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Chapitre 2 – L’écho de l’ombre

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-25 17:58:21

Anna

Un frisson glisse sur ma peau.

Mon reflet continue de m’observer, sa tête légèrement inclinée comme s’il analysait ma réaction. Son sourire a disparu, mais quelque chose dans son regard me met mal à l’aise. Une étrangeté imperceptible, un détail qui ne devrait pas exister.

Je ne peux pas détourner les yeux.

C’est moi. Pourtant, ce n’est pas moi.

Mon cœur bat si fort que mes tempes pulsent douloureusement. L’odeur du sang emplit mes narines, ferreuse et écœurante, me ramenant brutalement à la réalité.

Le cadavre est toujours là. Le couteau sur le sol.

Et moi, je suis couverte de rouge.

Je déglutis difficilement et fais un pas en arrière, loin du miroir, loin de cette présence invisible qui semble s’accrocher à moi. Ma tête tourne, comme si une brume opaque enserrait mes pensées, empêchant toute clarté.

Puis, soudain, une douleur fulgurante explose dans mon crâne.

Je suffoque.

Mes mains se crispent sur mes tempes, mes jambes flanchent, et je m’effondre à genoux sur le sol froid. Mon souffle se coupe, remplacé par une série d’images qui m’assaillent sans prévenir.

Un bar. Un homme. Son sourire. Ses doigts effleurant ma peau. Son souffle au creux de mon oreille.

Puis…

Le chaos.

Le sang.

Le rire.

Et ces mots.

"Il est temps que tu te réveilles, Anna."

Je me redresse en haletant, le corps en sueur. Ma poitrine se soulève violemment sous le coup de la panique. J’ai vu quelque chose. Non, je me suis vue.

Je me suis vue tuer cet homme.

Non. Impossible.

J’essaie de respirer, de reprendre le contrôle, mais mon corps ne m’obéit plus. Mes mains tremblent, mon regard vacille entre le cadavre sur le lit et le miroir, comme s’il allait me donner une réponse.

Et alors, mon reflet bouge.

Pas comme moi.

Il ne me copie pas cette fois.

Il avance. Vers moi.

Je hurle.

Un cri strident, déchirant, qui rebondit contre les murs de la chambre comme un écho macabre. Mes mains cherchent désespérément un appui, quelque chose pour me stabiliser, mais tout ce que je trouve, c’est le couteau.

Le sang sur la lame est encore frais.

Un vertige me prend.

Je dois sortir d’ici.

Je me lève brutalement, trébuchant presque sur le cadavre en essayant d’atteindre la porte. Mon souffle est court, haché, chaque battement de mon cœur résonne comme un tambour assourdissant dans ma poitrine.

J’arrive à la poignée.

J’ouvre la porte d’un geste brusque, m’attendant à la liberté, à la fuite…

Mais ce qui m’attend de l’autre côté me fige net.

Un couloir sombre. Des murs défraîchis, dévorés par l’humidité. Le papier peint se décolle par endroits, révélant des traces de moisissures comme des cicatrices oubliées.

Ce n’est pas l’hôtel où j’ai bu mon dernier verre hier soir.

Ce n’est pas chez moi.

Où suis-je ?

Le vertige s’intensifie.

J’ai l’impression d’être prise au piège d’un rêve trop réel, un cauchemar dont je ne trouve pas la sortie.

Derrière moi, un murmure glisse contre ma nuque.

"Tu ne peux plus fuir."

Je me retourne violemment.

Le miroir.

Mon reflet me regarde toujours. Mais cette fois, il sourit de nouveau.

Et lorsque ses lèvres bougent, c’est ma voix que j’entends, glaciale et caressante à la fois.

"Laisse-moi entrer."

Je recule précipitamment.

Mes doigts tremblants cherchent un appui contre la porte entrouverte, mais mes jambes sont faibles, prêtes à céder sous la panique.

Ce n’est pas possible.

Mon reflet ne peut pas bouger de lui-même. Il ne peut pas me parler.

Et pourtant…

Dans le miroir, elle continue de me fixer avec ce sourire énigmatique. Ses lèvres bougent à nouveau, et cette fois, sa voix est plus distincte, plus familière.

"Tu as peur de moi, Anna ?"

Je suffoque.

— Ce n’est pas réel. Ce n’est pas réel. Ce n’est pas réel…

Je me répète ces mots en boucle, comme une incantation désespérée, espérant que la logique reprenne le dessus. Mais il y a cette ombre, ce frisson glacé qui s’insinue sous ma peau, ce sentiment viscéral que… quelque chose m’échappe.

Mes yeux glissent vers le lit.

Le cadavre est toujours là.

Le sang a commencé à coaguler sur les draps blancs, formant une mare sombre et poisseuse. L’odeur métallique flotte dans l’air, m’arrachant un haut-le-cœur.

J’ai tué cet homme.

Je l’ai tué.

Les souvenirs reviennent par vagues, violents et incohérents. Le bar. La musique. L’alcool qui brûle ma gorge. Le murmure d’un homme contre ma peau. Une chambre d’hôtel. Puis…

Le couteau dans ma main.

Le cri étouffé.

Le sang.

Mon estomac se contracte douloureusement.

Non. Ce n’est pas moi.

Je n’aurais jamais pu faire ça.

Alors qui ?

Une sensation étrange me traverse. Comme si quelque chose remuait à l’intérieur de moi. Un poids. Une présence.

Un écho.

Dans le miroir, mon reflet n’a pas bougé. Mais son sourire s’étire imperceptiblement, et lorsqu’elle parle à nouveau, sa voix semble résonner dans mon crâne.

"Je suis toi, Anna."

— NON !

Je frappe violemment la surface du miroir avec mon poing. Un craquement sec résonne, mais la glace ne se brise pas. Mon propre visage me fixe, intact.

Je recule en haletant, le cœur battant à une vitesse affolante.

Je dois sortir d’ici.

J’arrache la porte et me précipite dans le couloir sombre.

L’air est froid, humide. L’odeur de renfermé m’attaque les narines alors que mes pieds nus effleurent un parquet usé, grinçant sous mon poids.

L’endroit est… différent.

Ce n’est pas l’hôtel où j’ai bu mon dernier verre. Ce n’est même pas un hôtel du tout.

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