AmaraLes jours passent. Et dans ce territoire que nous avons conquis, quelque chose prend racine. Ce n’est plus seulement un camp. C’est le cœur battant d’un nouvel ordre. Les murs de bois ont été renforcés, les cabanes réorganisées, les cercles de feu nettoyés. Chaque pierre déplacée, chaque outil utilisé porte l’empreinte de notre volonté. L’ancienne meute avait survécu dans la peur. La nôtre apprendra à vivre dans la force, la cohésion, et la certitude d’un avenir.Je m’éveille avant l’aube, chaque matin. Le silence des bois, juste avant que la vie s’y glisse, est devenu mon moment. Là, je ressens la tension des arbres, le souffle de la terre. Ce lieu s’adapte à nous. Il résiste parfois. Mais il cède. Comme la meute.Les sentinelles se relaient sans faute. Eryx leur a enseigné l’art de veiller sans bruit, d’observer sans juger. Chaque matin, je fais le tour du camp. Je vérifie les réserves, écoute les chuchotements, interroge les regards. Les anciens m’évitent encore. Mais certain
AmaraLe vent a changé. Il est plus froid ce matin-là, comme si la nature elle-même ressentait la tension qui flotte dans l'air. Autour de nous, la meute est en train de se rassembler. Le camp, qui jusqu’ici semblait un peu chaotique, commence à se structurer sous nos yeux. Et tout autour, je sens la force brute de ce territoire, prête à exploser.C'est à nous maintenant. Nous avons conquis ce terrain, mais plus encore, nous avons conquis leur loyauté, ou du moins, une partie de celle-ci. Mais la vraie bataille commence ici, dans ce que nous allons faire de ce pouvoir.Je me lève, l’odeur de la terre humide envahissant mes narines. Les bruits de la meute se sont atténués, les voix s’apaisent quand ils sentent notre présence. Eryx est déjà là, son regard impassible scrutant le camp. À ses côtés, Thalia et Selène, prêtes à ce que le monde les suive.Mais la question qui reste suspendue dans l’air, c’est : allons-nous réussir à gouverner cette meute ? Ou allons-nous sombrer dans le même
AmaraLe soleil ne s'est pas encore levé, mais une lumière incertaine commence à pénétrer lentement la vallée. Le vent est frais, une brise piquante qui chasse la chaleur de la nuit. Tout autour de nous, le camp est calme, bien trop calme. Les bruits de la guerre se sont dissipés, mais l'air porte encore la lourdeur de la violence de la veille. Le sol est marqué de traces de sang, la terre arrachée par les pas de ceux qui ont combattu. Et nous, nous sommes là, figés dans cet entre-deux, entre la victoire et la réconciliation.Nous n’avons pas encore trouvé la paix. Pas encore.Je marche à côté d'Eryx, ses pas aussi lourds que les miens. Il ne parle pas, et je n’insiste pas. Ses pensées, je les connais déjà. Il est comme moi, fatigué par ce combat incessant. Mais ici, pour l’instant, nous devons faire une pause. Pour organiser, pour réfléchir. Pas de course effrénée vers la prochaine bataille, pas encore.EryxLa tension reste palpable dans l’air, et je sens chaque muscle de mon corps
AmaraLa nuit a presque englouti la vallée, mais le silence qui suit la bataille est presque aussi oppressant que le bruit du combat. Les corps, un à un, ont été emportés, enterrés dans l’oubli ou laissés en friche pour que la terre s’en nourrisse. Je devrais me sentir en paix. Nous avons remporté cette victoire. Mais au lieu de cela, je ressens un poids lourd, écrasant, comme une chape de plomb sur ma poitrine.Je regarde Eryx. Il est là, silencieux à mes côtés, son regard toujours aussi impénétrable, ses poings encore serrés. Nous avons pris le contrôle de la meute, mais à quel prix ? Nous n’avons pas seulement pris leur territoire. Nous avons pris leur cœur. Et quelque chose en nous a changé. Peut-être pour toujours.EryxJe reste là, observant le camp, mais je sais que je ne peux pas détourner le regard. La guerre n’est jamais aussi simple que de simplement écraser un ennemi. Ce sont les conséquences qui viennent ensuite. La culpabilité. Le doute. La peur de ce que l’on devient. E
AmaraLa meute est tombée. L’ombre qui nous avait poursuivis pendant si longtemps s’est dissipée. Mais ce n’est pas la victoire que j’attendais. Ce n’est pas la satisfaction que j’espérais. La clairière est silencieuse, les corps inertes de la meute dispersés sur le sol, leurs regards figés dans l’agonie de leur dernière lutte. Et pourtant… je n’éprouve rien. Rien de ce que je croyais ressentir.Selène marche parmi eux, ses yeux froids, sans émotion. Elle a ce regard impitoyable qui me rappelle la raison pour laquelle nous avons agi ainsi. Pas par plaisir. Pas par vengeance. Mais parce que c’était nécessaire. Parce que leur présence était une menace. Une menace pour nous, mais aussi pour ce monde fragile qui existe encore entre l’ombre et la lumière.EryxJe me tiens à l’écart, observant. Mes poings sont encore serrés. L’adrénaline qui coule dans mes veines ne veut pas disparaître. J’ai besoin de le sentir, ce frisson, cette violence qui me fait respirer plus fort. Mais je sais que c’
AmaraLe vent est froid, mais il me perce à peine. Ma concentration est telle que rien ne m'atteint. Nous avons repoussé la créature, mais nous savons qu’elle n’est qu’une partie du puzzle. Une marionnette dans une danse bien plus grande. Et maintenant, nous devons aller au cœur de la meute. Là où tout a commencé. Là où la véritable menace se cache.Selène est à mes côtés. Elle est l’ombre qui guide nos pas. Sa présence est rassurante, mais je vois aussi l’incertitude dans ses yeux. Cette meute n’est pas comme les autres. Ce sont des chasseurs. Des prédateurs nés. Et leurs proies… c’est nous.EryxJe n’ai pas besoin de mots pour savoir ce qui nous attend. Chaque membre de cette meute est un monstre en soi. Pourtant, je suis prêt. Mon cœur bat au rythme du danger. Mes sens sont aiguisés, chaque bruit dans la forêt est un avertissement. Nous sommes sur leur territoire. Mais c’est aussi notre chasse maintenant. Nous n’allons pas fuir. Nous allons les traquer, les dominer, les prendre.Le
AmaraJe sens la chaleur de la rage m’envahir, chaque fibre de mon être vibrante de l’envie de protéger Thalia. Ses blessures m’arrachent le cœur, et chaque cri qu’elle pousse alimente ma fureur. Je ne sais pas combien de temps nous tiendrons face à cette créature, mais je suis prête à tout. Le monde autour de moi devient flou, tout ce qui compte c’est cette silhouette noire, cette chose qui semble dévorer la lumière.Elle me frappe. Mes jambes cèdent sous l'impact, mais je me relève, animée par une détermination dévorante. Le sol tremble sous nos pieds alors que je vois la créature se tourner vers moi, une lueur malveillante dans ses yeux, prête à détruire tout sur son passage.Et puis, tout change.Un cri puissant déchire l’air, plus fort que tout ce que j’ai entendu. L’ombre, même elle, semble hésiter. Une lumière blanche éclatante inonde la forêt, et la créature recule un instant, comme prise au piège par cette lumière pure.Une silhouette se découpe dans cette lumière. Une femme.
AmaraLe calme est devenu presque suffocant, un silence oppressant qui flotte autour de nous. Après les mots échangés, les regards chargés, une étrange tranquillité s’est installée, presque irréelle, comme si nous nous étions enfermés dans une bulle, protégés des fureurs du monde extérieur.Mais rien ne dure éternellement.Je m’appuie contre un arbre, les bras croisés, perdues dans mes pensées. Le vent souffle doucement, et tout semble presque trop paisible. Thalia est là, près de moi, mais elle garde ses distances, ses yeux fuyant les miens, pourtant je sais qu’elle est toujours présente, que l’ombre de ce que nous avons vécu hier flotte entre nous. Eryx, lui, semble plus distant, tout aussi perdu dans ses propres réflexions. Un étrange poids pèse sur nous, lourd de tout ce qui est non-dit, mais aussi de ce que nous venons de franchir ensemble.Soudain, un bruit. Un craquement. L’air devient plus lourd. Ce n’est pas naturel.Je relève la tête, mes sens en alerte, mes muscles tendus c
AmaraJe me réveille doucement, à peine consciente, comme si mon corps n’avait pas encore quitté l’étreinte de la nuit. Le soleil a commencé à se lever, et ses rayons viennent effleurer ma peau, réchauffant doucement mon corps encore engourdi. Mais je ne bouge pas. Je ne veux pas bouger. Le parfum de l’air, l’odeur de la forêt, et la chaleur persistante de leur présence me retiennent dans cette limbes entre le rêve et la réalité.Je tourne lentement la tête, et je vois Eryx, allongé près de moi, sa respiration profonde et régulière. Il semble serein, mais il y a cette tension dans l’air. La même tension que la nuit dernière, une tension qui n’a pas encore disparu. Je sens le poids de ce que nous avons partagé. L’intensité du moment, la fusion de nos corps, ce qu’il en reste… c’est un fardeau aussi lourd que délicieux. Nous avons franchi une limite. Je le sais. Nous l’avons tous fait. Et il n’y a pas de retour en arrière.Mais le matin… le matin est différent. Le silence qui règne dans