Chapitre 6

Chrétien contemplait le visage étonné d’Estelle. Une lueur vive illuminait ses yeux tandis qu’il murmurait doucement : « Je ne peux pas te tenir la main ? Tu es ma femme après tout. »

Estelle a clignoté les yeux, et a répondu avec un ton défensif : « Mais nous ne nous connaissons pas encore. »

Chrétien ne se souciait pas du tout de sa réponse, un sourire aux lèvres : « Ne t’en fais pas, je prendrai les choses en main, je vais te poursuivre, te laissant savourer la douceur de l’amour. Tu es la première femme à me permettre de faire ça ! »

Pourtant, il n’avait aucune idée de comment poursuivre une femme, encore moins ce que cela signifiait d’être amoureux…

Quant à Estelle, elle ignorait pourquoi, mais bien sûr, les paroles de cet homme résonnaient fièrement, mais cela lui réchauffait le cœur et la touchait profondément.

« Tu n’as jamais poursuivi une femme auparavant ? »

« Tu es la première et la dernière ! »

Estelle était légèrement surprise en regardant cet homme qui aurait pu faire fondre n’importe quelle femme et ne pouvait s’empêcher de rire amèrement, car Théo lui avait dit cela une fois, et elle y avait cru, mais elle avait fini par être cruellement abandonnée.

« Alors, je dois te confesser que l’homme que j’ai aimé pendant cinq ans m’a fait les mêmes promesses, pour ensuite me trahir en épousant une autre femme. »

« Il y a cinq ans, j’ai accordé foi à une telle déclaration, et me voici aujourd’hui, confrontée à cette situation. Penses-tu sérieusement que je pourrais retomber dans le même piège ? » s’est-elle dit.

Chrétien a arqué un sourcil : « Tu me compares à cet homme déloyal ? »

Estelle a marqué une pause, puis a esquissé un sourire gêné : « Désolée, c’est de ma faute. »

Voyant ce sourire amer, Chrétien a froncé les sourcils. La seconde suivante, il a pris la main d’Estelle et l’a entraînée vers le restaurant.

Estelle a effacé son sourire pour le remplacer par une expression froide.

Le manager, surpris par l’arrivée inattendue de ce personnage de haut rang, s’est précipité vers leur patron, Chrétien. Visiblement troublé et prêt à prendre les paroles, il était interrompu avant de dire quoi que ce soit.

« Conduisez-nous dans la salle Égo », Chrétien lui a lancé un regard, puis s’est tourné vers Estelle avec un sourire. « Tu apprécies les plats épicés, je pense ? »

Estelle a acquiescé.

Lorsqu’elle était avec Théo, elle se privait toujours de mets épicés pour s’adapter à ses goûts. Maintenant qu’ils avaient rompu, elle n’avait plus l’intention de sacrifier ses préférences.

Après avoir obtenu la réponse, Chrétien a jeté un coup d’œil au manager et a ordonné : « Allez organiser le repas. »

« D’accord, monsieur. »

Voyant le manager s’éloigner à la hâte, Estelle a dévisagé Chrétien d’un air perplexe et lui a demandé : « Il semble avoir peur de toi, non ? »

« Vraiment ? Tu te trompes. » Chrétien a répondu d’un ton désinvolte avant de conduire Estelle vers une salle spécifique.

Quelle que soit l’affluence à Meurice, sa salle exclusive resterait toujours disponible, étant la plus luxueuse et la mieux équipée de ce restaurant.

Une fois installés, Chrétien s’est plongé dans son travail sur le téléphone portable pendant qu’Estelle a déplié une serviette en papier pour essuyer la table.

Peu après, le serveur leur a apporté les boissons et les couverts.

Estelle a versé naturellement de l’eau chaude dans les verres afin de nettoyer, pour elle et pour Chrétien.

Pendant ces trois ans à l'étranger, elle s’est débrouillée seule pour tout. Même lorsqu’elle était malade et avait besoin d’une injection, elle se rendait seule à l’hôpital, ses camarades de classe affirmant qu’elle était aussi autonome qu’une célibataire, malgré son petit ami. Théo prétendait toujours être débordé, la laissant se débrouiller seule.

En y réfléchissant, elle a secoué la tête avec incrédulité.

Bien sûr que Théo était débordé, à sortir avec Isabelle, à faire du shopping avec Isabelle, et surtout, à coucher avec Isabelle. Et elle avait été assez crédule pour avaler ses mensonges. En fin de compte, tout ce qu’elle avait obtenu en échange de son pardon et de sa compréhension, c’était la trahison répétée.

Elle ne pouvait s’empêcher de soupirer.

À ce moment-là, Chrétien a rangé son téléphone portable.

La table était déjà garnie de six plats.

Il a froncé les sourcils en voyant Estelle soupirer et lui a demandé : « Tu ne les apprécies pas ? »

Ce n’était qu’à ce moment-là, Estelle est revenue à la réalité. Elle observait les plats déjà posés sur la table, secouant légèrement la tête : « Désolée, j’avais l’esprit ailleurs. »