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Chapitre 44 : Les chaînes visibles

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-05-02 01:51:41

Alessia

Le silence est plus lourd que tous leurs mots.

Il n’écrase pas seulement l’air entre nous, il pèse contre mes os, comme un poids que je ne sais plus porter.

La pièce est vide à présent. Les murs suintent encore la mémoire de ce qu’il m’a montré, mais lui, il est déjà ailleurs. Comme si ce baiser n’avait jamais existé. Comme si ce moment de vulnérabilité brûlante n’avait été qu’un mirage vite effacé.

Je le suis dans les couloirs sombres, encore une fois. Mais cette fois, mon cœur est lourd d’un feu nouveau. Un feu qui brûle de questions, de doutes. De colère. Ce n’est plus la curiosité qui m’anime. C’est le besoin vital de savoir si je suis en train de me perdre dans une illusion soigneusement construite ou si je suis, pour lui, une faille dans l’armure.

Quand nous atteignons sa chambre, je me fige.

— C’est ici que tu dors ?

Il hoche la tête, l’air absent. Il retire sa veste, la pose sur le dossier d’un fauteuil de cuir. Les gestes sont précis, maîtrisés. Habituels. Mais je ne
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    AlessiaIl m’a trouvée.Et je l’ai laissé entrer.Je devrais avoir honte.Je devrais avoir peur.Je devrais appeler ça une rechute, une faiblesse, un abandon.Mais non.J’appelle ça lui.Lorenzo.Il n’a rien dit. Il n’a rien exigé.Il est juste passé le seuil, détrempé, figé, comme un fantôme qui n’avait jamais vraiment quitté les lieux.Il a retiré son manteau. Lentement.Comme s’il voulait me laisser le temps de fuir.De me barricader.De changer d’avis.Mais je n’ai pas bougé.Il l’a déposé sur le dossier du fauteuil, avec cette lenteur pesante qui n’appartient qu’à lui. Celle qui rend chaque geste chargé. Chaque silence menaçant.Puis il s’est assis. Comme s’il n’était jamais vraiment parti. Comme s’il avait toujours eu la clé.Je suis restée debout. À distance.Mon cœur cognait trop fort dans ma poitrine.Pas à cause du froid. Pas uniquement.C’était autre chose. Un grondement sous la peau. Un feu sale et addictif qui ne s’éteint jamais vraiment.— Tu vas dire quelque chose ? je

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    EmilyJe me suis maquillée. Très lentement. Comme une armure. Chaque trait de khôl, chaque rougeur camouflée, chaque touche de fond de teint est une gifle à mon humiliation. Je me recompose. Je me repeins.Je redeviens la femme qu’il a choisie de regarder hier soir.Pas celle qu’il regrette ce matin.Quand j’entre dans la cuisine, il est déjà là.Assis.Immobile.Le regard dans le vide.Il tient une cigarette entre ses doigts, mais elle est éteinte.Je n’ose pas parler. Mes talons claquent. Il ne lève même pas les yeux.Mais je sens qu’il sait que je suis là.Il sait toujours.— Elle est partie, je murmure.Toujours ce silence.Mon cœur se comprime. J’ai froid. Ou chaud. Je ne sais plus.Je cherche ses yeux. Il me fuit.Je déteste ça.— C’est ce que tu voulais, non ? Qu’elle parte ?Rien.Et puis, un souffle. Presque un ricanement.— Ce que je veux, Emily… tu serais incapable de le comprendre.Il relève enfin les yeux vers moi.Et dans son regard… ce n’est pas de la haine.C’est pire.

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    AlessiaJe savais. Depuis le moment où j’ai entendu la porte claquer derrière moi. Depuis le silence trop lourd, trop chargé. Depuis le parfum qui n’était pas le mien dans sa chambre. J’ai su.Mais ce n’était pas la trahison qui me faisait trembler.C’était le fait de l’avoir laissé faire.Je m’étais levée ce matin-là avec un vertige au creux de la poitrine, comme une main invisible qui pressait contre mon sternum. Une intuition. Un souffle glacé sur ma nuque. J’ai marché dans cet appartement comme on traverse un champ de mines. Chaque pas une gifle. Chaque silence un hurlement.Il n’était plus seul.Je ne l’ai pas confronté. Je ne l’ai même pas regardé.Parce que regarder Lorenzo, c’est se perdre. Il t’arrache les pupilles pour y verser ses ténèbres. Et toi, tu crois que c’est de l’amour.Je suis partie.Sans bruit.Et pourtant, je hurlais à l’intérieur.Je me suis réfugiée dans un lieu sans nom, un appartement prêté par une amie qui ne posait pas de questions. Une planque sans miroi

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    LorenzoElle est accrochée à moi comme une morsure. Une morsure de possession. De revanche. Sa robe remonte sous mes paumes, ses hanches frémissent sous la colère. Ce n’est pas un baiser qu’elle m’offre : c’est une déclaration de guerre. Et moi, j’y réponds comme je sais le faire. Froidement. Brutalement. Sans une once de tendresse.Je la plaque contre la porte. Le bois gémit dans son dos. Elle respire fort, halète presque. Ses ongles se plantent dans ma nuque, puis glissent jusqu’à mes épaules. Elle veut griffer, marquer, mordre. Je la laisse faire. Je veux qu’elle croit qu’elle peut renverser la partie. Juste assez longtemps pour qu’elle oublie la règle essentielle : c’est moi qui distribue les cartes.— Dis mon nom, ordonne-t-elle, la voix tremblante d’un désir imbibé de rage. Rappelle-toi à qui tu appartiens.Je souris contre sa peau. Lentement. Cruellement. Mon souffle brûle son oreille. Une main sur sa gorge, juste pour qu’elle sente que sa vie m’appartient si je le décide. Just

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