Chapitre 2

Après avoir regardé Nicole entrer à l'école maternelle, Régine s'est rendue directement dans un cabinet d'avocats.

Elle a présenté le projet de divorce que Hugues avait préparé des années plus tôt, demandant s'il était toujours valable. Le document, rédigé avant leur mariage, ne portait aucune date mais était signé par lui.

À l'époque, il n'avait accepté de l'épouser qu'à une condition : il pourrait demander le divorce à tout moment, et elle ne devrait jamais s'y opposer.

Après confirmation de la validité du document, elle y a apposé sa signature et a confié les démarches à l'avocat.

« Veuillez m'envoyer l'acte de divorce à cette adresse », a-t-elle dit en tendant un papier, puis elle s'est levée pour partir.

C'était à cet instant qu'une vague de larmes est montée malgré elle. Elle a renversé la tête en arrière, luttant pour les retenir.

Oui, elle avait aimé Hugues.

Elle s'était battue, avait espéré une réponse de sa part. Mais après des années d'indifférence et de froideur, son cœur s'était peu à peu éteint. Maintenant que Lara était de retour, plus besoin de s'infliger ce supplice quotidien...

Le destin était le meilleur des scénaristes. En sortant du cabinet, Régine a aperçu Hugues et Lara dans le hall de l'immeuble.

La femme était magnifique, d'une beauté sauvage et rayonnante. Souriante, elle tenait le bras de Hugues, qui portait son fils Léo avec une tendresse évidente.

La scène lui a coupé le souffle.

Combien de fois avait-elle imaginé Hugues se promenant avec Nicole et elle ?

Les larmes ont coulé enfin. Elle les a observés un instant, le cœur serré, puis s'est éloignée péniblement.

De retour à la villa, elle a préparé son CV et son portfolio, qu'elle a envoyés à plusieurs entreprises qu'elle appréciait au pays A.

Puis elle a rédigé sa lettre de démission et s'est rendue immédiatement à son travail actuel.

Après leur mariage, Hugues l'avait rétrogradée : elle n'était plus qu'une employée ordinaire au service secrétariat.

La procédure de départ était simple et rapide. Alors qu'elle faisait le tri dans ses affaires après avoir passé ses dossiers, des pas et des murmures admiratifs ont retenti soudain à l'entrée du bureau.

Régine a levé les yeux et a vu plusieurs cadres supérieurs entourer Hugues et Lara.

Cette dernière avait changé de tenue. Loin du style provocant de tout à l'heure, elle arborait désormais un tailleur professionnel qui soulignait son allure décidée et élégante. Tous les regards convergeaient vers elle.

Quant à Hugues, son bras enveloppait sa taille avec possessivité. Ses yeux ne la quittaient pas, comme captivés.

Réprimant son trouble, Régine a fixé son mari intensément. Mais face à son indifférence glaciale et son mépris implicite, elle a fini par baisser la tête.

Quelques instants plus tard, ils se tenaient déjà devant elle.

« Régine, voici Lara Villiers, la compagne de M. Gérard. Elle reprendra vos fonctions à partir de demain. Vous serez mutée au service commercial. Veuillez lui transmettre vos dossiers sans délai. »

Hugues n'a pas démenti.

Sa compagne ? Déjà, il laissait Lara envahir leur vie sans aucune considération pour Nicole et elle ?

Les yeux rougis, Régine a serré les poings et a regardé de nouveau Hugues : « Hu... »

Mais à peine avait-elle prononcé cette syllabe qu'il l'a coupée d'un avertissement silencieux : « Si vous avez des objections concernant cette mutation, adressez-vous à votre supérieur hiérarchique direct. » Son froncement de sourcils demandait clairement son silence sur leur relation.

« Elle est bien plus qualifiée que vous pour ce poste », a-t-il ajouté froidement.

Ce poste… ou la place à ses côtés ?

Une douleur aiguë lui a transpercé le cœur. Malgré tout, elle a gardé son calme, a hoché la tête et a tendu la main à Lara : « Enchantée. »

Hugues a reporté son attention sur Lara, son regard glacial fondant soudain en tendresse.

Vraiment, il n'avait jamais regardé Nicole ou Régine de cette manière.

La différence entre l'amour et son absence était si criante.

Heureusement, Régine n'attendait plus rien.

...

Le soir même, l'entreprise a organisé une réception improvisée pour célébrer l'arrivée de Lara.

Régine, ayant déjà démissionné, ne souhaitait pas y assister, mais Lara l'a accostée : « Vous m'en voulez parce que j'ai pris votre poste, c'est ça ? Je vous assure, je n'ai jamais voulu vous remplacer. C'est Hugues qui a tout décidé. Je viens tout juste d'arriver, j'aimerais vraiment échanger avec vous. Je ne connais presque personne… Pourriez-vous m'accompagner ? »

Régine a répondu d'un sourire ambigu en secouant la tête : « Vous interprétez mal. Je dois aller chercher ma fille à l'école, désolée. »

« Et votre mari ? Il pourrait s'en charger ! »

Son mari ?

« Je n'ai pas de mari », a-t-elle déclaré d'une voix neutre, le cœur serré.

Hugues n'avait jamais reconnu être son époux. Aux yeux du monde, ils étaient des étrangers.

« Désolée, je ne savais pas », a repris Lara, sans renoncer, « pourquoi ne pas amener votre fille ? Mon fils sera là aussi. Ils pourraient jouer ensemble. »

« Non, elle n'aime pas ce genre d'événements. »

Alors qu'elles parlaient, une petite silhouette a bondi soudain vers Régine.

« Maman ! C'est M. Gérard qui m'a cherchée à l'école aujourd'hui ! » Nicole s'est blottie contre elle, rayonnante, « C'est lui qui m'a amenée ici ! »

Régine a tressailli. Comment avait-il pu la retrouver, lui qui ne connaissait même pas le nom de son école ?

Elle a levé les yeux et l'a vu s'approcher. Mais son regard souriant se posait sur Lara, sans même une once d'attention pour elles.

« Hugues, tu connais la fille de Madame Kaplan ? » s'est étonnée Lara.

Il s'est empressé de clarifier, évitant la réalité : « Je l'ai croisée en allant chercher Léo. Je l'ai reconnue, car elle est venue quelques fois au bureau avec sa mère. » Sa voix était distante, comme s'il parlait d'étrangers… ou pire, de personnes dont il craignait la proximité.

Nicole a ouvert la bouche pour protester, mais un discret signe de tête de Régine l'a fait se taire, les yeux tristement baissés.

« Ah, je comprends… Sais-tu que cette petite n'a pas de père ? » a poursuivi Lara avec une feinte compassion, « Ne la mute pas au service commercial, ce serait trop exigeant pour une mère célibataire. »

Hugues a froncé légèrement les sourcils, a jeté un regard furtif à Régine et a acquiescé : « Comme tu voudras. »

Lara a souri, satisfaite.

Leur complicité flottait dans l'air, excluant tout le monde autour.

Nicole s'est cramponnée à la jupe de sa mère, enfouissant son visage contre elle.

Soudain, la voix de Léo a rompu leur intimité : « Papa ! »

Le garçon a couru ensuite vers Hugues et s'est blotti contre sa jambe : « Prends-moi dans tes bras ! »