M'aimer malgré le départ

À minuit, mon âme s'est échappée du sous-sol. La porte de ma chambre a été poussée brusquement.

Mon frère, Dominique, a fait irruption, raillant quand il ne m'a pas vue. « Tu n'es pas un peu trop grande pour jouer à cache-cache et faire des caprices ? »

Normalement, je lui aurais répondu.

Mais cette fois-ci, je flottais simplement à côté de lui, incapable d'émettre le moindre son.

Dominique m'a appelée au téléphone, mais je n'ai pas répondu. Agacé, il s'est passé la main dans les cheveux et a feuilleté négligemment le journal qui se trouvait sur mon bureau

Il n'y avait qu'un seul chiffre écrit à l'intérieur : 99.

C'était le nombre de fois où ils m'avaient laissé tomber au fil des ans.

Dominique ne comprenait pas. Il a froncé les sourcils, a jeté le journal par terre et a laissé un message vocal.

« Arrête tes jeux stupides. Élise veut tes biscuits maison, alors reviens ici et fais-les pour elle ! »

« C'est le jour de sa remise de diplôme, ne gâche pas ça. Rentre à la maison à temps et je te pardonnerai. »

Dominique a rangé son téléphone et est retourné dans le salon.

« Sophie n'est pas dans sa chambre et elle ne répond pas au téléphone », a-t-il dit à nos parents, « elle fait toujours ça : elle exagère les choses, disparaît et attend que nous la supplions de revenir. »

« Nous l'avons trop gâtée », a finalement déclaré papa, « personne ne la contacte cette fois-ci, donnons-lui une leçon. Elle pourra se calmer toute seule et reviendra en rampant demain. »

Élise s'est approchée, tirant doucement sur le bras de papa, le visage empreint d'inquiétude. « Papa, ne dis pas ça. Et si quelque chose était vraiment arrivé à Sophie ? Je devrais peut-être lui envoyer un SMS ? Tu sais que Sophie et moi sommes très proches. » Elle a baissé les yeux, l'air innocente et douce.

Je l'ai regardée sortir son téléphone, tapoter l'écran de ses doigts fins.

« J'espère que tu as apprécié te faire marquer par ces sauvages avec qui tu couches maintenant. La fête était géniale, au fait, merci de ne pas être venue, ce serait tellement mieux si tu pouvais simplement mourir. »

Après l'avoir envoyé, elle l'a supprimé et en a tapé un nouveau.

« Ma sœur, tu vas bien ? Nous sommes tous très inquiets pour toi. Si tu es en colère contre nous, défoule-toi sur moi. S'il te plaît, rentre à la maison. »

Elle a montré son téléphone à tout le monde, jouant parfaitement le rôle de la sœur attentionnée et prévenante.

Maman l'a serrée dans ses bras, la voix pleine de compassion. « Tu es toujours si gentille, Élise. Cela n'a rien à voir avec toi, Sophie est juste immature. »

Immature ?

Ma forme fantomatique a laissé échapper un rire amer, mais personne ne pouvait l'entendre.

Pour eux, tout tournait toujours autour d'Élise. Qui se souviendrait encore que c'était aujourd'hui que je devais recevoir ma Médaille du Service Distingué, une distinction décernée seulement une fois tous les deux ans ?

Sachant qu'ils allaient tous fêter le diplôme d'Élise, je leur avais dit de ne pas venir à ma cérémonie.

Je n'ai jamais essayé de rivaliser avec Élise pour gagner leur affection.

Mais alors que j'étais sur le point de partir pour la cérémonie, trois loups sauvages ont fait irruption et m'ont traînée dans le sous-sol.

Je me suis débattue, terrifiée. « Comment avez-vous obtenu la clé de notre maison ? »

L'un des hommes a agité un trousseau de clés devant moi, c'était celui d'Élise.

« Inutile de te débattre », a-t-il ricané, « tu ne quitteras pas ce sous-sol aujourd'hui. »

« Je ne le dirai à personne, je vous le promets. Je vous en supplie, ne me tuez pas... je vous en prie... »

Finalement, ils ont ignoré mes supplications. Ils m'ont plaquée au sol, violée, mordu le cou et pris d'innombrables photos tout en me lançant des insultes.

Je me suis débattue de toutes mes forces et, dans la lutte, ma tête a heurté le coin d'une table, le sang a jailli instantanément.

Terrifiés, ils ont pris la fuite.

J'ai rassemblé mes dernières forces, me traînant sur le sol jusqu'à mon téléphone, et j'ai léché l'écran pour appeler à l'aide.

Tous les loups-garous pouvaient sentir quand un membre de leur famille était en danger de mort grâce au lien qui les unissait, mais ils pensaient tous que je cherchais simplement à attirer l'attention.

Non seulement ils ont refusé mes appels, mais ils m'ont même envoyé un message :

« Tu fais encore semblant de suffoquer ? Arrête de jouer la comédie ! Ton père et moi n'avons pas de temps à perdre avec tes caprices ! Nous avons déjà rompu notre lien de meute avec toi ! »

Seul mon compagnon, Richard, a répondu.

« Aide-moi... Richard, je suis en train de mourir... »

Sa réponse était froide et dure. « Sophie, arrête les drames. C'est le grand jour d'Élise, il y a des limites à ta recherche d'attention ! Je t'ai déjà dit que je me rattraperais avec un cadeau de fin d'études ! »

Mais... Richard, j'étais déjà en train de mourir.

J'ai souri amèrement, dommage, il n'aura jamais l'occasion de se rattraper.

Dans moins de 24 heures, une odeur de décomposition commencerait à se répandre dans le sous-sol où personne ne mettait jamais les pieds.

Élise disait toujours qu'elle souhaitait ma mort, afin que personne ne lui fasse concurrence.

Maintenant, son souhait a été exaucé.