Chapitre 7

Mes dents ont déchiré la peau de la gorge d'Adrienne.

Le goût du sang a explosé dans ma bouche.

« Ah ! » a-t-elle crié, trébuchant en arrière, serrant la plaie qui saignait. « Tu es folle ! Tu m'as mordue ! »

Le sang a jailli entre ses doigts, tachant son élégante robe noire.

« Tuez-la ! » a-t-elle hurlé à l'adresse des sauvages. « Donnez une leçon à cette salope ! »

Le premier coup de fouet m'a frappé dans le dos.

Le fouet argenté a déchiré le tissu et la chair, le poison brûlant mes veines comme du feu.

Sans les soins de ma louve, la douleur était un feu qui brûlait mes nerfs.

« Voilà ce que tu obtiens pour m'avoir mordue ! » a hurlé Adrienne, toujours agrippée à sa gorge.

Deuxième coup de fouet. Troisième.

Chacun de ces coups a atterri précisément sur mon dos, mes bras, mes jambes.

L'argent empêchait les blessures de cicatriser, le sang suintait de la chair déchirée.

« C'est assez ? » a demandé l'un des sauvages.

« Non ! » Les yeux d'Adrienne brûlaient d'un feu fou. « Cassez-lui la jambe ! Je veux qu'elle sache ce qui arrive quand on me défie ! »

« Attendez, Mlle Adrienne, l'Alpha a dit de ne pas... »

« J'ai dit de lui casser la jambe ! » Adrienne a crié. « Bernard ne me blâmera pas pour ce qui arrivera à cette ordure ! »

Le sauvage a hésité une seconde, puis a levé une barre de fer.

« Non ! »

Le craquement écœurant de l'os a résonné dans l'entrepôt.

L'agonie a explosé derrière mes yeux, menaçant de m'entraîner dans les ténèbres.

Je pouvais sentir les bords dentelés de l'os déchirer mes muscles.

Mais sans louve pour me guérir, tout ce que je pouvais faire était d'endurer la douleur intense.

« Ce n'est toujours pas suffisant. » a dit Adrienne, en s'approchant de moi et en regardant vers le bas. « Je veux que tu te souviennes de ce moment, que tu te souviennes des conséquences d'un défi. »

Elle s'est tournée vers les sauvages.

« Enfermez-la. Pas de nourriture, pas d'eau pendant trois jours. Laissez-la réfléchir à ce qu'elle a fait. »

Les ténèbres m'ont engloutie.

Trois jours.

Pendant trois jours entiers, je suis restée dans cet entrepôt froid.

Pas de nourriture, pas d'eau, juste une douleur sans fin et le tourment de l'empoisonnement à l'argent.

L'agonie de ma jambe cassée m'empêchait de dormir.

Les blessures causées par les coups de fouet sur mon dos s'envenimaient, l'odeur de pourriture emplissant l'air.

Au quatrième jour, la conscience était un rivage lointain que je n'arrivais pas à atteindre.

Le cinquième jour, les hallucinations étaient mes seules compagnes.

Le matin du sixième jour, la porte s'est enfin ouverte en grinçant.

« Le temps est écoulé. » a dit froidement un sauvage. « L'Alpha veut qu'on te laisse partir. »

Ils m'ont jetée comme une vulgaire ordure à la limite du territoire du Bois Noir.

J'étais allongée sur la terre froide et humide, à bout de souffle.

Chaque respiration était une nouvelle vague d'agonie.

Un communicateur a bourdonné à l'intérieur de mes vêtements déchirés.

Un appel d'urgence du sanctuaire de ma mère.

« Mlle Sandrine ! » la voix du soigneur était affolée. « Ils ont coupé le Pétale de Lune il y a trois jours ! »

Le Pétale de Lune.

Il y a trois jours.

Le jour où j'avais été enlevée.

« Quoi ? » J'ai forcé les mots. « Comment... »

« Nous avons contacté tous les fournisseurs que nous connaissons. Ils ont tous reçu le même ordre d'en haut : Arrêter d'approvisionner la Meute de Bois Noir. »

Des ordres d'une puissance supérieure.

Une seule personne avait ce genre d'autorité.

Bernard.

Je me suis forcée à composer le numéro de mon père.

« Sandrine ? Mon Dieu, ta voix... »

« Père », ai-je dit faiblement, « envoie des hommes pour déplacer ma mère, tout de suite. »

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Bernard a coupé le Pétal de Lune. Elle n'a pas beaucoup de temps. »

« Je les envoie immédiatement. Où es-tu ? »

« En route. » ai-je dit en me levant péniblement, ma jambe cassée hurlant de protestation. « Donne-moi deux heures. »

J'ai traîné mon corps brisé jusqu'au sanctuaire.

Ma mère était allongée sur le lit, le visage aussi pâle qu'un drap. Ses yeux étaient ouverts mais non focalisés. Elle était déjà à moitié morte.

« Elle est comme ça depuis hier soir. » a chuchoté le soigneur. « Les dommages causés à son lien spirituel s'accélèrent. Sans le Pétale de Lune pour la calmer, la malédiction se renforce. »

J'ai pris la main froide de ma mère.

« Combien de temps nous reste-t-il ? »

Le soigneur a hésité, puis a répondu avec un tremblement dans la voix.

« C'était Alpha Bernard. » a murmuré le soigneur, la voix tremblante.

« Il a personnellement ordonné l'arrêt des livraisons il y a sept jours. Il l'a programmé. Il savait que sans le Pétale de Lune, son esprit se briserait dans les trois jours... »

Il y a sept jours.

Le lendemain de la perte de mon enfant.

Il avait tout prévu.

La mort de mon enfant n'était que le début.

La douleur de ma mère était son arme.

L'emprisonnement de mon frère était son moyen de pression.

Et je n'étais qu'un pion dans son jeu.

Les hommes de mon père sont arrivés rapidement et ont mis ma mère à l'abri.

J'ai quitté le sanctuaire, traînant mon corps meurtri jusqu'à l'endroit que j'appelais autrefois ma maison.

Dans le salon, je me suis assise à la table et j'ai rédigé un document d'une main tremblante.

Un accord de rupture de lien de compagnon.

Deux copies, avec des termes clairs et une malédiction contraignante.

Alors que je terminais le dernier mot, j'ai entendu des pas derrière moi.

« Sandrine ? »

La voix de Bernard.

« Qu'est-ce que tu écris ? »