Mon Alpha n'apprendra jamais à être loyal

À peine mon message a été envoyé, une douleur aiguë et brûlante s'est enroulée dans ma poitrine — ma louve a gémi, ses griffes raclaient l'intérieur de ma cage thoracique.

Ce n'était pas qu'un chagrin d'amour.

C'était le lien de compagnon qui se défaisait, fil après fil.

À travers la baie vitrée du restaurant, j'ai aperçu l'Alpha Martin sur la piste, faisant tournoyer Yvonne. Leurs mains étaient serrées trop fort, et même d'ici, je pouvais entendre les rires claquer comme une gifle sur moi.

« Un baiser ! Un baiser ! » a-t-il hurlé quelqu'un.

Martin a hésité une fraction de seconde, puis s'est penché et a déposé un baiser sur la joue d'Yvonne.

La foule a rugi comme si elle assistait à un couronnement.

« Tous nos vœux de bonheur à l'Alpha Martin et à la Luna Yvonne ! »

Luna. Luna.

J'ai laissé échapper un rire bref et amer, j'ai jeté ma mousse à l'orange intacte à la poubelle, et j'ai tourné les talons sans me retourner.

Manifestement, Martin se souvenait d'une des promesses qu'il m'avait faites.

« Simona, tu es la seule que j'embrasserai jamais. »

Mais il avait oublié l'autre.

Celle qui comptait vraiment.

« S'il me trahit un jour, je partirai sans hésiter. »

Et me voilà. J'hésitais.

Le lien de compagnon s'arrache difficilement — il s'enracine, soude les âmes jusqu'à l'os. Mais je sentais le mien se filer, se rompre comme un tendon déchiré. Ma louve faisait les cent pas dans ma tête, agitée.

« Lâche prise, » a-t-elle grogné. « Il n'est plus à nous. »

Je suis rentrée en voiture, les jointures blanchies sur le volant.

À peine la porte a été ouverte, je suis tombée sur une vague de… pétales de rose ?

Des milliers de pétales cramoisis tapissaient le sol.

Warren, le majordome, a surgi de l'ombre avec un chariot à pâtisserie. Derrière lui, le personnel de la meute se tenait en rang parfait, chacun un ballon pastel à la main.

« Joyeux anniversaire, Mademoiselle Simona ! » ont-ils dit.

J'ai cillé, abasourdie — puis mes yeux m'ont brûlé et, bon sang, des larmes m'ont échappé.

Warren s'est précipité vers moi, paniqué : « Mademoiselle Simona, je vous en prie — ne pleurez pas ! L'Alpha Martin était pris par le travail aujourd'hui, mais il a tout préparé pour vous ! Et les cadeaux ! Regardez — »

J'ai jeté un coup d'œil vers le salon. On aurait dit que Noël avait explosé là-dedans. Des paquets de toutes tailles, noués de rubans et parfumés de papier ensorcelé, s'empilaient si haut qu'ils frôlaient presque le lustre.

J'ai forcé un sourire et me suis essuyé le visage. « Ça va. Je ne suis pas triste. Juste… très touchée. »

Ma louve a émis un son de haut-le-cœur.

« Coupons le gâteau, » Warren a dit doucement .

J'ai acquiescé, j'ai saisi le couteau et j'ai fait la découpe cérémonielle. J'ai servi une part à chacun, parfaite Luna jusqu'au bout, puis j'ai viré dix mille crédits de la meute à chaque domestique en remerciement.

Les exclamations ravies et les murmures de gratitude m'ont escortée comme un parfum.

« Merci, Mademoiselle ! »

« L'Alpha Martin a de la chance d'épouser quelqu'un comme vous ! »

Je leur ai adressé un sourire pincé. « Hum. Bien sûr. »

Puis j'ai demandé à Warren de transférer tous les cadeaux dans le cellier. Je réglerais plus tard cette montagne d'affection factice.

À l'étage, je me suis effondrée sur le lit, bottes aux pieds. Mon téléphone a vibré.

C'était Yvonne.

« Simona, tu es sérieuse ? Tu me donnes vraiment Martin ? »

Mon cœur s'est tordu, comme si une lame s'y était glissée.

J'ai ouvert la vidéo que j'avais filmée en cachette au restaurant. Voilà Martin, accroupi en galant pour soulever l'ourlet de la robe d'Yvonne afin qu'elle ne trébuche.

Puis le toast. Regards verrouillés, sourires béats.

J'ai avalé péniblement. Les larmes me brouillaient la vue, mais j'ai tapé quand même : « Oui. Je ne mens pas. Envoie-moi ta taille — je ferai modifier la robe par l'Organisatrice de mariage. »

Elle a mis dix minutes à répondre. Pendant ce temps, j'ai presque cru qu'elle ne le ferait pas.

Mais puis — Ding.

Une nouvelle demande d'ami sur WhatsApp.

Yvonne Jimenez. Sa photo de profil : deux loups de dessin s'effleurant le museau sous une lune.

J'ai zoomé. Mon estomac s'est noué.

C'était exactement le même que celui que Martin m'avait fait faire.

« Simona, je l'ai fait faire sur mesure juste pour nous. Personne d'autre ne l'aura. »

Menteur.

Voilà pourquoi il devait être sur mesure. Pour pouvoir le recoller sur n'importe quelle nouvelle compagne sans que personne ne s'en rende compte.

Un autre message d'Yvonne a suivi : « Simona, le mieux est que tu renonces toi-même au poste de Luna de la meute de Couronne de l'Ombre… Sinon, je serai obligée de me pointer avec mon bébé et de prendre le trône par la force — et ça, ça serait épuisant. »

Pièce jointe : un formulaire prénatal.

Trois mois de grossesse.

Ma louve s'est figée dans ma poitrine. Cette immobilité particulière de louve avant l'attaque.

J'ai fixé l'écran, les ongles creusant des croissants dans mes paumes, une douleur sourde mais familière.

Et puis j'ai éteint mon téléphone.

Je ne pouvais plus regarder. Je ne pouvais plus penser. Je n'arrivais plus à respirer.