Chapitre 2

Le contact épinglé en haut de la liste portait le surnom : Mon Oméga Trésor Hélène.

D'un doigt tremblant, j'ai ouvert leur historique. Entre des flots d'émojis cœur à faire vomir et des messages intimes, une photo m'a transpercé l'âme : un gros-plan sur la marque temporaire qu'il avait laissée à ma nuque.

Et dessous, ces mots qui lacéraient :

« Je t'ai toujours dit que je ne l'utilisais que pour nos plans. Cette marque temporaire ? Je l'effacerai moi-même après la Cérémonie. Aria perdra tout devant toutes les meutes. Désormais, la seule qui portera ma marque permanente et deviendra ma Luna, c'est toi, ma précieuse Hélène. »

« Avant que tu ne sois officiellement ma Luna, je nettoierai tous les obstacles sur ton chemin, y compris cette fille de traînée. Après ça, il n'y aura plus que la gloire suprême et la loyauté entière d'un Alpha qui t'attendra. »

« Hélène, je t'aime. Ton parfum d'Oméga pur est le seul refuge que je désire. »

Mon regard s'est levé vers l'ours en peluche posé sur la table de nuit, ce cadeau qu'il m'avait offert il y a six ans. Dans la pénombre, les yeux en obsidienne de l'animal luisaient faiblement. C'était le témoin lumineux d'un micro-capteur.

Depuis le début, il manigançait pour m'éliminer comme une simple « obstacle ». Et moi ? J'étais restée comme une idiote, me complaisant dans son faux amour et sa possessivité, croyant naïvement avoir trouvé mon bonheur.

J'ai rouvert son album photo crypté. Des dizaines de clichés intimes avec Hélène me sont apparus. Ils se fréquentaient en secret depuis des années.

Chaque photo documentait leurs rendez-vous clandestins, montrant Hélène libérer son envoûtant parfum d'Oméga dans ses bras.

Les nuits de pleine lune où il prétendait avoir du travail ? En réalité, il la rejoignait sur leurs territoires secrets.

Tous ces cadeaux qu'il m'avait offerts comme symboles de notre lien ? Hélène les avait aussi, toujours plus rares, plus précieux. Ce qu'elle possédait, c'était la préférence exclusive que cet Alpha ne m'avait jamais accordée.

Le deuxième chat crypté dans sa liste était celui du planificateur de la cérémonie de marquage.

Depuis six mois, Côme préparait en secret ce prétendu « grand jour ». Il avait tout supervisé lui-même : du choix du lieu à la liste des invités, jusqu'aux moindres détails.

Il avait même prévu un « incident » pendant la cérémonie pour révéler publiquement mon statut de « fille de traître », afin de porter l'humiliation à son comble.

Tout cela… pour déchirer notre relation factice devant tous.

Lorsque Côme est sorti de la salle de bains, la peau encore humide et dégageant cette chaleur typique d'Alpha, j'ai éteint rapidement l'écran de son téléphone.

J'ai réservé alors sur mon appareil un vol international dans trois jours, le jour même de la cérémonie.

Pendant le dîner, Damien ne cessait d'évoquer le choix de la future Luna pour son fils.

Côme feignait l'agacement avec des réponses évasives, alors qu'il avait déjà fixé la date dans trois jours.

Mon couteau a raclé involontairement mon assiette, produisant un grincement strident.

Chaque bouchée avait le goût de cendre.

Après le repas, ma mère m'a appelée dans son bureau, le regard empreint d'inquiétude : « Pourquoi veux-tu tout à coup partir ? Tu disais toujours que le parfum d'Alpha de Côme t'apaisait… Vous en avez parlé ensemble ? »

En voyant les mèches blanches qui argentaient ses tempes, j'ai senti mes narines picoter : « Non. J'aimerais que tu gardes le silence pour moi. Maman, après mon départ, prends soin de toi. Ne prête pas attention aux ragots. »

Je savais qu'elle avait déjà tant enduré pour nous permettre de survivre en marge de la meute, moi, la « fille du traître ».

Peu importe ce que Côme affirmait, mon père n'avait jamais trahi la meute, et ma mère n'avait brisé aucun couple. Leur mémoire ne méritait pas d'être piétinée.

De retour dans la chambre, Côme m'attendait, torse nu, nonchalamment allongé sur le lit. L'air était saturé de son parfum d'Alpha, intense et agressif.

À peine avais-je franchi la porte qu'il m'a attirée contre lui d'un geste vif. Sa poitrine brûlante s'est collée contre mon dos, son bras refermé autour de ma taille comme un lien qu'on ne pourrait briser.

Ses lèvres brûlantes et humides ont mordillé mon lobe et la base de mon cou, sa voix rauque de désir murmurant : « Tu es en colère, c'est ça ? Tu sais bien que notre relation doit encore rester discrète. La cérémonie, ce n'est qu'une formalité, une mise en scène pour eux. Ne te fais pas de souci, ma petite Bêta. »

Son souffle brûlant a effleuré ma peau sensible : « Aria, sois tranquille. Mon instinct d'Alpha ne s'embrase que pour toi. Arrête de bouder, hein ? Je t'ai acheté un cadeau qui arrivera demain. Tu l'adoreras, j'en suis sûr. »

Ses mains ont commencé à errer sur mon corps avec une familiarité possessive.

J'ai refoulé un mélange nauséeux de dégoût et de honte, affichant un sourire docile en acquiesçant.

Semblant ne rien percevoir de mon trouble, il a ricané satisfait et m'a serrée plus fort, son menton reposant sur ma tête.

Au bout d'un moment, il a ajouté avec une hésitation rare, mais sur un ton qui gardait l'autorité incontestable d'un Alpha : « Seulement… la cérémonie de marquage est un événement crucial pour la meute. En tant que… personne qui me suis la plus proche, tu devrais peut-être… »

« D'accord. Je serai présente », l'ai-je interrompu doucement.

Je savais ce qu'il allait dire. Plutôt que de mendier une place ambiguë, autant jouer le jeu jusqu'au bout pour préserver au moins une dernière apparence de dignité.

Mon acquiescement a semblé le surprendre, mais son objectif étant atteint, il n'a pas approfondi.

Cette nuit-là, il dormait encore dans ma chambre, son enveloppante essence d'Alpha me cernant comme si j'étais son trésor le plus précieux. Moi, je restais là, pantin sans âme, me prêtant à ses avances sans résistance.

...

À l'aube, alors que la plupart des membres de la meute dormaient encore, Côme a quitté ma chambre comme d'habitude. Peu après son départ, je suis sortie à mon tour.

J'allais accomplir les démarches nécessaires pour quitter définitivement le monde des loups-garous. J'ai déposé une demande d'effacement permanent de la marque sur ma nuque.

Mais je ne m'attendais pas à y croiser Hélène...