RéveilLe noir. Un rugissement lointain. Son cœur battait à toute vitesse. Ses yeux ne voulaient plus s’ouvrir. Il avait du mal à respirer. L’odeur du sang. La douleur. Était-il en train de mourir ? Le moment vint où son cœur s’arrêta et il sombra dans les profondeurs infinies des ténèbres. Il avait froid. Un son strident vint lui percer les oreilles. Il s’intensifia, à la limite du supportable. Et soudain, plus rien. Le silence. Alors, il se laissa mourir.Doucement, son esprit s’endormit. Son âme rejoignait la lumière au bout du tunnel. La lumière. Il l’avait toujours imaginée différemment. La mort le perturbait depuis sa plus tendre enfance. Cela lui fit penser à son père qui n’avait jamais cru en lui. Son père qui avait pris goût à le frapper quand il ne lui obéissait pas ou qu’il parlait trop. Son père qui, contrairement à lui, n’avait jamais eu beaucoup d’imagination.Il pensa alors à tous les mystère
RencontreMute était essoufflé. Sa longue traversée dans le désert n’avait fait qu’intensifier sa soif. Il peinait à marcher droit et le soleil l’agaçait vraiment. Une fois, il avait même essayé de le faire partir en lui tirant dessus pour lui faire peur. Mais rien à faire. La boule jaune était restée de marbre.Il commençait à faiblir. Il voulait de l’eau. Juste de l’eau. Ça lui aurait vraiment fait plaisir. Mais de l’eau, il n’en voyait pas. Il n’y avait rien d’autre que du sable, des cailloux, du sable, d’autres cailloux, et encore du sable, une étendue rouge entourant une énorme flaque bleue, du sable...Mute s’arrêta et plissa les yeux. Une flaque bleue ? Heureux, le cow-boy tapa dans ses mains. Il avait trouvé de l’eau ! Haletant, il courut et se jeta la tête la première dans le petit lac. Il s’abreuva jusqu’à s’en faire mal au ventre. Il plongea sa gourde dans le bassin et la remplit à ras bord. Qu’i
PhagiasAntoine scruta les environs. Comme il s’y était attendu, l’escalier I était totalement désert. Pas d’élèves, pas de professeurs, et, surtout, pas de corps en décomposition aux cheveux roux. Cela aurait été trop simple.Il devait pourtant y avoir quelque chose. Il était impossible que tout ça n’eût été qu’un simple rêve. Il le savait, et il allait trouver de quoi le prouver. Antoine inspecta minutieusement chaque recoin de l’escalier, tout en s’assurant que personne ne l’observait. Il était censé être en cours à cette heure-ci et il serait dommage qu’il se fasse bêtement attraper par un surveillant du lycée.Il ne trouva malheureusement rien pour étayer sa théorie. Il porta alors son attention vers le couloir qui menait à la porte de sortie, à l’endroit même où Jonathan avait trouvé la mort. Peut-être pourrait-il y dénicher quelque chose, une tache de sang essuyée à la hâte ou un morceau de tissu déc
Derrière l’ascenseurQuelque chose d’inexplicable venait de se produire. C’était un sentiment plutôt étrange. Antoine n’était plus fatigué. Pire même. Il se sentait en pleine forme. Tout cela aurait pu paraître logique pour un jeune garçon en pleine santé, cela va de soi. Mais il y avait à peine quelques secondes, Antoine était si épuisé qu’il aurait été prêt à s’endormir à même le sol, au beau milieu d’un couloir du lycée. Et, soudain, tout avait disparu : sa fatigue, sa migraine et même son dégoût pour l’horrible dessin qui ornait le mur. Il ne comprenait absolument plus pourquoi le démon peint l’avait tant révulsé.Soudain, Antoine sentit qu’on le bousculait et il sortit de ses pensées. Jonathan s’était élancé vers le muet.— C’est toi qui m’as piqué mon flingue ! s’écria le jeune homme en arrachant l’arme des mains de Mute.Mais, après avoir observé le revolver d’un peu plus prè
Du coté de chezle proviseurAu sommet de la tour qui surplombait le Lycée Vile, dans un sombre bureau faiblement éclairé par quelques chandeliers vieux comme le temps, assis sur une grande chaise en bois incrustée de saphirs, le proviseur Vile réfléchissait. C’était un homme de très haute taille. Il avait le regard perçant et sévère et ses yeux, d’un noir intense, avaient la capacité de rendre docile n’importe quel élément perturbateur du Lycée Vile. Telle était la façon dont il nommait toute personne ne respectant pas les règles qu’il avait lui-même instaurées. Car ici, c’était lui le maître et nul ne pouvait le contester. Si le Lycée Vile était ce qu’il était à ce jour, c’était grâce à lui. Tant qu’il serait là, dans ce bureau froid, le Lycée Vile ne faillirait jamais. En d’autres termes, le proviseur Vile ne dirigeait pas seulement le Lycée Vile. Il était le Lycée Vile.
L’homme à la veste noireL’homme à la veste noire prenait son maigre repas dans son salon et attendait. Rien ne le perturbait. Pas même le tic-tac incessant de la petite horloge qui lui faisait face. Une fois son déjeuner terminé, il débarrassa la table et se servit une tasse de thé. Il l’avala lentement. C’était très important pour lui. Il partit ensuite dans sa cuisine pour laver la tasse. Il avait un lave-vaisselle, mais aujourd’hui il utiliserait l’évier et ses mains. Il prit le temps de bien la frotter. Il la rinça, l’essuya et la rangea dans un des placards. Celui juste dans l’angle de la pièce. Satisfait, il revint dans son salon et s’assit. Il leva les yeux et attendit. Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac. Il regarda l’heure. Il était trois heures vingt-quatre.Il décida alors qu’il était temps. Il se leva et se dirigea vers la porte d’entrée. Il mit ses chaussures, ferma sa veste et prit ses clefs. Il posa la main sur la poignée de
Avant la fête— Tiens-la bien, mec !Jérémy opina du chef, saisit la banderole et grimpa sur l’escabeau de droite. Yvan s’approcha de celui de gauche.— Je l’accroche d’abord ici et juste après tu t’occupes de l’autre partie. Pigé ?Jérémy leva le pouce non sans trembler, nerveux. Yvan monta sur l’escabeau. Il se mit sur la pointe des pieds et tendit la banderole vers le mur. Le jeune homme, à l’inverse de son ami à lunettes, avait été doté par la nature d’une taille assez imposante. Jérémy se souvint de ce détail technique assez vite, mais malheureusement trop tard.— Attends deux secondes, laissa-t-il échapper un instant à peine avant de s’étaler sur le sol.— Qu’est-ce que tu fous ? s’exclama Yvan. Allez, au boulot ! Un peu de classe, mec !Jérémy jeta à son ami un regard implorant.
Le traItreLe hall brillait de mille éclats. Tout n’était qu’étincelles et farandoles de couleurs, le rouge côtoyant le vert, le bleu et le violet. Un véritable festival de lumières.Antoine avait du mal à y croire. L’endroit ressemblait davantage à une gigantesque salle de bal qu’à l’entrée d’un établissement scolaire. Une énorme banderole colorée, affichant en lettres d’or « l’ouverture de la fête annuelle de mi-semestre du Lycée Vile », était suspendue au-dessus de la grande porte. Des tables drapées de nappes blanches sur lesquelles étaient entreposés mets et boissons – tout particulièrement bon nombre d’alcools divers et variés que pouvait apprécier n’importe quel lycéen voulant se retrouver à danser la macarena en slip sur la piste – étaient alignées çà et là dans le hall. Là où l’on pouvait apercevoir habituellement un grand espace vide sans intérêt se trouvait à présent une sorte de large podium en bois. À la vue des instru