Mara se trouve au bord de la foule, profitant d’un moment de calme relatif. Les sons de la fête sont étouffés ici, lointains et presque apaisants. Le festival de Sinulog bat son plein autour d’elle, mais elle préfère l’isolement. C’est une occasion de souffler, de respirer sans les yeux exigeants de sa mère, sans les attentes qui l'étouffent. Elle se laisse porter par la musique et les couleurs vives des costumes, les senteurs de la nourriture de rue et les rires joyeux des fêtards.
C’est alors qu’elle aperçoit Leon, quelques mètres plus loin. Il est là, debout, son regard balayant la foule avec une légère distance. Il semble un peu hors de propos, comme un étranger perdu dans ce tourbillon de joie, un homme qui ne semble pas tout à fait à sa place. Il porte une chemise légère et un pantalon décontracté, son look simple mais bien soigné attirant l’œil.
Leurs regards se croisent.
Mara détourne immédiatement les yeux, un peu prise de court, mais quelque chose dans l’air change. Elle sent la tension naître, pas une pression désagréable, mais une énergie qu’elle ne peut pas ignorer. Curieuse, elle jette de nouveau un coup d'œil. Cette fois, Leon la fixe avec un intérêt marqué, son regard perceptible au milieu de la foule, mais il ne s’avance pas tout de suite. Il semble la sonder silencieusement, sans précipitation.
Elle tente de se concentrer sur autre chose, sur ses amis qui s’éloignent en riant, mais ce regard continue de la perturber. Puis, après un moment qui semble durer une éternité, Leon décide finalement de s’approcher. Il s’avance d’un pas calme, ses mouvements mesurés, mais pleins de confiance.
"Tu sembles seule, tu veux un verre ?" demande-t-il, sa voix basse mais claire, interrompant l’instant de tension. Mara lève les yeux, surprise par la simplicité de sa question, mais aussi par son ton agréable, détendu. Il ne semble pas être pressé, pas en quête de quelque chose de plus.
"Un verre ?" répète Mara, un peu confuse. Elle n’est pas habituée à ce genre d’approche directe. "Pourquoi pas." Sa réponse est presque automatique, un peu par politesse. Pourtant, quelque chose dans son regard calme la rend un peu plus ouverte à l’idée.
Leon sourit légèrement.
"C’est le festival, après tout," dit-il avec un clin d’œil, comme pour excuser sa démarche. Ils se dirigent ensemble vers le stand de boissons, tout en échangeant quelques mots légers sur la chaleur de la soirée et l’agitation du festival. Le bruit de la musique et des tambours leur parvient de loin, mais ici, à cet instant, il semble plus lointain.
Ils se dirigent ensemble vers un stand de boissons. L’ambiance est plus calme ici, comme en retrait du tumulte. Ils échangent quelques mots sur la chaleur de la soirée, la foule, le rythme des tambours.
Le barman leur sert un verre chacun — un rhum glacé pour lui, un cocktail fruité pour elle. Lorsqu’il lui tend son verre, il la regarde, un éclat tranquille dans les yeux.
''Moi c’est Leon, au fait.''
Mara le fixe un instant, surprise de ne pas lui avoir demandé plus tôt. Elle hoche doucement la tête.
''Mara.''
Il répète son prénom, comme pour le savourer. ''Mara. C’est joli.''
Il prit une gorgée avant de la fixer une autre fois.
"Alors, tu viens d'ici ?" demande-t-il, cherchant à entamer une conversation plus fluide. Mara, qui se sent un peu déstabilisée mais aussi intriguée, répond tout en observant la manière dont Leon manipule son verre avec aisance.
"Non, je viens de Cebu," dit-elle finalement, le regard un peu fuyant. "Je suis étudiante ici, mais j’avais besoin de décompresser un peu." Elle fait une petite pause. "Et toi ? T’es de Manille ?" C’est une question banale, mais elle veut savoir un peu plus sur cet homme qui, étrangement, lui semble à la fois familier et inconnu.
Leon prend une gorgée de son verre, la regarde par-dessus le rebord.
"Oui, je viens de Manille. Mais j’avais quelques trucs à régler ici, alors je me suis dit que ce festival serait un bon moyen de respirer un peu." Il marque une pause, comme s’il pesait ses mots. "J’aime bien observer les gens, voir comment ils réagissent à ces genres d’événements. Et toi, tu sembles…" Il sourit légèrement, son regard plus doux. "…un peu plus calme que les autres ici."
Mara hausse les sourcils, amusée et un peu gênée.
"C’est une manière de dire que je suis une vieille âme, hein ?"
Leon éclate de rire, un rire bas et agréable. "Non, non, je dirais plutôt… réfléchie. Tu regardes tout, mais tu n’as pas l’air de vouloir t'y perdre. C’est différent."
Il y a un petit silence après cela, pendant lequel Mara le regarde un peu plus attentivement. Il ne semble ni arrogant ni pressé, juste… présent, de manière désarmante.
"Et toi alors ? Tu n’as pas l’air d’être un habitué de ce genre de fête," dit-elle, un peu curieuse. "Tu viens d’affaires, mais ça te semble un peu en décalage avec le reste."
Leon hoche la tête en souriant.
"Oui, c’est exactement ça. Mais ça fait partie de mon travail, parfois. S’adapter à des situations nouvelles, même si elles n’ont pas grand-chose à voir avec ce que je fais habituellement." Il s’arrête un instant, comme s’il pesait la suite de ses mots. "J’imagine que c’est ce qu’on fait tous, non ? S’adapter."
Mara hoche la tête, trouvant une forme d’honnêteté dans ses paroles.
"Je suppose que c’est ce qu’on fait tous... Mais parfois, on s’adapte à des choses qu’on n’aurait jamais imaginées.''
Leon sourit en la voyant hésiter un instant.
"Tu sais, j’ai eu un ami qui m’a dit un jour que le plus grand obstacle à la découverte, c’était la certitude qu’on a déjà tout compris. Un peu comme quand on regarde un plat pour la première fois et qu’on se dit qu’on sait déjà ce que ça va goûter." Il fait une pause, observant Mara avec un regard mi-amusé, mi-sérieux. "Mais la vérité, c’est que, parfois, le goût de l’inattendu est ce qui rend tout plus intéressant."
Mara sourit, légèrement prise de court par sa réflexion. Elle aime la façon dont il fait passer ses idées, non seulement avec une certaine profondeur mais aussi avec une légèreté qui rend tout ça plus accessible.
"Tu veux dire que je devrais essayer de goûter plus de plats inconnus, c’est ça ?" lance-t-elle, amusée.
Leon rit doucement, un son agréable et sincère.
"Exactement. Mais dans la vie, c’est pareil. Regarder les choses d’une nouvelle manière, c’est comme découvrir un plat que tu pensais détester, et finalement, tu te rends compte que tu l’adore."
Il la regarde avec un petit sourire en coin.
"J’ai toujours trouvé fascinant de discuter avec des gens qui ne jugent pas avant d’essayer. C’est rare." Il la fixe un instant, ses yeux scrutant doucement son visage, comme si chaque détail l’intéressait. "Tu n’es pas du genre à sauter dans le premier wagon, mais ça, c’est ce qui rend une conversation intéressante. Tu choisis de t’engager, mais à ton rythme."
Mara est un peu surprise par cette remarque, mais elle ne peut s’empêcher de se sentir flattée. Son regard se détourne un instant, elle ne sait pas vraiment comment réagir à cette attention. Elle sent la chaleur de son sourire envahir son esprit, mais elle choisit de lui répondre avec légèreté.
"Peut-être que j’aime simplement avoir le temps de comprendre avant de m’engager," répond-elle avec un petit rire, tout en croisant ses bras sur son torse. "Cela dit, je ne peux pas vraiment dire que je sois une grande aventurière, mais je m'efforce d'ouvrir les yeux sur ce qui m'entoure."
"Ça, c’est déjà un bon début," réplique Leon. Il prend une gorgée de son verre, mais ne quitte pas ses yeux d’un instant. "L’aventure n’a pas besoin d’être grandiose ou spectaculaire. Parfois, il suffit juste d’un changement de perspective."
Mara le fixe un moment, réfléchissant à ses mots. Il parle avec une telle assurance, mais d’une manière presque apaisante. Il semble à l’aise dans sa peau, et cette confiance, cette assurance tranquille, la captive.
"Tu sembles vraiment avoir beaucoup voyagé," dit-elle finalement, cherchant à en savoir un peu plus sur lui. "Tu parles de tout ça comme si tu avais vécu des tonnes d'histoires."
Leon hoche la tête, un léger sourire toujours accroché aux lèvres.
"Disons que j'ai eu la chance de voir pas mal de choses. J’ai vécu à plusieurs endroits, rencontré des gens incroyables, et appris une chose ou deux. Mais les voyages ne sont pas seulement géographiques. Parfois, ce sont les rencontres inattendues qui t'apprennent le plus."
Il la regarde de manière plus intense, comme s’il parlait de quelque chose de plus personnel. "Et toi, Mara ? Qu'est-ce qui t’a amenée à ce festival ? Pourquoi ici, et pas ailleurs ?"
La question le pousse dans son esprit à vouloir en savoir plus, à percer l’armure qu’elle semble porter. Mais il ne la force pas, simplement la guide doucement dans la conversation, lui offrant une ouverture pour se livrer à son tour. Sa curiosité est palpable, mais elle est aussi respectueuse, et c’est ce qui la touche.
Mara prend un instant avant de répondre, plongée dans ses pensées.
"Je cherchais juste un peu de paix. De décompression, tu vois ? Parfois, il faut s’éloigner un peu de tout, même des gens qu’on aime," dit-elle en jetant un coup d’œil furtif à ses amis au loin, toujours occupés à danser.
Leon la regarde longuement. Il semble comprendre, plus qu’elle ne l’aurait cru.
"Je vois," murmure-t-il, son ton plus doux. "Tu sais, parfois, s’éloigner ne veut pas dire fuir. C’est juste une façon de mieux revenir."
Mara le regarde, presque touchée par sa compréhension.
"Je suppose que tu as raison. C’est juste… compliqué parfois."
Leon sourit et, sans forcer, il inclut un peu d’humour pour alléger la situation.
"Eh bien, dans ce cas, je propose que tu prennes un peu plus de temps pour réfléchir. Et pourquoi pas essayer ce plat inconnu ?"
Mara rit, détendue par ses mots. C’est incroyable à quel point il est facile de parler avec lui. Ils restent là, à échanger des mots, des rires, et peu à peu, la tension qui les reliait semble se dissiper, laissant place à une complicité naissante. Il y a quelque chose de naturel entre eux, comme une danse silencieuse, qui prend forme avec chaque échange, chaque sourire.
Mara, curieuse de savoir ce qui l’amène à Cebu, n’hésite pas à poser la question."Et donc, pourquoi es-tu ici, à Cebu ?" lance-t-elle avec un sourire en coin, essayant de dénouer le mystère qui plane autour de Leon.
Leon, qui s’était penché légèrement en avant pour l’écouter, se redresse un peu et prend une gorgée de son verre avant de répondre.
"Oh, je suis juste en ville pour affaires," dit-il d’un ton décontracté, tout en observant Mara. Il y a quelque chose dans sa manière de parler, une sorte de légèreté, qui lui donne l’impression qu’il ne veut pas entrer dans les détails. "Mais je ne suis pas pressé. C’est agréable de profiter un peu de la ville avant de repartir."
Mara hausse un sourcil, intriguée, mais aussi un peu déconcertée par cette réponse vague.
"Des affaires, hein ?" Elle sourit légèrement, essayant de cacher sa curiosité. "Ça doit être important si tu prends le temps de visiter un festival aussi coloré."
Leon la regarde, ses yeux légèrement plissés en signe de réflexion, puis il lui répond avec un sourire en coin.
"Il y a des choses plus intéressantes que de rester enfermé dans une salle de réunion toute la journée." Il semble vouloir éviter d’entrer dans les détails, son ton restant calme et détaché.
Mara, bien que toujours curieuse, sent qu’il n’a pas envie de parler de ses affaires. Il y a cette petite distance dans son attitude, mais elle n’est pas froide, juste… discrète. Comme si une partie de lui restait derrière un voile, volontairement flou. Elle choisit de ne pas insister. Après tout, elle n’a pas besoin de tout savoir, et l’évasion du sujet personnel ne fait qu’ajouter au mystère de l’homme devant elle.
Elle se contente alors de sourire, une lueur de compréhension dans ses yeux.
"D’accord, je suppose que parfois, un peu de détente n’est jamais de trop." Elle se redresse légèrement, touchant son verre, ne voulant pas paraître trop intrusive. "Mais ça me fait quand même me demander... Que fais-tu exactement dans la vie ?"
Leon secoue la tête légèrement, comme s’il se disait que le sujet ne méritait pas de plus amples détails.
"Tu sais, des affaires. Ça n’a pas vraiment d’importance." Il ajoute ensuite avec un sourire, presque désinvolte : "On va dire que je fais partie de ceux qui restent dans l’ombre… ça me va bien."
Son regard reste fixé sur elle, presque comme si sa manière de ne pas répondre explicitement renforçait encore plus l’attrait qu’il exerce sur elle. Il y a quelque chose de naturel dans sa retenue, comme s’il ne ressentait pas le besoin de se justifier. Le mystère qu’il cultive volontairement rend le tout plus fascinant. Il n’y a aucune pression, rien de lourd dans son attitude, juste une sorte de nonchalance tranquille qui, paradoxalement, en dit long sur lui.
Mara, un peu désarçonnée mais fascinée, se dit que ce manque de réponses concrètes fait partie de ce qui le rend encore plus intéressant. Il n’y a pas de fausse prétention, juste une attitude calme et posée.
"Donc, un homme de l’ombre, hein ?" réplique-t-elle avec un sourire en coin, sa curiosité piquée. "Ça a son charme." Elle marque une petite pause, observant Leon un instant, avant d’ajouter, avec une touche de malice : "C’est sans doute mieux ainsi. Après tout, l’ombre laisse place à l’imagination."
Leon sourit à son tour, un sourire amusé, mais aussi un peu mystérieux.
"Tu as parfaitement compris," répond-il, ses yeux brillant d’un éclat qui semble dévoiler un peu plus que ce qu’il ne dit. "L’imagination, c’est tout un art."
Le silence qui s’ensuit est confortable. Mara est intriguée, mais en même temps, elle ne peut s’empêcher de se demander pourquoi Leon choisit délibérément de garder ses mystères intacts. Mais cette absence de détails ne semble pas être un obstacle à leur conversation. Bien au contraire, cela la rend plus captivante. Plus elle essaie de percer son secret, plus elle se retrouve attirée par cette atmosphère intrigante et séduisante qui l’entoure.
Elle sourit de nouveau, se sentant soudainement à l’aise, en dépit de la brume de mystère qui persiste autour de lui. "Dans ce cas, je suppose qu’on va devoir imaginer un peu plus pour savoir qui tu es vraiment," dit-elle avec légèreté.
"Peut-être," réplique Leon, son regard soutenant le sien. "Mais je préfère garder un peu de mystère, Mara. C’est plus amusant comme ça, tu ne trouves pas ?"
Et avec cette phrase, la tension qui flottait autour d’eux semble s’accentuer encore davantage, mais de manière douce, comme un voile qui se pose doucement sur le début d’une histoire encore incertaine, mais prometteuse.
Le temps semble suspendu autour d’eux. Assis à l’écart de la foule, sur ces chaises de bar un peu bancales mais confortables, Mara et Leon parlent comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Les mots viennent naturellement, sans effort. Il n’y a pas de silences gênants, seulement ces pauses douces où leurs regards se croisent et en disent parfois plus long qu’un discours."Tu es née ici, à Cebu ?" demande Leon, en jouant distraitement avec le bord de son verre.Mara hoche la tête."Oui, et j’y suis restée toute ma vie. C’est à la fois rassurant… et étouffant, parfois."Leon acquiesce doucement, l’air compréhensif. "Je connais ce sentiment. Le confort peut devenir une cage dorée."Cette remarque, simple mais pleine de sens, la frappe. Il ne parle pas pour impressionner, mais pour partager. Leur échange glisse alors sur des sujets plus légers — leurs films préférés, les chansons qui les accompagnent depuis l’adolescence, des anecdotes drôles sur leurs familles respectives. À chaque mo
Mara se trouve au bord de la foule, profitant d’un moment de calme relatif. Les sons de la fête sont étouffés ici, lointains et presque apaisants. Le festival de Sinulog bat son plein autour d’elle, mais elle préfère l’isolement. C’est une occasion de souffler, de respirer sans les yeux exigeants de sa mère, sans les attentes qui l'étouffent. Elle se laisse porter par la musique et les couleurs vives des costumes, les senteurs de la nourriture de rue et les rires joyeux des fêtards.C’est alors qu’elle aperçoit Leon, quelques mètres plus loin. Il est là, debout, son regard balayant la foule avec une légère distance. Il semble un peu hors de propos, comme un étranger perdu dans ce tourbillon de joie, un homme qui ne semble pas tout à fait à sa place. Il porte une chemise légère et un pantalon décontracté, son look simple mais bien soigné attirant l’œil.Leurs regards se croisent.Mara détourne immédiatement les yeux, un peu prise de court, mais quelque chose dans l’air change. Elle sen
Le soleil s’était couché lentement sur la ville de Cebu, mais l’animation du festival de Sinulog ne faiblissait pas. Les rues étaient envahies par des foules de gens enfiévrés, des danseurs en costumes traditionnels se déplaçant au rythme des tambours battant la cadence. Au loin, des flamboiements de feux d'artifice illuminaient le ciel, et les chants joyeux des participants résonnaient dans l’air chaud de la nuit. C’était l’une de ces nuits où la ville entière semblait vibrer d’une énergie inépuisable. La ville qui, en temps normal, était calme et ordonnée, se transformait en une mer de couleurs vives, de sourires et de danses endiablées.Au cœur de cet océan de joie, Mara marchait aux côtés de ses amis, son regard souvent distrait par les festivités autour d’elle. Ses pas étaient mesurés, presque timides, contrastant avec l’enthousiasme de ses camarades. Les autres semblaient totalement absorbés par l’excitation de la fête : des rires fusaient, des gens se prenaient en photo devant