Eden & AleksandrEdenJe sens encore lui en moi.Sa présence. Son odeur. Son empreinte.C’est dans mes os, sous ma peau, dans chaque cellule tremblante.Chaque battement de mon cœur résonne contre sa cage thoracique, comme un tambour de guerre trop lent, trop fort.Comme si mon corps voulait hurler, mais que ma gorge restait nouée.Il ne dit rien.Moi non plus.Le silence est là, épais, brûlant, et pourtant je ne le fuis pas. Pas encore.Ma tête est posée sur son torse, ma peau nue contre la sienne. Il est chaud. Solide. Immobile.Il est ce mur contre lequel je me fracasse, encore et encore, sans comprendre pourquoi je n’apprends jamais.Ses doigts effleurent distraitement ma colonne vertébrale. Un va-et-vient lent. Apaisant.Mais je suis tout sauf apaisée.Je suis en vrac.Brisée à l’intérieur.Et paradoxalement, plus entière que jamais.Il ne m’a pas juste prise. Il m’a redéfinie.Et ça me fait peur.Un vertige silencieux, sans chute ni sol.Parce que je ne sais pas qui je suis quan
Eden & AleksandrEdenJe sens la tension avant même d’ouvrir les yeux.Pas celle du monde encore endormi. Pas celle du calme du matin. Non.C’est une tension qui serre la gorge. Qui s’insinue sous la peau.Une menace sourde. Invisible.Je garde les yeux fermés. Je retiens mon souffle.Et j’écoute.Le silence est trop… chargé.Comme si l’air lui-même retenait sa respiration.Et puis je le sens. Le souffle d’Aleksandr, chaud contre ma nuque.Régulier. Présent.Mais son corps ne bouge pas. Il est figé. Comme moi.EdenQuelque chose ne va pas.Je rouvre les yeux. Lentement. Chaque battement de cœur résonne dans mes tempes.La pièce est baignée d’une lumière pâle. Trop pâle.La fenêtre entrouverte laisse passer un vent qui n’existait pas la veille.Et ce frisson. Ce frisson qui grimpe le long de mon dos.EdenJe le sens.Je le ressens.Quelque chose approche.Aleksandr— Ne bouge pas.Sa voix est si basse que j’aurais pu la croire rêvée. Mais non.Elle est réelle. Grave. Râpeuse.Et elle m
Eden Le bruit de mes pas résonne comme un appel à l’aide dans la ruelle sombre. Chaque mouvement semble amplifier le sentiment d’urgence qui bombarde mon esprit. Je suis à la recherche d’une issue, d’un abri, ou peut-être même d’un signe qui me dirait que tout ira bien. Mais dans cette cacophonie urbaine, chaque son semble une résonance de danger. Je tourne à gauche et me faufile dans une ruelle étroite, pressant mon dos contre le mur froid. Ma respiration est rapide, presque incontrôlable. Je scrute l’horizon, tentant d’attraper un aperçu de ce que je fuies. Les images des visages menaçants, de leurs intentions sombres, hantent chaque coin de mon esprit. Je me rappelle de l’adieu d’Aleksandr, de son regard déterminé, et de la promesse qu'il m’a faite. Chaque image me pousse à avancer. EdenJe dois le retrouver. Je dois savoir s’il va bien.Peu importe combien il est difficile de croire en une lumière au bout de ce tunnel, je refuse de laisser la peur m’écraser. Je me glisse der
AleksandrLe sang bat à mes tempes, résonne contre mes tympans comme un tambour de guerre. La ville, ses bruits, ses hurlements, ses coups de feu… tout s’éloigne. Il n’y a plus qu’elle. Cette silhouette qui fend la foule, qui court vers moi avec une force que je croyais éteinte depuis longtemps. Eden.Je ne peux pas bouger. J’ai les bras en feu, le flanc en sang. J’ai reçu un éclat, peut-être plus. Mais ce n’est pas ça qui m’empêche d’avancer. C’est la peur. La terreur sourde que quelque chose la touche avant que je puisse la serrer contre moi.AleksandrCours. Continue. Je suis là.Elle est magnifique. Même au milieu du chaos, même dans cette nuit où tout pourrait s’arrêter, elle est lumière. Et je me rends compte que j’ai été idiot de croire que je pouvais la protéger en m’éloignant. Elle est ma seule protection contre l’ombre. Elle est mon feu.Je tends la main vers elle, une seconde trop tard.Le coup de feu claque.Je hurle.Aleksandr– Non !Mon cœur explose dans ma poitrine. Je
EdenL’air vibre autour de moi, saturé du bruit des pales, du hurlement des moteurs, et de l’écho des coups de feu qui résonnent toujours, plus lointains. Ma poitrine se soulève, haletante. Je m’accroche à lui. Sa présence, son corps contre le mien, est la seule chose qui m’empêche de sombrer dans l’abîme. Je suis blessée. Pas seulement physiquement, mais profondément. Cette violence, ce chaos, tout est si... réel. Et pourtant, dans ses bras, je ne veux plus rien ressentir d’autre que la chaleur de sa peau contre la mienne.Je ne ressens plus mon bras. Juste des fourmillements insupportables, comme si la chair elle-même refusait d’accepter la blessure. La douleur est là, mais elle ne prend pas le dessus. Ce n’est pas grave. Pas tant qu'il est là. Tant qu'il me tient, je peux tenir.Je lève les yeux vers lui. Sa mâchoire est crispée, ses lèvres serrées. Il est pâle, les veines de son cou saillantes, battant dans un rythme qui ne me dit rien de bon. Mais il garde les yeux fixés sur le v
EdenJe ne dors pas. Pas vraiment. Il y a dans l’air quelque chose de trop tranchant pour le sommeil. Le feu crépite dans l’âtre, timide. Il éclaire les murs de pierre d’une lueur vacillante, projetant des ombres instables, comme des souvenirs en fuite. L’obscurité danse. Le silence est presque parfait. Mais il n’est pas doux. Il est tendu. Suspendu. C’est le silence de l’attente. Le genre de calme que seuls les fous peuvent appeler paix.Aleksandr dort à moitié. Son bras m’entoure, possessif, protecteur. Son souffle chaud s’épanche dans mon cou. Pourtant, même endormi, son corps est prêt. Je le sens. Chaque muscle en alerte, chaque battement de cœur comme un écho du danger. Il est né pour survivre. Et pour tuer, si besoin.Mon bras blessé pulse doucement. La douleur est là, constante, comme une voix basse qui ne cesse de murmurer. Je ferme les yeux. Inspire. Expire. Essaie de m’accrocher à cette chaleur contre moi. À cette bulle de sécurité factice.Mais il y a quelque chose. Quelque
EdenNous avons enterré les corps dans le silence. Sans mots, sans prières. Juste de la terre retournée à la hâte, et le poids de ce qu’ils représentaient : une promesse de violence. Une déclaration de guerre.Chaque pelletée me déchirait les bras. Pas à cause de la douleur physique, non. Mais parce que j'avais l’impression de m’enterrer moi-même, centimètre par centimètre. Mon innocence. Ma paix. Mon illusion de pouvoir encore choisir une vie tranquille.Le jour s’est levé sans lumière.Le ciel est d’un gris sourd, dense comme la cendre, comme s’il savait ce qui s’est joué cette nuit. Comme s’il pleurait ce que nous venons de perdre : la paix illusoire, le répit, ce mince fil d’air qu’on appelait « avenir ».Mais je ne veux plus penser à eux. Ni à ceux qui viendront. Je ne veux plus penser à la fuite, aux pièges, au sang.Je veux lui.Aleksandr est resté debout devant la fenêtre. Les mains croisées dans le dos. La nuque tendue. Le dos droit comme un commandant devant un champ de bata
EdenLe jour s’effrite sans éclat. La maison est devenue un tombeau silencieux, imprégné de la chaleur de son corps et de l’odeur de sa peau contre la mienne.Je reste allongée quelques secondes. Ou quelques heures. Le temps a perdu tout sens. Ma peau garde encore l’empreinte de ses mains, comme une cicatrice brûlante que je chérirai jusqu’à mon dernier souffle.Quand Aleksandr finit par se lever, c’est sans bruit. Il ramasse son pantalon, sa chemise arrachée, et se rhabille avec une lenteur presque douloureuse. Ses gestes sont précis, mécaniques, comme ceux d’un soldat avant la bataille.Je le regarde s’éloigner de moi et chaque centimètre qui nous sépare me fait l’effet d’une érosion. Un morceau de moi s’arrache.Eden— Reste encore.Ma voix est rauque, éraillée par le sommeil et l’amour. Elle claque dans l’air comme une prière.Il s’arrête. De dos. Ses épaules se contractent.Puis il se tourne, lentement. Ses yeux accrochent les miens, et tout ce que je lis dedans me coupe le souff
EdenIl ne dort plus.Je le sens avant d’ouvrir les yeux, dans la manière dont son souffle change, s’alourdit, s’étire comme s’il portait un poids invisible.Sa main dans mes cheveux s’est figée, plus tendue qu’auparavant.Comme si une peur ancienne venait de le réveiller.J’ouvre lentement les paupières. Son regard me fixe déjà.Il ne me quitte pas. Il ne cligne même pas.Je lis dans ses yeux ce qu’il ne dit pas : la crainte. L’avidité. L’attachement.Aleksandr— Tu ne vas pas partir, hein ?Il parle bas, sa voix rauque semble gratter la nuit.Je sens ses doigts trembler contre ma nuque.Comme si l’idée même de mon départ pouvait faire vaciller son monde.Eden— Non. Je suis là. Je reste.Je caresse sa joue, lentement, comme pour lui réapprendre la douceur.Son corps soupire, comme un navire qui rentre au port après une tempête.Ses bras me referment contre lui. Fermes. Totaux.Il me serre comme on serre la vie.Je me glisse sur lui. Nos peaux se reconnaissent. Nos souffles s’accorde
EdenJe ne sais plus où finit sa peau, où commence la mienne.La chambre est un sanctuaire saturé de gémissements, d’ombres mouvantes et de halètements fébriles.Les murs retiennent notre fièvre.L’air est épais de nous.Je suis étendue sur son torse, nue, offerte, la joue écrasée contre son cœur.Je le sens battre fort, rapide, presque douloureux.Son souffle se mêle au mien, ses doigts dansent sur mon dos comme s’il m’écrivait en silence.Je frissonne.Non pas de froid.Mais parce qu’il me touche comme si j’étais sacrée.Comme si je pouvais disparaître entre deux battements.Je redresse la tête.Ses yeux sont ouverts, noirs, fiévreux, fixés sur moi.Il ne dort pas.Il ne veut pas dormir.Il ne me veut pas absente.Il me garde entre ses bras comme on retient une arme, ou une prière.Je monte sur lui.À califourchon.Mes muscles me font mal, mes hanches sont meurtries, mais mon corps le réclame encore.Je suis à vif.Et pourtant affamée.Je baisse la tête.Je lèche sa gorge.Je retrou
AleksandrJe n’ai plus de pensée.Je n’ai plus de conscience.Juste elle.Sa peau contre la mienne.Son cœur qui bat sous mes lèvres.Sa chaleur qui m’enveloppe.Je grogne contre sa gorge, incapable de me retenir.Je la mord.Pas pour la blesser.Pour l'ancrer.Pour la réclamer.Pour hurler à l'univers que c’est elle.Que je tuerai, que je mourrai pour elle.---EdenSes dents s'enfoncent dans ma peau.Je me cambre contre lui, incapable de respirer, incapable de fuir.Je ne veux pas fuir.Je veux brûler.Je veux hurler.Je veux m’engloutir dans lui, jusqu’à ne plus exister autrement que dans ses bras, dans ses griffes, dans son sang.---Il me renverse sur le sol trempé de sang et de larmes.Son corps entier me cloue au sol.Je sens chaque muscle, chaque vibration de rage contenue dans ses gestes.Il me prend encore.Plus fort.Plus profond.Comme si chaque coup de reins pouvait nous sauver.Comme si chaque coup de reins était un serment.Son souffle se brise contre ma bouche.Ses doi
EdenLa nuit s’est enfoncée dans mes veines.Je suis allongée sur lui, ses bras serrés autour de moi, ses doigts agrippés à ma peau comme s’il pouvait m’ancrer à lui pour l’éternité.Mais le monde ne nous appartient plus.Il s’effrite.Il s'effondre.Il saigne.Et nous avec.Aleksandr gémit dans son sommeil agité. Un son rauque. Arraché à sa gorge.Je glisse mes doigts sur son front trempé de sueur, tente d’apaiser les tremblements qui secouent son corps massif.Rien n’y fait.Il lutte contre des ennemis invisibles. Des fantômes que je ne peux pas chasser.Je le vois.Je le sens.La peur.Pas pour lui.Pour moi.Pour ce qu'il est prêt à devenir pour me garder en vie.---Un cri étouffé m’arrache au peu de calme qu’il reste.Roman fait irruption dans la chambre, le visage livide.Roman — Ils attaquent. Maintenant.Aleksandr se réveille en sursaut.Ses yeux s’ouvrent. Glacés. Bestiaux.En un mouvement brutal, il se lève, m'arrache à lui et m'entraîne.Tout est chaos.Tout est feu.---L
EdenLa nuit s’est enfoncée dans mes veines.Épaisse. Lourde. Poisseuse.Je suis allongée sur lui, son souffle râpeux effleurant ma gorge, ses bras serrés autour de moi comme si l’univers entier pouvait s’effondrer et qu’il ne lâcherait toujours pas.Ses doigts s’accrochent à ma peau, griffant presque, tentant de m'ancrer à lui, de me clouer à sa chair.Mais le monde ne nous appartient plus.Il s’effrite.Il s’effondre.Il saigne.Et nous avec.Aleksandr gémit dans son sommeil agité.Un son brut.Déchiré.Arraché de ses entrailles comme une bête blessée.Je glisse mes doigts tremblants sur son front trempé de sueur, caresse ses cheveux collés, tente d’apaiser les secousses incontrôlables qui traversent son corps massif.Rien n'y fait.Il se bat.Contre des ennemis que je ne peux pas voir.Contre des démons que je ne peux pas tuer.Je le vois.Je le sens.La peur.Pas pour lui.Pour moi.Pour nous.Pour tout ce qu’on pourrait perdre en une seconde.---Un cri étouffé déchire le peu de
EdenLe matin s'étire comme une lame lente sur nos corps enchevêtrés.Je suis réveillée par son souffle contre ma gorge, par le poids de sa jambe jetée sur les miennes, par la chaleur brute de sa présence. Il ne dort pas. Je le sens dans la tension de ses muscles, dans la cadence nerveuse de sa respiration. Aleksandr ne dort jamais vraiment. Pas quand il pense que je peux lui échapper.Je reste là, immobile, écoutant son cœur battre contre mon flanc. Chaque battement est un coup de marteau. Chaque respiration un serment silencieux.Mais le monde n’attend pas.Un coup à la porte. Trois frappes sèches, sans appel.Aleksandr se redresse aussitôt, son regard fauve, sauvage, prêt à tuer. Il se penche, attrape son arme posée sous l’oreiller, et son corps se place devant le mien dans un geste pur, instinctif : me protéger. Moi, avant lui. Toujours.Voix de Roman derrière la porte. — Chef. Ils sont là.Aleksandr serre la mâchoire. Ses yeux croisent les miens.Aleksandr — Reste ici.Eden — Non
EdenLe jour s’effrite sans éclat. La maison est devenue un tombeau silencieux, imprégné de la chaleur de son corps et de l’odeur de sa peau contre la mienne.Je reste allongée quelques secondes. Ou quelques heures. Le temps a perdu tout sens. Ma peau garde encore l’empreinte de ses mains, comme une cicatrice brûlante que je chérirai jusqu’à mon dernier souffle.Quand Aleksandr finit par se lever, c’est sans bruit. Il ramasse son pantalon, sa chemise arrachée, et se rhabille avec une lenteur presque douloureuse. Ses gestes sont précis, mécaniques, comme ceux d’un soldat avant la bataille.Je le regarde s’éloigner de moi et chaque centimètre qui nous sépare me fait l’effet d’une érosion. Un morceau de moi s’arrache.Eden— Reste encore.Ma voix est rauque, éraillée par le sommeil et l’amour. Elle claque dans l’air comme une prière.Il s’arrête. De dos. Ses épaules se contractent.Puis il se tourne, lentement. Ses yeux accrochent les miens, et tout ce que je lis dedans me coupe le souff
EdenNous avons enterré les corps dans le silence. Sans mots, sans prières. Juste de la terre retournée à la hâte, et le poids de ce qu’ils représentaient : une promesse de violence. Une déclaration de guerre.Chaque pelletée me déchirait les bras. Pas à cause de la douleur physique, non. Mais parce que j'avais l’impression de m’enterrer moi-même, centimètre par centimètre. Mon innocence. Ma paix. Mon illusion de pouvoir encore choisir une vie tranquille.Le jour s’est levé sans lumière.Le ciel est d’un gris sourd, dense comme la cendre, comme s’il savait ce qui s’est joué cette nuit. Comme s’il pleurait ce que nous venons de perdre : la paix illusoire, le répit, ce mince fil d’air qu’on appelait « avenir ».Mais je ne veux plus penser à eux. Ni à ceux qui viendront. Je ne veux plus penser à la fuite, aux pièges, au sang.Je veux lui.Aleksandr est resté debout devant la fenêtre. Les mains croisées dans le dos. La nuque tendue. Le dos droit comme un commandant devant un champ de bata
EdenJe ne dors pas. Pas vraiment. Il y a dans l’air quelque chose de trop tranchant pour le sommeil. Le feu crépite dans l’âtre, timide. Il éclaire les murs de pierre d’une lueur vacillante, projetant des ombres instables, comme des souvenirs en fuite. L’obscurité danse. Le silence est presque parfait. Mais il n’est pas doux. Il est tendu. Suspendu. C’est le silence de l’attente. Le genre de calme que seuls les fous peuvent appeler paix.Aleksandr dort à moitié. Son bras m’entoure, possessif, protecteur. Son souffle chaud s’épanche dans mon cou. Pourtant, même endormi, son corps est prêt. Je le sens. Chaque muscle en alerte, chaque battement de cœur comme un écho du danger. Il est né pour survivre. Et pour tuer, si besoin.Mon bras blessé pulse doucement. La douleur est là, constante, comme une voix basse qui ne cesse de murmurer. Je ferme les yeux. Inspire. Expire. Essaie de m’accrocher à cette chaleur contre moi. À cette bulle de sécurité factice.Mais il y a quelque chose. Quelque