~ ʚĭɞ ~
Je voulais changer de décor. J'avais besoin de ça pour me faire à l'idée que dans quelques mois, je serais obligé d'épouser une femme que mon cœur n'avait pas choisie. Ma mère avait déjà tout prévu pour moi. Elle avait choisi une fille parfaite à ses yeux, mais pour moi ce n'était pas de l'amour que je ressentais pour elle. J'avais besoin de bien plus qu'une contrainte. Je voulais découvrir l'amour, ressentir des émotions nouvelles, mais avec elle, ça ne serait jamais comme ça entre nous. J'avais besoin de tout laisser derrière moi pendant quelques jours pour pouvoir accepter ma réalité, une réalité où je n'avais pas droit à l'amour. Mes pas m'avaient emmené devant sa porte. Il était le seul ami que j'avais dans ce pays et j'avais besoin de compagnie pour me changer les idées. Je soupirai un moment avant de frapper à la porte, attendant que quelqu'un vienne m'ouvrir. Un grand bruit se fit dans la maison avant que la porte ne s'ouvre enfin, révélant mon ami. « Mais qui vois-je devant moi ? Le plus beau de tous mes amis ! — Arrête de m'embêter et laisse-moi plutôt entrer. — Mais où ai-je la tête ? Une personne aussi fortunée que toi veut franchir le pas de ma porte ? Quel honneur ! » Je levai les yeux au ciel tout en entrant, tandis qu'il continuait à se moquer de moi. Je secouai la tête avant de m'effondrer sur le canapé du salon. « Tu es tout beau. Tu vas quelque part ? — Ouais, je m'incruste à une fête pour draguer. Et tu devrais faire de même. Tu as besoin de changement dans ta vie. Tes parents ne peuvent pas t'obliger à te marier avec une femme que tu n'aimes pas. C'est toi qui vas passer le reste de ta vie à ses côtés. Tu devrais vraiment y réfléchir avant d'écouter tout ce qu'ils disent sans protester. — Je ne veux pas que ma mère soit triste si je viens à annuler ce mariage. Alors je fais simplement ce qu'elle me dit. — Ok, je vois que tu n'es pas prêt à changer d'avis. Mais pour cette nuit, tu te laisseras aller avec d'autres personnes. Essaie, pour une nuit, d'être heureux avec une personne qui te plaît vraiment. — Tu as gagné. Je viendrai avec toi à cette fête. Et... tu sais qui organise cette fête ? — Le meilleur ami de mon frère. L'équipe de rugby du lycée a gagné son cinquième match de la saison et le capitaine a décidé de faire une grande fête chez lui. Moi, je suis simplement là pour m'incruster. Allez viens, je n'aime pas être le dernier arrivé. » Je soupirai tout en levant les yeux au ciel. Marc avait toujours raison. J'avais besoin de plus qu'une simple relation de contraintes et de compromis. Ce que je voulais, c'était vivre le grand amour et trouver cette personne qui me complèterait si bien. • Lorsque nous étions arrivés à la fête, je m'étais très vite retrouvé seul. Marc voulait se trouver une copine et moi je voulais simplement me débarrasser de celle que j'avais. J'avais traversé des corps en sueur qui se trémoussaient collés les uns aux autres. Je m'étais servi un verre avant de me mettre dans un coin de la pièce. « C'est censé être une fête géniale, mais lorsque je vous vois posé ainsi dans votre coin, je me dis que j'ai dû rater mon coup cette fois-ci », dit une voix dans mon dos, me forçant à me retourner. Lorsque j'ai posé mes yeux sur lui, tout m'a semblé si évident. Je ne sais pas ce que c'était, ce sentiment, mais ce besoin de le garder près de moi... Je secouai la tête pour me remettre les idées en place. Je devenais fou. Oui, c'était ça. Je venais à peine de le rencontrer et j'avais déjà plusieurs émotions qui se battaient en moi. Je tournai la tête d'une drôle de façon. « Je suis Luca Moretti, responsable de ce fiasco », dit-il avec un petit sourire aux lèvres faisant ressortir ses dents qui le rendaient mignon en ce moment. « Je suis Marco Bianchi et je te rassure, ta fête n'est pas un fiasco. — Tu me rassures. J'avais peur que mon invité le plus beau puisse s'ennuyer à ma fête. — Ta fête n'est pas le problème. Le problème c'est moi. J'en ai déjà trop à gérer pour réussir à me détendre. — Oh, c'est simplement ça ? Moi je suis là pour te tenir compagnie. Avec moi, tu n'auras pas à penser à autre chose. » Je souris. Il était si différent. J'arrivais à me détendre. Il était simplement à croquer, même s'il voulait paraître plus rebelle et fort avec ses nombreux tatouages qu'il arborait et son piercing sur la lèvre inférieure. Pour moi, il était plus qu'une grosse brute. Il avait ce côté doux et fragile qu'il cachait aux autres. Je voulais le découvrir plus que ça. Partager mes rêves était une chose que je ne faisais jamais, mais avec Luca, c'était différent. Luca était la brise fraîche qui entrait dans ma vie, un rayon de soleil qui illuminait un chemin précis. Je voulais plus, beaucoup plus de lui. Et pourtant c'était la première fois que nous nous rencontrions et j'avais l'impression de l'avoir toujours connu. À croire qu'il était fait pour moi et moi pour lui. « Tu es un mec bizarre, Marco Bianchi. Certains viennent ici pour s'amuser et draguer des jolies meufs, mais toi tu es simplement là dans ton coin à penser à plusieurs choses de la vie. — De base, mon cher Luca, je n'étais pas censé venir m'incruster à une fête d'adolescents. Mon ami m'y a un peu obligé. Je suis désolé si ma réponse ne te plaît pas », dis-je alors que je sentais son regard sur moi. « puis-je t'appeler Marco alors ? » demanda-t-il avec des étoiles dans les yeux. Comment pouvais-je dire non à de si beaux yeux ? Je hochai simplement la tête, illuminant ainsi son visage d'un magnifique sourire. Mais une beauté comme lui ne serait jamais à moi. J'étais déjà destiné à passer le reste de ma vie avec une personne que je n'aimais même pas. « Marco, tu veux venir voir ma chambre ? Je te promets qu'elle est bien rangée. » J'étais surpris par sa question. Je ne comprenais pas pourquoi il me proposait de le rejoindre dans sa chambre. Cette demande avait un double sens et pourtant je savais qu'il ne pensait pas à ce que j'imaginais. Mais cette nuit-là, tout avait changé entre nous. • J'étais rentré chez moi, mais je n'avais jamais oublié ses beaux yeux de biche. Je voulais absolument le revoir une dernière fois avant mon départ. Mais ce jour-là, j'avais eu le cœur brisé lorsque je l'avais vu poser ses lèvres sur une jolie fille. Je ne pouvais pas lui en vouloir ni avoir le droit d'avoir le cœur brisé. Finalement, lui et moi n'étions simplement que deux inconnus qui avaient passé un bon moment ensemble. Qu'est-ce que je racontais ? Je n'avais d'yeux que pour lui et c'était ça qui était douloureux. J'avais décidé de faire avec, d'accepter que je ne le reverrais plus jamais. Et c'était peut-être mieux ainsi. Après tout, quel avenir aurions-nous ? Alors j'avais repris ma vie où je l'avais laissée. J'avais repris mon travail. Je voulais travailler dur pour pouvoir oublier que mon mariage était pour bientôt. « Regardez qui voilà, mon neveu adoré. Pourquoi tu tires une tronche pareille le jour de ton mariage ? — J'ai l'impression que tout le monde est heureux... sauf moi. — Pourquoi tu ne dis pas à ta mère que ce mariage ne te rendra pas heureux ? — Tu le sais bien, Alessandro, à quel point ma mère aime avoir le dernier mot. Et à mon âge, je devrais déjà être marié et penser à avoir des enfants. Il faudrait que j'aie une bonne raison à ses yeux pour annuler le mariage. — Maman n'est pas enchantée par ce mariage. C'est la seule personne dans la famille qui n'apprécie pas ta fiancée. La seule chose qu'elle veut, c'est que tu rencontres la personne parfaite à tes yeux. — C'est grand-mère tout craché. Elle est la seule qui pense à mon bonheur. C'est pour ça que je l'aime autant. » Ma grand-mère était la personne que j'aimais le plus après mes parents. Elle savait ce qui était le mieux pour moi. Elle m'avait permis de trouver ma voie sans pression. Reprendre l'entreprise familiale avait été mon choix et non une obligation. Je voulais faire de mon mieux pour pérenniser l'affaire familiale. J'observai une dernière fois mon reflet dans le miroir tout en ajustant correctement mon nœud papillon. « Je sais que c'est dur pour toi, mais c'est ta décision et tu devrais l'assumer. La cérémonie est sur le point de commencer, et nous devrions y aller », dit Alessandro devant moi. Je soupirai avant de le suivre. C'était mon mariage aujourd'hui et pourtant toutes mes pensées étaient pour lui. J'avais envie de le voir. Mais tout ça était impossible pour moi. Il était à l'autre bout du monde à profiter de son adolescence en compagnie de sa copine, et moi j'étais là à me marier comme l'adulte que j'étais. Je devais arrêter de penser à lui. Il méritait mieux que moi dans sa vie. Luca était jeune, il avait toute la vie devant lui et je ne voulais pas être celui qui allait la gâcher. Les portes de la salle s'ouvrirent. J'avais remarqué le nombre d'invités présents. Ma mère avait sûrement invité tous ses amis. Je me dirigeai vers l'autel. Je voulais simplement que cette journée se termine au plus vite. Je devais le supporter encore un peu. Mais je n'avais pas prévu qu'il soit là. Lui. Celui qui hantait mes rêves. Ses beaux yeux de biche posés sur moi me faisaient toujours autant d'effet. Si c'était un rêve, alors j'aimerais simplement graver une dernière fois son visage dans ma mémoire pour ne plus jamais l'oublier. Je voulais le détailler alors je baissai les yeux. Et je remarquai qu'il n'était plus comme dans mes souvenirs. Sa posture avait changé. Il revêtait des vêtements amples comme s'il voulait cacher quelque chose. Mais quoi ? Je n'en savais rien. Et je ne savais même pas ce qu'il était venu faire à mon mariage. Le simple fait de le voir ici en ce jour avait pour but de briser un peu plus mon cœur à chaque minute. Je voulais simplement faire comme s'il n'était pas là, en train d'assister à mon mariage. Ce n'était pas déjà assez dur comme ça, il fallait encore qu'il soit présent. Je me reconcentrai sur la cérémonie. La porte s'ouvrit sur ma fiancée. J'aurais voulu la trouver magnifique dans sa belle robe blanche mais je ne pouvais pas. Elle n'avait pas capturé mon attention. Le seul à l'avoir fait était en ce moment dans cette salle et m'observait de ses beaux yeux. La cérémonie devait commencer et j'aurais fini marié si je n'avais pas remarqué son ventre à ce moment-là. J'aurais pu faire la plus grande erreur de ma vie. Je comprenais enfin pourquoi il s'était déplacé d'aussi loin pour moi. Ce n'était pas pour assister à mon mariage, mais bien pour notre bébé. C'était ça, je ne pouvais pas me tromper sur ce sujet. J'allais devenir père et je ne pouvais pas m'empêcher d'être heureux en ce moment. Voir Luca seul se diriger vers la sortie m'avait remis les idées en place. Je ne devais pas l'abandonner. Ça m'était impossible. Même si pour ça je devais annuler ce mariage et défier ma mère. Rien ne pouvait être aussi important que Luca et ce petit qui grandissait dans son ventre. Pour eux, j'étais prêt à tout, quitte à me faire des ennemis. J'allais forcément le garder près de moi. Mon corps avait bougé seul. Je m'étais retrouvé à tenir le poignet de Luca pour l'empêcher de partir loin de moi. « MARCO... ! » s'exclama ma mère, furieuse. « Que fais-tu ? C'est ton mariage aujourd'hui ! Tu ne peux pas l'arrêter comme ça ! » Et si je le pouvais. J'avais maintenant tous les droits d'arrêter ce mariage puisque je ne le voulais pas dès le départ. Luca se retourna et je pouvais clairement l'admirer. « Je... je vais être père.~ ʚĭɞ ~ Le téléphone posé sur la petite table de l'hôpital vibrait frénétiquement. Un soupir las traversa la barrière de ses lèvres. Grand-mère, papa, puis maman... Ces noms s'affichaient sur son écran lorsque l'appareil se mit à vibrer. Il ne voulait parler à personne, encore moins à eux. Marco s'était décidé à s'éloigner de sa famille pour le bien de Luca et du bébé. Ils étaient sa famille maintenant, et il se jurait de toujours les faire passer en priorité. Le soleil s'était levé depuis un bon moment maintenant. Luca pouvait quitter l'hôpital, et Marco avait pris sa décision. « Quelque chose ne va pas ? » demanda Luca qui revenait de la salle de bain. Marco se retourna pour faire face au visage de son époux. Luca avait une serviette autour du cou, les cheveux encore humides, ce qui le rendait si craquant. « Tout va bien, ne t'inquiète pas », dit-il en s'arrêtant devant Luca. Il termina de sécher l
~ ʚĭɞ ~ Tout était redevenu calme dans la pièce, le silence avait repris sa place alors que le jour montrait ses premiers rayons de soleil. Luca émergea d'un sommeil profond et observa un moment le plafond de sa chambre d'hôpital. La veille avait été une journée des plus mouvementées, et maintenant que la pression était retombée, il avait les idées claires. Blotti dans les bras de son mari, le monde semblait lui faire moins peur. « Je serai là, je ne te laisserai pas », murmura Marco à son oreille, lui donnant la force d'accepter sa nouvelle réalité. Luca s'était senti bien, blotti dans les bras de son mari, alors que toutes ses pensées s'étaient tournées vers cette femme - sa mère biologique - qui avait dû vivre loin de son enfant. Il baissa les yeux sur son propre ventre rebondi. Il ne pouvait se l'imaginer : être séparé de son enfant était cruel, il en perdrait la tête si cela lui arrivait. Mais Marco était là, et personne ne ferait de mal à leur bébé. Toujours embrumé, Luca ne
~ ʚĭɞ ~ J'observe mon téléphone et aucun nouveau message. Je m'inquiète. Luca n'avait pas voulu que je reste à ses côtés, me forçant à aller travailler. Je devais rester calme. Luca était en sécurité puisqu'il était chez mes parents. Grand-mère était là pour le protéger des mauvaises langues, mais j'avais cette boule dans la gorge qui me disait le contraire. « Qu'est-ce qui t'inquiète ? » demanda Alessandro, assis en face de moi. « Non, rien. Je ferais mieux de rentrer, j'ai assez laissé Luca en bas avec ma mère. » « Je sais que tu t'inquiètes, il ira mieux. Et puis, il est là pour Leonardo et non pour agacer ma belle-sœur. » Je soupire tout en secouant la tête. De toute manière, nous devions rentrer chez nous. Je n'étais plus à l'aise dans la maison de mes parents. Je préférais rentrer plutôt que de laisser Luca supporter ma mère. Je range mes affaires dans ma sacoche avant de quitter le bureau de mon père. La fête était sûrement finie puisque je n'entendais plus les rires
~ ʚĭɞ ~ « Qu'est-ce qu'il fait encore ici ? Vous aviez dit que vous alliez les séparer rapidement. - Je sais ce que j'ai dit, mais mon fils est tellement borné qu'il a même quitté la maison. - Votre fils ne vous écoute plus, quel échec ! » Je soupire tout en détournant le regard. Marco avait raison, je n'aurais pas dû venir. Que pouvais-je faire d'autre ? Je voulais tellement soutenir Leonardo à ce moment-là. Tout avait changé depuis ce jour. Un mois s'était écoulé. Entre-temps, la famille de Marco s'était rendue chez Leonardo . Ses parents avaient appris pour sa grossesse et ces derniers avaient plutôt bien pris la nouvelle. Sa mère ne le lâchait plus et maintenant, il attendait le mariage. Je n'avais pas assisté à tout ça. Marco m'avait simplement tout raconté et j'étais vraiment heureux pour mon ami. Ma belle-mère avait bien accueilli Leonardo dans la famille, contrairement à mon arrivée. Lui avait droit à une fête. Marco ne voulait pas que je sois là, mais j'avais fait à ma tê
~ ʚĭɞ ~ Je frappai doucement à la porte de la chambre d'amis, le cœur battant. « Leonardo... s'il te plaît, ouvre-moi. » Ma voix tremblait légèrement, empreinte d'une inquiétude que je ne parvenais pas à dissimuler. De l'autre côté, aucun bruit. Seul un silence lourd, étouffant. Je savais qu'il était là. Je l'avais vu s'enfermer ici, le visage décomposé par la peur. « " Leonardo..." Je reposai ma main contre le bois, m'appuyant presque contre la porte. "Je ne pars pas. Pas avant que tu ne m'ouvres."» Un long moment passa. Puis, enfin, un léger clic. La porte s'entrouvrit, révélant le visage pâle de Leonardo, ses yeux rougis par les larmes qu'il refusait de laisser couler. Sans un mot, je me faufilai à l'intérieur et refermai derrière moi. « "Je ne savais pas..." murmura-t-il, la voix brisée. "Je ne savais pas que c'était lui."» Je m'assis à ses côtés sur le lit, sentant son corps trembler. Je voulais lui dire quelque chose, n'importe quoi, pour le rassurer. Mais les m
ʚĭɞ Je soupire, heureux. Un jour venait de se lever. Ça faisait un mois que Leonardo m'avait demandé de l'aide, et maintenant, on pouvait dire que nous étions amis. J'avais appris à le connaître et c'était définitivement quelqu'un de bien. Il était simplement en manque d'amour. J'observe silencieusement le plafond de notre chambre, Marco accroché à moi. Mes joues virent au rouge. Ça faisait aussi plus d'un mois que nous avions commencé à vivre seuls, et que Leonardo avait pris l'habitude de me rejoindre dans le lit au milieu de la nuit. C'était lui qui avait pris la décision de dormir sur le canapé, mais je crois que nous devions en parler. Je détestais le voir dormir aussi inconfortablement. C'était le week-end, et aucun de nous deux n'allait quitter cette maison. Alors, je voulais apprendre à connaître l'homme que j'avais épousé et qui était le père de ce bébé qui grandissait dans mon ventre. Il me serra un peu plus contre lui, provoquant de violents battements dans mon pauvre