Chapitre 55 : une tension LE POINT DE VUE de Zahira Je le regardai en silence, mon cœur battant dans ma poitrine. Alejandro n’avait pas l’air aussi alarmé que je m’y attendais. Il haussait légèrement les sourcils, comme s’il ne comprenait pas pourquoi je me tournais vers lui avec un regard aussi sérieux.— Ce que j’ai entendu, Alejandro, je… je ne peux pas me permettre de le laisser passer sous silence.Il prit un instant pour digérer mes paroles, puis, avec un air de calme précaire, il répondit.— Zahira, tu sais que j’ai une bonne relation avec mon oncle. Et je connais assez bien sa manière de parler. Peut-être que tu as mal entendu, c’est tout.Je n’allais pas me laisser dissuader si facilement. J’avais vu dans ses yeux ce petit éclat d’inquiétude, comme si une part de lui savait qu’il n’y avait rien d’anodin dans ce que j’avais entendu. Mais il ne voulait pas l’admettre, pas tout de suite.— Non, Alejandro. J’ai bien entendu. Crois-moi. Il n’y a rien de mal à ce que tu veuilles
Chapitre 54 : Quelques jours plus tardLE POINT DE VUE DE ZAHIRA Je n’arrivais pas à fermer l’œil. Il y avait dans l’air une tension sourde, une impression que quelque chose se préparait. Depuis la mort de Maxence, la villa semblait habitée par le silence… un silence épais, comme avant une tempête. Mais ce soir-là, ce n’est pas le silence qui m’a réveillée, c’est une sensation étrange… le sentiment qu’on nous observait.Je me suis levée, pieds nus sur le sol froid, j’ai traversé le couloir plongé dans la pénombre. Un bruit léger m’a attirée vers le bureau de Maxence. Fermé. Pourtant, j’étais certaine que personne n’y entrait depuis les funérailles.Je me suis approchée. J’ai collé mon oreille à la porte. Et là, une voix. Grave. Masculine. Pas celle d’Alejandro.Je me suis figée.Une autre voix lui répondait, plus calme, presque robotique. "Nous avons besoin des dossiers, Zahira doit être livrée. Elle nous a trop coûté."Mon cœur s’est figé dans ma poitrine.Je n’ai pas reconnu les vo
Chapitre 53 : L’étreinte d’un amour interdit devenu réelLE POINT DE VUE DE D'AURELIA Je l’ai trouvé dans le jardin, assis sur le banc de pierre où Maxence aimait fumer ses cigares le soir. Le vent soulevait légèrement les mèches sombres d’Alejandro, et ses épaules, larges et solides d’ordinaire, semblaient s’être affaissées sous le poids de la douleur. Il avait le regard perdu, figé sur la lune qui trônait au-dessus de nous, comme un témoin silencieux de tout ce chaos.Je m’approchai à pas lents, hésitants. Mon cœur battait vite, déchiré entre la peine, la culpabilité et cet amour que je n’arrivais plus à cacher. Je savais que je ne devrais pas… pas si tôt. Mais c’était plus fort que moi.Je me suis arrêtée juste derrière lui. Il ne m’avait pas entendue arriver.— Alejandro…Il sursauta légèrement, puis tourna lentement la tête vers moi. Son regard était rougi, les yeux encore brillants d’une tristesse que je n’avais jamais vue chez lui. Il ne disait rien, il me regardait juste. Et
Chapitre 52 : Le dîner du silenceLE POINT DE VUE D'AITANA Je n’avais pas faim. Je crois que personne n’avait faim.Mais malgré tout, la table avait été dressée. La longue table de la salle à manger, celle que papa aimait tant, étalait devant nous un festin triste, froid, inutile. Des plats posés comme un devoir, non comme un réconfort. Tout avait été fait avec soin par le personnel, dans un silence religieux, comme s’ils rendaient un dernier hommage.Je restais figée sur ma chaise, les mains posées sur mes cuisses, raides. Je n’arrivais même pas à lever les yeux vers les autres. J’étais assise entre Zahira et Aurélia, et Alejandro se trouvait en face, à la place que papa occupait toujours. Cette simple vision me donna la nausée.Je n’avais pas touché à mon assiette. Mes couverts restaient là, bien placés, propres. Inutiles.Zahira tenta de rompre le silence avec un simple :— Mange un peu, Aitana.Je secouai la tête.— J’y arrive pas.Elle ne dit rien d’autre. Sa main frôla la mienn
Chapitre 51 : l’enterrement de MaxenceLE POINT DE VUE D'AURÉLIA Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.Le silence dans la maison était devenu pesant. Un silence qui n’avait plus rien de paisible… Il sentait la mort, le vide, le manque. Le soleil s’était levé timidement, perçant à peine le voile de brume qui recouvrait la villa. Même la lumière semblait en deuil.La maison était plongée dans une atmosphère étrange. Les domestiques marchaient à pas feutrés, évitant de croiser nos regards. Aitana n’avait pas dit un mot depuis la veille. Zahira, elle, avait les yeux rougis, mais restait droite, comme si elle refusait de s’effondrer. Alejandro était silencieux, fermé, en costume noir. Son regard était vide, mais ses poings serrés trahissaient tout le feu qui bouillonnait en lui.Moi… je ne savais pas où me placer. J’étais perdue entre douleur, culpabilité et amour.Maxence allait être enterré aujourd’hui.Il y avait une voiture noire devant la villa. Puis deux. Puis dix. Des limousines, des
Chapitre 50 : Le drameLE POINT DE VUE D'ALEJANDRO. Le sang de mon père tâchait mes mains. Il glissait entre mes doigts, chaud et épais, et je n’arrivais pas à arrêter l’hémorragie. Je pressais la plaie comme un forcené, hurlant pour qu’il tienne bon.« Non… non, Papa reste avec moi… » Ma voix tremblait, brisée. « Zahira ! Zahira appelle les secours ! MAINTENANT ! »Mais au fond de moi, je savais déjà. Je le sentais. Son cœur ralentissait. Son souffle devenait plus irrégulier, plus faible, comme une flamme vacillante qu’aucune prière n’arriverait à raviver.Maxence me regardait, ses yeux clairs, pleins de douleur… mais aussi d'une étrange paix. Ses lèvres tremblaient légèrement.« C’est fini, Alejandro… »Je secouai la tête, les larmes inondant mes joues. Je n’avais pas pleuré comme ça depuis l’enfance. J’étais à genoux, les mains ensanglantées, l’âme déchirée.« Non ! NON c’est pas fini ! Tu vas vivre, tu peux pas me laisser ! Pas comme ça ! » Je m’accrochais à lui. À sa vie. À notr