Chapitre 9

Lamar est rentré chez lui après sa déposition au commissariat. L'aube pointait à peine.

Dès qu'il a franchi la porte, une sensation étrange l'a envahi. Le silence était trop lourd.

Le vaste manoir baignait dans une obscurité totale, vidé de toute présence humaine. Les cris d'insectes et les soupirs du vent dans le jardin résonnaient avec une acuité presque douloureuse.

Une crispation lui a parcouru le front. Autrefois, quelle que soit l'heure, Rachel laissait toujours une lumière allumée pour lui. « Comme ça, un foyer chaleureux t'attend toujours », disait-elle.

Mais il a chassé cette pensée. Trop de choses s'étaient passées aujourd'hui. Il a supposé simplement que Rachel, rongée par la culpabilité, s'était cachée pour dormir tôt.

Il s'est contenté de prendre des affaires dans la chambre principale avant de repartir précipitamment. Bette était encore au commissariat, les policiers l'interrogeaient méticuleusement sur cette histoire de prétendue embuscade tendue par Rachel.

Après l'avoir récupérée, Lamar l'a raccompagnée chez elle. Durant tout le trajet, Bette sanglotait doucement, encore secouée par les événements.

Lamar lui a serré la main, le cœur serré : « Ne t'inquiète pas. Si cette muette osait te piéger, elle le payerait cher. »

« Laisse tomber... Elle devait tellement t'aimer pour en arriver là. Oublions tout ça, je ne veux pas te créer des problèmes... »

Bette s'est affaissée contre lui, la tête basse. Derrière ses paupières baissées, des calculs sournois dansaient, bien loin de la compassion feinte de ses paroles.

Lamar a caressé sa main, ému. Puis une vague de dégoût a submergé ses pensées : Rachel avait osé user d'une telle perfidie contre Bette.

« Je te protégerai. Je la traînera à genoux pour qu'elle te demande pardon. »

...

Deux jours plus tard, voyant que l'état de Bette s'améliorait, Lamar est rentré chez lui.

Dès qu'il a franchi le seuil, il a senti que quelque chose clochait : une odeur de renfermé et de moisi stagnait dans la villa, et les déchets qu'il avait jetés à la poubelle deux jours plus tôt s'y trouvaient toujours, intacts.

Tout indiquait que personne n'avait habité ici depuis son départ.

Le visage sombre, Lamar s'est précipité vers la chambre d'amis, mais n'a trouvé qu'une pièce vide et étrangement bien rangée. Il a ouvert le placard. Il était vide, tous les vêtements avaient disparu !

Une vague de mécontentement a submergé Lamar, assombrissant encore son expression déjà maussade.

Il a sorti son téléphone et a appelé l'hôpital. Il ne s'inquiétait pas à l'idée que Rachel ait pu fuguer. Après tout, à ses yeux, une femme aussi faible et incapable qu'elle ne tarderait pas à revenir, à genoux, implorant son pardon après quelques menaces.

Un sourire cruel s'est dessiné sur ses lèvres, surtout lorsqu'il imaginait le châtiment qu'il infligerait à Rachel pour l'avoir défié.

« Bonjour, à partir de ce mois-ci, je ne paierai plus les frais médicaux de Ruby. Si Rachel a un problème, dites-lui de m'appeler directement. »

Mais la réponse du médecin l'a fait pâlir.

Il a changé son téléphone de main, a froncé les sourcils et a répété : « Quoi ? Ruby est morte ? Quand ça ? »

« Son état s'est brutalement aggravé il y a deux jours. Elle est décédée à l'hôpital. C'est votre épouse qui s'est occupée des formalités. »

Lamar a raccroché, l'esprit embrumé. Il n'avait pas réalisé que la sœur de Rachel était morte depuis deux jours déjà.

Il savait que cette sœur était la seule raison qui retenait Rachel. Maintenant qu'elle était morte, Rachel ne reviendrait jamais !

Furieux, Lamar a éclaté d'un rire amer, a lancé violemment son téléphone contre le mur et est sorti, le visage ténébreux.

« Tant mieux si Rachel n'est plus là. Comme ça, je pourrai enfin être avec Bette », s'est-il consolé.

Bette, celle qu'il désirait depuis toujours. Ils pourraient enfin être ensemble.

Et ce jour-là même, Bette a emménagé chez lui.