Les dessous du cœur

Dès que Davy est arrivé avec cette mère et sa fille, j'ai su que cette journée ne se passerait pas comme prévu.

Laura, vêtue d'une ravissante robe blanche en mousseline, s'avançait vers nous en tenant la main de sa fille Anne.

« Rébecca, Davy m'a dit que c'était toi qui nous avais spécialement invitées pour ce voyage. Merci infiniment ! » Son sourire était doux, mais son regard lançait un défi.

Elle savait parfaitement que je ne l'avais jamais invitée.

Davy a placé ses bagages dans la voiture et a ouvert la porte arrière pour elle, mais s'est figé soudainement.

Les deux sièges censés être vides étaient occupés par deux loups-garous qu'il ne connaissait pas.

Notre ami Lucas s'est embarrassé d'expliquer : « Désolé Davy, ce sont mes deux frères... Ils ont voulu nous accompagner à la dernière minute... Je ne savais pas que Laura et sa fille viendraient... »

Le visage sombre, Davy est resté silencieux tandis que Lucas tentait de faire descendre ses frères.

Laura l'a arrêté d'un ton désapprobateur : « Ils sont juste à l'âge où on aime s'amuser, ne les renvoyez pas. »

Puis, baissant lentement les yeux avec une feinte tristesse, elle a murmuré : « Dans ce cas, Anne et moi n'irons pas. Bon voyage à tous. »

Elle a fait mine de partir, mais après deux pas, elle s'est retournée vers Davy et lui a demandé : « Davy... Anne attendait tellement ce spectacle des feux d'artifice... Puisqu'on ne peut pas y aller, pourrais-tu lui envoyer quelques photos et vidéos ? »

Davy a hésité. En voyant les yeux brillants d'Anne, il a pris sa décision. Il a ouvert alors ma portière et m'a fait sortir : « Rébecca, tu vois bien qu'il n'y a plus assez de places... Laisse Laura et sa fille prendre ta place, je reviendrai te chercher plus tard, d'accord ? »

J'ai écarquillé les yeux, incrédule.

Il a détourné le regard, incapable de soutenir le mien, mais a insisté : « On n'a pas le temps de changer de voiture maintenant... Attends-moi ici, je reviens vite, promis. »

Les deux jeunes loups-garous sont descendus de la voiture. Ils me regardaient, leurs yeux remplis de compassion. Puis, d'une voix gênée, ils se sont excusés et ont proposé : « Rébecca, désolés... Monte à notre place. On renonce. »

J'ai scruté les yeux de Davy, espérant y lire une émotion.

Mais dans ses yeux, il n'y avait rien, une calme indifférence. Peu importe que je parte ou que ces deux jeunes partent, pour lui, c'était pareil, ça ne comptait pas.

Baissant la tête pour cacher ma détresse, j'ai sorti mes bagages : « Allez-y... Ça ira. »

J'ai poussé les deux jeunes loups dans la voiture et me suis éloignée sur le bas-côté, mes valises à la main.

Avant leur départ, Laura m'a adressé un sourire victorieux.

À travers la vitre, le profil de Davy restait impassible. Il ne m'a même pas jeté un regard, comme si j'étais une parfaite inconnue.

Pendant les trois heures de trajet vers le parc, Laura a publié dix stories : des paysages et le « profil si charmant » de Davy au volant.

Sous un commentaire demandant « Laura, c'est ton compagnon ? Il est trop beau ! », elle n'a répondu qu'avec un émoji rougissant.

Après leur départ, Davy m'a appelée une seule fois, me disant d'attendre sur place.

Mais le soleil brûlant me cisaillait la peau, et je savais que je ne tiendrais pas longtemps sans me déshydrater.

Pourtant, je n'ai rien dit, juste acquiescé. Je voulais voir... S'il tiendrait parole.