Mag-log inChapitre 5: – TU VEUX DORMIR SUR LE LIT DE MA SŒUR ?
Le trajet jusqu’à l’université fut rapide. Les rues animées du matin étaient envahies par des étudiants, des travailleurs pressés et le bruit des klaxons qui résonnait dans l’air. Je me faufilai entre la foule, mon sac serré contre moi, avançant avec l’assurance de quelqu’un qui connaissait ce campus par cœur. Sept ans. Sept ans à arpenter ces couloirs, à jongler entre les cours, les examens et les projets. Sept ans à construire mon avenir, à me battre pour prouver que j’étais capable d’atteindre le sommet. Aujourd’hui, je n’étais plus une simple étudiante. J’étais en dernière ligne droite, prête à soutenir mon doctorat en gestion et comptabilité. Dès mon entrée dans le bâtiment principal, je fus assaillie par des visages familiers. Certains camarades de promotion, des professeurs que je croisais depuis des années, des juniors qui me lançaient des regards admiratifs.
— Elodie !
Je me retournai et vis Sarah, l’une de mes amies les plus proches, accourir vers moi. Grande, élégante, toujours impeccablement habillée, elle respirait l’assurance et l’intelligence.
— Salut, Sarah.
Elle me fit un sourire radieux avant de jeter un regard à ma tenue.
— Toujours aussi classe. Tu comptes impressionner qui aujourd’hui ?
Je ris doucement.
— Moi-même, déjà.
Elle leva les yeux au ciel avant de passer un bras autour de mes épaules.
— Allez, viens. On a un séminaire avec le professeur Lambert.
Nous traversâmes le hall bondé avant d’entrer dans l’un des amphithéâtres. L’ambiance était studieuse, mais détendue. Certains étudiants discutaient à voix basse, d’autres révisaient des notes.
À peine assise, je sentis une tape amicale sur mon épaule. C’était Lucas, un autre ami de longue date.
— Hey, future docteure, pas trop stressée pour la soutenance ? me demanda-t-il avec un sourire en coin.
Je roulai des yeux.
— Ça va, j’ai encore du temps pour finaliser tout. Mais ça devient réel, c’est sûr.
— Tu vas tout déchirer, comme toujours.
— J’espère bien.
Le professeur Lambert entra enfin, imposant le silence dans l’amphi. Un homme rigide, exigeant, mais juste. Il posa ses affaires sur son bureau avant de balayer la salle du regard.
— Aujourd’hui, nous allons discuter des stratégies financières appliquées aux grandes entreprises et de leur impact sur la gestion des risques.
Les conversations cessèrent immédiatement, et tout le monde sortit son matériel. Je sortis mon ordinateur et me plongeai dans le cours avec la concentration qui me caractérisant. Après deux heures intenses de débat et d’analyse, le séminaire toucha à sa fin. Sarah, Lucas et moi sortîmes ensemble, échangeant nos impressions.
— Il est toujours aussi strict, ce Lambert, souffla Sarah.
— C’est ce qui fait de lui un bon professeur, répondis-je en rangeant mon carnet dans mon sac.
Lucas hocha la tête.
— Tu as raison, mais parfois, un peu plus de souplesse ne ferait pas de mal.
Nous éclatâmes de rire avant de nous arrêter près du café du campus.
— Un café avant de repartir ? proposa Sarah.
— Tentant, mais j’ai du travail qui m’attend, répondis-je.
Lucas haussa un sourcil, amusé.
— Toujours sérieuse, Elodie.
Je haussai les épaules.
— Je suis presque au bout. Je ne vais pas me relâcher maintenant.
Ils acquiescèrent, respectant ma détermination. Après un dernier échange de sourires, je leur fis signe et pris le chemin de la bibliothèque. J’avais encore des heures de travail devant moi, mais une chose était certaine : j’étais plus que prête à affronter la suite.
La semaine s’était écoulée à une vitesse folle entre les cours, les recherches et mes préparations pour la soutenance. Le week-end était enfin là, une bouffée d’air frais après des journées remplies de stress et d’efforts.
Allongée sur mon lit, j’étirai mes bras en soupirant. J’avais envie de me détendre, de penser à autre chose qu’aux chiffres et aux stratégies financières.
Et puis, il y avait Samuel. Depuis notre conversation nocturne, je n’avais cessé de repenser à lui. Sa voix grave, son assurance, sa manière calme mais captivante de parler… Il dégageait une aura fascinante. Je me redressai et attrapai mon téléphone. Il était peut-être temps de tenir ma promesse.
Après une brève hésitation, je tapai son numéro et appuyai sur l’icône d’appel.
Il décrocha presque immédiatement.
— Bonsoir, Elodie.
Ma poitrine se serra légèrement. Sa voix était encore plus séduisante au téléphone.
— Bonsoir, Samuel. Tu vas bien ?
— Beaucoup mieux maintenant que j’entends ta voix.
Je souris malgré moi. Ce genre de phrases m’avait toujours paru cliché, mais venant de lui, c’était différent.
— Tu es toujours aussi charmeur ? plaisantai-je.
Il rit doucement.
— Seulement quand la personne en face en vaut la peine.
Je passai une main dans mes cheveux, un peu troublée.
— Alors… tu te souviens que j’avais promis un dîner ?
— Bien sûr. J’attendais que tu m’appelles.
— Je suis libre ce soir. Ça te dit ?
— Absolument. À quelle heure veux-tu que je passe te chercher ?
Je réfléchis un instant.
— Disons… 20h ?
— Parfait. Prépare-toi à passer une belle soirée.
— J’espère bien.
— À tout à l’heure, Elodie.
— À tout à l’heure, Samuel.
Je raccrochai, mon cœur battant un peu plus vite.
Le miroir me renvoyait l’image d’une femme prête à séduire. Robe fluide mais élégante, talons fins, et un rouge à lèvres d’un rouge profond, audacieux, presque coquin. Je souris en ajustant mes boucles d’oreilles avant de souffler un bon coup. Ce dîner avec Samuel… Je voulais être parfaite. Après un dernier regard satisfait, je pris mon sac et quittai l’appartement pour me rendre au lieu du rendez-vous.
Lorsque j’arrivai, Samuel était déjà là.
Il était appuyé contre sa voiture, un léger sourire en coin, les bras croisés, avec une aisance déconcertante. Il n’était pas en costume strict comme certains hommes qui cherchaient à impressionner, mais dans un simple t-shirt qui moulait parfaitement son torse musclé. Son visage lisse, impeccable, éclairé par les lumières de la ville, ajoutait à son charme naturel. Je sentis mon cœur battre un peu plus vite.
— Tu es magnifique, me dit-il en ouvrant la portière pour moi.
— Merci. Tu n’es pas mal non plus, répondis-je en m’installant dans la voiture.
Le restaurant était intime, à l’abri du bruit et de l’agitation. Samuel choisit une table près de la fenêtre, où les lumières tamisées rendaient l’ambiance encore plus agréable. Dès le début du repas, il se montra incroyablement à l’aise. Son charisme naturel ne résidait pas seulement dans son physique, mais aussi dans son humour. Il savait exactement comment détendre l’atmosphère.
— Tu sais que ton rouge à lèvres est une arme fatale ? lança-t-il après une gorgée de son verre.
Je haussai un sourcil, amusée.
— Ah oui ? Et pourquoi donc ?
— Parce qu’il donne envie de t’embrasser.
Je ris doucement, feignant l’indifférence alors que mon ventre se nouait légèrement. Ce mec était dangereux… Mais diablement séduisant. La conversation coula naturellement. Il me fit rire plusieurs fois, me racontant des anecdotes hilarantes, et je me surpris à apprécier sa compagnie plus que prévu. La soirée toucha à sa fin bien trop vite à mon goût. Samuel me raccompagna jusqu’à mon appartement. Il coupa le moteur devant mon immeuble et se tourna vers moi.
— J’ai passé une excellente soirée, Elodie.
— Moi aussi… admis-je en souriant.
Je m’apprêtais à lui dire bonne nuit quand je remarquai l’absence de la voiture d’Isabelle. Mon sourire s’effaça instantanément.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda Samuel en fronçant légèrement les sourcils.
Je soufflai, agacée.
— C’est Isa. Elle est encore sortie ce soir…
Il haussa un sourcil, intrigué.
— Et alors ? Elle est adulte, non ?
Je roulai des yeux.
— C’est pas la question. J’aime pas dormir seule, voilà.
Il me fixa un instant avant de sourire légèrement.
— Je vois.
Il y eut un silence, puis il pencha légèrement la tête.
— Je veux pas paraître indiscret… mais si ça peut te rassurer, je peux passer la nuit ici.
Je clignai des yeux, surprise.
— Pardon ?
— Je sais, c’est absurde, on vient à peine de se rencontrer, dit-il en levant les mains en signe d’innocence. Mais si l’idée de dormir seule te dérange à ce point… Il haussa les épaules. On peut faire une exception.
Une partie de moi était sceptique. Mais une autre… Une autre était ravie.
Je mordillai ma lèvre, réfléchissant.
— Tu veux dormir sur le lit de ma sœur ?
— Si c’est une invitation, je l’accepte volontiers.
Je ris doucement avant d’ouvrir la portière.
— D’accord. Viens.
Samuel coupa le moteur et sortit de la voiture. Et cette nuit-là, sans même l’avoir prévu, je venais peut-être d’inviter le danger chez moi.
La nuit était tombée depuis quelques heures, enveloppant notre maison de campagne d’un calme presque irréel. Nathaniel et moi étions assis sur le banc en bois du jardin, une couverture douce posée sur nos genoux. Devant nous, le ciel clair était parsemé d’étoiles, leur éclat dansant comme si elles célébraient avec nous tout ce que nous avions traversé. Nathaniel tenait une tasse de thé chaud dans une main, son autre bras reposant négligemment sur le dossier du banc derrière moi. Ses doigts effleuraient distraitement mon épaule, un geste presque inconscient mais terriblement apaisant. Je tenais une tasse identique, mes doigts jouant avec le bord en céramique, plongée dans mes pensées. « Tu sais, » dit-il soudain, sa voix basse et tranquille, « si quelqu’un m’avait dit que je finirais ma vie à écouter les conseils d’une femme qui pense que les rideaux en lin sont une priorité… » Il laissa sa phrase en suspens, me lançant ce regard malicieux que je connaissais si bien. Je tourn
LE POINT DE VUE DE camille Tout a commencé un soir, alors que Nathaniel et moi étions dans le salon, entourés de croquis, de morceaux de tissu, et de mon éternelle tasse de café tiède. J’étais nerveuse, mais déterminée à lui parler de mon projet. « Nathaniel, j’ai réfléchi… » J’ai pris une profonde inspiration avant de poursuivre. « Je veux transformer mon atelier en une véritable entreprise de mode. Une marque. Quelque chose de grand. » Il a levé les yeux de son téléphone, intrigué. « Tu veux dire… ouvrir une boutique ou carrément conquérir le monde de la mode ? » J’ai souri, enroulant une mèche de cheveux autour de mon doigt. « Pourquoi pas les deux ? » Je lui ai expliqué mon plan en détail : agrandir l’atelier, embaucher une petite équipe, et lancer une première collection sous mon nom. Il m’a écoutée attentivement, puis, après un long silence, il a hoché la tête. « D’accord. Je vais investir dans ton projet. Mais à une condition : tu dois accepter un peu de mon aide da
LE POINT DE VUE DE Camille Ce matin-là, j'avais l'esprit ailleurs. Enroulée dans une couverture sur le canapé, je fixais un point invisible devant moi, mon café refroidissant dans mes mains. Mes pensées tourbillonnaient, entre excitation et angoisse. Ce test de grossesse positif... c’était un choc, et en même temps, une petite lumière d'espoir. Nathaniel était sorti tôt, comme à son habitude, laissant derrière lui une note adorable sur la table : « À ce soir, ma chère chipie. Prépare-toi, j’ai une surprise pour toi. PS : Je t’aime, même quand tu grignotes mes gâteaux en cachette. »Un sourire s’était dessiné sur mes lèvres en lisant ses mots, mais l'inquiétude avait rapidement repris le dessus. "Comment lui dire ?" Nathaniel, avec son besoin de tout contrôler, ses plans minutieux pour l’avenir... Allait-il accueillir cette nouvelle avec joie, ou avec crainte ? Je craignais de le bousculer, de le voir paniquer. Ce soir-là, il est rentré avec une énergie débordante, son sour
LE POINT DE VUE DE camille Je n'aurais jamais cru que Nathaniel, l'homme qui planifiait tout dans les moindres détails, aurait l'idée d'organiser un week-end spontané. Tout a commencé un vendredi soir, alors que je préparais un tas de commandes pour l’atelier. Nathaniel est arrivé, un sourire énigmatique sur les lèvres, et m’a annoncé : — Prépare une valise légère. Je t’emmène quelque part. J’ai levé un sourcil, sceptique. — Où ça, exactement ? Il haussa les épaules comme si ce n’était rien d’extraordinaire. — C’est une surprise. Fais-moi confiance. — Ça dépend. C’est une surprise agréable ou une de celles où je finis par regretter de t’avoir suivi ? Il m’a regardée avec cet air qui disait : Tu es vraiment impossible, mais je t’aime quand même. — Camille, tu me brises le cœur. Je te promets que tu vas adorer. Trois heures plus tard, nous étions sur la route, en direction de ce mystérieux week-end. La voiture roulait sur une route sinueuse bordée de champs et d’arbres, le
Camille Organiser une fête surprise pour Nathaniel relevait du défi olympique. Non seulement il était difficile de lui cacher quoi que ce soit, mais en plus, il avait cette manie de toujours poser des questions sur mes moindres faits et gestes. Pourtant, j’étais déterminée. Cet homme méritait une soirée mémorable, même si cela impliquait de jongler avec les imprévus. La journée avait commencé comme toutes les autres. Nathaniel était parti au bureau, parfaitement ponctuel comme toujours, et moi, j’avais plongé dans les préparatifs. J’avais tout planifié : une liste d’invités triés sur le volet, un buffet élégant, un gâteau sur mesure, et une ambiance festive mais pas trop guindée, parce que, soyons honnêtes, Nathaniel n’est pas vraiment du genre à aimer les fêtes extravagantes. Tout aurait pu être parfait… si seulement la réalité avait suivi mes plans. Les premiers couacs sont apparus dès l’après-midi. Le traiteur m’appela pour m’annoncer que la commande avait pris du retard. Ré
LE POINT DE VUE DE Camille Je pris une grande inspiration. — Nathaniel, j’ai une idée. Il leva les yeux vers moi, déjà sur ses gardes. — Oh non. Tes "idées" finissent toujours par bouleverser ma vie, Camille. Je roulai les yeux, m’approchant de lui. — Écoute, ça pourrait vraiment nous faire du bien. Il fronça les sourcils. — C’est ce que tu as dit pour ce cours de danse. Et je te rappelle que j’ai failli me tordre la cheville. — C’est différent, protestai-je. Je pensais à… adopter un animal de compagnie. Il recracha presque son café. — Un animal ? Camille, tu plaisantes ? Tu sais combien je suis occupé ? — Justement, répondis-je en croisant les bras. Avoir un compagnon pourrait nous aider à nous détendre et ajouter un peu de vie dans cette maison. Il secoua la tête. — Cette maison a déjà assez de vie avec toi. Je lui lançai un regard noir. — Nathaniel, je suis sérieuse. On pourrait aller au refuge cet après-midi, juste pour voir. Il soupira lourdement,