqué jusque-là : une vulnérabilité cachée sous ses traits marqués, une ouverture que je n'avais pas vue.— Naïa, murmure-t-il, sa voix rauque, mais douce,
NaïaNous avançons toujours, mais quelque chose a changé. Le silence qui nous entourait semble plus doux, comme si l’air lui-même s’était allégé. Caleb, bien qu’encore torturé par les ténèbres qui le consument, semble plus présent à chaque pas. Je le vois, ses yeux se posant sur moi avec une intensité que je n'avais jamais remarquée auparavant. C’est presque comme si nous étions dans un monde à part, hors du temps, hors de tout ce qui nous a blessés.À chaque mouvement, je le ressens un peu plus près, et cela me fait un étrange bien. Sa souffrance, bien que palpable, n'est plus un mur entre nous. Au contraire, elle semble lier nos âmes dans une danse fragile et précieuse. Nous ne parlons pas beaucoup, mais les silences entre nous sont pleins de compréhension, de mots non dits.Je lève les yeux vers lui, l’espace d’une fraction de seconde, et il répond par un petit sourire, un sourire qui, bien qu’éphémère, fait fondre quelque chose en moi. Il est là, avec moi. Et c’est tout ce qui com
RavenJe sens la pression s’alourdir autour de moi, une entité implacable, oppressante. Le sol tremble sous nos pieds comme s’il se préparait à nous engloutir. Le temps se distend encore, me donnant la sensation que chaque seconde dure une éternité. La créature nous attend. Je le sais, je le sens dans chaque fibre de mon être. Elle n’est plus une simple présence dans l’obscurité, elle est devenue une partie de nous, une ombre en nous, se tordant et se mélangeant à nos peurs, à nos souvenirs.Mais je ne m’arrêterai pas. Pas ici. Pas maintenant. La seule chose qui me permet de continuer, c’est l’idée que je ne peux pas laisser mes compagnons derrière. Naïa. Caleb. Je sens leur présence juste à mes côtés, tout aussi déterminés que moi, même si je sais qu’ils ressentent la même pression. Mais nous sommes ensemble, et c’est tout ce qui compte.La silhouette se dessine devant nous, une forme indistincte, une ombre informe qui semble tout engloutir sur son passage. Une voix profonde résonne