Chapitre 7

Claire a repris contenance.

« Émilie, il reste encore des poires dans le réfrigérateur ? »

« Oui, madame, j'y vais tout de suite », a répondu Émilie en se dirigeant vers la cuisine.

Elle a ouvert le frigo, a pris un petit sachet de poires et l'a tendu à Claire.

Claire l'a pris doucement, puis a ajouté d'une voix calme :

« Je voulais préparer une soupe de poires au miel pour Théo. »

Quand Théo a terminé son bricolage, il est sorti de sa chambre.

En se retournant, il a vu Claire qui portait un bol de soupe.

Elle a souri et lui a fait signe :

« Théo, viens vite, maman t'a préparé une soupe aux poires. »

Le sourire du petit garçon a disparu. Sans rien dire, il est allé s'asseoir sur le canapé.

Claire a posé le bol devant lui.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'es pas content ? »

Théo a tourné le dos, décidé à ne plus parler à sa mère.

Peu importe les questions de Claire, il restait silencieux.

Elle ne savait plus quoi faire.

Était-ce parce que Sophie était partie, ou parce que son propre retour avait brisé leur tranquillité ?

Peut-être que c'était pour ça que Théo n'était plus heureux.

Claire a adouci sa voix :

« Théo, je sais que je t'ai un peu négligé ces derniers temps. À partir de maintenant, je vais essayer de passer plus de temps avec toi, d'accord ? »

Théo s'est tourné vers elle et a simplement dit :

« Tatie Sophie joue déjà avec moi. »

En entendant ces mots, Claire a senti une légère pression dans sa poitrine.

Alors… parce que Sophie était là, il n'avait plus besoin d'elle ?

Cette idée lui a traversé l'esprit, et elle n'a plus voulu s'imposer.

Elle a posé le bol devant lui et a murmuré :

« Bois-le tant qu'il est encore tiède. »

Puis Claire est retournée dans sa chambre pour ranger ses affaires.

Il restait encore quelques vêtements et quelques produits de beauté.

Les jeter aurait été dommage.

Quand Adrien est rentré, il a vu Théo assis sur le canapé, buvant lentement la soupe sucrée aux poires.

Rien qu'en la regardant, il a su que c'était Claire qui l'avait préparée.

« Elle est revenue ? »

« Papa. » Théo a levé la tête, puis a laissé échapper un petit « hmm », sans vouloir dire « maman », en hochant la tête.

Adrien est monté à l'étage.

Il a vu Claire qui avait déjà plié ses vêtements et les avait posés soigneusement sur le côté.

Il n'a rien dit, se contentant de murmurer d'un ton neutre :

« Ce soir, il y a un gala de charité. Tu viendras avec moi. »

Claire s'est figée, relevant la tête, surprise.

D'habitude, sauf pour les réunions de famille, Adrien ne l'emmenait jamais à ce genre d'événements.

Personne ne savait vraiment qui était Madame Delcourt.

Et maintenant qu'ils étaient en plein divorce, il voulait soudain qu'elle l'accompagne.

Claire ne comprenait pas.

Il avait sûrement reçu les papiers du divorce, mais n'en parlait pas.

Peut-être que, pour lui, tout ce qui la concernait n'avait jamais eu vraiment d'importance.

Comme la procédure n'était pas encore finalisée, ils restaient, sur le papier, mari et femme.

Alors Claire n'a pas refusé.

Elle a simplement répondu :

« D'accord. »

Peu après, Luc est arrivé avec la robe de soirée et les bijoux.

Claire a enfilé la robe : parfaite sur elle, comme si c'était du sur-mesure. Le tissu épousait parfaitement ses courbes, soulignant chaque ligne de son corps.

Derrière elle, Adrien a jeté un regard bref avant de dire d'un ton calme :

« Je t'attendrai en bas. »

La styliste s'est ensuite occupée de ses cheveux et de son maquillage.

L'ensemble a pris plus de deux heures.

Au gala de charité, la soirée rassemblait uniquement des invités triés sur le volet, des figures influentes du milieu des affaires.

Claire, au bras d'Adrien, avançait lentement parmi la foule. De l'autre main, Adrien tenait celle de Théo.

Leur apparition a aussitôt attiré les regards et a fait naître un léger murmure autour d'eux.

Adrien a salué quelques partenaires commerciaux.

L'un d'eux, amusé, a lancé avec un sourire :

« Alors, Monsieur Delcourt, on vous découvre enfin accompagné d'une si charmante compagne ? Voilà qui est rare ! »

Adrien a esquissé un sourire poli avant de présenter :

« Je vous présente ma femme, Claire Laurent. »

Un bref silence a suivi.

Les hommes ont échangé un regard surpris avant que l'un d'eux n'ajoute :

« Alors c'est donc Madame Delcourt ! Nous vous croyions encore célibataire, Monsieur Delcourt. Discret, mais efficace, on dirait ! Marié, père de famille... un homme comblé ! »

Adrien a répondu avec la courtoisie parfaite qu'on lui connaissait, un sourire léger aux lèvres.

À côté de lui, Claire observait la scène sans parvenir à lire ses intentions.

Il n'aimait pas attirer l'attention, et jusque-là, il avait toujours semblé considérer sa présence comme une gêne.

Pourquoi, ce soir, tout avait-il changé ?

Claire a balayé du regard le grand hall.

Autour d'elle, il n'y avait que des visages influents, des couples installés, chacun venu avec son conjoint.

Et si Adrien l'avait invitée ce soir parce qu'il la considérait encore comme quelqu'un de la famille ?

Son cœur s'est un peu troublé.

Elle venait à peine de signer les papiers du divorce, et voilà qu'il venait d'annoncer publiquement leur lien.

Comme si, malgré tout, elle comptait encore un peu pour lui.

« Madame Delcourt, quelle chance vous avez ! Un mari aussi attentionné, un enfant adorable... Une famille parfaite ! »

Claire a gardé son sourire élégant et a répondu avec douceur :

« Merci, Madame Arnaud. C'est vous et Monsieur Arnaud qui donnez vraiment l'exemple du couple idéal. »

Elle a ensuite salué les autres avec la même aisance :

« Madame Dubois, j'ai appris que vous aviez fêté vos noces d'or la semaine dernière. J'étais débordée de travail et je n'ai pas pu venir, j'en suis désolée. »

« Et vous, Madame Moreau, vous et votre époux, comment allez-vous depuis vos années d'université jusqu'à aujourd'hui ? Et ces jumeaux si charmants ! Ils vont bien, j'espère ? »

Les dames se sont regardées, quelque peu surprises. Elles ne l'avaient jamais vue aux précédents galas et pensaient qu'elle ignorait tout d'elles.

Mais Claire, avec une aisance tranquille, avait su citer leurs noms, évoquer leurs histoires, leurs couples, comme si tout cela lui était familier.

De quoi dissiper toute distance : elle avait visiblement pris le temps de se renseigner, et ça se sentait.

Sa manière d'être, polie sans être froide, donnait envie de lui sourire.

L'une d'elles a fini par lui dire avec complicité :

« Madame Delcourt, puisque nos maris parlent affaires, si nous allions prendre un thé un peu plus loin ? »

Claire a acquiescé, son sourire toujours calme.

« Pourquoi pas. »

Claire s'est accroupie à hauteur de Théo et lui a demandé doucement :

« Théo, tu veux venir avec moi ? »

Le petit a pincé les lèvres, a levé les yeux vers Adrien.

Celui-ci a simplement hoché la tête.

« Vas-y. »

Alors Théo a suivi Claire, un peu à contre-cœur.

Dans les yeux des dames, la scène avait une tout autre signification.

Elles trouvaient l'enfant adorable, bien élevé, d'une politesse exemplaire.

« Quel petit garçon charmant ! Il a l'air si sage, et quel regard vif ! »

« Dis-moi, mon trésor, comment t'appelles-tu ? »

Théo s'est redressé, la tête haute, et a répondu d'une voix claire :

« Je m'appelle Théo, madame. »

Théo avait hérité du meilleur de ses deux parents.

Avec ses joues roses et son sourire candide, il ressemblait à une petite poupée de porcelaine.

Et maintenant qu'il parlait avec tant de gentillesse, les dames en étaient encore plus attendries.

« Madame Delcourt, comment faites-vous pour éduquer un enfant aussi adorable ? »

« Oui, dites-nous votre secret ! Vous semblez tellement bien réussir avec lui. »

La question a un instant désarçonné Claire.

La naissance de Théo lui avait presque coûté la vie.

Mais de cette épreuve est venu le plus beau des miracles, un enfant éveillé, doux et plein de lumière.

Elle se souvenait encore de lui, tout petit, les yeux ronds et brillants comme deux perles d'onyx, poussant de petits cris indistincts pour attirer son attention.

Quand il apprenait à parler, à marcher, il ne lui avait jamais causé le moindre tracas, comme s'il savait d'instinct comment avancer sans tomber.

Son premier mot avait été maman.

Ce jour-là, il tenait à peine sur ses jambes mais il avait voulu, coûte que coûte, venir jusqu'à elle.

Où qu'elle aille, Théo la suivait, petit bout d'ombre collé à ses pas.

Plus tard, il lui tirait la robe, s'accrochait à ses jambes.

Et quand il ne la voyait plus, il se mettait à la chercher partout dans la maison, affolé, les yeux mouillés, criant son nom.

En y repensant, un léger sourire a effleuré les lèvres de Claire, et une tendresse silencieuse a adouci son regard.

Claire s'est demandé depuis quand Théo n'était plus aussi proche d'elle.

En y repensant, cela semblait avoir commencé après l'arrivée de Sophie.

Son mari, son fils... tout, peu à peu, s'était tourné vers elle.

Elle a retenu l'amertume qui montait et a répondu avec un sourire tranquille :

« À vrai dire, je n'ai pas de méthode particulière. Depuis tout petit, Théo a toujours été facile. Je me suis rarement fait du souci pour lui. »

« Quelle chance vous avez, Madame Delcourt. Monsieur Delcourt est brillant, et votre fils est si sage. »

« Oui, une chance rare, que bien peu de gens ont dans leur vie. »

Le visage de Claire s'est figé un instant.

Tout le monde pensait qu'elle formait avec Adrien un couple uni, et qu'elle partageait avec Théo une tendre complicité.

Elle, pourtant, savait que tout cela n'était qu'un décor soigneusement entretenu.