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Chapitre 5 – Jeux de pouvoir

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-03-20 21:28:30

Alessia

Je suis en train de verser le café dans une tasse quand j’entends un bruit. Une vibration. Mon téléphone.

Je le saisis, le cœur battant.

Un message.

Lorenzo : "Ouvre la porte."

Je me fige.

— "Quoi ?"

Un coup résonne contre la porte.

Je m’approche lentement, le téléphone serré dans ma main.

— "Ouvre, Alessia."

Je reconnaîtrais cette voix entre mille.

Je pose ma main sur la poignée.

— "Pourquoi ?"

— "Ouvre."

Mon cœur bat à tout rompre. Mon corps lutte, mais mes doigts tournent la clé. La porte s’ouvre lentement. Lorenzo est là, appuyé contre l’encadrement, vêtu d’un manteau noir trempé par la pluie. Ses cheveux sombres sont humides, ses yeux d’un noir insondable.

— "Tu es fou."

Il esquisse un sourire en coin.

— "C’est possible."

Il entre sans attendre mon autorisation, refermant la porte derrière lui. Il retire son manteau, laissant tomber quelques gouttes sur le sol.

— "Tu ne m’as pas répondu hier soir."

— "Parce que je n’ai rien à te dire."

Il s’approche, son regard brûlant.

— "Vraiment ?"

Je recule jusqu’à ce que mon dos rencontre le mur.

Il est là, tout proche. Trop proche. Son souffle chaud caresse ma peau.

— "Tu devrais partir."

Son sourire s’élargit.

— "Je viens à peine d’arriver."

— "Je n’ai pas besoin de toi."

Ses doigts effleurent ma joue, et mon corps répond immédiatement à ce contact.

— "Ton corps me dit le contraire."

Je ferme les yeux, tentant de contrôler les frissons qui me traversent.

— "Tu joues à quoi, Lorenzo ?"

Il se penche, ses lèvres frôlant ma tempe.

— "Ce n’est pas un jeu, Alessia. C’est toi."

Il s’écarte soudainement, me laissant respirer.

— "Habille-toi. On sort."

Je le fixe, incrédule.

— "Pardon ?"

— "Habille-toi."

— "Je n’ai aucune raison de te suivre."

— "Si."

— "Laquelle ?"

Il s’approche de nouveau, son souffle frôlant ma peau.

— "Parce que je le veux."

---

Lorenzo

Elle me suit.

Elle ne le sait pas encore, mais elle a déjà perdu la bataille.

Alessia est fière. Forte. Mais elle est aussi vulnérable. Je le vois dans la manière dont elle serre les poings quand elle me regarde. Dans le frémissement de sa lèvre inférieure quand je suis trop près.

Elle lutte contre ce qu’elle ressent.

Mais je vais briser cette résistance.

Nous sommes dans ma voiture. Alessia fixe le paysage à travers la vitre, son profil éclairé par la lumière des lampadaires. Sa robe noire épouse parfaitement ses courbes, dévoilant la naissance de ses cuisses. J’ai choisi cette robe.

— "Où est-ce qu’on va ?" demande-t-elle finalement.

— "Tu verras."

— "Je pourrais sauter de la voiture, tu sais."

Je souris.

— "Tu pourrais. Mais tu ne le feras pas."

Elle se tourne vers moi, le regard noir.

— "Pourquoi ?"

— "Parce que tu es curieuse."

Elle ne répond pas, mais son silence en dit long.

Nous arrivons devant un grand bâtiment illuminé. Un club privé. Les gardes nous reconnaissent immédiatement et ouvrent les portes sans un mot. Je sors de la voiture, contournant le véhicule pour lui ouvrir la porte.

— "Viens."

Elle hésite.

Mais elle sort.

Ma main se pose sur le creux de son dos, la guidant à l’intérieur.

L’atmosphère est lourde, saturée de musique, de rires et de conversations étouffées. Alessia observe tout autour d’elle, mal à l’aise. Les hommes en costume, les femmes aux robes ajustées, les serveurs qui se déplacent avec une précision militaire.

— "Pourquoi m’avoir amenée ici ?"

Je me penche à son oreille.

— "Parce que je veux que tu comprennes."

— "Comprendre quoi ?"

Je fais signe à l’un des serveurs. Deux verres apparaissent immédiatement. Je tends le sien à Alessia, mais elle ne le prend pas.

— "Je ne bois pas."

Je souris.

— "Ce n’est pas du poison."

Elle me fixe, hésitante, puis prend le verre. Elle le porte à ses lèvres, mais ne boit pas.

Mes doigts effleurent son poignet.

— "Dans ce monde, Alessia, le pouvoir n’est pas donné. Il se prend."

Son regard se durcit.

— "Et toi, tu comptes le prendre par la force ?"

Je me rapproche, son parfum sucré m’enveloppant.

— "Je compte le prendre par toi."

Elle se raidit.

— "Je ne suis pas un trophée."

— "Non." Je me penche vers son oreille. "Tu es la clé."

Un frisson parcourt sa peau.

Je me recule, la laissant dans le chaos de cette révélation.

— "Tu pourrais partir."

Elle serre les dents.

— "Et si je reste ?"

Je souris, satisfait.

— "Alors le jeu commence."

---

Alessia

Je suis piégée.

Il joue avec moi, mais je sens que ce jeu est bien plus dangereux qu’il n’y paraît.

Je devrais fuir.

Je devrais partir.

Mais je reste.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que Lorenzo glisse une main sur ma taille. Son sourire est un avertissement autant qu’une promesse.

Je le déteste.

Je le désire.

Je suis en train de perdre.

Je suis toujours dans ce club, prise au piège entre la musique assourdissante et la présence de Lorenzo, omniprésente, étouffante. Mon verre est toujours à la main, intact, mais mes doigts tremblent légèrement sous l’intensité de son regard.

Il est là, assis à côté de moi dans une alcôve privée, une main négligemment posée sur le dossier du canapé, son bras frôlant mes épaules. Il semble parfaitement à l’aise dans cet univers de luxe et de corruption, comme s’il appartenait naturellement à ce monde.

— "Tu comptes rester silencieuse toute la soirée ?" demande-t-il, sa voix basse se frayant un chemin à travers le vacarme ambiant.

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