Chapitre 5

Claire voyait bien qu'il ne voulait rien entendre. Ses sourcils se sont légèrement froncés, toutes ses explications sont soudainement devenues vaines. Elle a fini simplement par dire d'une voix calme :

« C'est ma faute. »

« Tant que tu fais partie de cette entreprise, tu ferais bien de penser aux intérêts du groupe. Laisse tes états d'âme de côté et concentre-toi sur ton travail. Sinon, il faudra songer à remplacer la directrice des relations publiques. »

Les poings de Claire se sont serrés. Elle sentait une amertume familière lui remonter à la gorge. Peu importe ses efforts, elle n'obtenait jamais le moindre mot d'encouragement de la part d'Adrien. Il suffisait d'un détail qui ne lui plaisait pas pour qu'elle ait tort.

Par moments, elle avait l'impression d'étouffer. Et elle se demandait encore ce qu'elle cherchait à prouver.

À quoi bon, au fond ?

Elle a levé les yeux vers lui et a esquissé un sourire amer.

« Très bien, Monsieur Delcourt, je vais rédiger ma lettre de démission. »

À ces mots, Adrien a pincé légèrement les lèvres et a levé ses yeux sombres vers elle.

« Autre chose ? Sinon, je vais y aller. »

Sa voix était posée, mais déjà lointaine. Le divorce, la démission, tout cela faisait partie de ce qu'elle devait faire depuis longtemps. Rien ne méritait qu'elle s'y accroche encore.

Voyant son attitude décidée, le visage d'Adrien s'est durci.

« OK. Fais comme tu veux. »

Claire a tourné les talons et est sortie du bureau.

En ouvrant la porte, elle a aperçu Charlotte avec un café à la main, non loin de là. Charlotte avait sans doute entendu la conversation entre Claire et Adrien, car un air de triomphe flottait sur son visage.

Claire n'avait aucune envie de lui adresser la parole.

Mais Charlotte a lancé d'un ton moqueur :

« Alors, cette fois, c'est vrai ? Tu t'es fait virer ? Je croyais que ton joli minois te suffisait pour garder ta place. Finalement, on voit bien qu'en dehors de ton charme, tu n'as pas grand-chose à offrir. Un contrat aussi important, et tu l'as complètement fichu en l'air ! »

Claire s'est arrêtée net, puis elle est revenue sur ses pas.

Charlotte, la voyant approcher, s'est redressée brusquement.

« Quoi ? Tu vas me frapper, maintenant ? »

Claire a attrapé le verre d'eau posé sur le comptoir et le lui a lancé au visage.

« Aaah ! »

L'eau glacée a coulé sur Charlotte, qui a poussé un cri perçant avant même de comprendre ce qui venait de se passer.

Claire a laissé éclater sa colère. C'était la première fois qu'elle se défendait après avoir subi si longtemps les petites humiliations de Charlotte.

Désormais, puisqu'elle quittait l'entreprise, elle n'avait plus aucune raison de se retenir.

Son geste a laissé tout le monde bouche bée.

« Oups, désolée... L'eau est tombée sur toi sans faire exprès. »

Claire a dit d'un ton calme avant d'ajouter :

« Voici de quoi compenser ta perte. »

Elle a sorti une liasse de billets et l'a déposée à côté de Charlotte, puis elle est partie sans se retourner.

Charlotte, encore trempée, n'a même pas eu la force de réagir. Quand elle s'est enfin reprise, Claire avait déjà disparu.

Claire a passé un coup de fil.

Au bout du fil, la voix d'Élodie Caron s'est faite entendre, moqueuse :

« Eh ben, incroyable ! La parfaite épouse dévouée à sa maison m'appelle enfin ! »

« Je vais divorcer. »

« Quoi ?! » La surprise dans la voix d'Élodie était totale. Puis elle a enchaîné aussitôt :

« Ne bouge pas, j'arrive tout de suite ! »

Moins de vingt minutes plus tard, Élodie était déjà devant le siège du Groupe Horizon.

Claire l'attendait dehors.

Dès qu'elle est descendue de voiture et qu'elle l'a vue là, en plein milieu de la journée de travail, Élodie a compris que son intuition ne l'avait pas trompée.

Mais elle n'en revenait pas :

« Mon Dieu, dis-moi que je rêve ! Toi, enfin décidée à tourner la page ? J'hallucine, le monde est vraiment à l'envers aujourd'hui ! »

Élodie se disait que Claire s'était vraiment perdue dans cette histoire avec Adrien, au point de ne plus savoir comment en sortir.

Elle ne comprenait pas ce qui la retenait encore, mais elle respectait son choix.

Après tout, personne n'échappe à ses émotions ni à ses faiblesses, et l'amour fait parfois payer un prix que chacun doit assumer.

Peut-être qu'un jour, si elle tombait amoureuse à son tour, elle deviendrait encore plus folle que Claire. Qui sait ?

Mais pour l'instant, en tant qu'amie, elle ne voyait qu'une chose à faire : rester à ses côtés, pour éviter qu'elle se fasse avoir.

Claire a souri :

« Peut-être que j'ai enfin eu un déclic. »

Même si Claire souriait, Élodie savait bien qu'elle n'allait pas bien au fond d'elle.

Après toutes ces années, comment aurait-elle pu tourner la page du jour au lendemain ?

Elle a pris Claire dans ses bras et l'a serrée fort :

« Allez, ça va aller. Des hommes bien, il y en a plein d'autres ! »

Claire a esquissé un sourire :

« Alors tu me présenteras quelques candidats, j'espère ? »

Élodie a ri :

« Compte sur moi ! De beaux mecs, j'en connais un paquet. Avec ton charme et ton intelligence, crois-moi, ils feraient la queue jusqu'au bout de la rue pour toi ! »

« Tu exagères ! » Claire a ri avec elle, puis a ajouté :

« Bon, il faut que je trouve un appart. Tu m'aides à chercher ? »

« Bien sûr ! Ta meilleure amie n'est peut-être pas parfaite, mais elle a toujours des bons plans partout. Laisse-moi faire ! »

Claire est montée dans la voiture d'Élodie, et elles sont parties ensemble.

Quand Claire décidait de faire quelque chose, elle passait tout de suite à l'action.

Élodie lui a montré un appartement qu'elle trouvait sympa : refait à neuf, propre, parfait pour vivre seule.

Claire l'a réservé sur-le-champ.

Élodie, ravie, a proposé avec enthousiasme :

« Puisque c'est fait, allons acheter quelques affaires. Il y a un grand centre commercial pas loin, on y trouve de tout ! »

« Allons-y. »

Elles avaient passé tout l'après-midi à faire les magasins. Claire avait acheté de quoi rendre son nouveau nid aussi chaleureux que possible. Elle a demandé au livreur de déposer ses achats devant la porte de son nouvel appartement.

Pendant qu'Élodie répondait à un appel, Claire est restée dehors à comparer les restaurants pour le dîner.

Elle était absorbée par son téléphone quand quelqu'un l'a percutée brusquement.

Relevant la tête, elle a vu Céline Delcourt et quelques-unes de ses amies, chargées de sacs de shopping. Une partie de leurs achats s'est éparpillée sur le sol.

Le visage de Céline s'est aussitôt durci. Elle a lancé, d'un ton hautain :

« Tiens donc… Claire. Tu pourrais faire attention où tu mets les pieds, non ? »

Claire n'a même pas eu le temps de répondre que Céline, déjà furieuse, a désigné les sacs tombés par terre d'un geste autoritaire :

« Qu'est-ce que tu attends ? Ramasse, voyons ! Tu restes plantée là pourquoi ? »

Claire a levé les yeux vers elle, le regard froid :

« C'est toi qui m'as bousculée. Tu devrais peut-être commencer par t'excuser. »

Céline, la cousine d'Adrien, avait grandi dans le luxe et sous les compliments. Fille unique, adorée de tous, elle était devenue capricieuse et arrogante.

Depuis que Claire avait épousé Adrien, Céline prenait un malin plaisir à la traiter comme une domestique.

Par égard pour Adrien et dans l'espoir de s'intégrer à la famille, Claire avait longtemps fermé les yeux, acceptant tout sans rien dire.

Mais cette complaisance n'avait jamais suscité le moindre respect, au contraire, Céline en profitait encore davantage.

Claire savait bien qu'elle ne l'avait jamais appréciée et qu'elle n'avait cessé de médire sur son compte.

Jusqu'ici, elle n'avait jamais répondu.

Mais cette fois, elle n'avait plus envie de la ménager.

Céline a continué sur son ton de petite princesse :

« Tu oses désobéir ? »

Claire n'a même pas pris la peine de lui répondre et a tourné les talons.

Mais Céline, furieuse, l'a suivie et lui a coupé le passage :

« Je t'ai dit de t'arrêter ! Tu pars où comme ça ? »

Claire a relevé la tête, le visage fermé :

« Qu'est-ce que tu veux exactement ? »

Entourée de ses amies, Céline ne voulait surtout pas perdre la face. Persuadée que Claire allait finalement s'écraser, elle a redressé le menton, le ton plein de suffisance :

« Tu vas t'excuser et ramasser tout ça. Il me reste encore des choses à acheter, alors tu vas m'accompagner et porter mes sacs. Considère ça comme un honneur. »

Le ton de Céline sonnait comme une faveur qu'elle accordait.

Claire a pincé les lèvres. Elle en avait assez de sa bêtise.

« Dis-moi, tu es allée faire vérifier ton cerveau dernièrement ? »

Céline a cligné des yeux, interloquée :

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Rien. Juste pour savoir s'il fonctionne encore. »

Le visage de Céline s'est assombri.

« Tu es en train de m'insulter ? »

« Je n'ai aucune obligation de te porter quoi que ce soit. Et maintenant, j'ai d'autres choses à faire. Si tu continues à me retenir, je serai forcée d'appeler la police. »

La voix de Claire était calme, mais tranchante.