Alicia n’aurait jamais pu deviner que l’homme qui l’avait aidée plus tôt était bien plus qu’un simple automobiliste. Lorsqu’il la déposa devant le bâtiment imposant de Levis Global, il attendit qu’elle entre, son regard voilé par des pensées sombres.
— Qui peut bien être cette femme ? Et pourquoi cet entretien ? murmura Andrew Levis, le puissant directeur général de l’entreprise.
Son visage, jusqu’ici chaleureux, s’assombrit. L’idée que quelqu’un puisse agir dans son dos l’irritait profondément.
À l’intérieur, Alicia contemplait avec émerveillement le hall gigantesque. Entre les murs d’un blanc immaculé, les colonnes majestueuses et l’éclairage tamisé des lustres modernes, tout semblait irréel. Mais son émerveillement fut rapidement interrompu par une voix professionnelle.
— Bonjour, Madame. Puis-je vous aider ? demanda la réceptionniste.
Alicia s’approcha, le sourire aux lèvres.
— Oui ! Je suis Alicia, je viens pour un entretien ce matin pour le poste de secrétaire.
— Parfait. Veuillez patienter, nous vous appellerons bientôt.
Pendant ce temps, Andrew, déjà au courant de l’entretien, interrogeait la réceptionniste.
— Qui a organisé cela ? demanda-t-il, sa voix froide trahissant son agacement.
— C’est Madame Rachelle Levis qui a demandé à publier l’offre d’emploi pour ce poste, répondit-elle avec une légère hésitation.
Andrew esquissa un sourire ironique.
— Évidemment. Elle n’en fait qu’à sa tête. L’entretien se passe où ?
— Salle 212, à l’étage.
Sans un mot de plus, Andrew monta d’un pas décidé, le visage fermé.
Alicia arriva enfin à la salle 212. En entrant, elle fut immédiatement frappée par la présence imposante de la femme qui se trouvait là. Cette dernière, assise derrière un large bureau en bois sombre, arborait un tailleur noir parfaitement ajusté. Tout en elle respirait l’autorité et le contrôle.
— Bonjour, je suis Alicia, déclara-t-elle timidement, en essayant de cacher son malaise.
La femme, le regard perçant, lui adressa un sourire froid.
— Installez-vous.
Une fois qu’Alicia fut assise, la femme se redressa légèrement, croisant les bras.
— Je suis Madame Rachelle Levis, directrice adjointe de Levis Global, et c’est moi qui supervise cet entretien.
Alicia ressentit immédiatement une tension inexplicable. Malgré l’apparence froide de Rachelle, elle percevait une étrange familiarité dans son attitude.
— Alors, dites-moi : pourquoi devrions-nous vous engager ?
— Je suis diplômée en gestion d’entreprise et j’ai une expérience dans l’organisation administrative, répondit Alicia avec assurance, tentant de garder son calme face à l’attitude intimidante de Rachelle.
Mais au fur et à mesure que l’entretien avançait, Alicia sentait que chaque mot qu’elle prononçait était passé au crible d’un jugement sévère. À un moment, le regard de Rachelle se durcit encore davantage.
— Alicia… c’est bien ça ? répéta Rachelle, presque avec mépris. Vous semblez… jeune et inexpérimentée. Je doute que vous soyez capable de gérer la pression qu’exige un poste comme celui-ci.
Alicia, bien qu’intimidée, tenta de répondre, mais avant qu’elle ne puisse dire un mot de plus, la porte s’ouvrit brusquement. Andrew entra, l’air glacial.
— Alors, Rachelle, tu as encore pris l’initiative d’organiser des entretiens sans m’en parler ? lança-t-il sèchement.
Alicia, surprise, regarda tour à tour Andrew et Rachelle, sentant une tension palpable entre eux.
— Bonjour, Andrew, répondit Rachelle avec une politesse glaciale. Je croyais avoir la liberté d’agir en tant que directrice adjointe.
Andrew ignora la pique et se tourna vers Alicia.
— Vous avez terminé ?
— Pas encore, répondit Rachelle d’un ton tranchant.
— Bien. Dans ce cas, je vous laisse continuer, mais j’aimerais m’entretenir avec toi après.
Rachelle leva un sourcil, son sourire crispé traduisant son agacement.
Quelques minutes plus tard, Rachelle et Andrew quittèrent la salle pour parler dans le couloir. Alicia, restée seule, sentit une tension persistante. Derrière la porte entrouverte, elle distinguait leurs voix, bien qu’atténuées.
Dans le couloir, les éclats de voix de Rachelle et Andrew étaient à peine étouffés par la porte. Alicia, restée seule, ne put s’empêcher de tendre l’oreille, bien que la culpabilité l’envahisse.
— Andrew, je ne comprends pas pourquoi tu insistes pour embaucher cette fille ! lança Rachelle, visiblement hors d’elle.
— Et moi, je ne comprends pas pourquoi toi tu insistes pour me mettre des bâtons dans les roues, répliqua Andrew, d’un ton tranchant.
— Cette fille est faible ! Tu l’as bien vue : elle tremblait presque devant moi. Une secrétaire, ici, doit être capable de gérer bien plus que ça !
— Oh, vraiment ? Ou bien tu la refuses simplement parce qu’elle ne correspond pas à ton petit plan ?
Un silence lourd suivit. Puis la voix de Rachelle, plus froide encore, s’éleva.
— Andrew, ne joue pas à ce jeu avec moi. Tu sais exactement pourquoi je fais ça.
— Non, éclaire-moi, rétorqua Andrew, sarcastique. Est-ce parce qu’elle te rappelle quelqu’un ?
Rachelle inspira profondément, comme pour contenir sa colère.
— Je fais ce qu’il faut pour cette entreprise, Andrew. Contrairement à toi, je ne laisse pas mes émotions décider pour moi.
Andrew éclata d’un rire bref, sans joie.
— Tes "émotions", Rachelle ? Je crois qu’on sait tous les deux que tes décisions n’ont rien à voir avec ce qui est mieux pour l’entreprise.
Alicia sentit son cœur s’accélérer. Qui étaient réellement ces deux personnes ? Et pourquoi cette tension semblait si personnelle ?
Rachelle reprit, cette fois d’un ton plus dur.
— Elle ne tiendra pas ici. Elle n’a pas l’expérience, ni la force. Et si elle échoue, cela retombera sur toi.
Andrew répondit, imperturbable :
— C’est mon entreprise, mon choix. Et crois-moi, Rachelle, si quelqu’un échoue ici, ce ne sera pas elle.
La conversation s’arrêta net. Quelques instants plus tard, Rachelle revint dans la salle. Elle adressa un regard glacial à Alicia avant de lancer :
— L’entretien est terminé. Vous aurez de nos nouvelles.
Elle quitta la pièce d’un pas rapide, laissant Alicia seule avec Andrew.
Andrew s’approcha d’Alicia, un sourire rassurant sur les lèvres.
— Félicitations. Vous commencez demain matin à huit heures.
Alicia, abasourdie, murmura un « merci ». Mais alors qu’elle quittait la pièce, le regard sombre de Rachelle restait gravé dans son esprit.
Qu’est-ce qui se passe entre eux ? Et pourquoi cette femme semble me détester autant ?
— Andrew, si tu es venu pour lui dire à nouveau des âneries, tu peux t’en aller. Si tu crois à tout ce qui a été dit sur elle, très bien, libre à toi. Mais ne t’en prends plus à elle. Elle en a suffisamment bavé avec votre famille, s’exclama Stacy, la voix ferme, marquée par une exaspération qu’elle ne cherchait plus à contenir.Derrière elle, Alicia restait figée, totalement choquée. Incapable d’articuler un mot, elle gardait la tête baissée, fixant ses mains tremblantes. Ses yeux embués de larmes trahissaient la tempête qui grondait en elle.Andrew, lui, durcissait le regard face à Stacy tout en jetant un bref coup d’œil vers Alicia.— Dis à ton amie d’arrêter son cinéma. Finis la manipulation. Je t’ai aimée, et malheureusement pour moi, je t’aime toujours Alicia... mais je le regrette.Alicia releva aussitôt la tête. Son regard, noyé de tristesse, dévoilait une douleur sourde à chaque clignement de paupières.— Je regrette de t’avoir autant ouvert mon cœur. Je te laisse cette semai
— Vas-y, tu peux t’asseoir, déclara Sophia une fois à l’intérieur.Stacy s’exécuta sans hésiter. Quelques instants plus tard, Sophia revint avec des boissons.— Oh, c’était pas la peine. Merci tout de même, répondit Stacy un peu gênée par la situation.Une fois assise elle aussi, Sophia reprit rapidement la discussion.— Bon, dites-moi, comment avez-vous eu mon contact ? Et de quel ennemi s’agit-il ? demanda-t-elle, son regard sérieux fixé sur Stacy.— Eh bien, déjà, non seulement nous avons un ennemi en commun, mais cet ennemi nous a rendues complices de ses magouilles contre une personne que nous avons fait souffrir. Et cette personne, malheureusement… c’est ma meilleure amie. Elle travaille chez les Levis. Il me semblerait que vous les connaissez vous aussi, répondit Stacy d’une voix calme mais chargée de regrets.Sophia déposa doucement son verre sur la table, ses traits se durcirent aussitôt.— Que vous a-t-il fait faire à votre meilleure amie ? demanda-t-elle, plus grave.Stacy
La lettre en main, Alicia l’ouvrit lentement, le cœur battant à tout rompre."Que vais-je découvrir ?""Me dit-elle où elle se trouve ?""Dit-elle qu’elle veut me revoir ?"Des pensées tourbillonnaient dans son esprit à mesure qu’elle dépliait le bout de papier.À ma vie, (début de la lettre)À peine eut-elle commencé à lire que, sans pouvoir se contrôler, des larmes commencèrent à couler sur son visage.(Suite de la lettre)Ça fait près de 24 ans que nos chemins ont dû être séparés. 24 ans de ma vie où j’ai dû me battre contre moi-même, contre cette décision qui m’a brisé le cœur, mais qu’au fond de moi je savais être la meilleure pour toi, ma petite chérie.Ma petite chérie, excuse-moi de toujours t’appeler ainsi ; je sais que tu es maintenant une belle femme, mais pour moi tu es et resteras mon petit bébé.La vie ne m’a pas fait de cadeau. Je devais te protéger contre elle, et je sais que Sœur Marie et toutes les autres sœurs t’ont mieux élevée que moi je ne l’aurais pu. Elles m’on
— Entrez, je vous en prie, déclara Sœur Marie en les conduisant dans la salle d'accueil.Ils s’assirent en silence. Sœur Marie les observa un instant, intriguée, avant d’exprimer son étonnement.— Monsieur… ? Je…— Jacques, ma sœur, souligna-t-il d’une voix calme.— Très bien, Monsieur Jacques. Je suis vraiment surprise par votre demande… permettez-moi déjà de vous demander de quelles informations vous auriez besoin ?— Ma sœur, il y a de cela près de 28 ans, un bébé vous avait été déposé au portail de l’orphelinat. Il s’agissait d’un petit garçon, révéla Simone, les doigts nerveusement entrelacés, visiblement mal à l’aise.Sœur Marie plissa les yeux, concentrée, tentant de se souvenir.— Oui ma sœur, reprit Jacques, malheureusement cet enfant était mon fils. C’est la raison pour laquelle j’ai besoin de vous pour le retrouver.Au même moment, Sœur Sarah s’approchait, ignorante de la présence de visiteurs. Alors qu’elle s’apprêtait à entrer dans la pièce, elle fut saisie par la convers
Stacy se précipita dans sa chambre et s’empressa de récupérer son téléphone posé sur le chevet de son lit. Une fois l'appareil en main, elle s’assit sur le bord du lit, le regard fixé sur l’écran. Peu à peu, ses poings se serrèrent, ses sourcils se froncèrent et son visage se crispa sous l’effet d’une colère grandissante, énervée par ce qu’elle voyait.— J’en étais persuadée que ce message vient de toi, Mathias. Trop, c’est trop. Tu ne perds rien pour attendre, murmura-t-elle entre ses dents.Elle se leva brusquement et sortit de la pièce pour rejoindre la chambre d’Alicia.— Stacy, tout va bien ?— Oui, Ali. Euh… je suis juste un peu inquiète avec cette histoire de numéro inconnu qui nous contacte, donc je voudrais vérifier encore une fois que je l’ai bien bloqué dans ton annuaire, répondit-elle, la voix légèrement hésitante.— OK, tiens, le voici… Vivement que tu sois rassurée. Je me posais déjà des questions sans raison, avoua Alicia.Quelques minutes plus tard, Stacy lui rendit so
Andrew descendit les marches, le regard oscillant d'une personne à l'autre, son visage encore marqué par la tension.— Andrew ? Tu vas mieux maintenant ? demanda Rachelle en s’approchant doucement de lui.Il ne s'arrêta pas et continua son chemin sans lui répondre, ses pas le menant droit vers Jacques, sur qui il avait les yeux fixés.— Jacques, que dis-tu ? Tu comptes t'en aller ? demanda-t-il, la voix figée et tendue.Jacques posa calmement sa main sur son épaule, tentant un contact réconfortant.— Andrew, dis-moi comment vas-tu ? demanda-t-il affectueusement.— Jacques, peu importe. Dis-moi où est-ce que tu vas ? insista-t-il avec une intensité plus marquée.Jacques échangea un regard discret et lourd de sens avec Rachelle, puis répondit à voix basse :— Andrew, il est préférable qu'on en discute à l'extérieur.Il se tourna ensuite vers Rachelle, le regard empreint de respect.— M’accordez-vous cette permission d'absence ? demanda-t-il avec retenue.Rachelle hocha doucement la tête