LOGINDamien était transporté d'urgence à l'hôpital de la meute.La balle d'argent avait ravagé sa chair, et sa perte de sang, déjà considérable depuis sa précédente intervention pour sauver Sofia, l'a plongé dans un état critique.Les médecins les plus expérimentés se sont activés autour de lui toute la nuit.Pendant tout ce temps, je suis restée dehors et ne suis pas entrée.Lydia est restée à mes côtés sans un mot de reproche.« Il va s'en sortir », a-t-elle dit avec une certitude calme, « c'est Damien Blondeau, l'Alpha de la Tempête Rude. Il ne tombe pas si facilement. »J'ai acquiescé et ai pris la tasse chaude qu'elle me tendait.La chaleur m'a brûlée les paumes, mais n'a atteint jamais la glace qui me serrait le cœur.À vrai dire, je ne voulais pas qu'il meure. Pas même un peu.À l'aube, le médecin en chef est sorti enfin de la salle de soins. Il paraissait exténué, mais ses yeux trahissaient un soulagement immense.« Les signes vitaux de l'Alpha sont stabilisés », a-t-il annoncé, «
Avec le projet enfin lancé sur de bons rails, j'avais réussi à dégager un peu de temps pour retrouver Lydia dans un bar tranquille, à la lisière du territoire du clan. L'endroit, à l'écart du tumulte des zones principales, se prêtait parfaitement à une conversation entre amies.Nous étions assises près de la fenêtre, deux tasses de thé fumant posées sur la table en bois. Dehors s'étendait la Forêt Interdite, dense et presque noire. Le soleil de l'après-midi filtrait à travers les feuilles, projetant sur le sol des taches de lumière mouvantes.« Tu as changé, Sylvia », a observé Lydia en me détaillant, un sourire sincère au coin des lèvres, « Je veux dire… dans le bon sens. Tu parais plus… en paix. Comme quoi, prendre de la distance avec tout ce bazar et te concentrer sur ta carrière te réussit. »J'ai pris ma tasse entre les mains, savourant la chaleur du liquide à travers la céramique.« J'avoue que ça fait du bien, oui. Me lever chaque matin en sachant que je fais quelque chose de vr
Me réhabituer à la vie au sein de la meute de la Tempête Rude était finalement plus facile que je ne l'avais imaginé.J'ai trouvé rapidement mon rythme et me suis plongée, aux côtés de Doris, dans les travaux liés au projet de coopération.Certains membres de la meute me lançaient parfois des regards scrutateurs, mais j'avais appris à les ignorer. Je me suis enfouie dans le travail : classer les registres de chasse, coordonner les routes commerciales entre la meute de la Tempête Rude et les caravanes humaines.Cette charge constante me donnait une forme de satisfaction, et surtout elle me laissait peu de temps pour penser à des choses qui n'avaient plus d'importance.Cependant, Damien s'est mis à apparaître de plus en plus souvent autour de moi.Un après-midi, une averse soudaine s'est abattue sur le territoire. Je venais de sortir de la salle des archives et je n'avais rien pour me couvrir.J'allais me précipiter vers ma cabane quand une grande ombrelle s'est ouverte soudain au-dessus
Je ne parvenais pas à comprendre entièrement les intentions de Doris.Je n'étais qu'une nouvelle venue ici, sans lignée prestigieuse ni réseau solide. Pourquoi voulait-elle m'impliquer dans une affaire d'alliance aussi cruciale ?Était-ce simplement parce que j'étais l'ancienne compagne de Damien ?Mais Damien ne se souciait plus de moi. Notre lien était définitivement rompu, et il n'avait plus cherché à me contacter depuis.Pourquoi Doris pensait-elle qu'il ferait la moindre concession… pour moi ?Je suis restée assise dans son bureau, tentant d'assimiler sa proposition.L'alliance avec la Tempête Rude représentait l'affront diplomatique le plus important de l'année pour Myrtille. De nombreux clans observaient la situation, certains cherchant même à intervenir, car ce traité déterminerait si les meutes traditionnelles pourraient coexister harmonieusement avec les humains.« Doris, merci de votre confiance », ai-je dit, « mais je ne suis pas sûre d'être la personne adéquate. Je n'ai au
En quittant la cantine, je ne retournais pas directement à ma petite cabane.J'ai préféré errer un moment dans les allées du domaine, sans but précis, jusqu'à ce que les battements affolés de mon cœur finissent par retrouver un rythme plus calme.Ce n'était qu'alors que j'ai fait demi-tour en direction du dépôt de matériel.Doris m'avait mentionné plus tôt que certaines anciennes archives de chasse attendaient d'être triées et classées.Lorsque je suis arrivée, elle revenait justement avec l'équipe de patrouille. Elle se tenait devant l'entrepôt, donnant quelques consignes, les traits tirés par la fatigue.En me voyant approcher seule, elle a eu un léger mouvement de surprise. Son regard a glissé aussitôt derrière moi, comme pour vérifier si quelqu'un manquait.« Qu'est-ce que tu fais là ? Et Damien ? » a-t-elle demandé en s'avançant, une réelle inquiétude dans la voix.Je me suis arrêtée devant elle, tâchant de garder un ton aussi neutre que possible : « Après ton départ, il… avait qu
Le déjeuner a duré près d'une heure.Pendant tout le repas, Doris a endossé le rôle de médiatrice, s'efforçant de maintenir une conversation vivante entre nous deux.Elle interrogeait tantôt Damien sur les récentes chasses et la gestion des ressources de la Tempête Rude, tantôt se tournait vers moi pour me demander mes premières impressions sur la vie ici. Elle veillait à ce qu'aucun de nous ne se sente mis à l'écart.Je répondais rarement plus que par quelques mots, ou d'un simple hochement de tête.Le reste du temps, je gardais les yeux baissés, concentrée sur la viande de cerf grillée dans mon assiette, faisant tout pour ignorer la présence de Damien.Lui non plus ne parlait pas beaucoup.Ses réponses à Doris étaient courtes, précises. Mais son regard, lui, dérivait régulièrement vers moi. Il avait tant de questions, celles qui le rongeaient depuis des mois : l'accord de rupture, mon départ sans un mot, ce qui s'était brisé entre nous au point de devenir irrémédiable.Mais il savait







