Dans les bas-fonds de Naples, la famille Mancini règne sans partage. À sa tête, Dante Mancini, un parrain impitoyable, transforme les rues en champs de bataille. Trahisons, exécutions publiques et trafic d’êtres humains ne sont que la surface de son empire sanglant. Mais lorsque son frère cadet, Luca, revient après des années d’exil avec une soif de vengeance et une ambition brûlante, la guerre éclate au cœur même de la famille. Alors que les cadavres s’empilent et que les alliances se brisent, une femme surgit du passé : Isabella, ancienne fiancée de Dante, que l’on croyait morte. Elle détient un secret capable de faire tomber l’empire… ou de le rendre encore plus dangereux. Entre trahisons, pactes avec des ennemis, et une spirale de violence incontrôlable, chacun devra choisir : verser le sang des autres ou protéger le sien.
Voir plusDante
La pluie s’écrase sur Naples comme une malédiction. Froide, sale, insistante. Elle ne lave rien. Elle pourrit tout. Les trottoirs dégoulinent de crachats, de vin renversé et de souvenirs ensanglantés. Les ordures s’entassent contre les murs, comme si la ville elle-même avait cessé de respirer.
Sous les néons blafards d’un entrepôt du vieux port, trois types sont à genoux. Le sol est froid, criblé de fissures et de flaques huileuses. Ils grelottent. Mains liées dans le dos, visages tuméfiés. Le sang coule déjà de leurs nez, de leurs arcades, de leurs bouches éclatées. La peur suinte d’eux comme une vieille sueur rance. Elle a une odeur. Et moi, je la respire.
Je ferme les boutons de ma chemise, l’un après l’autre. Lentement. Chaque mouvement est mesuré, cérémonial. Je veux qu’ils regardent. Qu’ils comprennent. La mort, chez nous, ne crie pas. Elle chuchote. Elle s’avance sur des chaussures en cuir ciré. Elle parle doucement, comme un frère.
— Vous saviez ce que vous faisiez, je murmure, la voix calme. Vous avez livré une cargaison aux Albanais sans mon accord. Vous avez trahi le nom Mancini.
Je n’ai pas besoin de crier. La vérité, elle, se dit bas.
Un des trois relève la tête. Sa joue n’est plus qu’une plaie violette, son œil gauche gonflé comme un fruit pourri. Il essaye de parler, mais seuls des sons gorgés de sang sortent de sa gorge. Je distingue un pardon mêlé à un pitié. Des mots qui ne valent rien ici.
Je fais un simple geste de la main. Un claquement sec, comme une gifle dans le silence. Matteo comprend.
Une balle. Brève, propre. La tête du type éclate vers l’arrière. Un geyser rouge éclabousse le mur rouillé. Des bouts de cervelle giclent sur la tôle. Le bruit est net, chirurgical. Et ce silence après… ce silence.
Les deux autres hurlent. L’un se pisse dessus. L’odeur monte immédiatement, acide, ignoble. L’autre, plus jeune, se met à pleurer. Ses épaules tremblent. Il gémit comme un gosse à qui on aurait volé sa mère.
Je reste droit. Froid.
— C’est dans ces moments qu’on reconnaît les hommes des cafards.
Je tourne la tête vers Matteo. Il est là, impassible. Comme toujours. Fidèle, muet. Il n’a jamais eu besoin de parler beaucoup. Son regard suffit.
— Celui-là, je désigne celui qui gémit, donne-le à la mer. Qu’il serve d’avertissement. Qu’on le retrouve les yeux arrachés, la langue tranchée. Ils comprendront.
— Et l’autre ?
Je m’approche du dernier. Il tremble de tout son corps. Ses lèvres remuent sans émettre de son. Ses yeux, d’un vert délavé, cherchent une issue. Il n’y en a pas. Il le sait.
Je m’accroupis devant lui. Je l’observe. Il a des cernes creusés par la terreur. Il pue la peur, cette peur primitive, animale, qui rend les hommes transparents. Je pourrais le tuer maintenant. Ce serait rapide. Mais ce n’est pas ce que je veux.
— Tu vas vivre, je dis. Tu vas rentrer chez toi. Tu vas raconter ce que tu as vu. Tu vas dire que trahir les Mancini, c’est creuser sa propre tombe.
Je me penche plus près. Tout près. Assez pour qu’il sente mon souffle, mon parfum. Cuir, tabac… et sang.
— Et si tu mens… Je tuerai ta femme devant toi. Lentement. Je prendrai mon temps. Et quand elle hurlera, tu n’auras pas le droit de détourner les yeux. Et ensuite… tu boufferas ses doigts. Un par un.
Je me relève. Je sors un mouchoir noir. J’essuie mes mains, comme si j’avais juste touché une surface sale. Pas du sang. Pas une vie.
— Faites le ménage, je dis à Matteo. Et qu’on n’entende plus jamais parler des frères Gallo dans MON quartier.
Je sors de l’entrepôt sans me retourner. J’entends déjà Matteo donner ses ordres. Des bruits de pas, un râle étouffé, le froissement d’un sac qu’on traîne. Je n’ai pas besoin de voir. Je sais.
La pluie me retombe dessus, battante, glaciale. Elle claque sur mon manteau comme des doigts impatients. Naples m’accueille avec ses parfums d’essence, de poisson pourri, de moisissure. Une ville qui sent la ruine et la mémoire.
Je monte dans la Maserati. Intérieur cuir noir, silence feutré. Je ferme les yeux quelques secondes. Je m’offre ce luxe rare.
Je sors un cigare cubain, l’allume. L’odeur me calme, me recentre. C’est une arme, comme une autre. Dans ma poche intérieure, mon téléphone vibre. Une seule fois.
Je l’ouvre. Un message.
« Il est de retour. Luca a été vu dans les faubourgs. »
Je reste figé. Puis mes paupières se lèvent lentement.
Luca.
Mon petit frère.
Celui qui a tout foutu en l’air il y a huit ans. Celui que j’ai épargné. Celui que j’ai laissé partir, contre l’avis de tous. Parce que je croyais encore… à la famille.
Je n’y crois plus.
— Qu’il vienne, je murmure. Je l’attendais.
Je ferme les yeux. Une prière me traverse l’esprit. Latine. Ancestrale. Celle que mon père récitait avant de faire couler le sang.
Libera me, Domine, de morte aeterna, in die illa tremenda...
Je rouvre les yeux.
Le royaume des Mancini est en feu. Et le diable revient pour réclamer son dû.
LucaNaples n’a pas changé.Ou peut-être que si. Peut-être que tout est plus sale, plus bruyant, plus rongé par le béton et la peur. Mais ce n’est pas la ville qui est usée — c’est moi. Ce ne sont pas les rues qui saignent, c’est ma mémoire. Ce n’est pas la ville qui s’effondre, c’est ma conscience.Je descends du bus sans hâte, le cœur compressé par une tension sourde. Veste noire, casquette vissée sur le crâne, je me fonds dans la foule comme une ombre banale. Le soleil tape, mais moi, je grelotte. Il y a un froid en moi que même ses mots récents n’ont pas réussi à réchauffer.Je l’ai vue, il y a trois jours.Elle n’a pas crié. Elle n’a pas pleuré.Elle a juste fermé la porte.Ce n’était pas une porte qu’elle fermait. C’était une époque. Une vie.Mais je suis revenu. Parce que ce que je dois affronter ne disparaît pas sous silence. Et parce que ses yeux, même dans le refus, criaient encore une vérité que je ne suis pas prêt à enterrer.Le quartier semble figé dans un éternel soupir.
LucaJe n’avais que dix-sept ans quand j’ai compris que notre nom était une condamnation.Pas un héritage. Pas une couronne. Une malédiction. Gravée dans les murs de pierre du Palazzo Mancini, dans les regards des hommes en costume noir, dans les cris étouffés qui montaient parfois des sous-sols. Je croyais, jusqu’à cet âge-là, que je pouvais en réchapper. Qu’il suffisait de détourner les yeux, d’étudier dur, de ne pas traîner dans les couloirs quand les affaires de la famille se réglaient dans les ombres.Mais on n’échappe pas à un empire. Pas quand il coule dans vos veines.Ce soir-là, les roses du jardin sentaient le feu.Sofia et moi, nous nous étions réfugiés sous la tonnelle, là où les domestiques n’allaient jamais. Elle portait une robe pâle, simple, un livre de poésie entre les doigts. Je la revois encore, ses cheveux sombres défaits, son rire timide. Elle n’avait que seize ans, mais déjà cette façon de me regarder comme si j’étais tout ce qu’il restait d’innocent dans cet enf
DanteLe sang, une fois versé, ne sèche jamais vraiment.Il laisse une empreinte. Invisible. Persistante. Il s’accroche aux murs, aux draps, aux rêves. Je l’ai appris très jeune, en nettoyant les couteaux de mon père alors qu’il me croyait endormi. Le métal tiède, l’odeur du fer, la morsure du silence. Ce n’est pas la violence qui m’a façonné. C’est l’après. L’écho.Je suis dans mon bureau, au dernier étage du Palazzo Mancini. Le cœur noir de notre empire. Cuir, marbre, tableaux anciens de ceux que même les musées n’osent réclamer. Matteo est assis en face de moi. Il n’a pas bougé depuis vingt minutes. Il sait que je réfléchis, que chaque seconde de silence est une stratégie qui se construit.— Tu es sûr que c’est lui ? je demande enfin.— Aussi sûr que la mort, Dante.Je hoche la tête. Les doigts effleurent la surface du bureau. Verre noir. Reflets froids. Mon visage y semble encore plus dur que je ne le suis réellement. Si je le suis encore.— Où était-il vu pour la dernière fois ?
LucaNaples.Elle pue comme dans mes souvenirs. Le bitume gorgé d’eau, l’odeur du poisson pourri au port, la sueur des vendeurs à la sauvette, le parfum des femmes trop maquillées pour être honnêtes. Et malgré tout, cette ville me manque chaque fois que je respire un autre air. Elle est mienne. Elle est à lui. Elle est à nous. Une tumeur familiale qui continue de battre comme un cœur qu’on refuse d’arracher.Cela fait exactement huit ans, deux mois et trois jours que j’ai fui. Et pas une seule nuit ne s’est écoulée sans que le nom de mon frère ne rôde dans mes rêves. Dante. Le roi sans couronne, le bourreau en costume trois pièces.Mon frère.Mon monstre.J’ai appris à survivre dans l’ombre de son nom. À Londres, à Barcelone, à Bucarest. Partout où la langue est étrangère et les regards indifférents. Mais même là-bas, son ombre me suivait. Parce qu’on n’échappe jamais vraiment à un Mancini. Pas même quand on en est un.La pension où je loge est minable. Humide, vieillotte, avec des dr
DanteNaples ne dort jamais. Elle halète. Elle gémit sous les coups de bottes, les cris étouffés, les sirènes lointaines qui ne sauvent personne. Cette ville est une amante cruelle, faite de ruelles étroites et d’histoires qu’on enterre dans du béton.Je roule lentement à travers les quartiers Sud, là où les maisons tiennent debout par habitude, et les regards fuyants racontent plus de vérités que les mots. Mon cigare fume encore, posant une odeur âcre sur le cuir impeccable de la voiture. La Maserati glisse comme un requin dans des eaux troubles. Elle sait où elle va. Moi aussi.Je pense à Luca. À ses yeux clairs, aux mêmes que ceux de notre mère. Trop doux pour ce monde. Trop faibles, pensais-je. Mais c’était avant qu’il trahisse.Il avait dix-sept ans la dernière fois que je l’ai vu. Il portait encore des chaussures de gamin, trop grandes pour lui, mais l’orgueil d’un homme qui croit pouvoir défier les lois de notre monde. Il a fui. Fui la famille. Fui le sang. Fui moi.Et pourtant
DanteLa pluie s’écrase sur Naples comme une malédiction. Froide, sale, insistante. Elle ne lave rien. Elle pourrit tout. Les trottoirs dégoulinent de crachats, de vin renversé et de souvenirs ensanglantés. Les ordures s’entassent contre les murs, comme si la ville elle-même avait cessé de respirer.Sous les néons blafards d’un entrepôt du vieux port, trois types sont à genoux. Le sol est froid, criblé de fissures et de flaques huileuses. Ils grelottent. Mains liées dans le dos, visages tuméfiés. Le sang coule déjà de leurs nez, de leurs arcades, de leurs bouches éclatées. La peur suinte d’eux comme une vieille sueur rance. Elle a une odeur. Et moi, je la respire.Je ferme les boutons de ma chemise, l’un après l’autre. Lentement. Chaque mouvement est mesuré, cérémonial. Je veux qu’ils regardent. Qu’ils comprennent. La mort, chez nous, ne crie pas. Elle chuchote. Elle s’avance sur des chaussures en cuir ciré. Elle parle doucement, comme un frère.— Vous saviez ce que vous faisiez, je m
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