Chapitre 8

Un frisson glacé a parcouru Rachel.

Le message datait d'une heure, l'heure même où elle gisait inconsciente.

Plus question de prudence. Elle s'est levée et s'est précipitée vers la porte, mais avant qu'elle ne l'atteigne, celle-ci s'est ouverte violemment.

Les voyous ont fait leur entrée, et parmi eux... Bette, debout, le visage dur et satisfait.

Les yeux de Rachel se sont arrondis d'horreur.

Bette était derrière tout ça ? Pourquoi ? À cause de Lamar ? Mais elle lui avait promis de le quitter !

« Allez-y », a ordonné Bette d'une voix froide.

L'homme roux a fait un signe. En un instant, Rachel était plaquée sur une chaise et le roux a brandi une caméra devant elle.

« Ne nous en veux pas, ma belle. Plus tu te débats, plus ça fera mal », son regard a glissé sur elle avec une lubricité dégoûtante, « Quel joli petit visage... »

La terreur a creusé le ventre de Rachel. Elle a tenté désespérément de signer sa supplique à Bette : « Laissez-moi partir, ma sœur a besoin de moi ! »

Mais Bette s'est contentée de détourner le regard. Pour elle, Rachel morte était la seule garantie de garder Lamar et le titre de Mme Deslys.

Les mains sales se sont refermées sur Rachel. Elle s'est débattue comme une bête traquée, les larmes inondant son visage. Ses poignets, brutalement tordus, se sont disloqués avec un craquement sourd.

Dans un cri silencieux, son esprit a évoqué malgré elle l'image de Lamar.

Mais Lamar ne viendrait pas.

Alors est venue une certitude plus noire que la peur : « Plutôt la mort que ce viol. »

D'un ultime effort, elle a ramassé une tôle tranchante et l'a enfoncée dans son propre ventre !

La scène violente a glacé le sang de tous les témoins.

« Putain, on veut pas de cadavre ! » a hurlé l'un des voyous, paniqué devant le flot rougeâtre qui inondait le sol.

Bette, stupéfaite par ce suicide spectaculaire, a sursauté en entendant un moteur gronder au-dehors. Elle a entrouvert le rideau et a blêmi.

Lamar ? Mais pourquoi faisait-il ici ?

« Ne laissez rien derrière vous ! Sortez par l'arrière ! La paye arrive après ! » a-t-elle sifflé. La bande a disparu comme une volée de moineaux.

Rachel, agenouillée dans ses vêtements déchirés, tentait en vain d'étancher l'hémorragie lorsque la porte a volé en éclats. Lamar et ses gardes du corps ont fait irruption. Les pupilles de cet homme se sont élargies à la vue de la pièce.

« Lamar ! » Bette, pâle, s'est jetée sur lui en sanglotant, jouant l'épouvante, « Rachel m'a attirée ici... Elle s'est poignardée ! Mais elle voulait me faire porter le chapeau ! Pourquoi elle est si... »

Son implication : que Rachel essaie de la salir en la faisant passer pour une meurtrière !

Lamar observait le teint cireux de Rachel, un pli sévère entre les sourcils.

Soudain, la blessée s'est redressée par à-coups. Elle a chuté, s'est relevée, mais échoué encore. Chaque chute agrandissait la mare écarlate à ses pieds...

Lamar, incapable de rester indifférent, s'est approché pour l'aider. Mais à sa vue, Rachel s'est effondrée à genoux, étreignant ses jambes dans une supplication muette : elle le suppliait de la conduire à l'hôpital.

Ne comprenant pas ses gestes désespérés, Lamar est resté immobile. Rachel, croyant à un refus, s'est mise à cogner son front contre le sol avec une force terrible. Ses pleurs rauques se mêlaient au sang qui souillait maintenant les chaussures de Lamar.

Soudain, le téléphone de Rachel a vibré.

Elle s'est figée, tournant vers l'appareil un regard vide. Le message s'est affiché : « Mme Gaillot, désolé... Votre sœur nous a quittés. Veuillez venir régler les formalités. »

Une obscurité totale a éteint ses yeux.

Un chaos d'images a traversé son esprit : ces dix années où les deux sœurs n'avaient eu que l'une l'autre. Elle avait cru, naïve, qu'à force de persévérance, sa cadette finirait par guérir. Mais jamais elle n'aurait imaginé perdre jusqu'à ce dernier lien de sang. Elle avait tout perdu !

Lamar, aveugle à son désespoir, a tonné : « Pourquoi as-tu attiré Bette ici ? »

Rachel a levé vers lui un visage spectral, strié de larmes sanguinolentes. Silencieuse. Comme déjà morte.

Aucune explication n'est sortie de ses lèvres. Rien ne comptait plus que ce dernier adieu.

Elle s'est redressée péniblement, s'aidant du mur pour avancer en boitillant.

Lamar, les sourcils froncés, a tenté de la retenir, mais Rachel l'a repoussé avec une force inattendue.

Stupéfait, il la regardait s'éloigner. Sa docile Rachel osait lui résister ? Pourquoi une telle réaction ?

Rachel marchait. Sans but. Sans fatigue.

À la morgue, devant le corps de sa sœur, son cœur s'est brisé en un silence aride. Pas une larme n'a coulé.

Après s'être fait soigner sommairement, elle est retournée à la villa de Lamar. Ses bagages, préparés depuis longtemps, l'attendaient.

La morte de sa sœur lui avait également ôté tout espoir. Refusant désormais l'aide de Maxime, elle a choisi l'exil solitaire.

Un dernier regard à cette prison dorée ? Inutile. Rien ici ne méritait un adieu.

Elle s'est évaporée dans la nuit, son ombre se dissolvant dans le vent...