Chapitre 6

Une voix qui appelait mon nom m'a tirée de l'inconscience.

« Catherine ! Catherine ! »

C'était la voix de Gabriel, chargée de panique.

J'ai ouvert les yeux lentement et j'ai réalisé que j'étais allongée dans un lit d'hôpital. L'odeur de désinfectant flottait dans l'air. Le plafond blanc a progressivement pris forme au-dessus de moi.

Gabriel était assis à côté du lit, l'air épuisé. Ses yeux étaient injectés de sang. Ses vêtements froissés, ses cheveux en désordre. On aurait dit qu'il n'avait pas dormi de la nuit.

« Tu es enfin réveillée ! » Il a serré ma main, sa voix tremblante. « Le médecin a dit que tu t'étais évanouie à cause d'une forte fièvre. Dieu merci, David t'a trouvée à temps, sinon… »

Sa voix s'est brisée, et ses yeux se sont emplis de larmes.

« Je suis tellement désolé. Tout est ma faute. Je n'aurais jamais dû te laisser rentrer seule. Je n'aurais pas dû te laisser marcher sous la pluie… »

Une infirmière a poussé la porte et est entrée pour vérifier mon état.

« Sa température est revenue à la normale, Monsieur du Bois-Noir. Votre épouse se remet bien. »

Elle s'est tournée vers moi.

« Monsieur du Bois-Noir est resté à vos côtés tout du long. Il n'a même pas bu un verre d'eau. Il vient seulement de sortir pour prendre un appel très important. »

J'ai hoché la tête, la voix rauque.

« Merci. »

L'infirmière a pris ma température, m'a donné quelques instructions, puis elle est partie. Quelques minutes plus tard, j'ai entendu la voix de Gabriel derrière la porte.

Il était au téléphone. Tout à coup, son ton est devenu enjoué, un contraste total avec l'angoisse qu'il affichait dans la chambre.

« Vraiment ? C'est formidable ! C'est la meilleure nouvelle ! » Son enthousiasme débordait. « J'arrive tout de suite ! »

Je me suis levée avec difficulté et je me suis dirigée vers la fenêtre. J'ai vu Gabriel se précipiter vers un autre bâtiment de l'hôpital.

Le centre de fertilité pour loups-garous.

Ses pas étaient légers. Un sourire évident illuminait son visage. Je me suis changée de vêtements et je l'ai suivi.

Dans la salle d'attente du premier étage, j'ai vu Gabriel aider Sheila Tournier à sortir d'une salle d'examen. Elle portait une robe blanche qui lui donnait un air presque innocent. Son visage rayonnait de bonheur.

C'est à ce moment-là que Gabriel m'a aperçue. Son sourire s'est figé net et son visage a pâli. Il a lâché le bras de Sheila dans un mouvement paniqué et a reculé précipitamment.

« Catherine ? Comment tu… » Sa voix tremblait. « Tu étais censée te reposer dans ta chambre. »

« Je suis venue chercher des médicaments », ai-je répondu calmement. « Le médecin m'a dit de prendre des compléments. »

Une sueur froide a perlé sur le front de Gabriel.

« Oh, je vois. Je… je passais juste par là, et je suis tombé sur… sur Sheila. Elle disait qu'elle ne se sentait pas bien, alors je l'ai accompagnée pour un contrôle. »

Il bégayait. C'était tellement évident qu'il mentait.

Pendant ce temps, Sheila m'a remarqué. Un sourire arrogant, presque provocateur, a étiré ses lèvres.

Elle a caressé son ventre encore parfaitement plat, sa voix dégoulinant de douceur.

« Oh, Luna Catherine ! Quelle coïncidence ! Je sors juste de l'examen. Le médecin m'a dit que je pourrais… porter un louveteau. »

Le visage de Gabriel a blanchi encore davantage.

« Sheila, ne… »

« Gabriel était tout près, alors je lui ai demandé de l'aide », a-t-elle poursuivi, ignorant totalement Gabriel. « Après tout, je suis enceinte. Gabriel est mon patron, il devait bien m'assister. »

Elle m'a regardée droit dans les yeux, un sourire triomphant au visage.

« Luna Catherine, ne vous méprenez surtout pas ! »

Gabriel s'est mis à transpirer.

« Catherine, laisse-moi t'expliquer. »

« Bon courage », ai-je dit d'un ton parfaitement neutre. « Je rentre. »

Je me suis retournée. Gabriel a essayé de me suivre.

« Catherine, attends. »

« Je suis fatiguée. Je veux rentrer me reposer. » Je ne me suis même pas retournée. « Fais ce que tu as à faire. »

J'ai coupé court à tout ce qu'il allait dire.

Une fois rentrée, Gabriel a prétexté une urgence professionnelle et s'est enfermé dans son bureau.

Je l'ai entendu parler au téléphone à voix basse. Par moments, quelques bribes ont traversé la porte, lourdes de tension et de colère.

« Comment as-tu pu dire ça devant elle ? Qu'est-ce qu'on est censés faire maintenant ? Ça doit rester secret. Catherine ne doit absolument pas l'apprendre… »

Je me suis assise dans le salon. Mon téléphone a vibré soudainement.

Un message de Sheila. Une photo jointe : un test de grossesse.

Puis une vague de messages a déferlé. Tous envoyés par Sheila. Le contenu était explicite, provocateur.

Elle décrivait en détail comment elle et Gabriel avaient couché ensemble dans notre lit conjugal, dans son bureau, et même sur son trône d'Alpha.

Chaque message était accompagné d'une photo suggestive. La chemise de Gabriel sur le sol de notre chambre, ses talons sous son bureau.

Le dernier message disait : « Chère Luna Catherine, merci de partager Gabriel avec moi. Il dit que je sais mieux plaire à un Alpha que toi. Bientôt, je prendrai ta place. »

J'ai tout regardé sans expression, faisant défiler chaque image, chaque phrase. Chacune d'elles coupait comme une lame.

Mais je n'ai ressenti aucune colère. Aucune larme n'est venue, juste un froid terrifiant. J'ai finalement éteint l'écran.

À cet instant, Gabriel s'est approché derrière moi.

Il a passé ses bras autour de moi, enfouissant sa joue contre mon cou. Sa voix, douce comme une brise de printemps, a glissé contre ma peau :

« Ma chérie, à quoi penses-tu si profondément ? »